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Expérience innovante dans une classe de français EVAM

Photo prise lors d’un conseil de classe – Les élèves avec, au premier rang à gauche, Ricardo, enseignant. Au deuxième rang, deuxième depuis la gauche, Simona, éducatrice, et deuxième depuis la droite, Ana, enseignante. Auteur: Hajar / Voix d’Exils.

Paroles de prof. : « Grâce à la pédagogie coopérative, les élèves participent démocratiquement aux prises de décision »

Le Centre de formation de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) n’hésite pas à sortir des chemins battus. Pour permettre aux élèves de participer activement à leur propre formation, l’enseignant Ricardo Da Silva et l’éducatrice Simona Lungu ont mis en place un conseil de classe au fonctionnement démocratique. Dans cet espace de libre parole, les élèves sont à égalité avec leurs enseignants pour exprimer leurs besoins, faire des propositions, apprendre à négocier et voter si nécessaire.

Voix d’Exils est retourné sur les bancs d’école pour rencontrer les différents protagonistes.

Voix d’Exils : Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est un conseil de classe ?

Ricardo Da Silva : C’est un lieu d’échanges qui réunit sur un plan égalitaire, les élèves, les enseignants et les éducateurs. Une fois par semaine, dans une salle de cours, nous déplaçons les tables et créons un cercle de parole. Le fonctionnement du conseil de classe est cadré par quelques règles de base : le respect mutuel, les tours de parole, l’écoute sans interruption. Assis en cercle, nous décidons au début de chaque conseil qui prendra le rôle de président et qui prendra celui de secrétaire et rédigera le procès verbal. Ces deux personnes ont des pouvoirs spéciaux comme celui de distribuer équitablement la parole, de gérer le déroulement et de prendre note des décisions dans le cahier de classe. Lors des 45 minutes que dure le conseil, nous suivons une forme de rituel avec quelques étapes fixes : ouverture du conseil, météo individuelle et collective (chacun exprime comment il se sent, son état d’esprit), consultation de la boîte aux lettres et prise de connaissance des billets qui s’y trouvent, discussion, votes et clôture du conseil.

Pourquoi avoir pris cette initiative ?

C’est parti d’un problème de cohérence de cadre entre les différents intervenants dans ma classe. Les élèves, de niveau avancé, ont beaucoup de cours et de modules à suivre en plus des cours de français. Quand j’ai commencé la session, en août 2019, j’étais professeur principal et à partir de début octobre, j’ai partagé la classe avec ma collègue Ana Baeriswyl. En plus, pour des questions de formation continue, j’ai dû m’absenter et mes divers remplaçants ont fait état de difficultés à « tenir la classe ». La multiplication des intervenants posait problème aux élèves qui avaient du mal à s’adapter. C’est à ce moment précis que ma responsable, Laurie Durussel, m’a demandé de trouver une solution en nous laissant libres de choisir les moyens adéquats pour y parvenir. Voilà comment le conseil de classe a vu le jour en octobre 2019.

Ricardo exhibe fièrement un document coécrit par tous les membres du conseil de classe. Auteur: Hajar / Voix d’Exils.

 Quelle est votre source d’inspiration ?

Principalement les pédagogues français Célestin Freinet et Fernand Oury. Le premier a commencé à développer de nouvelles formes de pédagogies au sortir de la première guerre mondiale. Son approche dite de pédagogies coopératives considère la classe comme une microsociété. Dans une démocratie, une classe doit pouvoir fonctionner aussi de manière démocratique. Freinet, comme d’autres pédagogues de son époque, se pose de manière originale les questions de l’autorité, la critique des rapports de pouvoir dans la classe, l’auto-formation et l’apprentissage en autonomie, la collaboration, l’approche pratique en ateliers d’expérimentation, l’importation participative de sciences et de techniques, les classes découvertes, le jeu et la créativité, le développement de l’esprit critique et l’éducation à la citoyenneté démocratique. Dans le cadre de notre travail – tant éducatif que pédagogique – cet horizon nous semblait en adéquation avec les buts que nous poursuivons : l’intégration par le dialogue interculturel, la tolérance, l’explicitation des attentes, des besoins et des valeurs de chacun.ne et la négociation d’un être-ensemble pour la mise en activité du groupe autour d’un projet fédérateur.

Dans une classe « standard », c’est le professeur qui prend les décisions. Le pouvoir donné au conseil de classe ne change-t-il pas la donne ?

Oui, effectivement, mais cela va dans le sens d’une responsabilisation des élèves. Je vous donne un exemple : un jour, nous avons fait passer un test surprise aux élèves. Peu après, il y a eu un conseil de classe et les élèves ont manifesté leur mécontentement. Les discussions ont donné lieu à une règle qui a été votée et selon laquelle les professeurs devaient avertir les élèves avant de leur faire passer un test. Le délai d’annonce avant le passage d’un test a été décidé après une négociation parce qu’il y avait plusieurs propositions de délai. Finalement, nous nous sommes mis d’accord sur deux jours. Après ce conseil de classe, il n’y a plus eu de tests non annoncés et plus de tensions à ce sujet.

Quel a été l’objet de votre première discussion lors du premier conseil de classe ?

Nous avons établi la liste des règles à respecter pour le bon fonctionnement de la classe. Le premier sujet traité a été celui du téléphone portable parce que beaucoup d’élèves oubliaient d’éteindre leur téléphone ou d’enlever le son. Normalement, les règles de l’EVAM interdisent l’usage du téléphone en classe. Lors de notre première séance, les élèves ont expliqué que le téléphone leur servait aussi pour chercher la traduction des mots qu’ils ne comprennent pas. De plus, certains élèves, qui ont des enfants en bas âge, peuvent recevoir un appel de la garderie quand il y a un problème. D’où le besoin exprimé de pouvoir garder son mobile pour répondre à un coup de fil important ou urgent. Donc, il a été décidé à l’unanimité que tous les élèves peuvent garder leur téléphone en classe, mais ils doivent demander à leur prof avant de pouvoir l’utiliser. Nous avons aussi convenu de quelques règles de base comme le respect du droit à l’image, les échanges d’informations digitales dans le groupe classe et avons aussi pu évoquer des règles de déontologie numérique pour le groupe.

Après discussion, élèves et enseignant.e.s votent dans une ambiance détendue. Auteur: Hajar / Voix d’Exils.

Comment fonctionne le vote ?

Les élèves ont à leur disposition des billets sur lesquels ils peuvent écrire des propositions, des critiques ou des remerciements, puis ensuite les glisser dans une boîte à lettres prévue à cet effet. Au début de chaque séance du conseil, on regarde ce qu’il y a dans la boîte, puis on parle des points écrits sur les billets. Par exemple, plusieurs participants avaient évoqué le problème du bruit dans la classe qui les empêchait de se concentrer. Après discussion, il est ressorti que ce problème ne s’appliquait que dans certains cas et nous avons pu discuter de ce qui nous importait, dégager un consensus là où il pouvait y en avoir un et formuler différentes propositions pour régler ou du moins réduire le problème. Les propositions ont été soumises au vote en trois catégories : pour, contre et abstention. Certaines propositions ont été refusées, mais celles qui ont été acceptées à la majorité ont été inscrites dans le règlement de classe.

Quel rôle joue le conseil de classe dans l’apprentissage du français ?

Pour qu’un conseil de classe fonctionne bien, il faut idéalement que les élèves aient un niveau de langue B1 pour pouvoir argumenter et défendre leur point de vue. Comme nous avons pu le constater, un conseil de classe peut avoir un effet stimulant sur une classe de niveau A2 déjà, et cela malgré les difficultés linguistiques. De plus, le conseil de classe peut aussi servir à identifier les besoins des participants, à définir ensemble les objectifs d’apprentissage, à discuter et réguler le déploiement de la prestation au fur et à mesure de la session et éventuellement à négocier une adaptation.

Qu’apporte l’expérience du conseil de classe aux enseignants ?

Nous obtenons davantage d’adhésion de la part des élèves en les associant aux décisions prises lors des conseils de classe. Dans ce cadre, les petits problèmes du quotidien tels que: bruits, téléphones, savoir-être en groupe, besoins pédagogiques particuliers, surcharge de cours, difficultés des apprenants à s’adapter à différents styles pédagogiques, peuvent être discutés en commun afin d’éviter l’accumulation de frustrations qui pourrait conduire à de plus grands problèmes. Ce partage permet aussi de désamorcer les éventuels conflits entre élèves et de neutraliser les triangulations. De plus, du point de vue de l’efficacité professionnelle, c’est gratifiant de pouvoir observer un tel investissement des élèves et de constater l’accélération des apprentissages.

L’un des objectifs de l’EVAM c’est l’autonomie des bénéficiaires. Votre expérience de pédagogie coopérative va dans ce sens, me semble-t-il…

Oui, bien sûr ! D’ailleurs plusieurs collègues qui avaient entendu parler de notre conseil de classe ont décidé de l’introduire dans leurs propres groupes. D’autres conseils de classe auraient dû démarrer en mars 2020, mais le début du confinement dû au COVID-19 nous a obligés à temporiser cet élan. Forts de notre expérience, nous sommes à disposition pour partager nos outils et conseiller tous les collègues qui souhaiteraient se lancer dans l’expérience.

Paroles d’élève : « Je peux voter librement pour la première fois de ma vie ! »

Lors des conseils de classe, on écoute les autres intervenant.e.s sans les interrompre et en respectant leur point de vue.

Les élèves ont accepté de partager leur expérience de pédagogie participative et d’expliquer en quoi elle leur permet d’avancer.

Voix d’Exils : en quoi le conseil de classe est-il important pour vous ?

« Je viens d’un pays dans lequel je n’ai jamais pu voter une loi. Ce conseil n’est pas très grand, mais il me donne l’occasion de m’exprimer, de pouvoir faire des choix et de voter librement pour la première fois de ma vie. »

« Le conseil de classe nous apprend le savoir vivre ensemble, par exemple à écouter son interlocuteur sans l’interrompre et à construire un dialogue avec lui.»

« Grâce à cette expérience, on apprend beaucoup sur la culture suisse, la santé, la citoyenneté et aussi à pratiquer la lecture et l’écriture. »

« Ça donne beaucoup d’expérience, de la confiance en soi, on apprend à se présenter. »

« Grâce au conseil de classe, on a la possibilité de parler des problèmes qu’on rencontre dans les différentes classes. (Certains élèves ont des cours de mathématiques, de correspondance, de santé, d’autonomie numérique, des ateliers emploi, des ateliers à choix entre phonétique, jeux de rôles et écriture créative le mercredi après-midi, ndlr). »

« Ce conseil de classe est une plus-value ! »

Est-il facile ou difficile de prendre une décision tous ensemble ?

« Franchement, ce n’est pas facile parce qu’on doit beaucoup réfléchir et on n’est pas toujours d’accord sur la décision à prendre concernant un même sujet. »

Propos recueillis par:

Mamadi Diallo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 




Mon premier jour à Voix d’Exils

pixabay.com / Pixelcreatures / Pixabay licence

Des nouvelles rencontres et tant d’histoires à raconter

Je m’appelle Tamara, je viens de Tchétchénie et j’ai deux fils de 9 et 12 ans. Je n’oublierai jamais le 11 février 2020, date à laquelle j’ai pris ma place au sein de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Ce jour-là, mon réveil a sonné une heure plus tôt que d’habitude : c’était mon premier jour à la rédaction de Voix d’Exils et il n’était pas question pour moi d’être en retard !

Une toilette « expédiée »

J’ai expédié ma toilette et me suis mise à préparer le petit-déjeuner et le repas de midi de mes fils qui mangeront seuls à la maison. Puis, j’ai réveillé les enfants. J’ai grignoté un sandwich sur le pouce, avec quelques gorgées de café noir. En regardant mon reflet dans le miroir, j’ai ajouté la touche finale à mon image : un peu de rouge à lèvres. J’étais prête!

Au moment de partir, j’ai fait mes dernières recommandations aux garçons sur ce qu’ils devront faire pendant mon absence. La liste était tellement longue qu’ils ont fini par crier d’une seule voix: « Maman, tu vas être en retard pour le train! Ne t’inquiète pas, nous ferons tout bien! »

Je les ai embrassés, j’ai pris mon sac à dos à la hâte et suis sortie comme une flèche de la maison.

Comment j’ai raté le train…

Après une centaine de mètres, j’ai fouillé nerveusement mon sac pour vérifier l’heure sur mon téléphone. Il n’était pas là ! Oooh, non! Je l’avais oublié à la maison! Je suis vite retournée chez moi. Être sans téléphone, c’est comme être sans mains. De nos jours, seul un nourrisson peut se passer d’un téléphone !

Il me restait moins de huit minutes pour attraper mon train… mon cœur battait très fort et, dans ma tête, une seule pensée tournait en boucle : « je ne dois pas être en retard ! »

En montant les escaliers menant au quai, j’ai entendu le train s’arrêter. J’ai mobilisé toute mon énergie et même bousculé quelques personnes en m’excusant… mais la porte s’est refermée devant mon nez, le train s’est ébranlé, traînant ses wagons comme une queue en me laissant seule sur le quai dans un courant de vent froid.

Je suis finalement arrivée à mon rendez-vous avec un retard de 40 minutes. J’ai frappé à la porte…

La responsable de la rédaction m’a accueillie et m’a brièvement présenté Voix d’Exils : c’est un projet collectif d’écriture ouvert à celles et ceux qui veulent témoigner de l’expérience de l’asile en Suisse. Nous sommes allées ensuite faire connaissance avec l’équipe des rédacteurs et rédactrices.

A la rencontre des journalistes de Voix d’Exils

J’ai fait la connaissance du groupe. Un homme africain, aux cheveux blancs, m’a frappée : il ressemblait à l’acteur afro-américain Morgan Freeman ; calme comme un lion, il parlait lentement et sans mots inutiles. Dans ses yeux, j’ai lu de la tristesse … Il y avait une dizaine d’autres personnes, des femmes, des hommes. Ils venaient du Togo, du Yémen, de Turquie, du Burundi, de la Syrie, de l’Azerbaïdjan, de la République démocratique du Congo… J’ai discuté avec tout le monde, chacun avait sa propre histoire et sa propre douleur. Avec moi, la Tchétchénie s’invitait dans ce microcosme du monde, cette géographie de l’exil. A moi de l’enrichir… J’ai pris cette mission très au sérieux.

Dorénavant, tous mes mardis seront les mêmes : je me lèverai une heure plus tôt que d’habitude, j’embrasserai mes enfants et je partirai vers mes amis de la rédaction de Voix d’Exils pour écrire ensemble.

Sans plus jamais rater mon train !

Tamara Daya

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 




« J’utilise au quotidien les répliques des pièces que je joue »

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » au Théâtre de la Poche à Leysin . A gauche: Valéry Martseniuk, au centre: Isabelle Burger, à droite: Chloé Tissot. Auteur: Yazan / Voix d’Exils

Vaud: la comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » au théâtre de Poche de Leysin fait un carton!

La troupe du Théâtre de Poche de Leysin (TPL), vient de terminer sa saison de représentations pour l’année 2019. A l’affiche des quatre week-ends du mois de novembre: la comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » qui avait dans le rôle principal du comptable Grobichon un acteur Ukrainien: Valéry Martseniuk, également rédacteur à Voix d’Exils.

Des « acteurs en téléchargement »

Delphine Chablaix, Présidente du Comité de TPL, nous raconte la vie du Théâtre de Poche de Leysin – le TPL – qui a été fondé en 1975 par une troupe d’amateurs. Leur but premier était (et est toujours) « de participer activement à la vie socio-culturelle du village de Leysin et d’offrir à tous, jeunes et moins jeunes, le plaisir de faire du théâtre ». Mais pas seulement, ajoute Delphine Chablaix, car il s’agit aussi « d’égayer nos salles ».

Depuis ses débuts, elle enchaîne les présentations : vaudevilles, pièces policières, comédies, spectacles poétiques et créations, qui sont toujours présentées en automne. Un spectacle au moins est assuré chaque année, mais il leur arrive de se produire dans 2 spectacles la même année.

Prévoyante, la troupe entretient des acteurs en herbe depuis 2013. Le Théâtre de Poche des Juniors de Leysin-les Ormonts (TPJLO), qui a commencé avec 12 membres, en compte 45 aujourd’hui. C’est dire si la tâche d’éveiller le goût du théâtre chez les jeunes entre 10 et 16 ans a été accomplie ! Et la pérennité de l’activité assurée. Comme ils disent entre eux, et comme on peut le lire sur le dos de leurs polos, ces jeunes sont des « acteurs en téléchargement ». Ils prendront un jour la relève. Mais pour le moment, ils assurent un spectacle annuel et sont heureux et fiers de se produire.

Quand ils atteignent l’âge de 16 ans et qu’ils se sentent prêts, ils franchissent le pas et jouent dans la troupe des adultes. Sinon, à part leur spectacle annuel, les jeunes prêtent main forte lors des représentations en assurant l’accueil, le relais entre le coin bar et les auditeurs, ou le protocole des spectateurs.

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer », Théâtre de la Poche à Leysin, salle du Nord. Auteur: Yazan / Voix d’Exils.

TPL vraiment inclusif

Mais le Théâtre de Poche ne s’en tient pas là. Ses portes sont aussi ouvertes aux acteurs étrangers francophones comme Valéry …. qui incarne Monsieur Philémon Grobichon. Comme tous les comptables, il est méticuleux et pointilleux. Il est aussi le seul dans la société de fabrication de ressorts à ne pas être intimidé par la patronne, la hautaine et contrôleuse Madame Duressort. Contrarié par le fonctionnement de l’entreprise, il fait néanmoins son travail et obtient la signature d’un gros contrat … par la société de son « ex d’une nuit » qui le retrouve tout à fait par hasard dans la société Duressort. Monsieur  Grobichon devient le promoteur discret de l’embauche de Monsieur Duressort par l’entreprise de son « ex » au grand désespoir de sa femme qui perd deux employés.

Valéry Martseniuk, acteur amateur dont c’est la deuxième prestation avec la troupe du Théâtre de Poche de Leysin nous a accordé une interview.

Voix d’Exils :  Dis-moi Valéry, combien de langues parles-tu couramment ?

Valéry : Je parle couramment cinq langues : l’ukrainien, le russe, le polonais, l’italien et le français.

Y en a-t-il d’autres que tu comptes apprendre ?

Je m’intéresse à l’anglais, l’allemand, l’espagnol, le grec moderne et le serbo-croate. Et aussi le turc et le latin. Les langues étrangères c’est ma passion et l’un de mes hobbies. Si je pouvais, je les apprendrais toutes !

Où as-tu appris le français et depuis combien de temps le parles-tu ?

J’ai essayé à plusieurs reprises d’apprendre le français en Ukraine, mais j’ai rapidement abandonné, car je trouvais cette langue trop difficile et je n’étais pas suffisamment motivé à l’apprendre. J’ai recommencé après mon arrivée en Suisse début 2014. D’abord, au Foyer de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (l’EVAM) à Sainte-Croix, ensuite au Centre de Formation de l’EVAM à Lausanne. Et enfin, j’ai continué à le perfectionner par moi-même. J’ai commencé à me débrouiller en français après une année et demie de séjour en Suisse, notamment après avoir suivi un cours cours intensif. Donc, on peut dire que je parle le français depuis quatre ans.

Tes premiers pas dans le théâtre… c’était ici ou en Ukraine?

Quand j’étais adolescent, j’ai joué une pièce de théâtre dans mon école et puis j’ai fréquenté un cercle théâtral dans ma ville: Bila Tserkva (Eglise Blanche) en Ukraine.

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer ». Théâtre de la Poche à Leysin. Auteur: Yazan / Voix d’Exils.

 

Et ici en Suisse, qu’est-ce qui t’a poussé à en faire ? Comment es-tu monté sur les planches ?

Au début, c’est ma fille qui a fréquenté la troupe junior du Théâtre de Poche de Leysin. Ensuite, une voisine qui connaissait bien la troupe m’a proposé de la rejoindre. J’ai accepté et elle m’a invité à participer à l’assemblée générale du Théâtre de Poche en mars de 2017. J’ai alors exprimé mon désir de jouer dans la pièce suivante. Ma candidature a été acceptée et quelques mois plus tard, en novembre de 2017, j’ai reçu mon premier rôle dans « Un dîner bien tranquille ». La trame est celle d’un père de famille dont la fille devait épouser un garçon de bonne famille. Pour préparer la rencontre de nos deux familles et pour faire semblant d’être du même milieu qu’eux, nous avions aussi des domestiques. j’engage alors deux clochards et ma femme, de son côté, engage une prostituée pour faire la cuisine. C’était un succès.

J’ai beaucoup apprécié les expressions et tournures utilisées dans la pièce, qui étaient parfois très subtiles ! N’est-ce pas difficile d’apprendre par cœur des textes complexes en langue étrangère? Quelle est ta méthodologie ?

Si, en effet, ce n’est pas si facile que ça. Des répliques avec des jeux de mots et des expressions idiomatiques que j’ai dû apprendre par cœur. Ce devait vraiment « être pris à cœur » pour être bien fixé dans ma mémoire. Une fois la distribution des rôles effectuée, je me suis mis au travail le soir même en mémorisant les quatre  premières répliques. Ensuite, j’ai répété chaque jour ce que j’avais appris la veille, en ajoutant une ou plusieurs nouvelles répliques. J’avoue que c’était un sacré travail ! J’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur ma prédisposition pour les langues.

Combien de répliques devais-tu apprendre et en combien de temps ? Avais-tu un répétiteur ?

J’avais presque 150 répliques à apprendre et j’ai mis quatre mois et quelques semaines pour bien les connaître. Non, je n’avais pas de répétiteur. Si j’avais des doutes par rapport à la prononciation de certains sons, je posais des questions pendant les répétitions.

Que peux-tu partager avec nous de ton expérience de « comédien en français téléchargé » ?

Pour un Slave, se produire sur scène en français et être compris par tout le monde est une grande satisfaction et un plaisir. Et puis, grâce à cela, mon niveau de français s’est considérablement amélioré. J’utilise dans ma vie quotidienne certaines répliques des deux pièces auxquelles j’ai participé. Et parfois, je m’amuse à les citer. Faire du théâtre, cela augmente également la confiance en soi.

Considères-tu ta participation au théâtre comme un signe que tu es « intégré » dans la vie sociale de Leysin ?

Ma participation au théâtre contribue de façon substantielle à mon intégration dans la société suisse en général et dans la vie sociale de Leysin en particulier.

Ta fille et ton fils font aussi partie de la troupe. Qu’est-ce que cela leur apporte ?

Premièrement, cela leur permet de s’intégrer davantage. Deuxièmement, le réseau de leurs amis s’est élargi. Troisièmement, le temps qu’ils passent devant leurs petits écrans a considérablement diminué et cela les fait bouger davantage. Et enfin, leur vocabulaire s’enrichit aussi.

As-tu d’autres participations dans ta ville de Leysin ?

Pour l’instant je ne participe qu’au théâtre, cela me prend déjà pas mal de temps et d’énergie. Surtout des pièces comme « Chéri (e), je peux tout t’expliquer » dont je peux dire que je suis très content !

En tout cas, bravo Valéry ! Il fallait vraiment le oser le faire….!

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » / Théâtre de la Poche à Leysin / Auteur: Yazan / Voix d’Exils

Propos recueillis par:

Marie-Cécile Inarukundo,

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Photoreportage

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » / Théâtre de la Poche à Leysin / Auteur: Yazan / Voix d’Exils.

 

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » / Théâtre de la Poche à Leysin / Auteur: Yazan / Voix d’Exils.

 

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » / Théâtre de la Poche à Leysin / Auteur: Yazan / Voix d’Exils.

 

La comédie « Chéri(e), je peux tout t’expliquer » / Théâtre de la Poche à Leysin / Auteur: Yazan / Voix d’Exils.




«Nous faisons de notre mieux pour donner une chance à chacun»

M. Jean-Bernard Modoux. Photo: Voix d'Exils

M. Jean-Bernard Modoux. Photo: Voix d’Exils.

Les cours de français à L’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM)

Les requérants d’asile qui souhaitent suivre des cours de français à l’EVAM doivent parfois prendre leur mal en patience. L’attente avant d’être enclassé peut durer jusqu’à une année et suscite de la grogne, de l’incompréhension, voire un sentiment d’injustice chez ceux qui restent en rade sans bien comprendre pourquoi. Jean-Bernard Modoux, chef des cours de préformation et d’Acquisition des Qualifications de Base (AQB) du Centre de formation explique le fonctionnement et les limites du système. 

Voix d’Exils : Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs le fonctionnement du Centre de formation ?

Jean-Bernard Modoux : Les essentiels du fonctionnement en quelques mots c’est que des cours de 9 heures par semaine sont proposés aux personnes lors de leur arrivée, dès le premier mois. Quand ils ont fait 24 semaines, ils peuvent alors être inscrits dans le cours intensif qui a lieu tous les jours. Comme il y a trop demandes par rapport au nombre de places disponibles, alors on doit laisser les gens en attente la première fois. On ne les convoque même pas, on écrit une lettre et on dit désolés on vous convoquera. Après, on essaie de les convoquer le plus vite possible. Maintenant, pourquoi on doit faire plusieurs fois des tests ? Si on reste en attente pendant quatre mois après avoir fait une première fois le test, il faut le refaire pour connaître le niveau, parce que pendant ces quatre mois d’attente, il peut avoir changé. C’est la raison pour laquelle les migrants peuvent faire les tests plusieurs fois.

Combien de classes compte actuellement le Centre de formation ?

Il y a 12 classes de cours intensifs, soit 22 à 26 heures par semaine, et 2 classes de cours semi-intensifs, soit 10 heures par semaine. Sur ces 12 classes intensives, les 9 premières classes se concentrent sur la langue et les mathématiques et les 3 dernières classes, ce sont les classes d’Acquisition des Qualifications de Base, dites AQB. Ces dernières proposent également des branches secondaires comme la Culture Générale et la Gestion Administrative Privée. Ces branches permettent de comprendre et connaître comment fonctionne la Suisse.

Et combien d’étudiants par classe ?

Normalement, on doit s’arrêter à 15 personnes par classe, mais malheureusement, et étant donné la liste d’attente, on va souvent à 16, voire plus jusqu’à 19 personnes par classe. Ce n’est pas très bien parce que si on apprend une langue, il faut pouvoir la parler, mais si on est trop nombreux dans une classe, on aura moins de temps pour parler.

Combien de personnes bénéficient des cours de français?

Actuellement, il y a environ 230 personnes si l’on compte aussi les deux classes de semi-intensif.

Certains migrants prétendent qu’ils sont en liste d’attente depuis plus d’un an…

Malheureusement il y a quelques personnes qui sont en liste d’attente depuis plus d’une année. Cela peut arriver parce qu’il y a des règles administratives pour intégrer les gens dans les cours. Les gens avec le permis F passent avant, c’est une volonté politique suisse pour gérer l’asile qui dit que les gens avec permis F vont rester en Suisse au moins un certain temps. Donc, pour devenir autonomes, s’intégrer dans la société, reprendre leur profession ou apprendre une profession, en un mot devenir autonomes et coûter moins cher, ces gens détenteur d’un permis F doivent impérativement apprendre le français.

Ensuite, il y a une autre priorité, ce sont les jeunes. L’inactivité est très grave pour les jeunes gens de 16, 17 ans. Il y a des risques de criminalité, de drogue, c’est très mauvais de se construire une personnalité dans ce contexte.

Ensuite, les gens qui sont déjà en cours sont aussi prioritaires pour continuer jusqu’à concurrence d’une année. Ce ne serait pas logique de leur demander de laisser la place après quatre mois. Ils restent donc en classe pour autant qu’ils travaillent et respectent le règlement de l’école.

Il faut dire aux étudiants qu’ils doivent être présents quand nous les convoquons à participer aux tests, sinon ils vont se retrouver en fin de liste.

Combien de personnes sont-elles actuellement en liste d’attente ?

154 personnes pour la session actuelle. La plus grande partie de ces gens sont en attente depuis moins de 6 mois.

Quelles sont les solutions de rechange pour ceux qui ne peuvent pas suivre les cours de français au Centre de formation ?

Il y a une solution mais seulement pour un petit nombre de personnes. L’EVAM a créé un cours de transition de deux classes avec 15 personnes par classe à l’intention de ceux qui ont fini les cours de 24 semaines à raison de 9 heures par semaine.

Sinon, on recommande aux gens d’aller voir les associations qui offrent des cours gratuits comme l’espace Mozaïk ou Franc-Parler. Il faut que les gens cherchent d’autres sources pour apprendre la langue.

On recommande aussi de ne pas rester à la maison sans communiquer en français, d’avoir des contacts avec les gens en Suisse. Par exemple, de jouer au foot ou d’avoir une activité dans la société pour construire un contact avec les gens.

Quand commence la prochaine session de cours et combien de personnes auront la chance de commencer?

La prochaine session va commencer début janvier 2015, et le test pour cette session aura lieu début décembre 2014. Il y a une centaine de nouvelles personnes qui vont avoir la chance d’étudier dans notre école en sus des personnes qui continueront leur cursus.

Certains se demandent pourquoi le Centre de formation accepte les personnes qui ont le permis B, alors qu’il y a beaucoup de personnes avec le permis N ou F qui attendent depuis longtemps. Pourquoi les permis B ne sont-ils pas plutôt inscrits dans des cours privés ?

Ça ne changerait rien ! Les permis B et F politique sont financés par un autre département du canton qui paie une équivalence pour cinq classes. Si on n’accepte pas les gens avec le permis B, on doit fermer les cinq classes qui sont actuellement financées par le Centre social d’intégration des réfugiés (CSIR). Le financement qui est donné à l’EVAM par le canton vaut pour 7 classes plus deux classes de semi-intensif. Et c’est profitable pour notre Centre d’accueillir des permis B et F politique, parce que cela permet d’ouvrir 12 classes avec différents niveaux.

Quelles sont les méthodes suivies par le Centre de formation ? Certains étudiants regrettent de ne pas travailler sur un livre spécifique plutôt que sur la base de feuilles volantes.

Avoir un livre, cela cause trop de problèmes. Le premier problème est qu’il n’y a pas assez de livres différents pour un niveau qui est le même ou presque.

Le deuxième problème, c’est que parfois les étudiants arrêtent de venir à l’école pour différentes raisons, ils quittent la Suisse, ils déménagent, etc. Donc, à chaque fois quand ils prennent un nouveau livre, c’est très cher.

La troisième raison est que chaque enseignant utilise différentes ressources, par exemple dans le livre «Taxi», ils apprennent à donner les directions comme, droite, gauche, haut, bas, etc., mais ils utilisent aussi un autre livre, par exemple pour prendre un rendez-vous chez le médecin. C’est pourquoi nous n’utilisons pas de livres spécifiques.

Les feuilles représentent une bonne façon de classer ses documents et de s’organiser. Or c’est une grande difficulté pour beaucoup de migrants qui viennent de sociétés dans lesquelles le souci d’organisation et de classement est souvent moins poussé que dans un pays comme la Suisse.

J’ai entendu des étudiants se plaindre de répéter les mêmes points de grammaire, parfois les mêmes exercices, lorsqu’ils changent de classe et d’enseignant…

On doit toujours faire comme ça. C’est un système en spirale. On doit répéter pour s’améliorer et c’est ainsi qu’on apprend en même temps de nouvelles choses et de nouvelles règles. Dans la vie aussi c’est comme ça. L’apprentissage ce n’est pas un chemin tout droit du moins vers le plus, c’est une série de passages sur les mêmes chemins avec toujours plus d’observations.

Quelles exigences et quels règlements les étudiants doivent-ils respecter pour suivre des cours ?

Ils reçoivent une aide et doivent respecter cette aide. C’est-à-dire participer à la classe, venir tous les jours au cours, être ponctuels, respecter les autres et profiter de l’occasion. On ne peut pas accepter les comportements racistes ou violents, le fait de ne pas respecter les femmes et toutes ces choses sont des règles très simples pour vivre en Suisse et participer à la formation.

Qu’arrive-t-il si des étudiants ne suivent pas les instructions et ne respectent pas les règles ? Sont-ils punis et comment ?

Nous expliquons les règles. S’ils les connaissent et ils ne les suivent pas, nous allons discuter et si rien ne change alors nous allons les empêcher de poursuivre le cours. Il n’y a pas une punition, mais si nous remarquons qu’ils ne suivent pas les règles et sans excuse, nous allons demander une participation de 500 francs. Le cours coûte 4500 francs, donc ce n’est pas une punition, c’est une participation parce que leur place est perdue.

Avez-vous un message à l’intention de ceux qui attendent impatiemment de pouvoir suivre un cours de français?

J’ai deux messages, le premier : Ne vous fâchez pas contre nous, les enseignants, moi et les éducateurs. Tous, nous faisons de notre mieux pour vous donner une chance, mais nous sommes confrontés au problème du manque de classes, du manque d’enseignants, à cause des limites financières. Le second message est de ne pas rester uniquement dans sa propre communauté, d’essayer de construire des contacts avec les gens d’ici. Essayez de vivre en français. Les Suisses sont très gentils au fond et si vous construisez un contact, vous verrez qu’ils sont fidèles et qu’ils vous aideront.

Propos recueillis par:

Parwiz Rafiq

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




L’EVAM ouvre le dialogue avec les habitants du quartier de Montjoie

La tribune de la rencontre organisée par l’EVAM dans le quartier de Montjoie

Ambiance houleuse au Mont-sur-Lausanne lors de la séance d’information organisée par l’EVAM (Établissement vaudois d’accueil des migrants), le 28 mars dernier. Une partie des habitants du nouveau quartier de Montjoie ne veut pas d’un centre de formation pour migrants à leur porte et l’ont fait savoir haut et fort.

Une majorité des quelques 150 habitants de Montjoie présents ce soir-là se sont dits « trompés sur la marchandise ». A la place des commerces de proximités et de la garderie que la Caisse de pension Migros leur avait promise, c’est un centre de formation pour requérants d’asile qui s’installera dans deux bâtiments du quartier entre octobre 2012 et mars 2013.

L’EVAM compte implanter son nouveau centre de formation dans deux bâtiments au chemin de Rionzi 55-57

L’EVAM veut en effet concentrer dans ces bâtiments la quasi-totalité de son activité de formation, aujourd’hui disséminée dans cinq lieux de la région lausannoise. Ce regroupement concernera environ 40 collaborateurs et près de 300 requérants d’asile ou réfugiés. Résultat: les résidents de Montjoie craignent de voir la quiétude de leur quartier perturbée par ces nouveaux voisins.

« Ici, les habitants sont de toutes les nationalités. Nous ne sommes pas

Une exposition de photographies présente les programmes d’occupation de l’EVAM

racistes ou intolérants, mais nos craintes sont justifiées, a souligné l’un des habitants ». «Comment gérer les 300 réfugiés qui débarqueront quotidiennement et qui ne manqueront pas durant la journée de prendre possession des parties communes et des espaces verts initialement destinés aux enfants? », s’est inquiété un autre. « Il s’agit d’une population de pendulaires qui rentre chaque soir dans les divers lieux d’hébergement situés à l’extérieur du quartier » a précisé Pierre Imhof, le directeur de l’EVAM. « Ceci offre ouvre d’ailleurs la possibilité aux habitants d’utiliser une partie de ces locaux pour développer des activités de quartier en dehors des heures de cours, comme le week-end ». A ce dernier de conclure son intervention en soulignant que « les requérants d’asile font tout pour s’intégrer, ils souhaitent faire leur vie en Suisse et y ont un avenir. Actuellement, nous ne rencontrons aucun problème de cohabitation entre les centres de formation et les populations locales.

Pendant la soirée, certains s’en sont pris avec beaucoup de virulence au représentant de la Caisse de pensions Migros, Monsieur Christian Rosseli, propriétaire des lieux. Pour sa défense, ce dernier a affirmé « n’avoir pas trouvé d’autres locataires intéressés ou prêts à payer le prix demandé. Quant à la garderie, le projet a mis longtemps avant d’être soutenu par la commune. Entre temps, les négociations entre l’EVAM et la Caisse de pensions Migros avaient abouti et se sont soldées par la signature du bail en février dernier ».

Des banderoles visibles sur quelques balcons du quartier de Montjoie

Un groupe de contact pour faciliter le dialogue entre les habitants du quartier et l’EVAM

Au terme de la rencontre, une habitante du quartier a proposé de créer un groupe de contact afin de poursuivre le dialogue. Pierre Imhof a relevé la pertinence de cette idée et a invité les intéressés à contacter l’EVAM. Pour l’heure, l’aménagement du centre de formation fait l’objet d’une mise à l’enquête publique.

Sara

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Commentaire

J’étais le seul requérant d’asile présent dans la salle cette soirée et j’ai eu un sentiment de tristesse par la colère qui animait la majorité des personnes présentes, qui mêlait une déception quant aux promesses qui n’ont à priori pas été tenues par la Caisse de pension Migros et l’annonce de l’arrivée du centre de formation EVAM pour requérants d’asile dans le quartier.

Je souhaite rappeler ici que tous les migrants ne sont pas sans éducation. Ils 

désirent suivre une formation parce qu’ils jugent que l’acquisition de nouvelles compétences est fondamental pour faciliter leur intégration dans la société suisse.

Comment des habitants d’un quartier peuvent-ils être en colère face à la

Une banderole à proximité du futur centre de formation de l’EVAM

venue des requérants d’asile qui souhaitent se former sans les connaître ? D’où vient cette colère ? Est-ce dû au fait qu’ils n’ont pas eu ce qu’ils voulaient de la part de la Caisse de pension Migros: à savoir des commerces et une crèche ? Est-ce lié à une instrumentalisation de cette colère par des personnes qui ont déposé à plusieurs reprises des tracts dans les boîtes à lettres des habitants du quartier pour attiser une haine à leur encontre ? 

Un monsieur d’origine suisse est venu à ma rencontre à la fin de l’événement et il s’est excusé pour ce qui s’est passé. Je lui ai répondu qu’à présent, je comprends qu’il y a une grande différence entre ce que je pense de la population suisse et ce que pense de moi la majorité des personnes qui ont assisté à cette séance d’information.

Sara