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Un festival célèbre la richesse et la diversité de la culture contemporaine syrienne

Logo du festival Layalina

Logo du festival Layalina

Genève

Né d’un sentiment d’urgence face à la crise syrienne, le Festival Layalina a pour but de faire connaître la culture syrienne au-delà des images de violence quotidienne relayées par les médias et, par la même occasion, de soutenir les victimes du conflit. Layalina, qui signifie « nos nuits » en arabe, se tiendra à Genève du 19 au 22 février 2015.

La démarche de Layalina est fondamentalement neutre, apolitique et non religieuse. Le programme proposé permettra d’appréhender la richesse et la diversité de la production culturelle contemporaine syrienne à travers un large spectre de disciplines. La programmation comporte :

– la projection d’une douzaine de films de réalisateurs syriens, depuis les classiques des années 80 jusqu’aux documentaires récents de réalisateurs engagés. Plusieurs de ces films sont inédits en Suisse.

– un atelier vidéo avec des réfugiés syriens en Suisse.

– de la musique syrienne, avec le concert d’Interzone, groupe syro-français, une soirée DJs électro à Motel Campo et une soirée de musique traditionnelle syrienne.

– des rencontres littéraires, sous forme de lecture spectacle et d’une table ronde avec des auteurs syriens.

– une exposition du caricaturiste politique H. Abbas.

– deux ateliers cuisine avec des femmes réfugiées syriennes ainsi qu’un repas syrien aux Bains des Pâquis.

Tous les détails sont disponibles sur le site http://www.layalina-festival.ch/ et la page Facebook https://www.facebook.com/layalinafestival?ref=aymt_homepage_panel

Au niveau humanitaire, le Festival soutient l’association « Coup de Pouce » pour la Syrie une ONG genevoise qui correspond aux valeurs de neutralité et de solidarité défendues par l’association Layalina. Coup de Pouce vient en aide sur le terrain à des familles syriennes victimes du conflit en les soutenant financièrement, indépendamment de leur appartenance politique, religieuse ou communautaire.

Le festival Layalina met à disposition des réfugiés et requérants d’asile un nombre limité de billets gratuits pour des séances de cinéma et pour le concert de musique traditionnelle au Temple de Saint-Gervais. Pour obtenir des billets, merci de procéder comme suit :

  • Envoyer un mail à info@layalina-festival.ch
  • Merci d’indiquer dans le titre/objet du mail « Billets gratuits »
  • Merci d’indiquer dans le mail si vous désirez l’entrée gratuite pour le concert ou pour un film, et si c’est pour un film, quel film exactement.

Le festival Layalina

Informations:

Vous pouvez télécharger la version arabe de l’annonce ici

Logo du festival Layalina

Logo du festival Layalina

Layalina: a festival dedicated to the diversity of the Syrian contemporary culture

Geneva

Layalina Festival was born from a sense of urgency following the Syrian crisis. Its main objectives are to promote aspects of Syrian culture that go beyond the images of violence conveyed daily by the media, as well as to support the victims of the conflict. Layalina, which means « our nights » in Arabic will take place in Geneva from the 19th to the 22nd of February 2015.

The innovative aspect of this multidisciplinary Festival is that it combines artistic excellence with humanitarian endeavors. Layalina’s approach is fundamentally neutral, apolitical and non-religious.

Our program will offer a closer view of the wealth and diversity of the contemporary Syrian cultural production through a wide range of disciplines. Indeed, despite the circumstances, Syrian artists have managed to overcome censorship, war and exile, proving constant creativity as much in the thematic than formal aspects of their works. Layalina firmly believes in the idea that art generates privileged spaces of exchange and dialogue. Therefore, through the diversity of disciplines that will be represented, we aim to present complementary views on Syria’s reality. Moreover, we wish to attract audiences from various horizons involving the multiple actors of Geneva’s society.

Our program includes:

  • The projection of a dozen films by Syrian filmmakers, featuring works ranging from the pioneers in the 1970’s to more recent documentaries created in the urgency of the conflict. Several of these films are unseen in Switzerland;
  • A video workshop organized with Syrian refugees in Switzerland;
  • Syrian Music, including three concerts and a special DJ evening;
  • Literary encounters with a literary-show and a round table discussion with authors;
  • An exhibition presenting works of the political caricaturist Hani Abbas;
  • Two cooking workshops animated by Syrian refugees, as well as a literary and musical brunch

In accordance with its humanitarian endeavor, the Festival supports the association “Coup de Pouce pour la Syrie”, an NGO founded in Geneva that complies with Layalina’s values of neutrality and solidarity. “Coup de Pouce” financially supports Syrian families, who are victim of the conflict, regardless of their political, religious or community belonging.

Layalina is naturally rooted in the tradition of “Living together”, dear to the Spirit of Geneva. The Festival will therefore host collaborations between artists from Geneva and Syria and will encourage the participation of Syrian refugees, who will have the possibility to enhance their competences. Thus, the Festival will offer a space of encounter and exchange to populations that usually coexist without necessarily mingling (refugees, artists and Geneva’s public). This approach, which brings together culture and humanitarian assistance, perpetuates the tradition of Swiss humanism, particularly in Geneva, land of asylum and international capital of humanitarian aid.

The Layalina Festival




« Le bénévolat permet d’utiliser ses compétences et d’en acquérir de nouvelles »

Ed Yourdon (CC BY-NC-SA 2.0)

Ed Yourdon
(CC BY-NC-SA 2.0)

Arrivé en Suisse en 2001, Ewal, originaire de la République Démocratique du Congo (RDC), a déjà un âge respectable : 64 ans, ce qui lui complique la tâche pour trouver un emploi. Afin d’éviter de sombrer dans la solitude et l’oisiveté, il décide de s’investir bénévolement dans plusieurs associations. Aujourd’hui, détenteur d’un permis B, Ewal nous explique les bienfaits du bénévolat.

Voix d’Exils: quel métier exerciez-vous dans votre pays ?

Ewal: J’avais une forte envie de devenir un scientifique. C’est un projet qui sommeillait en moi. A la fin de mes études, en sciences naturelles (biologie) à l’Université Lovanium de Kinshasa, actuelle Université de Kinshasa, j’ai travaillé pendant une courte durée comme chercheur, tout en préparant un diplôme en hautes études en gestion d’entreprises. Comme dans des pays comme le miens la recherche ne paie pas, j’ai abandonné ce secteur d’activité pour intégrer un projet dans le domaine de la formation professionnelle pour adultes qui bénéficiait de l’appui d’experts suisses et français dans le cadre de la coopération entre le Bureau International du Travail (BIT) et le gouvernement congolais. J’y ai évolué pendant deux décennies dans plusieurs fonctions, notamment celles de chef du service d’organisation de la formation et du travail et celle de responsable des ressources humaines. En même temps, le soir, j’étais professeur dans le cadre de la formation continue.

Quels types d’activités faites-vous en tant que bénévole?

Actuellement, je suis engagé dans des activités bénévoles au sein de la Croix Rouge vaudoise pour venir en aide aux personnes âgées. Comme membre du comité de gestion, je participe à la vérification des comptes de la paroisse de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) de Curtilles-Lucens. En ma qualité de président de l’Association des Amis de SOLIDEV, basée en Suisse, je sers de relais entre celle-ci et l’ONG SOLIDEV qui œuvre en RDC dans les domaines de la formation et de l’éducation. Depuis juillet 2012, le SOLIDEV gère, à Kinshasa, un centre médical pour fournir des soins de base à la population locale. Je suis également membre d’un chœur mixte, ce qui me permet de rester en contact avec la population locale. Au sein d’une association, je dispense des cours de français aux migrants, adolescents ou adultes en quête d’emplois ou de formation, habitant Lausanne et ses environs.

Racontez-nous vos débuts de bénévole et ce qui vous a donné l’envie de vous investir bénévolement ?

Le marché du travail est pratiquement inaccessible aux étrangers et aux Suisses à l’âge de la retraite. A mon arrivée en Suisse, en 2001, je faisais déjà partie de cette catégorie et il était déjà illusoire pour moi de trouver un emploi. Je ne pouvais pas sombrer dans l’oisiveté et la solitude. Je voulais aussi faire bénéficier de mon expérience acquise en RDC aux autres requérants d’asile dans le besoin, créer et étendre les liens sociaux utiles à mon intégration dans le pays d’accueil et découvrir la culture des autres. Ce sont là quelques raisons bien significatives qui m’avaient poussé à me lancer dans le bénévolat. Porté par l’amitié avec les autres membres de l’Evam, les circonstances m’ont conduit à m’investir dans des programmes d’occupation dans le cadre desquels je fournissais des prestations telles que l’enseignement et l’encadrement des mineurs.

Cela représente-il beaucoup de temps ?

Oui, de 2002 à ce jour, ce parcours représente : 8 ans et demi environ à l’Evam, 10 ans à la Croix-Rouge vaudoise, 12 ans de chant comme choriste, 4 ans d’enseignement du français au Forum des étrangères et des étrangers de Lausanne (FEEL), 7 ans comme membre du comité de gestion de la paroisse, 6 ans environ comme aide de cuisine à Cabès. Tout ce que je viens de citer représente beaucoup de temps.

Selon vous, quelles sont les qualités nécessaires pour servir comme bénévole ?

Une personne qui accepte d’œuvrer comme bénévole devrait faire preuve de droiture dans les actes qu’elle pose, d’intégrité, de gentillesse, d’humilité, de bonne humeur, de sérieux, de ponctualité, d’ouverture, de capacité à s’intégrer et d’une grande civilité.

Quelle est la place du bénévole au sein d’une équipe ?

Une personne bénévole au sein d’une équipe devrait être solidaire avec les autres membres. Elle devrait les aider à s’insérer dans l’équipe et à connaître son fonctionnement.

Que vous a apporté et vous apporte encore le bénévolat ?

De la satisfaction morale et une expérience enrichissante. L’activité bénévole est très valorisante. Cependant, dans cette civilisation matérialiste, le bénévolat pourrait procurer de grosses frustrations car on n’y gagne rien sur le plan financier. Il faut donc faire très attention !

Quels sont les côtés moins agréables, moins sympathiques?

Il arrive parfois que la personne qu’on voudrait aider refuse l’aide ou adopte une attitude bizarre au vu de la couleur de la peau du bénévole.

Recommanderiez-vous le bénévolat aux requérants d’asile?

Bien sûr que oui. Il permet à la fois d’exploiter les compétences antérieures et d’en acquérir de nouvelles. Malgré son côté parfois désagréable, les expériences acquises dans ce cadre sont placées sur un pied d’égalité avec les activités professionnelles. Ce serait bien de minimiser le côté moins sympathique et de savoir « faire avec », car l’ activité bénévole devrait être considérée aussi dans le sens d’une reconnaissance envers le pays d’accueil.

Peut-on être bénévole à tout âge ? Si oui, à quelle condition ?

Comme dans toute activité humaine, la santé joue un rôle important. Si la santé le permet et si l’on a envie de continuer à le faire, il faut continuer, sinon il faut s’arrêter.

Propos receuillis par:

Timaj

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Contact

Pour tout renseignement ou pour trouver une activité bénévole dans le canton de Vaud, veuillez prendre contact avec Bénévolat Vaud, centre de compétences pour la vie associative

Bénévolat-Vaud

Av. Ruchonnet 1

1003 Lausanne

Tél. 021 313 24 00

Ouvert du lundi au vendredi, de 9h00 à 13h30



La fabrication d’un dealer

Daniel Lofredo Rotta "Drug dealer from Golden Gate Park" (CC BY-NC-SA 2.0)

Daniel Lofredo Rotta
« Drug dealer from Golden Gate Park »
(CC BY-NC-SA 2.0)

Le trafic de drogues obnubile les médias et la figure du dealer hante aujourd’hui la population suisse. Qui se cache derrière le dealer posté au coin de la rue ? Quelles sont les raisons qui peuvent pousser à dealer? Comment se sortir de la spirale du trafic de drogues ?

Témoignage exclusif d’un ex-dealer – également rescapé d’un massacre perpétré par les djihadistes de Boko Haram – qui a réussi à s’extraire des tentacules du deal.

Né au sud du Nigeria, plus précisément dans la région de Calabar de parents chrétiens, Edouard a aujourd’hui 40 ans et a suivi dans son pays des brillantes études universitaires couronnées par un diplôme d’ingénieur. Par la suite, il est engagé par une importante société basée au nord du Nigeria. Il s’installe alors dans la ville de Kano et mène une vie très paisible et confortable. Marié et père de trois enfants, il est parmi les membres influents d’une église locale qu’il fréquente chaque dimanche accompagné de sa famille. Jusqu’à ce fameux jour en printemps 2004 où, en plein culte, l’église est attaquée par la secte islamiste nigériane Boko Haram. Le bilan est lourd : l’église est brulée, plusieurs fidèles sont assassinés, des femmes et des enfants sont massacrés, et sur la liste des victimes figure sa belle-sœur !

La route vers l’exil forcé

Édouard, qui ne comprend pas encore les raisons de cette attaque, et encore moins qui sont les assaillants (comme la quasi-totalité des Nigérians à l’époque) réussit à se mettre à l’abri avec sa femme et ses trois enfants. Il se faufile dans la brousse pour regagner son domicile et se rend compte que sa maison a été pillée et brulée, comme la majorité des maisons appartenant aux chrétiens de cette ville à majorité musulmane. Pris de panique, il profite de la nuit et de l’obscurité pour fuir avec sa famille. Il juge alors plus prudent de rejoindre le Niger – pays voisin limitrophe, accessible à pieds et dont le trajet est moins exposé à d’éventuelles embuscades des assaillants – que de se rendre dans sa ville d’origine qui se trouve au sud du Nigeria, ce qui nécessiterait, pour l’atteindre, de traverser tout le nord avec les risques que cela entraîne.

 Talatu Carmen (CC BY-NC-SA 2.0)

Talatu Carmen
(CC BY-NC-SA 2.0)

Traverser le désert et la mer

Ainsi, Édouard se retrouve du jour au lendemain avec sa famille au Niger, et pose ses valises à Agadez, une ville connue comme une véritable plaque tournante de l’immigration vers l’Europe par le désert. Édouard n’a plus assez d’argent pour continuer la route avec sa famille et, surtout, il ne veut pas risquer la vie de ses enfants dans le désert. Il se confie au prêtre de l’unique Eglise catholique de la ville et ce dernier accepte d’héberger ses enfants et sa femme pour «le temps qu’il faudra». Edouard affronte alors le Sahara dans un pick-up 4×4 dans lequel les passagers sont «entassés comme des bagages», avec la peur au ventre d’y laisser sa peau, mais aussi avec l’espoir de se retrouver sur un continent qui, selon lui, respecte les droits de l’homme et où règne la paix. Après une semaine passée dans le désert, le convoi arrive en Libye. Édouard se débrouille pour regagner Tripoli dans un autre pick-up, toujours par le Sahara, pour déjouer les contrôles de police car il est à présent un clandestin. Une fois à Tripoli avec ses compagnons de fortune, ils sont conduits dans des ghettos où habitent d’autres Africains tous dans l’attente de traverser la mer pour l’Europe… «l’Eldorado».

Six mois plus tard, à Tripoli, Édouard a déjà réussi à rassembler la somme d’argent exigée par le passeur, lui qui n’avait plus rien à son arrivée, notamment en travaillant dans des chantiers. Il embarque en pleine nuit dans une pirogue de fortune avec une centaine d’autres immigrés clandestins venus des quatre coins du monde (dont l’Afrique de l’ouest, le Maghreb et l’Asie). Après avoir passé toute une nuit d’angoisse en pleine mer, ils arrivent enfin à l’île italienne de Lampedusa. Ils sont arrêtés par les garde-côtes italiens et transportés dans un camp de réfugiés. Certains sont emmenés à l’hôpital. Il décide alors de quitter l’Italie car, dit-il, «je voulais aller au cœur de l’Europe, là où je raconterai mon histoire sans peur d’être rejeté, au pays connu de par le monde pour son hospitalité légendaire, au pays connu pour son respect des droits de l’homme, le pays qui symbolise le respect des droits des réfugiés : la Suisse!»

L’Eldorado Suisse…

Il arrive en Suisse et dépose une demande d’asile dans le centre d’enregistrement basé à Vallorbe. Il est ensuite transféré dans un centre pour demandeurs d’asile du Canton de Vaud. Là-bas, le jeune ingénieur africain sombre dans la dépression ou presque. Après toutes ses tentatives pour décrocher un emploi il baisse les bras. Il s’ennuie à longueur de journées et fait la rencontre de quelques compatriotes. Tous ou presque ne travaillent pas en raison de leur statut. On lui explique que sa demande d’asile ne va pas aboutir, comme la majorité d’entre eux, «car il est Nigérian». Il n’arrive pas à en croire ses oreilles. Il se dit qu’avec ce qu’il a vécu, il mérite la protection de la Suisse: «et puis, c’est mon histoire qui compte et non mes origines» se dit-il en y croyant dur comme fer. Ses compatriotes tentent de lui expliquer qu’ici, ils sont tous «associés à des dealers, à de vulgaires vendeurs de drogues». Quel que soit son parcours académique en Afrique, ici il n’est plus rien. Des propos qui ont le mérite de le choquer. Il met ces allégations sur le compte du fait que la plupart des compatriotes qu’il a rencontré au centre n’ont pas son niveau d’éducation et donc ont peu de chances de s’en sortir. Lui croit avoir plus de ressources… Mais il n’arrive toujours pas à décrocher un travail pour envoyer de quoi vivre à sa famille restée à Agadez à cause de son statut de demandeur d’asile.

(CC BY-NC-SA 2.0) Drugs Elle Kay "Drugs" (CC BY-NC-SA 2.0)

Elle Kay
« Drugs »
(CC BY-NC-SA 2.0)

La tentation

Chaque matin, certains de ses compatriotes sortent du centre et ne rentrent que le soir. Ceux-ci ont de l’argent. Certains envoient «de grosses sommes» pour soutenir leurs familles restées au pays. Edouard reste toute la journée couché. Un matin, il reçoit un coup de fil de sa femme depuis le Niger qui lui annonce une terrible nouvelle : sa fille est tombée gravement malade. Il lui faut urgemment de l’argent pour la soigner, mais il n’a rien pour lui venir en aide. Il essaie de faire un emprunt auprès de certains de ses compatriotes qui sont toujours «bourrés de fric», mais personne ne veut lui donner un coup de main. Ils lui reprochent d’être «un peureux qui ne veut pas prendre de risques, un saint». Un seul lui propose de lui venir en aide, mais avec…cinq grammes de cocaïne. Faudra-t-il «mettre de côté ses valeurs, risquer de perdre sa liberté pour avoir de quoi soigner sa fille?» Cette question taraude son esprit toute une nuit. Le matin suivant, il décide d’accepter l’offre et entre alors dans l’engrenage du deal. Il se retrouve dans le centre-ville de Lausanne pour «tacler» (ndlr : tacler signifie dans le jargon des dealers «accoster les clients de différentes manières»). Avec «une peur olympique au ventre», il réussit à écouler la fameuse marchandise. Lui qui méprisait auparavant les dealers, bizarrement, il prend goût  au «métier». Édouard sent alors qu’il est «transformé par le système».

«Je n’avais jamais imaginé qu’un jour je vendrai de la drogue. Je ne savais même pas à quoi ça ressemblait. A force de chercher du travail en Suisse j’étais prêt à faire n’importe quoi et à laisser tomber ma profession d’ingénieur. J’ai vraiment fait tout ce qui était possible. A force de recevoir des réponses négatives à cause de mon statut temporaire en Suisse, je me suis retrouvé le dos au mur».

Marco Gomes "Crack” (CC BY-NC-SA 2.0)

Marco Gomes
« Crack”
(CC BY-NC-SA 2.0)

La rédemption par la foi

Mais, après des mois de «taclage» sous le soleil, la pluie et la neige; à courir devant les gendarmes en civil, Édouard est fatigué de cette vie gagnée dans l’illégalité. Dans son cœur, il sait que cette vie ne lui convient pas et qu’elle ne reflète pas ses valeurs. Malgré le fait qu’il parvienne maintenant à envoyer régulièrement de l’argent à sa famille, il décide de couper court avec sa vie de dealer ! Il dit être aidé dans cette «difficile décision» par «sa foi en Dieu». Il «s’est rapproché de Dieu», il prie beaucoup et croit fermement que «Dieu à un plan plus propre, plus juste pour lui». Aujourd’hui, Edouard n’a toujours pas une situation stable, il ne vit qu’avec l’aide donnée aux demandeurs d’asile, il a des problèmes pour subvenir aux besoins de sa famille restée en Afrique, mais il vit au moins dans la légalité !

*Nom d’emprunt

FBradley Roland

Journaliste-éditorialiste, contributeur externe de Voix d’Exils




«Nous existons pour aider les migrants à faire usage de leurs droits»

Mme Françoise Jacquemettaz. Photo: Voix d'Exils
Mme Françoise Jacquemettaz du Centre Suisses-Immigrés de Sion. Photo: Voix d’Exils.

Interview de Mme Françoise Jacquemettaz du Centre Suisses-Immigrés de Sion

Le Centre Suisses-Immigrés de Sion est connu de tous les requérants d’asile du Valais. Créé en 1984, il est devenu, trente ans après, un lieu incontournable de réflexion et d’engagement autour de l’asile et de la migration. La rédaction valaisanne de Voix d’Exils est allée à la rencontre de Mme Françoise Jacquemettaz, l’une des fondatrices du Centre. Interview.

Voix d’Exils : Comment le Centre Suisses-Immigrés est-il né ?

Mme Françoise Jacquemettaz : Le Centre est né sur les ruines de l’initiative populaire «être solidaires», votée en 1981, dont l’objectif était d’abolir le statut de saisonnier et qui a été très largement rejetée par le peuple suisse. Nous étions quelques-uns à nous être engagés et nous nous sommes demandés comment nous pouvions réagir. Nous sommes partis de la demande de migrants, avant tout des travailleurs étrangers, qui exprimaient le besoin de disposer de cours de français. Nous avons commencé comme cela, de façon spontanée. Jamais je n’aurais pensé que nous serions toujours là 30 ans après !

Que trouve-t-on concrètement au Centre Suisses-Immigrés ?

En plus des cours de français, nous avons rapidement saisi la nécessité d’organiser une permanence juridique et sociale pour aider les migrants à comprendre les différents documents qu’ils reçoivent, comme les contrats de travail, d’assurance-maladie, les lettres administratives, etc. Notre offre s’est peu à peu étendue et, au fil des années, nous avons proposé également des cours de cuisine, de gym pour les femmes, d’informatique ou, encore, un accompagnement mère-enfant. Ce dernier projet reste d’actualité et il implique la maman dans le processus scolaire de son enfant. Fondamentalement, nous existons pour aider les migrants à faire usage de leurs droits. Nous rédigeons des recours, constituons des dossiers de demande de regroupement familial et – c’est très important pour moi – si nous ne pouvons rien faire, nous prenons toujours le temps d’expliquer pourquoi.

Mme Françoise Jacquemettaz. Photo: Voix d'Exils

Mme Françoise Jacquemettaz du Centre Suisses-Immigrés de Sion . Photo: Voix d’Exil

Avez-vous une approche particulière ?

Nous cherchons à favoriser l’intégration, en accordant une attention toute particulière aux femmes et aux enfants. Comme nous avons souvent une relation privilégiée avec les personnes qui viennent vers nous, nous pouvons nous permettre de dire certaines choses. Prenons deux exemples pour illustrer le propos. Si des parents songent à s’opposer aux cours de piscine pour leur fille, nous leur ferions réfléchir au fait que l’enfant serait stigmatisée vis-à-vis de ses camarades. Si une famille demande l’asile en raison des problèmes politiques du père, nous lui ferions comprendre que la femme et les enfants ont également des droits et, qu’en Suisse, les droits existent pour tous.

Quel bilan faites-vous après trente ans d’engagement ?

En ce qui concerne l’asile, le bilan est désastreux. C’est de la paranoïa. Il faut arrêter de prendre des mesures urgentes qui ne servent à rien. On a créé le statut de NEM (Non entrée en matière) pour que les personnes déboutées quittent la Suisse. Résultat: elles ne sont pas parties. Il faudrait aussi modifier le statut d’admission provisoire. Nous voyons aujourd’hui des jeunes de la deuxième génération, nés en Suisse, bloquées par ce permis au rabais. La récente interdiction de déposer une demande d’asile dans une ambassade nous pose de gros problèmes, par exemple pour les Syriens qui cherchent à rejoindre des membres de leur famille en Suisse. Au début de la crise, la Suisse a très brièvement accordé des visas facilités aux Syriens. Je trouve qu’il y a une hypocrisie du discours parce qu’actuellement, dans les faits, la situation est très difficile. Même si nous savons que nos demandes sont vouées à l’échec, nous intervenons pour montrer que nous ne sommes pas d’accords. C’est la même chose avec les transferts Dublin organisés vers l’Italie ou le renvoi des Roms dans les pays de l’Est. On fait comme si tout allait bien, alors qu’on sait pertinemment qu’ils sont ostracisés chez eux.

Quels sont les meilleurs souvenirs que vous gardez de toutes ces années ?

Rien n’égale le sentiment d’accomplissement que l’on ressent quand on obtient l’asile pour quelqu’un après avoir fait un recours. Ce moment où on se dit qu’on a pu faire reconnaître des motifs d’asile.

Mme Françoise Jacquemettaz. Photo: Voix d'Exils

Mme Françoise Jacquemettaz du Centre Suisses-Immigrés de Sion. Photo: Voix d’Exils

A contrario, qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous ?

Il y a une chose que je trouve particulièrement inacceptable: c’est l’organisation de renvois sous la contrainte dans les cas de familles avec enfants. Je suis en colère lorsque des personnes viennent me dire, navrées : «ce matin, dans notre immeuble, la police est venue à 3 heures du matin, on a retrouvé des affaires d’enfants dans la cage d’escalier». Il faut que ces personnes témoignent, qu’elles écrivent dans les journaux. On a, en Suisse, une chose qui s’appelle la liberté d’expression. Il faut en faire usage. On voit que la mise en question de l’autorité reste toujours quelque chose de difficile et je pense que si personne ne dit rien, cela va malheureusement continuer.

Comment voyez-vous l’avenir du Centre Suisses-Immigrés ?

Je souhaite que le Centre Suisses-Immigrés puisse longtemps poursuivre son action dans le même esprit. Notre équipe est très motivée et ne compte pas ses heures. Ce qui me préoccupe, c’est que les gens sont persuadés que nous avons le pouvoir de faire la pluie et le beau temps à Berne, alors que ce n’est évidemment pas le cas.

On a vu au cours de ces années que des choses très importantes ont été révélées pour la première fois au Centre Suisses-Immigrés ; elles n’avaient pas été dites ailleurs, ni lors de l’audition d’asile, ni confiées aux assistants sociaux. C’est pourquoi, nous avons dans nos projets l’idée de créer un espace d’écoute, où les personnes auraient l’occasion de parler à bâtons rompus, en toute confidentialité.

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Infos

Centre Suisses-Immigrés

Rue de l’Industrie 10
CP 280
1951 Sion

E-mail csivs@bluewin.ch

Téléphone 027 323 12 16

Horaires:

Lundi : 14h – 18h
Mardi : 14h – 18h
Mercredi : 18h – 21h
Jeudi : 14h – 18h




Un mur fort de pierres sèches

Les murs de pierres sèches aux Vieux-Prés (Val-de-Ruz). Auteur: Rami Ibrahim, membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d'Exils.

Les murs de pierres sèches aux Vieux-Prés (Val-de-Ruz). Auteur: Rami Ibrahim, membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils.

Au début, je ne pensais pas que j’allais travailler plus de trois jours. Tout ce que je recherchais c’était une expérience et un peu d’exercice physique. Personne ne m’avait prévenu que ce serait une aventure sans fin!

Quand ils nous ont dit que la tâche de notre groupe était de construire 45 mètres de mur, je n’en avais pas cru mes oreilles, car j’avais compris que ce serait 45 km. Je me suis alors demandé quelle était la cause de ce malentendu? Pourquoi j’avais commis cette erreur de compréhension?

Une erreur de traduction

Étant la personne qui est en charge des traductions pour les autres demandeurs d’asile arabophones sur le site, mon erreur de traduction a été transmise à d’autres personnes provenant de Syrie. Ces derniers n’avaient pas été surpris mais, par contre, ils l’ont été quand j’ai corrigé mes propos et les ai informés, qu’en réalité, il s’agissait de la construction d’un mur à raison de trois mètres par jour qui nécessitait le travail d’une dizaine de personnes. En Syrie, ce sont deux ou trois membres d’une famille qui s’occupent d’ériger un mur de 45 mètres, et ils l’achèvent normalement pendant les congés ou des weekends, quand ils n’ont pas de travaux principaux. Selon Monsieur Alban Carron, l’architecte qui a mené notre équipe au cours de la construction du mur, une personne suisse s’attend aussi à ce que plus de 45 mètres de mur puissent être réalisés en trois semaines de travail par une équipe de 9 personnes. Monsieur Carron a parlé d’une tendance de nos jours de faire les choses de façon expéditive en Suisse «C’est un travail qui est un petit peu hors du temps. C’est-à-dire, qu’aujourd’hui, en Suisse et dans les pays européens, on pousse à la productivité, on pousse à la performance: il faut toujours faire plus vite… plus vite… plus vite. Avec la pierre: on ne peut pas courir. C’est lourd, c’est lent, c’est pénible… C’est une pierre après l’autre.»

En effet, ces trois mètres de mur par jour représentaient beaucoup de travail pénible et minutieux que nous avions de la peine à accomplir.

Des murs mésestimés

Plus j’apprenais de détails sur le projet, plus il m’intéressait et piquait ma curiosité. C’était la même sorte de mur que j’avais vu dans la campagne syrienne à chaque fois que je rendais visite à mes grands-parents. Issu d’un milieu urbain, j’avais l’habitude de mésestimer ces murs. Je ne comprenais pas les reproches que m’adressait ma grand-mère lorsque je grimpais dessus. Je ne comprenais pas non plus l’importance des efforts fournis par mon grand-père pour restaurer les quelques pierres qui s’étaient détachées ce, malgré les obstacles tels que la charge pour une jambe abimée, la vieillesse et la lourdeur des pierres. Je dirais que plus j’en savais sur ces murs, plus je découvrais leur importance. Mais, il semble que seules les personnes qui construisent ces murs peuvent les apprécier pleinement. Ils méritent tout notre respect et notre admiration.

L’héritage culturel des murs

A mesure que nous avancions dans le processus de construction, beaucoup de choses évoluaient à l’intérieur de nous et nous avions acquis beaucoup plus que le savoir-faire qu’Alban Carron voulait nous transmettre. Maintenir vivante la technique de construction des murs de pierres sèches, est un des objectifs du projet mené par le Parc régional Chasseral (qui se situe entre Bienne, La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel) auquel a collaboré le Service des migrations du canton de Neuchâtel (SMIG). En plus de la découverte de la technique et à la suite de nombreuses consultations des personnes à propos de la signification de ces murs, nous sommes devenus pleinement conscients de l’importance de ce que nous faisions. Ces murs font partie de la tradition de la région. Ils étaient autrefois utilisés pour séparer les champs et les chemins pour les vaches. Chantal Roth, la propriétaire du chantier où nous avons travaillé, pense que ces murs font partie de ses racines. «Dans le monde où on vit actuellement, qui va très très vite avec Internet, les gens réalisent moins de choses avec leurs mains. Les supports matériels comme les livres et les disques ont tendance à disparaître. Il reste de moins en moins de choses matérielles que nos enfants pourront transmettre aux leurs» déplore-t-elle.

Solidaires comme les pierres du mur

Auteur: Rami Ibrahim, membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d'Exils.

Auteur: Rami Ibrahim, membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils.

L’acquisition la plus précieuse dans cette expérience est sans doute le sens de la solidarité dans le groupe multiculturel que nous constituions. Comme nous avons essayé de construire un mur qui résisterait à tous les risques d’effondrement en remplissant ses trous et en cherchant des pierres qui s’emboîtent le mieux, nous nous sommes rapprochés les uns des autres. Nous travaillions avec sympathie, sans l’influence dévastatrice des stéréotypes attachés aux diverses cultures présentes. Ainsi, l’un des participants faisait le maximum pour ne pas vous causer de blessures lorsqu’il plaçait une pierre ou en martelait une autre, un autre essayait de vous convaincre de porter des lunettes pour protéger vos yeux.

Des points de vue suisses sur l’expérience

Indépendamment de notre expérience comme «étrangers», j’ai cherché d’autres réflexions suisses à propos de notre ouvrage. Monsieur Carron a partagé avec nous son expérience personnelle avec les demandeurs d’asile, qu’il comparait avec ses autres expériences. Il nous a confié que cette expérience était très riche pour lui et que, parfois, c’était plus difficile de trouver autant de motivation de la part de ses compatriotes. «Ici, tout se déroulait parfaitement bien. On a eu de la pluie pendant une semaine et demi, on a connu des grosses chaleurs; tout le monde était là, tout le temps et avec le sourire. On voyage; on voyage en Syrie, en Érythrée…on voyage partout. On entend différentes langues. Moi, ça me réchauffe. Et le travail qui a été abattu en trois semaines par notre petite équipe, pour moi, cette expérience a été géniale. Je n’ai jamais pensé que nous arriverions à faire tout ce qu’on a fait là. Alors, quand je vois des personnes qui vivent des situations difficiles et qui, malgré cela, sont là tous les jours, par tout temps, sans se plaindre, sans rien dire et avec le sourire, là je ne peux que m’incliner» conclut-il.

Mme Roth m’a révélée l’importance que cela représentait pour elle que la plus grande partie du travail ait été réalisée par les demandeurs d’asile. Elle en a profité pour faire référence à des questions concernant la question de l’intégration. «Il y a quand même la peur de certaines personnes. On est dans une région où les gens peuvent être racistes. J’espère que si ces gens-là vous voyaient travailler avec le sourire, qu’ils voyaient que vous y donniez tout votre cœur, certains préjugés tomberaient. Il faudrait que les gens d’ici ouvrent un petit peu leurs yeux et leurs oreilles» martèle-t-elle.

La communication cachée

Personnellement, je n’ai pas vécu d’expérience de racisme en Suisse. C’est probablement dû au fait que je sois toujours dans le cercle des personnes qui sont profondément préoccupées par l’intégration, et je dois dire que c’est un cercle énorme et que ces gens sont admirablement tolérants et positifs. Je ne nie pas mon désir de faire passer des messages forts aux Suisses et, dans l’ensemble, ils y répondent de façon positive. Fabio Boffetti, coordinateur des travaux d’utilité publique au sein du Service des Migrations de Neuchâtel, qui est en charge d’offrir du travail temporaire aux demandeurs d’asile, réalise que notre travail de bénévole contredit l’opinion publique suisse selon laquelle les demandeurs d’asile n’ont pas la volonté de travailler. Il a soutenu son idée en se référant au nombre de demandeurs d’asile qui ont réalisé ce travail pour 30 ou 40 francs par jour, ce qu’une personne suisse n’accepterait sans doute pas de faire. Je ne nie pas non plus mon intention de protester contre les bas salaires, au regard de ce travail très difficile et dangereux, mais ce n’est pas mon message principal.

Comment autrement aurais-je pu exprimer mon désir de construire quelque chose alors que tout dans mon pays – la Syrie – tout est détruit? Comment autrement pourrais-je attirer l’attention sur le fait qu’il existe des forces qui nous empêchent de construire notre propre pays? Comment pourrais-je souligner le fait que la volonté de faire des réformes sociales, économiques ou politiques dans certains pays est considérée comme un crime. Néanmoins, Fabio et d’autres fonctionnaires nous ont soutenus en nous offrant plus de travail et en nous proposant de rejoindre et de soutenir l’équipe des personnes handicapées de la Fondation St-George à Yverdon-les-Bains.

Une expérience très riche

Un apéritif chez Mme Chantal Roth. Auteur: Chantal Roth.

Un apéritif chez Mme Chantal Roth. Auteur: Chantal Roth.

Malgré mon enthousiasme, j’ai du mal à écrire à propos de cette merveilleuse expérience. Cette expérience a été très importante pour moi et un article ne suffirait pas à la couvrir. Il est impossible de raconter tous ces souvenirs, blagues, chansons et moments de joie partagés. Je ne peux oublier l’image de Mme Roth venant nous apporter un bol de soupe les jours de pluie. Rien ne peut effacer le souvenir de ce groupe international vêtu de jaune et travaillant sous la pluie. Le même groupe s’est réuni une autre journée ensoleillée dans le jardin de Mme Roth. Tous ces souvenirs et bien d’autres ont eu lieu grâce à ce mur. Ce mur a enchâssé nos souvenirs et il est le symbole de notre solidarité. Ces pierres de différentes tailles reflètent notre diversité en termes de cultures et de personnalités.

En conclusion, nous avons construit un mur solide qui nous ressemble, et nous sommes à la fois heureux et fiers de l’avoir construit dans un pays multiculturel où nous ferons de notre mieux pour renforcer la cohésion et la solidarité.

Ibrahim, Rami

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils