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FLASH INFOS #93

Photo: EU Civil Protection & Humanitarian Aid / Flickr.com

Sous la loupe : Bombardement d’un camp de déplacés en Ethiopie / Bilan funeste pour la traversée reliant l’Afrique à l’Espagne / Un bébé disparu lors de l’évacuation en Afghanistan a été retrouvé

Bombardement d’un camp de déplacés en Ethiopie

RFI, le 08.01.2022

En Éthiopie, les rebelles de la région du Tigré sont en guerre depuis plus d’un an face au gouvernement d’Addis-Abeba. En dépit des récentes annonces d’arrêt des combats, l’armée éthiopienne continue à bombarder constamment le Tigré depuis les airs. L’ultime attaque, menée dans la nuit de vendredi à samedi, a fait environ 56 morts. Le bombardement a touché une école servant de campement pour des civils déplacés tigréens dans la province.

Privée d’assistance humanitaire, aucun convoi n’a pu rejoindre la région depuis décembre 2021. Au moins 400’000 personnes vivraient dans des conditions de famine ; une situation qui provoque des mouvements migratoires importants dans le pays.

L. B.

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Bilan funeste pour la traversée de la Méditerranée reliant l’Afrique à l’Espagne

RTBF, le 03.01.2022

Selon un bilan dressé par l’ONG Caminando Fronteras sur la base d’appels passés à des numéros d’urgence, plus de 4000 personnes exilées sont décédées ou disparues en 2021 sur les routes migratoires à destination de l’Espagne. Les corps de la quasi-totalité d’entre eux n’ont jamais été retrouvés et sont recensés comme disparus.

D’après l’ONG, la grande partie de ces demandeurs et demandeuses d’asile ont disparu en tentant de rejoindre les Canaries depuis le nord-ouest de l’Afrique, une route risquée mais davantage empruntée en raison du renforcement des contrôles en Méditerranée.

L. B.

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Un bébé disparu lors de l’évacuation en Afghanistan a été retrouvé

infomigrants.net, le 10.01.2022

En août dernier, le peuple afghan quittait le pays au moment où les Talibans prenaient le pouvoir. Depuis cet événement, un petit garçon prénommé Sohail, alors âgé de deux mois, était porté disparu après que son père, Mirza Ali Ahmadi, l’avait donné à un soldat américain pour lui sauver la vie afin qu’il ne soit pas écrasé par la foule.

Le 8 janvier dernier, l’enfant a été rendu à son grand-père. Il avait été retrouvé sur le sol de l’aéroport et recueilli par une famille afghane. Un article portant sur sa disparition a permis à son grand-père de venir le retrouver à Kaboul.

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




Notre histoire, c’est notre bagage pour l’avenir

Lion ailé, art assyrien. Photo: Glyn Nelson  (CC BY-NC-SA 2.0)

Un lion ailé, art assyrien. Photo: Glyn Nelson
(CC BY-NC-SA 2.0)

En 2010, l’état de santé de ma mère m’amenait à multiplier mes voyages à Damas. En moyenne, je prenais l’avion tous les deux mois pour passer de longs week-ends auprès d’elle. Ce qui m’interpellait à chaque fois que je me rendais à l’aéroport de Damas, c’étaient les files d’attente interminables à l’enregistrement des bagages. De nombreux chariots surchargés de valises identiques, une foule nombreuse, adultes, enfants et vieillards, portant tous le même sac en plastique estampillé du logo de l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM). Ils étaient assistés par un employé portant le badge de cette organisation, qui facilitait leurs démarches et planifiait leur embarquement.

Je me suis demandée qui sont ces migrants ? D’où partent-ils ? Où vont-ils ? Quelles persécutions subissent-ils pour supporter ce calvaire et partir tous, vieux, jeunes, familles entières, vers l’inconnu ? Fuient-ils l’Irak voisin ? Son insécurité et son chaos ?

Lors de l’un de ces voyages, un de ces migrants s’est assis sur le siège jouxtant le mien dans l’avion. J’ai donc entamé la discussion et lui ai demandé d’où il venait et où il allait. Il m’a répondu qu’il était assyrien, du nord-est de la Syrie et a pointé le doigt sur sa famille et ses enfants. Ils avaient tous des yeux immenses, ornés de sourcils semi-circulaires comme dessinés par une plume d’artiste. J’ai cru voir l’une de ces statues de dieux assyriens que nous étudiions dans nos livres d’histoire et admirions dans le musée national.

Ecriture cunéiforme mis au point en Basse Mésopotamie entre 3400 et 3200 avant J.-C. Photo: Jeff Stvan (CC BY-NC-ND 2.0).

Écriture cunéiforme mise au point en Basse Mésopotamie entre 3400 et 3200 avant J.-C. Photo: Jeff Stvan (CC BY-NC-ND 2.0).

Les assyriens, habitants de la Mésopotamie depuis des milliers d’année, précurseurs de notre civilisation, ont façonné la structure des premières sociétés modernes, de l’économie et inventé le premier code de loi connu à ce jour. Les assyriens, contemporains des babyloniens, des araméens, des hittites, ont donné leur nom à la Syrie d’aujourd’hui. Je me suis souvenue des cours d’histoire, lors desquels notre professeur remplissait l’atmosphère de la classe de poussière de craie en essuyant avec ses mains la carte dessinée avec soin pendant un quart d’heure pour nous montrer les migrations des peuples mésopotamiens et l’étendue de l’empire assyrien. Ce premier empire de l’humanité allant, à son apogée, de l’Iran jusqu’en Égypte, en passant par l’Irak, la Turquie, la Syrie, le Liban et la Palestine. Je me suis souvenue des noms des rois assyriens : Assour Banibal l’Assyrien, le roi Sargon et son palais décoré de lions ailés, etc.

 J’avais également le souvenir de lointaines discussions familiales, surtout avec mon oncle qui travaillait pour l’éducation nationale dans la région de la ville de Hassaké, au nord-est de la Syrie, qui nous disait que les Assyriens existaient encore, qu’ils étaient devenus chrétiens, et qu’il y avait des incitations venues de l’extérieur qui les appelaient à migrer vers la Suède ou la Norvège. Discussions qui, en général, se terminaient par des lamentations sur notre civilisation qu’il voyait disparaître avalée par l’Occident tout puissant.

Et le voilà à présent à côté de moi, l’héritier du roi Sargon, ses parents, ses enfants et toute sa descendance qui prennent l’avion. Et où partez-vous Inch’Aallah ? Au Canada, ils nous ont informés que nous allions habiter la ville de Calgary. La connaissez-vous ? La seule chose que je connaissais de Calgary est qu’elle a accueilli les Jeux olympiques de l’hiver 1988. Ce qui voulait dire qu’elle se trouve forcément à côté de hautes montagnes où l’on pratique le ski.  Nous étions au mois de janvier, en plein milieu de l’hiver donc. J’ai jeté un coup d’œil aux habits du descendant du roi Sargon : petite veste en simili cuir et des mocassins bon marché. Ses enfants aussi avaient des bottes de fabrication locale et de petites vestes. J’ai répondu : oui, j’ai entendu que c’est joli, je vous souhaite d’y trouver le bonheur. Et parlez-vous l’anglais ? Non, je ne parle que l’arabe et l’assyrien. Voici mon fils Gorguios. Et le descendant de Sargon s’est mis à parler en assyrien avec Gorguios pour lui demander de dire bonjour à la dame. Gorguios m’a observé de ses grands yeux qui se sont plissés dans un sourire timide.

L’avion a atterri en Europe. Une délégation de l’OIM attendait nos migrants pour leur indiquer le chemin pour la poursuite de leur voyage au Canada. J’ai salué les héritiers de Sargon et Banibal, en leur souhaitant intérieurement la réussite de leur périple, tout en sentant une tristesse immense de voir un pan entier de notre civilisation quitter le pays sans retour. Continueront-ils à parler l’assyrien au Canada ? Jusqu’à quand ? Combien de générations faudra-t-il avant que cette langue, vieille de plus de quatre mille ans, ne disparaisse définitivement de la liste des langues encore vivantes ? Nous faut-il sauvegarder à tout prix les vieilles civilisations ? Ou est-ce une affaire sans importance, puisqu’elles sont amenées à disparaître de toute façon ?

Ce qui se passe à Raqqa aujourd’hui, et ce qui s’est passé à Maaloula hier, n’a pas qu’une dimension religieuse. Et la destruction des églises me semble être un sujet annexe. Maaloula, comme le nord-est de la Syrie, est l’un des rares endroits au monde, témoin encore vivant de ces vieilles civilisations ; celles qui ont fondé l’humanité telle que nous la connaissons aujourd’hui. La destruction de ces sociétés n’est qu’une tentative d’effacer les traces de l’évolution que l’humanité a accompli pendant des siècles et des siècles de pensée, création, civilisation, progrès et évolution.

Mais l’humanité, malgré ses multiples phases sombres et rétrogrades à travers le monde et à travers les époques, a toujours su reprendre le chemin du progrès et continuer le voyage de l’évolution. Ce que nous espérons, c’est que cette période obscur ne soit qu’épisodique, qu’elle ne soit qu’un passage, qu’elle ne détruise pas trop notre passé, parce que notre histoire, c’est notre bagage pour l’avenir.

Katia Hilal

Contributrice de Voix d’Exils




Le calvaire des enfants des rues de Mogadiscio

Des enfants qui errent dans les rues de Mogadiscio. Source: http://www.flickr.com/creativecommons/

Depuis la chute du gouvernement somalien sous l’égide du président Mahamed Sayad Baree, en 1991, la Somalie a connu des guerres civiles qui n’ont épargné rien ni personne. Les jeunes, et en particulier les filles, sont les plus touchés par les privations et les violences qui étranglent le pays.

 

 

Selon la Convention des Droits de l’Enfant : «L’enfant est reconnu, universellement, comme un être humain qui doit pouvoir se développer physiquement, intellectuellement, socialement, moralement, spirituellement, dans la liberté et la dignité». Dans les pays sous développés, hélas, les enfants ne profitent pas de ces droits. En Somalie, où règne la guerre, la famine, la sécheresse et les épidémies, ce sont les jeunes qui sont les plus touchés. Depuis 30 ans, les nouvelles générations se succèdent et grandissent dans un pays chaotique. Elles n’ont jamais connu la paix, le respect des droits humains. Un adolescent de 15 ans déclarait en mars 2010 à Amnesty International : « J’ai vécu la plus grande partie de ma vie dans la peur »,et d’après cette même Organisation Non Gouvernementale (ONG), les enfants représentent la moitié de la population somalienne.

Des enfants livrés à eux-mêmes

Beaucoup d’enfants perdent leurs parents, soit parce qu’ils ont été tués lors de combats, soit parce que ces mêmes combats les ont séparés. Ils perdent alors la protection et l’affection et sont victimes de mauvais traitements, surtout dans le sud et le centre du pays où règne un chaos généralisé.

Les orphelins qui restent à Mogadiscio s’établissent aux alentours des restaurants pour manger les restes. Interrogé par la radio royale somalienne lors d’un reportage, Deeqow Caamir, un adolescent de 14 ans, confie : « Je vis dans un lieu dangereux et je n’ai personne qui puisse m’aider. J’ai besoin de nourriture, d’un abri, de vêtements, d’étudier, de soins… et beaucoup d’autres choses encore dont un enfant a besoin dans ce monde. Je suis exposé à des balles perdues et des obus de mortiers, car je dors au pied d’un mur… Moi et les animaux, on dort ensemble (il pleure). La famine et la peur m’ont conduit à consommer toutes sortes de drogues comme l’alcool, le kat, les cigarettes… pour oublier mon calvaire ».

Le reportage a également observé que des jeunes filles âgées de 9 à 17 ans vivent également dans la rue. Elles mendient en groupe autour des restaurants en tendant des gobelets et des assiettes. Elles sont exténuées, affamées, assoiffées et personne ne s’occupe d’elles, car chacun est submergé par ses problèmes personnels. Outre la faim, la peur et le froid, elles sont encore confrontées aux viols. Une femme somalienne témoigne : « Ça nous touche profondément de voir des jeunes filles qui dorment dans la rue, elles sont beaucoup plus vulnérables que les garçons. C’est une situation alarmante, mais qui nous dépasse ! ».

L’aide de la famille ou des ONG

Il y a deux systèmes de prise en charge des enfants. Le premier, voulu par le système clanique, consiste à répartir les enfants issus de parents très pauvres ou qui les ont perdu durant la guerre, au sein de leurs familles élargies pour qu’elle couvre leurs besoins basiques : avoir un toit, être vêtu, nourri et scolarisé. Certaines familles considèrent ces enfants comme les leurs, tandis que d’autres les exploitent.

Le deuxième système fait appel aux ONG. Tel est le cas de « l’association de prise en charge des enfants de la rue », une association locale qui se trouve actuellement à Mogadiscio. Elle est composée de jeunes étudiants qui se sont mobilisés avec très peu de moyens pour tendre la main aux enfants de la rue. Elle finance ses projets en majeures parties grâce à des cotisations et fait de son mieux pour améliorer leurs conditions de vie en fournissant des logements, des vêtements, de la nourriture et la possibilité d’étudier. Elle aide en particulier les adolescents et les jeunes adultes qui ont perdu leurs parents et qui doivent prendre en charge leurs frères et sœurs plus jeunes qu’eux.

Hochardan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos :

Vous pouvez aider ces enfants en vous adressant à :

Amnesty International
Bureau régional romand

Rue de la Grotte 6
CH – 1003 Lausanne

Tél. 021 310 39 40

www.amnesty.ch