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FLASH INFOS #164

Sous la loupe: « Les politiques antimigrants » de l’UE et de la Tunisie dénoncées / L’Arabie saoudite accusée de la mort de centaines d’Ethiopiens à la frontière avec le Yémen / Manque de logements à Paris: campement de personnes migrantes devant l’Hôtel de Ville.

Nos sources:

L’Arabie saoudite accusée de la mort de centaines d’Ethiopiens à la frontière avec le Yémen

France 24, le 21 aout, 2023

« Politiques antimigrants » de l’UE et de la Tunisie

Le Temps, le 15 août 2023

Manque de logements à Paris: des personnes migrantes établissent un campement devant l’Hôtel de Ville

Le Figaro, le 21 août 2023




Revue de presse #26

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Covid-19, les étrangers maltraités en Arabie Saoudite / Attente interminable pour les demandeurs d’asile en Angleterre / Pro et anti migrants manifestent à Douvres

Arabie Saoudite, les travailleurs étrangers parqués dans des hangars

Le Courrier International, le 01.09.2020 

Accusés de propager le Covid-19 dans le royaume, des centaines – voire des milliers – de migrants originaires de la Corne de l’Afrique ont été déportés dans des hangars au sud de l’Arabie Saoudite, où ils survivent dans des conditions inhumaines.

C’est ce que révèle, dans son enquête exclusive, le journal britannique Sunday Telegraph, qui se base sur des photos et des vidéos prises dans des camps de détention dans le sud du pays ainsi que sur les témoignages de personnes avec lesquelles il est entré en contact.

Un Éthiopien enfermé pendant plus de quatre mois témoigne : «C’est l’enfer ici ! Nous sommes traités comme du bétail et battus tous les jours ». Un de ses compatriotes dit avoir reçu des coups de fouet et des décharges électriques. « Nous mangeons un petit morceau de pain chaque jour, et du riz tous les soirs. Il n’y a presque pas d’eau et les toilettes débordent. La chaleur qui règne ici va nous tuer.» 3’000 travailleurs Éthiopiens ont été renvoyés dans leur pays début avril par les services de sécurité.

A noter que 6,6 millions d’étrangers, soit 20% de la population du pays, servent de main-d’œuvre à bas prix en Arabie Saoudite.

Contactée par le Sunday Telegraph, l’ambassade saoudienne au Royaume-Uni n’a pas souhaité réagir à l’enquête.

Angleterre, les délais d’attente pour les demandeurs d’asile s’allongent

infomigrants.net, le 01.09.2020

Selon la BBC, les délais d’attente pour le traitement des dossiers de demande d’asile atteignent des records au Royaume-Uni. Lors des trois derniers mois de l’année 2019, quatre demandeurs sur cinq devaient attendre plus de six mois pour que leur dossier soit instruit alors qu’ils étaient seulement un sur cinq il y a six ans.

Le Home Office, équivalent britannique du ministère de l’Intérieur, affirme avoir reçu «un très grand nombre de dossiers complexes», ce qui expliquerait l’accumulation des retards. Cette situation a un impact direct sur le quotidien des migrants qui ne sont pas autorisés à travailler pendant l’instruction et doivent survivre avec une allocation d’à peine plus de 5 livres sterling (5,60 euros) par jour.

Sans compter que la crise sanitaire et les mesures de confinement rendent la vie quotidienne encore plus compliquée pour les demandeurs d’asile en Angleterre. Farzin, un exilé iranien interrogé par la BBC, souligne que laisser des migrants dans une chambre avec 5 livres sterling par jour, sans qu’ils aient la possibilité de se déplacer ou encore d’accéder à internet pour s’occuper, est la recette parfaite pour provoquer chez eux des problèmes de santé mentale.

Le Royaume-Uni va se retirer du pacte migratoire européen au 31 décembre. Londres compte, après cette échéance, conclure des accords bilatéraux avec les différents pays de l’Union européenne afin de pouvoir renvoyer les migrants plus facilement vers le premier pays qu’ils ont foulé sur le Vieux Continent.

Douvres, affrontements entre manifestants pro et anti-migrants

Le Point, le 05.09.2020

Après les fortes arrivées de migrants par la Manche, les habitants de la ville anglaise de Douvres ont manifesté samedi 5 septembre dans deux camps aux messages très différents : d’un côté « Bienvenue » pour ceux qui sont pro-migrants et de l’autre côté « Débarrassez nos rues de ces ordures » pour les anti-migrants.

Selon la police du Kent, neuf personnes ont été interpellées, notamment pour des troubles à l’ordre public aggravés par leur motivation raciste et des agressions sur les agents des services d’urgence. Les manifestants anti-migrants se sont heurtés aux forces de l’ordre en tentant de forcer un barrage de police et ont bloqué un important axe routier.

Devant une centaine de personnes, un membre de l’association Kent Refugee Help, a déclaré que quand une société rejette des gens qui fuient la guerre, « cela en dit long sur son état. Nous ne sommes pas de ceux-là. Nous nous dressons et accueillons les gens qui, dans des circonstances désespérées, fuient des situations affreuses. »

A quelques mois du durcissement par le Royaume-Uni de sa législation sur l’immigration avec le Brexit, 400 migrants ont traversé la Manche mercredi 2 septembre. Un nouveau record. Face à la hausse des traversées, le Royaume-Uni a mis en cause la France et a promis de mettre fin au phénomène.

Plus de 5’600 migrants ont traversé la Manche à bord de petites embarcations cette année, selon le ministre britannique de l’Intérieur.

Oumalkaire / Voix d’Exils

 




« Les journalistes au Yemen font face au chantage, à la détention, aux enlèvements et sont assassinés »

Nabil Alosaidi.

Rencontre avec Nabil Alosaidi, journaliste yéménite

Nabil Alosaidi est un journaliste yéménite membre du Conseil du Syndicat des journalistes yéménites depuis 2009. Il était le président du comité de formation et rééducation et le superviseur du comité des libertés du Syndicat. Il vit en Suisse depuis trois ans maintenant à cause de la guerre dans son pays.

Alosaidi participe à de nombreux événements organisés au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour faire entendre la voix des victimes et identifier les violations de la liberté d’opinion et d’expression au Yémen. Reporters sans frontières a classé le Yémen parmi les pays les plus dangereux pour les journalistes.

Les débuts

 « J’ai commencé mon engagement dans la presse comme un hobby. Pendant mes études secondaires, j’ai commencé à écrire pour certains journaux yéménites. Puis, j’ai continué à acquérir plus de compétences en journalisme en étudiant au Media collège et à l’Université de Sana. J’ai travaillé pour de nombreux journaux yéménites jusqu’à ce que je devienne un correspondant et directeur du bureau d’Okaz, un journal saoudien au Yémen » relève Nabil Alosaidi.

La lutte pour le professionnalisme et l’indépendance

 Alosaidi affirme que « les difficultés aux niveaux professionnel et personnel ne permettent pas à la presse indépendante yéménite de paraître. Les activités politiques et partisanes, les disputes politiques et les confits entre les centres de pouvoir interfèrent avec le fonctionnement de la presse au Yémen. La presse indépendante est importante dans le pays où les gens ont besoin d’entendre une voix indépendante qui leur appartient ».

« Personnellement, j’ai affronté ces difficultés avec courage, comme le font beaucoup de journalistes yéménites qui rêvent d’une patrie avec une presse indépendante et la liberté d’expression. Je me bats toujours pour ça, alors que la guerre continue d’attaquer la presse en permanence. Toutes les parties au conflit arrêtent les journalistes et empêchent les voix dissonantes. Les journalistes font face au chantage, à la détention, aux enlèvements et sont assassinés. Maintenant, dix de nos jeunes journalistes sont en procès, faisant face au risque d’exécution » alerte Nabil Alosaidi.

La demande d’asile en Suisse

Nabil Alosaidi estime que la profession de journaliste a toujours été dangereuse au Yémen, en particulier au cours des dernières années de la guerre entre de nombreuses parties contestant le pouvoir. Par exemple, en septembre 2014, les milices Houthi ont balayé Sana et renversé le gouvernement en prenant le contrôle de ses institutions, y compris les médias et la presse. Ils ont occupé les journaux, les bâtiments de radio et de télévision et ont fermé les journaux de l’opposition.

Nabil Alosaidi raconte l’histoire de sa survie : « Je devais me déplacer d’une ville à l’autre jusqu’à ce que j’atteigne la ville Taiz, où je suis resté caché avec l’aide de proches et d’amis. Après quelques mois, je devais quitter la ville assiégée avant qu’ils puissent découvrir ma cache. C’était comme une tâche impossible à cause de la fermeture de toutes les sorties de Taiz. J’ai parcouru une longe distance jusqu’à ce que je réussisse à sortir de la ville et puis, je me suis déplacé entre les villes pour arriver en Arabie Saoudite. J’y suis resté quelques mois avant que je puisse voyager en Suisse. Je faisais partie d’une délégation de presse accompagnant les négociations entre le gouvernement yéménite et les milices Houthi à Genève. Parce que la guerre ne permettait pas une presse indépendante et forçait les journalistes à côtoyer l’une des parties au conflit, j’ai décidé de rester en Suisse en quête de protection et de liberté. »

Alosaidi est persuadé que son exil en Suisse a beaucoup influencé sa carrière professionnelle dans la presse. Ici, il a commencé à défendre les victimes des violations des droits de l’homme au Yémen. La protection et la liberté obtenues en Suisse lui permettent de faire entendre la voix des journalistes yéménites auprès de la communauté internationale et des organisations de défense des droits de l’homme. Il est déterminé à continuer à défendre la liberté de la presse et les détenus journalistes dans les forums de la presse internationale et des droits de l’homme jusqu’à ce que la presse libre revienne au Yémen. Depuis qu’il est en Suisse, Nabil Alosaidi a pu aussi mener une campagne de presse, la plus connue et la plus forte de tous les temps, contre la corruption au gouvernement yéménite. Pour cette campagne, il a reçu le Prix du journalisme pour l’intégrité et la lutte contre la corruption et le Prix de la personnalité publique anti-corruption en 2018.

Wafa Al Sagheer

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Article traduit de l’anglais vers le français par MHER

Contributeur externe de Voix d’Exils