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La fête nationale à travers les yeux d’un réfugié

Le 1er août: la fête nationale suisse.

Le 1er août: la fête nationale suisse.

Le premier août 2016 l’Association des Amis du Mont-Racine a organisé un 1er août multiculturel au sommet du Mont-Racine à Neuchâtel. Avec l’association Bel-Horizon, association qui soutient les migrants, ils ont mis sur pied une fête qui était sous les signes du partage et d’échange. J’ai reçu une invitation pour témoigner comme médecin réfugié irakien, membre de la rédaction de Voix d’Exils et bénévole de l’Alarme Croix-Rouge de Neuchâtel et de l’association Partage.

A l’occasion de la journée nationale de la Suisse qui commémore la réunion de tous les cantons sous le drapeau de la Suisse, 40 à 50 personnes sont montées sur le sommet du Mont-Racine pour partager le même repas, de la musique, des chansons, des joies ensemble. Tout le monde, les réfugiés et les suisses, se sont sentis comme si c’était leur fête. Chacun était désireux de célébrer et de s’amuser. C’était amusant de regarder les réfugiés partager tout avec les suisses et se comporter comme des citoyens de ce pays.

Après le repas, au moment des discours, j’ai témoigné devant les personnes présentes. J’ai raconté mon histoire, à partir de mon départ d’Irak jusqu’à ce jour-là. Les difficultés que j’ai affrontées et comment je les ai surmontées. La guerre en Irak, l’habituation à la mort chaque jour et mon arrivée en Suisse. Comment j’ai reçu une réponse négative à cause de mes empreintes dans l’Ambassade de France en Irak. Mon séjour de 8 mois au centre d’accueil de Couvet dans le canton de Neuchâtel. Et finalement une réponse positive à la fin du processus Dublin, puis mon permis B. J’ai aussi parlé de mon travail comme bénévole dans trois associations suisses et donné des conseils pour les requérants d’asile et les réfugiés, les personnes déçues, pour surmonter les obstacles et ne jamais perdre espoir. J’ai insisté sur la solution pour tous : lire, lire lire !

A 22 heures, quelle surprise ! Des feux ont été allumés sur chaque sommet des montagnes, en même temps le feu d’artifice a illuminé le lac de Neuchâtel…la nuit est devenue plus belle que le jour et ça a continué pendant une heure et demi ! J’avais déjà vu ça à la télévision, mais je ne l’avais jamais vécu en vrai. Quand j’ai vu la Suisse de haut pour la première fois, j’ai cru voir le paradis… c’est magnifique…la nature, la verdure et le lac. De notre côté, les réfugiés ont été étonnés parce que la fête et l’organisation étaient formidables.

Jour après jour je suis plus convaincu que ce pays, la Suisse, désire le respect de tout le monde parce que tous les citoyens partagent les mêmes moments de délice sans demander à l’autre en quelle religion croyez-vous, ou de quel pays venez-vous, ou quelles couleurs portez-vous…. A mon avis c’est le sentiment de patriotisme, de liberté et de démocratie. J’ai appris beaucoup de leçons ce jour-là, j’ai vu comment les citoyens mettent la priorité sur l’intérêt commun avant l’intérêt personnel et l’importance de protéger son pays avant de se protéger soi-même.

Merci la Suisse… Vraiment vous me donnez une nouvelle belle vie !

Haider Alsaadi

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 

 

 

 

 

 




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Des membres des rédactions valaisanne et vaudoise de Voix d'Exils. Photo: Voix d'Exils

Des membres des rédactions valaisanne et vaudoise de Voix d’Exils à la sortie d’une journée de formation multimédia en Valais. Photo: Voix d’Exils.

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Omar ODERMATT

Responsable de la rédaction de Voix d’Exils




C’est grâce à sa rage de réussir que Maître John a ouvert son atelier de confection

Maître John à l’œuvre. Photo: Paul KIESSE

Maître John à l’œuvre. Photo: Paul KIESSE

Couturier Congolais exilé en Suisse depuis huit ans, Jean Ndabi – Maître John – pour les intimes, a réalisé son rêve d’enfance: ouvrir sa maison de couture. Toujours souriant et de bonne humeur, Jean Ndabi affectionne la coupe et la couture depuis sa tendre enfance. Ce Congolais de 34 ans, père d’une fillette d’un mois, a contracté la poliomyélite à l’âge de 7 ans. Mais cela n’a nullement ébranlé sa détermination à devenir couturier.

A Kinshasa, la capitale du Congo, il passe trois ans dans une école de coupe et de couture, puis deux ans d’apprentissage dans un atelier. Lorsqu’il débarque en 2004 en Suisse, il est envoyé dans le canton de Neuchâtel, d’abord au centre d’accueil des Cernets, aux Verrières, et puis au centre d’accueil de Couvet.

Requérant d’asile, il cherche des petits boulots mais n’en trouve pas. « Beaucoup d’entreprises s’intéressaient à moi, mais à cause de ma mobilité réduite, elles étaient découragées. Mon handicap physique a été un sérieux frein pour trouver du travail », confesse-t-il.

« Ma clientèle est composée de gens de toutes nationalités »

Dans le centre d’accueil où il logeait, il y avait une salle de couture. Il décide alors de perfectionner son savoir-faire pour ne plus attendre un hypothétique emploi. Mais il lui faudra de la patience avant de voir son art reconnu. « En Suisse, je n’ai suivi aucune formation, mais j’ai beaucoup appris, surtout le sérieux suisse », déclare-t-il.

En 2010, il obtient son permis de séjour B et co-loue un espace à la rue de l’Ecluse à Neuchâtel.

L'atelier de confection de Maître John à Peseux. Photo: Paul KIESSE

L’atelier de confection de Maître John à Peseux. Photo: Paul KIESSE

Rapidement, la clientèle afflue, mais le lieu est trop exiguë et n’est pas adapté à ses ambitions. Il décide alors de voler de ses propres ailes et ouvre son atelier de confection à rue Ernest-Rouley 7, à Peseux. « Ma clientèle est composée de gens de toutes nationalités. Mais ici, à Peseux, ce sont davantage les Suisses qui viennent par rapport aux Africains », nous confie Me John, fier de ne pas dépendre de l’aide sociale.

« Je le voulais tellement que je l’ai réalisé »

Deux machines industrielles, une machine à ourlet, une machine de surfilage et une machine de boutonnière constituent l’équipement de la confection John Ndabi, ouverte depuis maintenant un mois et spécialisée dans la couture hommes, dames, enfants et les retouches. « Ce n’est pas facile d’ouvrir une maison de couture en Suisse, d’abord en tant qu’étranger, puis ensuite en tant que requérant d’asile sans fonds de démarrage. Mais je le voulais tellement que je l’ai réalisé », affirme-t-il.

Parlant de ses bons souvenirs, il souligne que « grâce à mon travail de couturier, les gens ont oublié mon handicap ». Avec l’ouverture de cette confection, Me John ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il ambitionne à présent d’ouvrir un magasin d’habillement, d’organiser des défilés de mode pour présenter la mode africaine et européenne. Mais, surtout, de recruter des stagiaires; car évoluant dans un premier temps seul, il compte engager trois à quatre personnes pour l’épauler dans cette lourde tâche.
Pour Me John, son exemple doit encourager d’autres requérants d’asile à s’intégrer et à valoriser leurs savoir-faire. Il se dit reconnaissant envers les autorités suisses, qui lui ont donné l’opportunité d’exprimer son talent; et envers du Centre social protestant (CSP), qui a mené les démarches pour l’obtention de son permis de séjour.
C’est grâce à sa pugnacité et sa rage de réussir que Me John a su faire reculer les limites de son handicap en misant sur ce qu’il sait faire le mieux à faire, à savoir : la coupe et la couture. Avec sa confection, il crée des emplois, paie les impôts et contribue à la prospérité de la Suisse qui l’a accueilli les bras ouverts.
Paul KIESSE

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils