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Edito. Clash entre l’islam et l’Occident : à qui profite le crime ?

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L’agitation et les violences récentes provoquées par la diffusion d’un film qui ridiculise le prophète Mahomet ont encore aggravé les malentendus et les mauvaises interprétations entre l’Occident et le monde islamique. Les grands médias s’en sont donnés à cœur de joie, en soulignant au passage l’ignorance mutuelle des deux camps, le peu de connaissances que détiennent les Occidentaux de l’islam et vice-versa et la narration fausse de l’Islam contre l’Occident. Tant et si bien que, pour beaucoup d’entre nous, il est devenu courant de penser que la seule relation possible entre le monde islamique et l’Occident s’insère dans un cycle de conflits politiques et culturels.

Sans doute, depuis des siècles, les extrémistes des deux camps ont cultivé cet « esprit caricatural » en réduisant à des stéréotypes, musulmans et Occidentaux chacun à sa manière. Mais toute personne assez ouverte à étudier l’islam et  l’Occident comprend que la principale source d’erreurs n’est pas religieuse ou culturelle mais bien politique. La friction engendrée par la politique étrangère américaine au Moyen-Orient, les enjeux géopolitiques du Golfe Persique, le conflit israélo-palestinien, la montée de l’extrême droite en Europe et la politique de prosélytisme islamique en Asie occidentale ont envahi le terrain culturel et produit une polarisation des identités dans laquelle les valeurs de base et les croyances des « autres » sont considérées comme problématiques et menaçantes. En conséquence, dans la relation troublée entre certains occidentaux et certains musulmans, il y a la conviction de plus en plus répandue de la futilité et de l’absence de dialogue entre l’Occident et l’Islam.

La généralisation de la thèse bien connue du «choc des civilisations» du politologue américain Samuel P. Huntington peut mieux expliquer les raisons de cette confrontation, car elle légitime les stéréotypes provocateurs et sensationnalistes popularisés par les tenants de « la guerre contre le terrorisme islamique » et du slogan « A bas l’Occident blasphématoire». George W Bush et ses faucons en savent quelque chose, mais les Ayatollahs aussi !

Il existe de nombreuses preuves qui démontrent que, pour attaquer l’islam, ou l’Occident, les fanatiques des deux côtés sont prêts à utiliser n’importe quel mensonge. Les fanatiques Occidentaux ne connaissant pas l’islam, n’ont aucun désir de comprendre ou de tolérer les musulmans parce qu’ils imaginent l’islam comme une religion de violence qui veut envahir, voire détruire et dévorer l’Europe.

Voilà qu’aujourd’hui l’l’islam et l’Occident souffrent d’un grave déficit de tolérance. En Occident, de nombreux stéréotypes et la désinformation qui contribuent à l’islamophobie sont enracinés dans la peur de l’islam. Certains présentent cette religion comme un bloc monolithique, statique, sauvage, irrationnel, menaçant et résistant au changement. La peur de l’islam est devenue un phénomène social en Occident, et les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, sont devenus pour beaucoup d’Occidentaux l’image de l’envahisseur musulman, le symbole selon lequel musulman est égal à terroriste.

Mais la fausse représentation de l’islam est parallèle à la fausse représentation de l’Occident. Autrement dit, «l’islamophobie», ou la peur de la marée islamique, a un contrepoids …«l’occidentophobie», soit la peur de l’Occident et de ses valeurs. La mondialisation est devenue synonyme d’occidentalisation et les musulmans radicaux sont préoccupés par la culture occidentale, qu’ils n’hésitent pas à classer comme impure et satanique.

Bien que les versions apocalyptiques, violentes et d’un autre âge, qui glorifient la mort ne sont portées que par une petite minorité de musulmans, l’opinion publique mondiale semble considérer ces attitudes hostiles comme représentatives de l’ensemble du discours islamique, créant un climat qui conduit à l’absence de dialogue et à la violence extrême.

Peut-être un bon point de départ est de reconnaître que de nombreux musulmans du monde entier se sont prononcés en faveur de solutions spirituelles et non-violentes, du dialogue et de la paix. Mais force est de constater que ces paroles n’ont pas réussi à endiguer le flot des stéréotypes. Et nous avons besoin d’apprendre davantage au sujet des musulmans et de leur culture dans les écoles européennes, pour mettre fin à cette crainte injustifié et injustifiable pour tout ce qui vient d’ailleurs. En outre, il devrait y avoir plus de musulmans pluralistes et non-violents visibles dans l’espace public et surtout dans les médias en Occident, afin de trouver une troisième voie pour résoudre les conflits entre les interprétations occidentales de la liberté individuelle et les interprétations islamistes des droits et des devoirs des musulmans.

Peut-être qu’il est temps que les Occidentaux comprennent que ce qui importe le plus, ce n’est pas seulement de trouver le juste équilibre entre les expressions de l’identité musulmane et l’idée de laïcité occidentale et républicaine, mais de prendre des mesures concrètes pour éliminer les malentendus et les interprétations erronés qui ont contribué à donner une image négative des musulmans comme des gens violents, hostiles culturellement et inaptes à la démocratie.

Qu’est qui est vraiment difficile à comprendre ?

Y a-t-il un sens dans le fait qu’un pasteur, peut-être timbré, brûle un Coran dans le fin fond des Etats-Unis, ce qui incite à des milliers de kilomètres de là des musulmans du quartier de Haoussa (quartier à forte concentration musulmane dans une ville à majorité chrétienne) à Douala, à brûler les églises situées dans ce même quartier ?

Y aurait-il un sens si mon ami Chamarke, musulman très pratiquant, décidait subitement de ne plus me rendre visite parce que ma nouvelle petite amie suissesse s’habille en mini-jupe hyper sexy, si l’imam de la mosquée que Chamarke fréquente chaque vendredi venait à un jour à prêcher contre ce genre d’habillement ?

A vous de voir !

FBradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Regard d’un kurde Syrien sur son pays

Le Tunisien Bouazizi a allumé l’arc-en-ciel qui a coloré le ciel arabe d’est en ouest. Suite à l’immolation de Bouazizi, alors que les premiers éclats de révolte crépitaient en Tunisie, les dirigeants des autres pays arabes se croyaient encore à l’abri. Mais l’inondation a dépassé les prédictions et les ondes de la liberté se sont propagées pour faire tomber tous les dictateurs.

Un organisateur inattendu a surgi : Facebook. D’une part, Facebook a ouvert un grand champ de bataille médiatique aux personnes favorables au pouvoir en place qui ont accusé l’Ouest de vouloir se mêler des affaires internes des pays arabes. D’autre part, Facebook a offert aux manifestants un champ médiatique pour pouvoir communiquer leurs idées et leurs projets, créant ainsi une vraie organisation révolutionnaire. Pour rappel, à chaque fois, ces révolutions étaient spontanées.

Regard en arrière

En Syrie, deux manifestations ont avorté sous la violence du régime. La première a eu lieu en 2002, elle était organisée par les Kurdes devant le Parlement. la deuxième, en 2003, mettait en scène les enfants Kurdes qui revendiquaient le droit à la nationalité. Il faut savoir que les Kurdes ont perdu leur nationalité lorsqu’ils ont déposé, sur demande du gouvernement syrien, leurs documents d’identité.

En 2004 encore, les Kurdes ont manifesté pacifiquement leur mécontentement dans le nord du pays, lors d’un match de football, au Qameshli. Plusieurs Kurdes ont été violentés par la police pendant le match et ont été tués. Les manifestations ont gagné tout le nord du pays mais, rapidement, le régime a fait taire les Kurdes en déployant son armée et sa propagande pour susciter la haine entre les Kurdes et les Arabes. Le régime de Bashar Al-Assad voulait diviser le peuple, monter les gens les uns contre les autres pour qu’aucune opposition réelle ne puisse s’organiser.

L’histoire se répète

Depuis février 2011, bien que le régime en place était convaincu que le printemps arabe n’arriverait pas en Syrie, bien que beaucoup d’observateurs pensaient que la conscience politique des citoyens syriens n’était pas assez mûre pour que la révolution s’étendent, le peuple syrien s’est levé, et les manifestations se sont étendues du sud au nord.

Dès le début des manifestations, le gouvernement s’est montré mesuré dans ses déclarations, mais sa réponse a été d’une violence extrême. Selon une estimation, il y aurait plus de 10 000 morts et plus de 50’000 détenus, ainsi que plusieurs milliers de disparus, sans compter toute une population qui souffre et sans oublier les personnalités syriennes qui s’opposent au système politique et qui sont brutalisées par les milices d’Al-Assad. Certaines personnes, comme c’est le cas de M. Tammo (qui était le chef d’un parti Kurde) ont même été éliminées.

Le plan du régime

Que fait le régime actuellement? Il régionalise les mouvements, divise les manifestants par ethnies, religions et croyances. Il attise la haine entre les personnes en utilisant tous les moyens à disposition pour créer des conflits entre les communautés. Il prêche que la sécurité de certains groupes est menacée par cette révolution et il prétend aussi que cette révolution est liée aux mouvements salafistes.

Pour confirmer sa théorie, le régime attaque les manifestants dans certaines villes, comme à Deraa, où a commencé la révolution, menée par des enfants ; ou à Homs qui, avec ses diverses ethnies chiites, sunnites, alaouites et chrétiennes, est devenue la capitale de la révolution. Et aussi d’autres villes phares qui se sont révoltées et ont franchi la ligne rouge de la peur, comme à Hama, Idlib, Banyass, Deir ez zorr.

Entretemps, le régime évite d’ouvrir un front contre les Kurdes, sachant qu’il sera perdant. Il se contente de faire des arrestations par-ci par-là et de faire disparaître les victimes dans les cachots de « la République ».

Mais les autorités syriennes ne peuvent pas empêcher la population de déclencher des manifestations dans tout le pays. Actuellement, l’optimisme n’est pas de mise car l’assassinat et la torture sont le quotidien du régime. Si un homme rentre chez lui sain et sauf après une manifestation, on peut le considérer comme un miraculé. Les stades et les écoles sont transformés en camps de détention. Les citoyens se couchent et se réveillent avec la mort, toujours la mort : dans les médias, dans les familles, dans l’air… la mort est partout ! En Syrie, ce n’est pas le 21ème siècle, c’est le retour à l’Âge de pierre, sauf qu’aujourd’hui les combats se font aux lance-roquettes !

La situation humanitaire se dégrade toujours plus et devient précaire. L’État abuse de sa force et envahit les hôpitaux et les services d’urgence afin de tuer les blessés, pensant effacer ainsi les traces de sa répression cruelle et assassine.

Il y a une grave pénurie de produits de premières nécessités, tels que des médicaments pour soigner les blessés, du lait pour les enfants et les bébés, du mazout et du gaz. A cela s’ajoutent les coupures de courant pendant de longues périodes, l’augmentation du prix des denrées alimentaires de première nécessité et les difficultés de déplacements.

Les Syriens aspirent à la liberté, au changement, au besoin d’aller de l’avant. Le peuple est prêt à mourir pour parvenir à réaliser son rêve, car il n’y a aucun sens de continuer à vivre dans ces conditions !

Juan ALA

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils




« في العراق: أصبحنا أهدافا سهلة »

Christian iraki praying

Beyrouth, hommage rendu aux victimes de l’attentat de Bagdad du 31 octobre 2010

اعترف بمسؤوليته تنظيم القاعدة، سلط الأضواء على مصير العراقيين المسيحيين منذ سقوط نظام صدام حسين. وقد دفعتهم التهديدات والاعتداءات الخطيرة التي ارتكبت ضدهم إلى الهجرة. وقد قبل يوسف ونجاة ومورين* وهم ثلاثة لاجئين، أن يدلوا بشهاداتهم حول الأسباب التي دفعتهم إلى اللجوء إلى لبنان وآمالهم في المستقبل.

مسيحيو العراق: ألفين سنة من التاريخ

يعتبر الانفجار الذي شنه ثلاثة إسلاميين متطرفين، والذي تسبب في مقتل حوالى 50 مسيحيا داخل الكاتدرائية في قلب بغداد، حادثا عنيفا مدبرا ضد طائفة دينية معيّنة. أي من وجهة النظر هذه،  ضد الدين المسيحي بشكل واضح. وإذا كان هذا النوع من الأنباء لم يكن ليحتل في الماضي سوى المرتبة الثانية في أعمدة الصحف، إلا أنه ليس الاعتداء الأول من نوعه. ففي الأول من آب/أغسطس عام 2004 وقعت اعتداءات بشكل متزامن تقريبا على خمس كنائس في بغداد والموصل تسببت في مقتل 12 مسيحيا آشوريا. وفي 9 تشرين الأول/أكتوبر 2006، اختطف كاهن في الموصل ووجد بعد يومين مقطوع الرأس، وقبل هذه الحادثة ببضعة أيام وجد صبي مراهق مصلوبا في نفس المنطقة. وحسب مؤسسة « العمل المشرقي » هوجمت 40 كنيسة ما بين حزيران/يونيو 2004 وحزيران/يونيو 2007. وفي تشرين الثاني/نوفمبر 2008، شنّت حملة ضد المسيحيين في الموصل فرّ على إثرها من البلاد، قرابة 3000 شخصا من هذه الطائفة.

وقد دفعت التهديدات والعنف والاعتداءات المسلحة المنتظمة والمتصاعدة ضد المسيحيين مئات الآلاف من العراقيين المسيحيين إلى الهجرة. ففي عام 2000، كان عددهم يبلغ 860.000 شخصا في العراق، أي نسبة 2 في المائة من عدد السكان. وقد هبط هذا العدد بشكل قوي منذ ذلك الحين ليصل إلى أقل من 450.000 في يومنا هذا. وحسب المفوضية العليا لشؤون اللاجئين، فإن رعايا هذه الطائفة موزعون أساسا في المناطق الشمالية (كردستان العراق). وبالرغم من أنهم لا يمثلون سوى أقلية، إلا أنهم متجذرون في العراق منذ 2000 سنة. وتشير مصادر عديدة إلى أن الطائفتين المسيحيتين الهامتين، الكلدانية والآشورية في العراق، قد اعتنقتا المسيحية على يد القديس توما منذ القرن الأول. وقد أدّى الشقاق الذي حدث مع الكنيسة في روما وموجات الهجرة إلى ظهور كنائس مسيحية جديدة مثل الكنيسة اليونانية الأرثودوكسية والكنيسة البروتستانية. وحاليا، يعدّ العراق ما لا يقل عن 12 كنيسة مختلفة، أي أن هذه الطائفة التاريخية المحلية تفتقر إلى التجانس كليا.

لم يؤثر ظهور الإسلام في القرن السابع على هذه الصيغة. ففي الواقع، تعايشت هذه الطوائف المتعددة، مسيحية كانت أم مسلمة (شيعية وسنية)، في العراق منذ قرون في وئام نسبي حسب العهود. لذا يبدو لنا أنه من غير اللائق في هذا المجال السؤال عن مدى اندماجهم في المجتمع العراقي، إذ يعرّفون أنفسهم بأنهم طائفة معروفة  « بحبها للسلام وبانفتاحها على العالم ».

صدام: ذكرى عراق موحد

تقوم عقيدة نظام البعث، الذي كان ينتمي إليها صدام حسين، على مبادئ الاشتراكية العلمانية. غير أنه منذ عام 1991 حدّ النظام جزئيا من هذه العلمنة، بتبنيه نصوص قانونية مستمدة من القواعد التي تنادي بها السلطات الإسلامية. فمثلا، منع الكحول، وقد أجيز فقط للمسيحيين صنعه وبيعه. وتدريجيا، أدمجت مثل هذه القواعد الإسلامية في القانون العراقي. مثلا، وضع قانون يحظر استعمال أسماء مسيحية. ولكن لا يبدو أن يوسف ونجاة ومورين يذكرون هذه الحقبة. بل على العكس، فهم يذكرون فترة حكم صدام بشيء من الحنين. وإزاء ردود الفعل المستنكرة نوعا ما التي أثارتها أقوالهم، لطفوا من لهجتهم قائلين: « نعم، كانت هناك مشاكل تحت حكم صدام، ولكن بالنسبة لكل العراقيين »، ثم استطردوا قائلين: « كان صدام يحترم المسيحيين ويحميهم. لقد كنا نشعر في ظله بالأمان ».

وعندما سألناهم عن التغييرات المهمة التي حدثت بعد سقوط النظام، أجابوا بلا تردد بأن هناك « تراجع« ، وبأن الشعب اليوم منقسم على نفسه ومفكك. واستطرد يوسف قائلا: « قبل ذلك كان العراقي عراقيا أولا، وانتماؤه الديني لا أهمية له. أما الآن فقد تلاشى هذا الوئام » وبأن هذا التغيير لم يحدث فجأة. وعندما سئلوا عن هوية « الأطراف المسؤولة » عن ذلك، جاء ردّ الجميع « إنها أطراف خارجية. » ويرى يوسف بأن « هناك مخطط مدبر وضعه كبار المسؤولين الأجانب لكي يشنوا الحرب ». وحتى اليوم، يصعب عليهم التصديق بأن الاعتداءات التي كانوا ضحاياها قد ارتكبها عراقيون. إذ فقد يوسف في الانفجار الذي وقع في كاتدرائية السريان الكاثوليك في بغداد اثنين من أبناء عمومته. ولكنه أشار بحق إلى أن العنف ضد المسيحيين هو ظاهرة محلية: « لا نعاني وحدنا من العنف في الشرق الأوسط. هناك الأقباط في مصر يعانون أيضا من العنف والتهديد. ولكن في العراق، نحن نشكل أهدافا سهلة، لأن الحكومة لا تملك الوسائل لممارسة سلطتها وتأمين حمايتنا ».

الهجرة: الخيار الصعب

قبل الفرار، كان يوسف وعائلته يعيشون حياة هادئة. وكانت تجارة الآلات والأدوات التي كان يمارسها تؤمن دخلا مستقرا لكل العائلة. إذن، ما هي الأسباب التي دفعته إلى الهجرة ؟ قال: « بدأت أتلقى منذ عام 2005، تهديدات بالاختطاف. وفي حزيران/يونيو 2007، اختطف إرهابيون أبي وطلبوا منا فدية أولية مقدارها 300.000 دولار أمريكي. فساومنا على مبلغ 60.000. وعندما عاد أبي كان مريضا جدا وعليه آثار التعذيب. فلم أتحمل أن يحدث ذلك إلى فرد آخر من العائلة ».

أما مورين فكانت طالبة في إحدى جامعات بغداد منذ عام 2001. وقد تركت العاصمة بغداد في عام 2009 على إثر تلقي تهديدات. وفي أحد الأيام اقترب منها في البهو المفضي إلى قاعة الدراسة بضعة غرباء وقالوا لها « احذري على نفسك ». لذا قررت أن تتابع دراستها في منطقة أخرى. ولكن في شهر آذار/مارس 2010، اختطف زوج أختها وقتل. « قد يحدث لزوجي مثل هذا الحادث، وصممنا على الرحيل ».

فالتنهدات …. والإطراقة والصمت الطويل… ثم انسياب الدموع لتعبّر عن الأسى العميق لاتخاذ قرار الرحيل وترك كل شيء. أن يجد المرء نفسه، بين عشية وضحاها، لاجئا، يعني قبل أي شيء جملة من التضحيات: ترك الأهل، والأرض المتوارثة، وفي كثير من الأحيان، نمط الحياة الرغد الذي كانوا يعيشونه كمسيحيين. وتقول مورين بحسرة إنه شعور مرير « من المستحيل وصفه »، إنه حزن عميق مستديم يعتصر القلب وينغّص العيش. أن يصبح المرء لاجئ يعني، الرحيل مع الأمل بحياة أفضل ولكن دون ضمان. والرحيل في كثير من الأحيان، يمثل نقطة اللاعودة، وحتى إذا حنّ الكبار يوما إلى العودة، فإنهم يدركون تماما بأن « أولادنا لم يعرفوا العراق ولن يحنوا إلى العودة إليه ».

لبنان: بلد مضيف، ولكن مؤقتا

لجأ جميع المسيحيين إلى لبنان، مع علمهم بأن لا مستقبل لهم ولا لأولادهم في هذا البلد. إلا أنهم على الأقل سيشعرون فيه بالأمان. فالدولة اللبنانية في الواقع، ليست من البلدان الموقعة على الاتفاقية الخاصة بأوضاع اللاجئين، ولا توفر لهم أي مساعدة. لذا، عهدت الحكومة إلى المفوضية العليا لشؤون اللاجئين، وإلى المنظمات غير الحكومية المحلية مهمة مساعدة حوالى 8.000 لاجئ عراقي حاليا في لبنان. وبالرغم من هذا الخلل، فإنهم يؤكدون بأنه « سيأتي المزيد من العراقيين المسيحيين طالما أن الأحوال لم تتحسن ». والجميع في انتظار البلد الذي سيقبل استقبالهم ومنحهم الإقامة بصفتهم لاجئين. ولكن المعاملات بهذا الشأن قد تستغرق من واحد إلى ثلاث سنوات. وكل ما يطلبه هؤلاء من البلدان الأوروبية، هو تسهيل هذه الإجراءات ويناشدوهم: « إرحموا معاناتنا لكوننا مسيحيين مثلكم، وعاضدونا لأننا مضطهدين، لاسيما نحن وإياكم من نفس الدين ».

وفي مقابلة أجرتها قناة ANB اللبنانية مع جورج بوش بصدد مذكراته التي تم نشرها مؤخرا، والتي ذكر فيها الحرب على العراق بهذه العبارات:  » إن الاعتذار يعني أن هذا القرار كان سيئا. ولا أظن أن هذا الحل كان سيئا »، ثم يضيف قائلا: « تحسّنت أوضاع العالم بعد صدام حسين ». ولكل إنسان حرية الحكم على ذلك. ولكن العراقيين المسيحيون لا يشاطرونه مطلقا هذا الرأي ويقولون: « لم نشهد نظاما أفضل منه قط ». وحسب رأيهم:  » إن بروز صدام حسين جديد أو زعيم أقوى من الإرهابيين من شأنه فقط رأب الصدع الذي مني به العراق الذي ما زال يتفكك أكثر وأكثر بعد كل اعتداء. لا يبدو، بعد الأشهر الثمانية التي استغرقتها المفاوضات من أجل تشكيل حكومة تآلف، والتي باشرت عملها في 20 كانون الأول/ديسمبر 2010، أي بعد ثمانية أشهر من الشلل، أن الإرهاب قد انحسر. إلا أن الأمل يساور نفس يوسف ومورين ونجاة بأن هذا الزعيم القوي سيبرز إلى الوجود خلال عام 2011، أي بعد انسحاب الأمريكيين الكلي من العراق.

*أسماء مستعارة

كارولين نانزر

المسؤولة عن برنامج تابع لمنظمة كاريتاس، لبنان

في إطار التعاون بين كاريتاس وصوت المهجر




« En Irak, nous sommes devenus des cibles faciles »

Christian iraki praying

Beyrouth, hommage rendu aux victimes de l’attentat de Bagdad du 31 octobre 2010

L’attentat qui a eu lieu le 31 octobre dernier dans la cathédrale de Bagdad, revendiqué par Al-Qaida, puis la vague d’attentats qui a suivi en décembre dans la capitale, ont mis en lumière le sort que les Irakiens de confession chrétienne subissent depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Les menaces et les graves violences à leur encontre les poussent sur les chemins de l’exil. Youssef [1], Najat et Maureen, trois réfugiés, ont acceptés de nous livrer leurs témoignages sur les raisons qui les ont amenés à venir se réfugier au Liban et leurs espoirs pour l’avenir.

Les Chrétiens d’Irak : deux mille ans d’histoire

Les Chrétiens d’Irak auront passé un Noël 2010 marqué par le deuil et le souvenir de deux prêtres et des 50 membres de leur église disparus dans l’attentat du 31 octobre dernier dans la cathédrale du centre de Bagdad. L’explosion, déclenchée par trois islamistes radicaux relevait d’un acte de violence sciemment perpétré à l’encontre d’une communauté religieuse spécifique. En ce sens, il était clairement antichrétien. Si ce type d’information est passé au second plan par le passé, cet attentat n’est cependant pas le premier en son genre à venir noircir les colonnes de la presse. Le 1er août 2004, déjà, 5 églises faisaient l’objet d’attaques quasi simultanées dans les villes de Bagdad et Mossoul, tuant 12 chrétiens assyriens. Le 9 octobre 2006, un prêtre officiant à Mossoul était enlevé, puis deux jours plus tard décapité, et un adolescent de 14 ans était retrouvé crucifié quelques jours plus tôt dans la région. Selon l’œuvre d’Orient, 40 églises ont été attaquées en Irak entre juin 2004 et juin 2007. En  novembre 2008, une campagne antichrétienne, lancée à Mossoul, a poussé près de 3’000 membres de cette communauté à fuir le pays.

Les menaces, les violences et les attaques armées à l’encontre de chrétiens, régulières et amplifiées depuis 2004, ont poussés des centaines de milliers d’Irakiens chrétiens sur le chemin de l’exil. En 2000, ils étaient près de 860’000 en Irak, soit un peu moins de 2% de la population. Leur nombre a drastiquement baissé depuis, et ils seraient moins de 450’000 de nos jours, répartis principalement dans les régions du Nord (Kurdistan irakien). Bien qu’ils représentent une minorité, les chrétiens font partie du paysage irakien depuis près de 2000 ans. Comme le rappelait Gérard-François Dumont, de nombreuses sources concordent pour dire que les communautés chrétiennes chaldéennes et assyriennes, les deux plus importantes en Irak, auraient été évangélisées par St-Thomas dès le Ier siècle. Les discordes avec Rome, et les flux migratoires, ont engendré de nouvelles églises chrétiennes, telles que les églises grecs orthodoxes et protestantes. Aujourd’hui, l’Irak n’en compte pas moins de 12 différentes, ce qui exclut d’emblée l’homogénéité de cette communauté historique autochtone.

La naissance de l’Islam au VIIème siècle n’a pas ébranlé ce paradigme. De fait, qu’elles soient chrétienne ou musulmane (chiite, sunnite et alevis), les nombreuses communautés en Irak y cohabitent depuis des siècles plus ou moins pacifiquement selon les époques. Aussi, s’il  paraît à ce stade quelque peu déplacé de les interroger sur leur intégration dans la société irakienne, d’emblée eux-mêmes se définissent comme une communauté « connue pour la paix et son ouverture au monde. »

Saddam : mémoire d’un Irak uni

La doctrine du régime baasiste, dans lequel s’inscrit  Saddam Hussein, prend ses sources dans un mouvement socialiste et laïque. Cependant, dès 1991, le régime met partiellement fin à cette sécularisation, et des textes de loi sont adoptés allant dans le sens des règles prônées par les autorités islamiques. C’est ainsi, par exemple, que l’alcool est prohibé et que seuls les chrétiens ont le droit de le fabriquer et de le vendre. Progressivement, ce paradigme religieux est intégré dans le droit irakien, à l’instar de la proclamation d’une loi interdisant les prénoms chrétiens. Or, si l’on écoute Youssef, Najat et Maureen, ils ne semblent pas porter de traces de cette période. Au contraire, le régime de Saddam fait appel à un souvenir comparable à une tendre époque. Face à la réaction quelque peu sceptique qu’ils déclenchent, ils tempèrent : « sous Saddam, il y avait des problèmes, mais pour tous les Irakiens. » Et d’ajouter : «  Saddam respectait les chrétiens et nous protégeait. Nous nous sentions en sécurité. ».

Quand on leur demande quels sont les changements notoires qui ont eu lieu depuis la chute du régime, ils y voient « une régression ». Selon eux, la population s’est fissurée, morcelée. Selon Youssef, « avant, un Irakien était avant tout Irakien, peu importait son appartenance religieuse. Maintenant, cette harmonie n’existe plus ». Ce changement n’est pas survenu tout de suite. Quant il s’agit d’identifier les « coupables », tous sont unanimes : «cette influence vient de l’extérieur ». Youssef envisage que « ce plan a été mis en place par de grands responsables étrangers qui ont voulu lancer une guerre ».

Il leur est encore difficile de reconnaître que ce sont des Irakiens qui sont à l’origine des  attentats dont ils ont été victimes. Lors de l’explosion de la cathédrale syriaque-catholique de Bagdad, Youssef a perdu trois de ses cousins. Cependant, il rappelle, à juste titre, que la violence à l’encontre des chrétiens est un phénomène régional : « Au Moyen-Orient, nous ne sommes pas les seuls à souffrir. Les coptes d’Egypte souffrent  aussi de violence et de menaces. Mais en Irak, nous sommes des cibles plus faciles à atteindre, car le gouvernement en place n’a pas les moyens d’exercer un contrôle et d’assurer notre protection. » (NDIR : l’entretien a été réalisé avant l’attaque du 31 décembre à Alexandrie)

Le choix difficile de l’exode

Avant leur fuite, Youssef et sa famille menaient une vie paisible. Le commerce d’outillages qu’il avait garantissait une stabilité financière pour toute sa famille. Qu’est-ce qui l’a alors poussé à partir ? « Depuis 2005, je recevais des menaces d’enlèvement. En juin 2007, mon père a été kidnappé par des terroristes qui nous ont demandés une première rançon de 300’000 dollars américains. Nous avons négocié 60’000. Quand il est rentré, très malade, il portait des traces d’actes de torture sur lui. Je n’aurais pas pu supporter que cela arrive à un autre membre de ma famille.» 

Maureen, elle, était étudiante dans une université à Bagdad depuis 2001. En 2009, elle a quitté la capitale, car elle a été menacée. Un jour, en se rendant aux cours, des étrangers se sont approchés d’elle dans les couloirs et lui ont dit : « prend soin de toi ». Elle a alors décidé de poursuivre ses études dans une autre région. Mais au mois de mars 2010, son beau-frère a été kidnappé et tué. « Cela aurait pu être mon mari, alors nous avons décidé de partir », confie-elle.

Les soupirs… les longs silences … puis inévitablement les nombreuses perles qui roulent sur les joues en disent long sur le poids que représente la décision de tout quitter, et de s’en aller. Devenir, du jour en lendemain, réfugié cela représente avant tout des sacrifices: abandonner une partie des siens, les terres dont on a hérité et souvent, en tant que chrétien, un train de vie aisé. C’est un sentiment de déchirement « impossible à décrire », dit Maureen, mais qui vous envahit d’une tristesse intense et avec laquelle il faut apprendre à vivre. Devenir réfugié, c’est aussi partir dans l’espoir que les lendemains seront meilleurs mais sans garantie aucune. Dans la majorité des cas, c’est souvent aussi un point de non-retour car s’ils espèrent pouvoir revenir au pays, ils sont conscients que « nos enfants ne connaîtront pas l’Irak et ne voudront pas y retourner. ».

 Liban: terre d’accueil, mais temporaire

Tous sont venus au Liban se réfugier car, même s’ils savent qu’il n’y a pas d’avenir pour eux et leur famille dans ce pays, ils savent qu’au moins ils y sont en sécurité. L’État libanais n’est en effet pas signataire de  la Convention relative au statut de réfugié, et ne leur offre aucune aide. Le gouvernement laisse le soin au HCR, en collaboration avec d’autres ONG locales, de s’occuper du sort de près de 8’000 Irakiens y vivant actuellement. Malgré cette insécurité, ils sont sûrs que « d’autre Irakiens chrétiens continueront de venir tant que les conditions ne se seront pas améliorées ». Tous sont dans l’attente de trouver un pays qui accepte de les accueillir en leur conférant un statut de réfugié. Mais ces procédures prennent entre un et trois ans. Ce qu’ils demandent aux pays européens, c’est de faciliter ces démarches et lancent ce message: « On leur demande, entre chrétiens, de compatir à nous souffrances, d’être solidaires du fait que l’on souffre de persécution alors qu’on a les mêmes croyances ».

Dans une interview donnée à  la chaîne NBC sur ses mémoires récemment publiés, Georges W. Bush, revenait en ces termes sur la guerre qu’il a engagée en Irak: « S’excuser signifierait que cette décision était mauvaise. Et je ne pense pas que c’était une mauvaise solution », et d’ajouter « le monde se porte mieux sans Saddam Hussein. » Chacun sera libre de juger. Pourtant, cette conviction, les Irakiens chrétiens, sont loin de la partager :  « nous n’avons pas connu de meilleur régime ». Selon eux, seul « un nouveau Saddam ou quelqu’un qui soit plus fort que les terroristes » peut permettre de recoller les fissures de cet Irak qui, à chaque nouvel attentat, continue de se morceler. Au vu des huit mois de négociations nécessaires pour former le gouvernement de coalition, qui a pris ses fonctions le 20 décembre 2010, après neuf mois de paralysie, la terreur ne semble pas avoir touché à sa fin. Cependant, Youssef, Maureen et Najat espèrent que cet homme fort se fera entendre d’ici 2011, année prévue du retrait définitif américain.

[1] Noms d’emprunt.

Caroline Nanzer
Chargée de communication, Centre des Migrants de Caritas Liban http://english.caritasmigrant.org.lb/

Une collaboration entre Caritas Liban et Voix d’Exils

« Le Centre des Migrants de Caritas Liban vient en aide à plus de 2’000 familles irakiennes dans le besoin, sans distinction d’appartenance religieuse »