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Revue de presse #22

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Demandes d’asile à la baisse en Suisse / Tensions entre Londres et Paris sur fond de migration clandestine / L’Italie ne veut plus des requérants tunisiens

Demandes d’asile en Suisse : 60% de baisse

24 Heures, le 10.08.2020

Suite aux mesures mises en place pour stopper la pandémie de Covid-19, les flux migratoires ont fortement diminué en Europe lors du deuxième trimestre 2020.

Selon les chiffres communiqués par le Secrétariat d’État aux migrations (SEM), la Suisse a enregistré 1314 demandes d’avril à juin 2020, soit 60% de moins que sur la même période en 2019. A noter que 93 personnes ont quitté la Suisse ou ont été rapatriées.

Dans le cadre des mesures de prévention de l’épidémie de coronavirus, la Suisse a appliqué jusqu’au 15 juin des restrictions d’entrée pour les migrants en provenance des États Schengen, à l’exception du Liechtenstein. Ces limitations ont également eu pour conséquence la suspension des transferts des cas Dublin.

Actuellement, les principaux pays de provenance des requérants d’asile sont l’Érythrée, l’Afghanistan, l’Algérie, la Syrie et la Turquie.

 

Londres réclame à la France d’interdire la traversée des migrants dans la Manche

Euronews.com, le 09.08.2020

Jeudi 6 août, 235 migrants répartis sur 17 bateaux ont été interceptés dans la Manche par les garde-côtes britanniques. Ce record journalier inquiète les autorités qui réclament davantage d’efforts de la part de la France, d’où partent les réfugiés après avoir séjourné dans des camps installés dans le nord-ouest du pays.

Le ministre britannique de l’éducation exhorte la France de tout mettre en œuvre pour empêcher que les requérants ne quittent son territoire. La Grande-Bretagne considère que la France est un pays sûr pour demander l’asile et que les requérants devraient s’en contenter.

Du côté des migrants, le message britannique risque de ne pas avoir beaucoup d’effet, car la Grande-Bretagne est considérée comme un eldorado pour trouver un travail dans les fermes ou la restauration.

Le chef du conseil du comté de Kent, sur les rivages duquel accostent les migrants, souligne qu’aucune autorité locale n’est en mesure de s’occuper correctement des 60 à 80 jeunes qui doivent être pris en charge mois après mois.

Malgré tous les appels lancés par la Grande-Bretagne à la France, 800 migrants navigant sur des barcasses, des esquives et même des canots pneumatiques ont été interceptés dans la Manche par les autorités britanniques depuis janvier 2020.

 

L’Italie rapatrie les clandestins tunisiens

Infomigrants.net, le 10.08.2020

Entre Tunis et Rome, les relations restent cordiales mais la tension est pourtant palpable sur le sujet de la migration clandestine.

La crise du Covid-19 a touché de plein fouet l’économie tunisienne et des départs massifs à destination de l’Italie se sont produits ces derniers mois. A titre d’exemple, plus de 4000 candidats à l’exil, essentiellement de jeunes hommes, ont rejoint les côtes italiennes en juillet dernier.

Le ministre italien des Affaires étrangères a déclaré, le 6 août, sur Facebook que la « Tunisie étant considérée comme un pays sûr et non un pays en guerre », des « rapatriements » de migrants clandestins arrivés sur des embarcations, allaient commencer dès le 10 août à raison de 80 personnes par semaine et ce, en accord avec les autorités tunisiennes.

Côté tunisien, la garde nationale de la ville de Mahdia, l’un des principaux points de départ, a annoncé une nouvelle stratégie sécuritaire, d’entente avec les services de renseignements, pour cibler davantage les réseaux de passeurs. Du 6 au 8 août, les autorités tunisiennes ont d’ailleurs arrêté près de 23 passeurs dans cette zone.

Selon les chiffres officiels, une centaine de personnes sont mensuellement arrêtées et une cinquantaine de tentatives d’immigration clandestine sont avortées,.

Le président Kais Saied a opté pour un discours sur la responsabilité collective face à l’émigration sauvage. Il a parlé de problème « tuniso-tunisien », dénonçant l’incapacité de la classe politique à résoudre les problèmes socio-économiques du pays depuis la révolution.

Oumalkaire / Voix d’Exils

 




Hommage à un inconnu bien réel

Balla K. Photo: Voix d'Exils.

Balla K., ancien membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Balla K., un ancien membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils, a été transféré le 27 février dernier sur France, en raison de l’application des accords Dublin, alors qu’il était sur le point de subir une opération qui aurait pu lui rendre l’usage d’une jambe. En effet, dans son pays, la Côte d’Ivoire, Balla K. s’est fait tabasser à coups de matraque, ce qui a gravement endommagé sa hanche. Jamel, le dernier arrivé dans la rédaction, lui rend hommage.

 

 

Balla, c’est un frère, un ami, un père et, pour certains, un exemple de courage, un symbole de résistance contre la violence, un rayon d’espoir.

Victime de l’injustice, il a fui son pays à la recherche de la paix, de la sécurité et surtout de la justice.

Je n’ai pas connu Balla et je ne le connaîtrai jamais. Mais je sais qu’il compte beaucoup pour ceux qui l’ont connu et que son absence touche profondément ses amis, témoins de ce qu’il a subi, enduré et de ce qu’il affronte toujours.

Balla a été battu par les autorités de Côte d’Ivoire : un pays d’Afrique où l’injustice règne, où le pauvre n’a aucun droit, où le faible ne reprend jamais ses forces. Il a été massacré jusqu’au point d’avoir impérativement besoin d’une opération pour retrouver l’usage d’une jambe.

Balla a fini par devenir un demandeur d’asile en Suisse, là où il espérait trouver la justice. Mais on se demande comment ce pays l’a vu : comme une victime d’injustice ou un profiteur? D’après son médecin traitant, Balla a besoin d’une opération, mais celle-ci est lourde et demande une longue préparation. Son renvoi étant programmé, le Service de la population et de la migration valaisan n’a pas voulu attendre. J’ai été choqué que dans un pays qui défend les droits de l’homme, on puisse renvoyer quelqu’un sans le soigner d’abord. Est-ce une question de procédure, d’argent, de racisme, ou bien juste une erreur ?

Balla attend des réponses à ces questions, car il a laissé sa famille et toute sa vie derrière lui à la recherche de la justice. Il espérait la trouver en Suisse, mais il a été ignoré, il n’a même pas eu droit à la santé. Son opération n’a pas eu lieu. Il a été renvoyé en France juste avant. Banal cas Dublin. Tout ceci s’est passé en Suisse, pays d’Europe, pays champion de la paix, pays neutre, un pays qui se dit plus humain et plus juste que les pays du tiers monde. Et je demande : sans même parler des droits de l’homme, où est passé l’humanisme ?

Jamel

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils