1

Des requérants d’asile participent à la retraite annuelle œcuménique romande de Montbarry

Les délégués des associations romandes réunis à Montbarry

Les délégués des associations romandes réunis à Montbarry

Au moins neuf requérants d’asile, de confessions catholique, réformée, musulmane, orthodoxe et bouddhiste, habitant les cantons de Fribourg, Genève, Neuchâtel et Vaud ont participé du vendredi 2 au samedi 3 novembre 2012 à la retraite annuelle œcuménique à Montbarry, dans le canton de Fribourg. Organisée par l’association Point d’Ancrage de Fribourg et destinée aux requérants d’asile ou réfugiés ainsi qu’aux bénévoles et aumôniers impliqués à leurs côtés, la retraite a réuni une soixantaine de participants autour du thème « sur les pas des prophètes, la parole source de notre engagement ».
Le vendredi soir et le samedi matin, les participants ont suivi avec intérêt l’exposé de l’animatrice principale de la retraite, la bibliste Barbara Francey, axée sur la mission du prophète. Après cet exposé, les participants se sont scindés en six groupes de neuf personnes dans lesquels ils ont échangé sur la façon de se ressourcer, de puiser de la force ou, encore, de trouver un soutien. A cette question, ils ont unanimement souligné le silence, la parole de Dieu et la présence de ceux qui luttent à leurs côtés. Ces différents groupes ont également proposé des pistes de solutions pour améliorer leur lutte dans le domaine de l’asile. Ils ont suggéré que la présence de l’Église soit renforcée dans les centres d’accueil pour requérants d’asile. L’après-midi a été consacré à l’échange inter-cantonal. Les associations présentes étaient AGORA (Aumônerie genevoise œcuménique auprès des requérants d’asile et des réfugiés) pour Genève, le Centre Suisses-Immigrés pour le Valais, Point d’Appui, ARAVOH (Association auprès des requérants d’asile de Vallorbe œcuménique et humanitaire), Café Contact, les Tisserands du monde, le SAJE (Service d’aide juridique aux exilés) pour Vaud, sans oublier Point d’Ancrage pour Fribourg, l’association hôtesse. Les organismes ont présenté leurs délégués et ont expliqué les peines et les joies qu’ils rencontrent dans l’encadrement et l’intégration des requérants d’asile. Citons le cas de l’association Les Tisserands du monde, basée à Yverdon-les-Bains, dans le canton de Vaud. Les délégués de cette association ont affirmé qu’ils trouvent de la joie en distribuant chaque jeudi dès 15 heures de la nourriture à toute personne ou famille dont la demande d’asile a été refusée et qui vit avec l’aide d’urgence ou, encore, à toute personne sans papiers. « Chaque mercredi, nous organisons également un café contact où on peut venir boire un café. C’est un temps d’échanges pour faire connaissance, prendre et donner des nouvelles, accompagner, rire et plaisanter », a indiqué un membre de Tisserands du monde. Comme peines, les participants sont revenus sur le découragement et l’incompréhension. « Que les requérants d’asile sachent qu’en Suisse, il y a des gens qui les accueillent comme personnes et ensemble, on a un combat commun », a déclaré une participante.

Échanger et se ressourcer ensemble

Dans leurs déclarations, les délégués de différents cantons ont reconnu la lourdeur de leurs tâches, se sentant souvent trop seul, et ont promis de se « serrer les coudes ». Une célébration œcuménique, dirigée par le père Jean-Pierre Barbey, a clôturé cette retraite. Une belle occasion pour échanger et se ressourcer. Deux requérants d’asile, de confession musulmane et bouddhiste, ont même pris part à la sainte scène.
Malek Agh, un requérant d’asile iranien habitant Fribourg, a confié à Voix d’Exils sa joie de participer à la retraite: « C’est très intéressant, tout est bon et ça m’intéresse vraiment » ; tandis qu’un requérant d’asile camerounais habitant Neuchâtel, qui a requis l’anonymat, a trouvé l’enseignement « très enrichissant ». « C’est la première fois que j’y participe et c’est comme si j’y avais toujours participé. J’apprécie les efforts qui aboutissent avec des difficultés. Quand je vois comment des gens pieux sont en train de se battre pour défendre les droits, non pas des Suisses ou des requérants d’asile mais de la race humaine, ça me procure de la joie ».
Pour le père Jean-Pierre Barbey, de l’association Point d’Ancrage, « la retraite est venue au bon moment, parce qu’on sent dans les milieux d’accompagnement des requérants d’asile une certaine inquiétude, parfois même du découragement, devant des discours toujours négatifs et exclusifs qui s’imposent de plus en plus en Suisse ; alors que nous qui connaissons les requérants d’asile, nous savons ce qu’ils vivent et par où ils sont passés et ça ne correspond absolument pas à ces discours qui sont majoritaires en Suisse. »
Marianne Buhler, mandataire bénévole et cheffe de la délégation de Neuchâtel, estime, quant à elle, que la retraite lui a permis de « recharger ses batteries ». « Elle me remplit toujours de courage et je suis sidérée de voir combien de bénévoles âgés continuent de travailler. Leur dynamisme me touche », renchérit-elle.
La prochaine retraite aura lieu en 2013 dans le canton de Vaud, les deuxièmes vendredi et samedi du mois de novembre.

Paul Kiesse

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 

La maison d’accueil de Montbarry en bref

« Le silence, quoique dur à la nature, nous est absolument nécessaire », disait père Antoine Sylvestre DSC01633Receveur (1750-1804), fondateur de la Retraite chrétienne, dont la congrégation est propriétaire de Montbarry ; une pittoresque bâtisse érigée en 1880 au cœur de la verte Gruyère. Elle comprend 50 chambres pour 60 lits, une salle à manger, des salles de réunion et des salons. Elle accueille des groupes, des entreprises, des familles, des couples ou des personnes seules. Montbarry, c’est aussi un lieu de spiritualité basée sur la foi, la pensée et la pratique du père Receveur. On y trouve aussi une chapelle, une grotte dédiée à la Vierge et un oratoire. Cette maison d’accueil, dirigée par le couple Zamofing (Imelda et André), sera fermée dès décembre 2012 pour des travaux de rénovation qui s’élèvent à un montant de 3,5 millions de francs.

P.K.

Infos et contacts

AGORA (Aumônerie genevoise œcuménique auprès des requérants d’asile et des réfugiés), Genève : http://www.protestant.ch/enpg/enpg_web.nsf/0/22549a746bf70089c12569170076ba64?OpenDocument

Le Centre Suisses-Immigrés, Valais

http://www.guidesocial.ch/fr/adresse/1292/

Point d’Appui, Vaud

http://eglisemigrationvd.com/web/pages/main.php?page=page3b&lang=FR&title=Point d’Appui#a1

ARAVOH (Association auprès des requérants d’asile de Vallorbe œcuménique et humanitaire), Vaud

http://www.aravoh.ch/

Café Contact, Vaud

http://voixdexils.ch/2011/11/10/%C2%AB%C2%A0nous-contribuons-a-creer-une-harmonie-entre-les-requerants-d%E2%80%99asile-et-la-population-locale%C2%A0%C2%BB/

Les Tisserands du monde, Vaud

http://www.tisserandsdumonde.ch/

le SAJE (Service d’aide juridique aux exilés), Vaud

http://www.heks.ch/fr/suisse/secretariat-romand/saje-service-daide-juridique-aux-exiles/

Point d’Ancrage, Fribourg

http://www.cath-fr.ch/etresolidaire/autressolidarites/pointdancrage

Maison d’accueil de Montbarry

http://montbarry.ch/




« Nous contribuons à créer une harmonie entre les requérants d’asile et la population locale »

Le Café contact. Photo: Usaque BAHATI WAMUNGU

Beaucoup de requérants d’asile vivant au sein de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), à Sainte-Croix, éprouvent des difficultés d’adaptation à leur nouvel environnement. Pour créer un lien social entre eux et la population locale, les bénévoles de l’association « Café contact » les réunissent une fois par semaine dans le local de l’EVAM mis à disposition. Arlette Schneider et Anne-Lise Tanner, membres fondatrices de l’association, répondent aux questions de Voix d’Exils.

Arlette Schneider et Anne-Lise Tanner. Photo: Usaque BAHATI WAMUNGU

Voix d’Exils : Pouvez-vous nous présenter votre Café contact ?

Arlette Schneider et Anne-Lise Tanner : Nous proposons un lieu de rencontre entre les migrants et la population locale de Sainte-Croix et, d’une façon générale, entre tous ceux qui ont l’envie de partager un moment avec nous. Nous recevons entre trente à cinquante personnes chaque lundi.

Où peut-on vous trouver ?

Nous sommes à trois minutes de la gare de Sainte-Croix, dans un local du bâtiment de l’EVAM, sis à la rue de l’industrie 11. Nous sommes ouverts le lundi matin de 10h00 à 11h30.

Quels sont vos objectifs ?

Nous voulons favoriser les échanges entre la population locale et les personnes suivies par l’EVAM pour qu’ils se familiarisent les uns aux autres.

L’équipe Café contact

Quels sont les sujets abordés avec les personnes qui viennent vous voir ?

C’est essentiellement des explications concernant leur courrier officiel, des demandes de travail, des questions sur le bénévolat et des questions personnelles, comme par exemple : comment faire venir leur famille en Suisse ? Ou encore comment se procurer certains documents administratifs ?

Quand et comment est née l’association Café contact ?

Elle est née en 1984 sous l’impulsion de personnes qui étaient actives auprès des ressortissants du Sri Lanka installés à Sainte-Croix. Ces personnes étaient alors logées, mais ne disposaient pas d’un centre d’accueil et n’avaient pas d’encadrement officiel ou administratif. Nous organisions à leur intention des cours de français, une aide juridique ainsi que les transports. A partir de 1991, nous avons organisé des rencontres appelées « Café contact ». Elles avaient lieu tous les 15 jours dans le local des jeunes de la paroisse protestante. Nous proposions un café et des activités pour les enfants.

De quels moyens disposez-vous ?

Nous avons toujours fonctionné avec une dizaine de bénévoles. A tour de rôle, une personne de l’association est responsable du Café contact hebdomadaire. Elle apporte la collation, par exemple des fruits, des gâteaux, des biscuits… qu’elle paie de sa poche. Mais, nous disposons d’une caisse de 300 à 400 Frs, pour financer la fête de Noël et la Journée des refugiés.

Quels sont les liens que vous entretenez avec l’EVAM ?

L’EVAM nous met à disposition le local que nous occupons. Nous avons aussi des contacts avec Madame Cécile Ehrensperger, responsable du secteur Nord et Ouest de l’EVAM, lors de l’organisation d’événements en commun, comme la Journée des réfugiés.

Quel bilan faites-vous de votre action auprès des requérants d’asile ?

Notre bilan est positif. Nous sommes intervenus, en 2003 déjà, auprès du Conseil d’Etat pour améliorer l’encadrement et l’assistance des résidents. Le Café contact contribue à créer une harmonie entre les requérants d’asile et la population locale. Beaucoup de liens se sont créés entre eux depuis. Pour notre part, nous continuons à rencontrer certaines personnes ou familles, même lorsqu’elles n’habitent plus à Sainte-Croix. Heureusement, il y a quand-même une partie de la population d’ici qui a une perception positive des résidents de l’EVAM. C’est un processus qui demande de la persévérance.

Quels sont vos projets d’avenir ?

Nous voulons continuer à faire entendre notre voix, en organisant des rencontres publiques pour être visibles, favoriser l’information et contribuer à donner une image plus objective des migrants.

Usaque BAHATI WAMUNGU

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Informations

Association Café contact

Paul Schneider, Président

Avenue des Gittaz 18, 1450 Sainte-Croix

Téléphone : 024/454.33.20

E-mail : paul.schneider@ssgmt.com