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S’intégrer par le bénévolat

Notre rédactrice Anahit, avec la petite chienne Théa sur les genoux, en compagnie de Josiane quelle a rencontrée dans le cadre de son activité de bénévole à la ludothèque d’Orbe (VD).

« A la ludothèque d’Orbe j’ai fait la connaissance de personnes qui m’accompagnent dans mon chemin d’intégration »

Anahit a dû quitter l’Arménie dans l’urgence, en laissant derrière elle une partie de sa famille et un pays qu’elle aimait. Arrivée en Suisse en 2012, elle a progressivement surmonté les difficultés liées à l’exil et à l’adaptation à une nouvelle culture. Souhaitant être active dans la vie locale, et donner de son temps à sa ville d’adoption, elle est devenue bénévole à la ludothèque d’Orbe, une commune qui se trouve dans le Canton de Vaud. Une activité enrichissante qui lui a permis d’élargir son horizon.

« C’était l’automne 2012. L’automne le plus triste de ma vie. J’avais laissé derrière moi mes parents, mon travail, ma patrie l’Arménie, mes amis et surtout mes deux garçons de neuf et treize ans. J’étais sûre que ce départ n’était que provisoire, mais la suite a démontré le contraire.

Avec mon mari, on est partis dans l’urgence parce qu’il était en danger. Sur la route de l’exil, je repensais à mes parents, à mes enfants qui étaient si loin et je pleurais de toutes les larmes de mon corps. Il me semblait que ma vie s’était arrêtée. Après quelques jours très difficiles pendant lesquels on a traversé différents pays en avion et en voiture, on est arrivés en Suisse, un pays que je considérais comme un paradis inaccessible…

Au début, on a été accueillis au Centre de Vallorbe, dans le canton de Vaud, où on a déposé notre demande d’asile. Pour moi, ce nouveau monde était incompréhensible et étrange. Je pleurais sans arrêt, c’était plus fort que moi. Je me sentais impuissante et j’avais envie de crier très fort. C’était d’autant plus difficile que, jusqu’à notre départ d’Arménie, mon mari et moi on n’avait jamais rien demandé à personne, on avait les deux un travail et de bons salaires. C’est vrai aussi que le bâtiment de Vallorbe ressemble à une prison, mais je dois dire qu’on a été reçus avec bienveillance et professionnalisme par le personnel qui s’occupe du Centre.

Lors de ce séjour, je me suis dit que j’avais une dette envers la Suisse et je me suis promis de la rembourser en travaillant un jour gratuitement.

Je surmonte ma timidité et je postule

Neuf mois après notre arrivée en Suisse, nos enfants nous ont rejoins à Orbe, petite ville du canton de Vaud, où nous avions emménagé entre-temps. Petit à petit, on a surmonté les difficultés que rencontrent beaucoup de personnes en procédure d’asile: apprendre à vivre loin de sa patrie et de ses proches, apprendre une nouvelle langue, trouver un apprentissage pour les garçons, ce qui était très difficile car nous ne connaissions pas bien les usages et la manière de faire en Suisse. Chaque fois qu’après un stage, l’un de nos fils recevait une réponse négative, mon mari et moi on se sentait coupables de ne pas pouvoir aider nos enfants, coupables de les avoir coupés de leurs racines. Heureusement, on a été aidés et nos fils ont maintenant trouvé un apprentissage.

Un jour, à fin 2015, j’ai lu sur un flyer collé sur la porte de notre immeuble, que la ludothèque d’Orbe cherchait un bénévole. Le mot bénévole a tout de suite attiré mon attention, et m’a rappelé que je n’avais pas tenu la promesse que je m’étais faite lors de mon séjour à Vallorbe. J’ai pris une photo de l’annonce et j’ai dit à mon mari que j’allais postuler. J’étais très intéressée parce que, en Arménie, j’étais enseignante et cette activité dans une ludothèque me permettrait d’avoir à nouveau des contacts avec les enfants. Mon mari était moins enthousiaste, il pensait que ce serait trop difficile pour moi parce que je ne parlais pas suffisamment bien le français.

J’ai quand même appelé le secrétariat… Et j’ai obtenu un rendez-vous pour le lendemain. J’étais très tendue et agitée, mais l’entretien s’est bien passé et j’ai été engagée. Le lendemain de ce premier entretien, j’ai fait la connaissance des onze autres membres du personnel. Ils ont tous été très gentils avec moi. Sachant que j’étais arménienne, ils m’ont parlé de Charles Aznavour, le chanteur français d’origine arménienne, et ont évoqué le génocide arménien. L’un d’eux s’était déjà rendu en Arménie et il avait beaucoup apprécié ce voyage. Il m’a proposé son aide, si j’en avais le besoin. Cette conversation m’a donné beaucoup de force. Dans le groupe, il y avait une bénévole avec une veste rouge, nommée Josiane, qui me regardait attentivement. Je n’imaginais pas à ce moment-là qu’un jour elle serait comme une marraine pour ma famille.

Je fais du « dog sitting »

J’ai commencé à travailler à la ludothèque d’Orbe. Je vérifiais que les jeux et les jouets qui étaient ramenés par les enfants étaient complets et en bon état. J’ai trouvé que cette idée de proposer des jeux et des jouets en prêt comme on le fait pour les livres dans les bibliothèques était excellente et je me suis aussitôt demandé pourquoi il n’y avait rien de tel en Arménie ? Quand on est exilé, on compare tout le temps ce qui se fait ici et ce qui se fait dans son pays d’origine !

Au début, je parlais très peu. J’avais peur de faire des erreurs et, quand on me posait une question, j’étais confuse, je rougissais et ma voix était à peine audible. Au début des vacances d’été, on s’est réunis pour nettoyer les jouets, les trier et les remettre en état. Josiane cherchait une personne de confiance à qui laisser sa petite chienne Théa, car elle ne voulait pas la mettre en pension. J’ai surmonté ma timidité pour lui dire que je l’accueillais volontiers chez moi. Je savais que mes fils en seraient très heureux car ils rêvaient d’avoir à nouveau un chien. Cette perspective m’a ramenée en Arménie, dans notre maison qui était gardée par une femelle berger allemand nommée « Jessi » et j’ai ressenti une grande bouffée de nostalgie.

Mes enfants étaient très contents à l’idée d’accueillir une petite shih tzu, mais mon mari un peu moins, il était inquiet : « C’est une grosse responsabilité ! Tu feras quoi si le chien tombe malade, s’il ne mange pas, s’il a l’ennui de sa maîtresse ? » Finalement, Théa est restée chez nous une semaine et tout s’est bien passé. Pour moi, cet épisode a été le début d’une belle amitié avec Josiane.

« Je me réjouis de pouvoir voter un jour »

Mon activité à la ludothèque d’Orbe est une expérience très enrichissante : elle m’a permis de rembourser ma dette vis-à-vis de la Suisse qui nous a accueillis ma famille et moi, j’ai aussi beaucoup progressé en français et suis devenue moins timide, j’ai une occupation à moi maintenant que mes enfants sont grands et j’ai le sentiment d’être utile. J’ai aussi fait la connaissance de personnes intéressantes et généreuses qui m’aident et m’accompagnent dans mon chemin d’intégration.

Depuis 4 ans, Arman, mon mari, est aussi bénévole dans la ludothèque. Il s’occupe de beaucoup de choses différentes : vérifier les jouets, dresser le stand de présentation lors du marché de Noël, préparer des salles pour accueillir une fête ou des événements particuliers, accompagner les enfants lors du passeport vacances… Maintenant, ce qui me ferait plaisir c’est que Arman trouve du travail. Et, à titre personnel, je me réjouis d’avoir un jour le droit de voter.

Je reste positive, comme le dit un dicton populaire : « Après la pluie vient le beau temps ! »

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Satori peut être compris comme la voix des personnes migrantes et des hackers solitaires »

Auteur: Ezio Leet / Voix d’Exils.

Rencontre avec Ezio Leet, l’auteur de Satori

Lancé en février 2021, le premier roman graphique de Voix d’Exils – Satori – retrace les aventures d’un jeune homme ayant été contraint de quitter son pays et sa famille afin de trouver refuge dans le « West World », un monde meilleur. Notre rédacteur Ezio Leet en est l’auteur. Lors d’une d’une interview accordée à Voix d’Exils, il revient sur son parcours et nous dévoile ses secrets de dessinateur. 

 Bonjour Ezio, pour commencer pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis, comme tu l’as déjà dit, Ezio Leet. Je viens du Kurdistan irakien et j’ai 24 ans. Je suis arrivé en Suisse en 2017 et je vis actuellement dans le Canton de Vaud.

Durant le mois de février 2021, les lecteurs et les lectrices de Voix d’Exils ont eu l’occasion de découvrir ton roman graphique intitulé « Satori ». Au vu de la qualité de tes dessins, la première chose que l’on souhaite savoir est où et comment as-tu appris à dessiner ?

C’est une question difficile. C’est comme si tu m’avais demandé quand est-ce que j’avais vu la lune pour la première fois !? Bien évidemment, je ne m’en souviens pas et je pense que personne ne s’en souvient ! Comme beaucoup d’autres enfants, je dessinais quand j’étais petit, mais ce n’était pas des dessins de haute qualité ni dans un cadre spécifique. Je dessinais ce que je trouvais beau. Les idées que je ne pouvais pas exprimer simplement je les transposais sur le papier. Je dessinais les gens que j’aimais, même si la plupart de temps je ne le montrais pas ! Pour moi, la meilleure façon d’apprendre c’est en pratiquant. Je me suis rendu compte de ça il y a peu de temps. J’ai appris à dessiner en dessinant. Honnêtement, pour moi, tout le monde sait dessiner. Il faut juste prendre le temps ! Vous vous en rendez compte une fois que vous avez passé beaucoup de temps à dessiner !

Intéressant ! Et comment t’es venue l’idée de créer un roman graphique ?

C’est une bonne question et là je me permets de corriger un point ! En fait, pour moi, définir Satori comme un roman graphique c’est un peu exagéré, car un roman graphique c’est quelque chose de plus large; et souvent les auteurs de romans graphiques sont plutôt des personnes expérimentées qui consacrent leur vie à leur travail. Pour moi, Satori c’est plutôt un « webcomic » ! Etant donné que je n’ai pas une carrière artistique – et cela n’a rien avoir avec une manque d’estime de moi-même car c’est une réalité – je préfère utiliser le terme de « webcomic ». Je pense en effet qu’il y a une différence entre un artiste qui consacre sa vie à l’art et quelqu’un qui dessine durant son temps libre. Pour moi, le dessin c’est un passe-temps ! Voilà, j’espère que c’est clair ! Et maintenant, pour répondre à ta question, comme je l’ai dit avant, j’ai vraiment du mal à m’exprimer et je suis souvent mal compris ! Comme je fais partie de la rédaction de Voix d’Exils et qu’ici on a la liberté de s’exprimer, je me suis dit « ben pourquoi pas ? ». Je me suis dit que c’était une bonne occasion pour m’exprimer sur ce que je pense ou ce que je ressens. Je voulais aussi transmettre un message et faire comprendre aux gens que les personnes migrantes, les hackers ou encore les migrants hackers – car Satori est les deux à la fois – ne sont pas mauvais et que des fois ils essaient simplement de changer le monde afin de le rendre meilleur ! En quelque sorte, Satori peut être compris comme la voix des personnes migrantes et des hackers solitaires en même temps ! (Rires).

C’est un beau message que tu souhaites faire passer ! Et quelles sont les phases de création d’un épisode de Satori ?

Alors ça dépend vraiment de comment je me sens (rires). Parfois, j’écris le script en premier puis je dessine et parfois c’est l’inverse. Souvent, j’ai une idée générale en tête avant de commencer ! Il y a donc plusieurs phases : celle de la rédaction du script et celle du dessin (qui sont interchangeables) et il y a une troisième phase qui consiste à rassembler les deux premières.

Je sens que Satori est un projet qui te tient à cœur. Quels sont tes points communs avec le personnage principal de ton « webcomic » ?

Ironiquement, des fois je ne me rends pas compte si c’est moi qui crée le caractère de Satori ou si c’est lui qui me crée ! Plus je passe de temps avec Satori et plus je m’identifie à lui ! Je ne vais pas trop entrer dans les détails ici. Finalement, nous sommes des hackers – pas des pirates – nous ne voulons pas exposer nos informations ! (Rires).

Où trouves-tu l’inspiration pour créer les histoires de Satori ?

Tout simplement en marchant ! Je marche beaucoup et c’est durant ces moments-là que je trouve vraiment mes idées !

Pour finir, quels sont tes projets pour la suite ?

Alors, quand j’ai commencé à dessiner Satori je me suis vite rendu compte que j’avais un problème à dessiner la position des caractères. En effet, ça prend énormément de temps, surtout pour les dessinateurs moins expérimentés. Comme je suis également programmeur en plus d’être dessinateur, j’ai eu l’idée de créer un logiciel qui produit la position des caractères selon la préférence de l’artiste. J’envisage de partager bientôt cette idée avec la communauté « open source » afin que les personnes du monde entier puissent collaborer ensemble. Mon petit projet a donc pour but d’aider les artistes ou les futurs artistes qui rencontrent les mêmes problèmes que moi !

Propos recueillis par:

 Jovan Mircetic

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Les derniers épisodes de Satori

Satori #0

Satori #1

Satori #2

Satori #3

Satori #4




Flash INFOS #67

Permis humanitaire pour Salomon. Illustration de Kristine Kostava / Voix d’Exils

Sous la loupe : Un permis humanitaire pour Solomon Arkisso ? / Mario Gattiker s’exprime sur les violences dans les centres fédéraux / Une fresque géante en l’honneur des jeunes migrants à Lausanne

Un permis humanitaire pour Solomon Arkisso ?

24 Heures, le 15 juin 2021

Le 15 juin, les membres du parlement vaudois ont accepté par 72 voix contre 63 une résolution appelant le Conseil d’Etat à demander l’octroi d’un permis humanitaire à Solomon Arkisso auprès du Conseil fédéral. Pour rappel, ce dernier a été renvoyé de force en Ethiopie fin janvier et jouit d’une interdiction d’entrée sur le territoire de la Confédération jusqu’en 2026. Si le principal concerné venait à retourner en Suisse, le député Guy Gaudard s’est engagé à lui garantir une place d’apprentissage. Le conseiller d’Etat Phlippe Leuba a pour sa part souligné que jusqu’à présent le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) avait refusé de reconsidérer toutes les demandes qui lui avaient été adressées.

Mario Gattiker s’exprime sur les violences dans les centres fédéraux

24 Heures, le 21 juin 2021

« Les centres [fédéraux pour requérants d’asile] ne sont pas des espaces de non-droit, où règne la violence ». Telle est la réaction du secrétaire d’Etat aux migrations – Mario Gattiker – face aux propos de Jean-Claude Huot, membre de la Commission fédérale des migrations, pour qui les centres fédéraux « ne peuvent pas être des zones de non-droit » et la possibilité de porter plainte devrait être un minimum requis. M. Gattiker assure que ce minimum requis est déjà donné aux personnes requérantes d’asile se sentant victimes d’actes injustifiés. En outre, il assure que le Secrétariat d’Etat aux migrations prend très au sérieux les allégations relatives aux actes de violences et abus commis à l’encontre des requérants d’asile dans les centres fédéraux. Le secrétaire rappelle également que pour faire la lumière sur les faits reprochés, une enquête externe et un audit interne ont été ouverts. De plus, les agents de sécurité concernés ont été suspendus et des plaintes pénales sont en cours. Tout en reconnaissant qu’il y a encore à faire, Mario Gattiker se réjouit de l’engagement quotidien du personnel des centres fédéraux pour le bien-être des personnes en procédure d’asile et rappelle que fin 2020, la Commission nationale de prévention de la torture a jugé que ces derniers « sont en général hébergés dans des conditions conformes aux droits humains et aux droits fondamentaux ».

 

Une fresque géante en l’honneur des jeunes migrants à Lausanne

24 Heures, le 19 juin 2021

A l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, une fresque géante, conçue par de jeunes migrants, a vu le jour sur la place de l’Europe à Lausanne. Majoritairement originaires d’Afghanistan, les jeunes migrants ont été encadrés par deux graffeurs. La fresque a été produite avec des sprays spéciaux, dont la couleur partira à l’eau. Le projet a été initié par l’entraide Protestent suisse (l’EPER) et comme le souligne Elise Shubs – adjointe du département des projets suisses de l’EPER – le but était que les jeunes migrants puissent faire parler leur imaginaire et se projeter dans le futur. Création éphémère destinée aux passants, la fresque donne une image positive et porteuse d’espoir. Au centre de la fresque, la phrase « Never give up » (n’abandonne jamais) est mise l’honneur. Des phrases dans d’autres langues, des fleurs, des nuages et des étoiles sont également dessinés.

Pour visionner la fresque cliquez ici.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




FLASH INFOS #65

Illustration réalisée par Kristine Kostava/Voix d’Exils

Sous la loupe : Réunion du premier Parlement suisse des réfugiés / Royaume-Uni : 4000 migrants déboutés évitent l’expulsion / L’Italie bloque un navire de secours aux migrants

La revue de presse devient le FLASH INFOS de Voix d’Exils. Une formule revisitée de notre rubrique hebdomadaire qui met davantage en valeurs les compétences graphiques et visuelles de nos rédactrices et rédacteurs et qui inclut d’autres nouveautés pour encore mieux vous informer.

Logo réalisé par Kristine Kostava / Voix d’Exils.

Réunion du premier Parlement suisse des réfugiés

RTS, le 6 juin 2021

Le 6 juin 2021, s’est déroulée la réunion du premier Parlement suisse des réfugiés. A cet effet, environ 75 personnes issues de 19 cantons et de 15 pays différents se sont réunies à Berne. Cette réunion a été l’occasion pour les principaux concernés par les questions migratoires de formuler des propositions ayant pour but d’améliorer leur condition. Ainsi, les participants ont émis le souhait d’avoir un meilleur accès à la formation et de rendre possible des visites des familles dans l’espace Schengen pour les personnes admises provisoirement. La question des apprentis déboutés étant en cours de formation a également été soulevée. Un vote favorable au regroupement familial étendu aux parents d’enfants déjà en Suisse a également été accordé par le Parlement. Des membres du Conseil national et du Conseil des Etats étaient présents et pourraient donc relayer ces demandes sous forme de motions au Parlement fédéral. L’événement a été organisé par le National Coalition Building Institute (NCBI).

Royaume-Uni : 4000 migrants déboutés évitent l’expulsion en raison de la crise sanitaire

InfoMigrants, le 28 mai 2021

Selon les informations publiées par le journal britannique The Guardian, les requérants d’asile déboutés – environ 4000 personnes – ne seront pas expulsés de leur logement fourni par l’Etat. Pour rappel, au mois d’avril, le gouvernement du pays avait décidé de reprendre les expulsions « avec effet immédiat » des personnes qui n’avaient pas obtenu de protection internationale, et ce, malgré la crise sanitaire. Néanmoins, les autorités de santé avaient émis un avis négatif face à cette politique. Les représentants de diverses organisations humanitaires avaient également critiqué la décision du gouvernement. Cependant, la politique d’expulsion sera à nouveau envisagée une fois que le Royaume-Uni aura effectué un retour à la normal prévu pour fin juin.

L’Italie bloque un navire de secours aux migrants

Le Monde, le 5 juin 2021

Le 4 juin, un navire de secours aux migrants appartenant à l’ONG Sea-Eye a été bloqué par les garde-côtes italiens après avoir débarqué 415 personnes migrantes. En effet, suite à une inspection, des problèmes de nature technique et sécuritaire ont été relevés. Selon les autorités italiennes, les équipements de sauvetage du navire ne semblaient pas suffisant pour garantir l’évacuation de toutes les personnes à bord. L’ONG allemande a pour sa part dénoncé la décision des autorités italiennes. Pour rappel, l’Italie est l’un des principaux points d’entrée en Europe pour les personnes migrantes en provenance d’Afrique du Nord de Tunisie et de Libye d’où les départs sont en forte hausse par rapport aux années précédentes.

Rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Nos différences sont une grande richesse

 

Masar Hoti. Photo: Ahmed Mohammed / Voix d’Exils.

Réflexion

Nos différences, les façons de les aborder aujourd’hui comme dans le futur, l’influence positive du pouvoir de l’amour : tels sont les sujets abordés dans cette réflexion proposée par Masar Hoti, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Grâce à son besoin d’existence et aux biens naturels, l’être humain a eu l’opportunité d’explorer le monde. Depuis toujours, l’humanité est en lutte constante avec la nature pour assurer son existence. Grâce à ses besoins, elle a toujours été dans l’observation de la nature et de ses biens. Par conséquent, lors de cette observation, les gens ont été exposés à des choses sur lesquelles ils n’avaient aucune connaissance, des choses appartenant au monde végétal, animal et aquatique.

Ce manque de connaissances a également influencé sur la mauvaise méthode d’observation et sur la mauvaise approche des biens que la nature nous offre. Ne pas savoir les choses a causé des préjugés qui ont amené une grande peur. Par conséquent, nous avons eu une mauvaise approche. Nous approchons et abordons encore aujourd’hui de manière irrespectueuse et sauvage les biens que la nature nous offre.

Pour cela, nous sommes arrivés à la situation actuelle dans laquelle de nombreuses espèces du monde animal, aquatique et végétal sont en voie d’extinction. L’extinction de ces biens naturels, ce déséquilibre de l’écosystème a pour conséquence ce grand changement climatique que nous connaissons. Peut-être que ce changement climatique a également affecté l’émergence de diverses maladies, dont certaines sont mortelles et auxquelles l’humanité est confrontée aujourd’hui.

Je pense que sur cette planète, tout ce qui existe à commencer par nous, les humains, mais aussi les animaux, les plantes et le monde sous-marin a son rôle et son importance. Je pense que l’univers est UN, et tout ce qui y est créé a sa place, sa valeur et une fonction très importante dans le processus existentiel, évolutif et écologique. Tout ce qui compose l’univers est existentiellement, merveilleusement, parfaitement et nécessairement lié.

Je pense que c’est la même chose pour nous et pour les différences entre nous, qu’elles concernent nos pensées, notre sexe, notre développement humain, notre couleur de peau, notre langue, notre origine, notre culture, nos traditions, nos coutumes, etc. Je pense que ces différences sont existentielles. Celles-ci nous rendent beaucoup plus intéressants, plus beaux, nous permettent d’aller de l’avant et de nous développer davantage.

En raison de nos mauvaises approches de nous-mêmes et des autres espèces qui nous entourent nous avons fait des erreurs. Ces erreurs sont dues au fait que nous nous sommes concentrés sur la vision des différences entre nous de l’extérieur (surface) et non de l’intérieur (contenu).

Je pense donc que la coexistence entre nous est nécessaire mais pour en jouir il faut se concentrer sur la fonction et non sur la surface. Je pense que c’est seulement lorsque nous regardons les choses dans leur essence que nous pouvons goûter leurs fruits.

La coexistence entre les peuples est comme un trésor

Les différences entre nous sont des choses essentielles pour notre existence. Avec elles, le monde est beaucoup plus beau, plus intéressant et il est toujours en évolution constante. Mais ce qui est essentiel, c’est que le monde est toujours en circulation peu importe s’il progresse ou s’il régresse. Je pense que cela est très important, très intéressant, essentiel et vital pour notre existence.

Imaginez un instant que nous vivions sans nos différences. Le monde dans lequel nous vivons serait-il intéressant ? Si nous avions, par exemple, toutes et tous la même apparence, les mêmes pensées, les mêmes goûts, les mêmes désirs, la même langue, la même intelligence, le monde se serait-il développé tel qu’il est aujourd’hui ?  Moi, personnellement, je ne le pense pas.

Je pense que les êtres humains sont comme les fleurs : leur beauté se cache dans leurs variétés et leurs parfums. Imaginez qu’il n’y ait qu’un seul type de fleur et qu’elle n’ait qu’un seul parfum, serait-elle aussi belle et intéressante qu’elle l’est aujourd’hui ? Je ne le crois pas.

Le constat est pareil avec des personnes ayant des différences de pensées, de cultures, de traditions, d’idéologies, et parlant des langues différentes. N’est-ce pas un miracle merveilleux ?

Je pense que nous avons mal compris ces différences entre nous ! Au cours des siècles, nous avons eu diverses guerres et haines qui ont causé des régressions intellectuelles et économiques.

Certaines des différences entre nous sont dues aux systèmes que nous avons traversés. Nous avons également des différences entre nous en raison de notre passé héréditaire. Je pense ici à l’héritage légué par nos ancêtres se rapportant aux traditions, coutumes, habitudes, légendes, folklores, modes de vie etc. Ces différences sont enrichissantes car elles nous donnent une excellente occasion de profiter des traditions, de l’éducation et des cultures de l’autre. Elles nous permettent ainsi de nous compléter et de nous développer davantage. Malgré toutes les différences que nous avons, nous sommes essentiellement pareils au niveau des choses existentielles et essentielles. A partir de l’anatomie du squelette jusqu’aux cellules, tissus, organes, etc. nous sommes pareils. Ce qui est également vital à comprendre, c’est que nous ressentons toutes et tous les mêmes choses, ce indépendamment de notre couleur de peau, de notre langue, de nos origines. Par exemple, la tyrannie, la douleur, la haine, la liberté, l’amour, la joie etc.

La coexistence entre les peuples de différentes couleurs, traditions, cultures, ayant des coutumes et parlant des langues différentes est comme un trésor composé de différents diamants et d’or. Les différences que nous avons sont celles qui nous attirent et nous développent, car tout ce qui nous distingue comble aussi les lacunes que nous avons. Les différences nous attirent, nous complètent, nous unissent.

Avez-vous vu comment les parties d’un aimant aux pôles opposés se rejoignent et créent une partie plus forte, plus stable et plus grande ?

L’homme est une valeur pour l’homme

Tout le problème, comme je l’ai dit au début, est de savoir comment nous comprenons les choses et comment nous les abordons.

Pour commencer à profiter des choses de grande utilité mentionnées ci-dessus, nous devons d’abord éliminer les préjugés et commencer à aborder les choses avec connaissance et amour, en particulier les choses qui nous distinguent. La source de tout mal est la haine, comme l’amour est la source de tout bien.

Nous avons donc vraiment besoin d’éduquer les futures générations avec amour et non avec haine. Tout cela, je pense, dépend de nous : est-ce que nous voulons aborder les choses comme le philosophe anglais Thomas Hobbes qui affirmait que « l’homme est un loup pour l’homme »? Ou voulons-nous changer d’approche ? Cela voudrait dire qu’il faudrait commencer à aborder les choses avec amour.

Je pense que nous ne devons pas penser que « l’homme est un loup pour l’homme ». Néanmoins, bien sûr que si nous regardons l’homme de cette façon cela pourrait devenir vrai. Je pense cependant que nous devrions regarder les choses d’une autre manière et commencez à penser que « L’homme est une valeur pour l’homme ». Cela pourrait conduire notre être vers la paix, la prospérité et un développement plus rapide et plus grand.

Le remède ici est l’amour. La seule force qui éradique la haine est la force sacrée de l’amour. Je pense que c’est la graine qui devrait être semée et cultivée dans les générations à venir. Peut-être que la haine terrestre ne nous permet pas d’admirer la beauté du ciel.

La Suisse: un exemple pour le monde

Lorsque je suis arrivé en Suisse, j’ai vu un très bon exemple de coexistence dont je souhaiterais vous faire part. En effet, j’ai vu la société Suisse coexister à merveille avec des personnes des couleurs et de langues différentes venant du monde entier. Il y avait des milliers des personnes hébergées en tant que demandeuses d’asile ou réfugiées.

L’État suisse comme une mère au grand cœur les abrite, les nourrit et les guérit. Elle essaie de les intégrer dans la société avec différents programmes d’intégrations comme des cours de langues ou divers autres modules qui leur permettent de potentiellement trouver un métier ou d’intégrer un apprentissage par la suite. Cela donne également la possibilité d’étudier à celles et ceux qui souhaitent étudier.

A travers mon article, je voudrais donc remercier du fond du cœur l’Etat suisse pour son humanité. Cet Etat est un très bon exemple pour le monde entier sur la façon d’aborder les choses qui nous enrichissent.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils