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Une belle rencontre pour vaincre les préjugés

La sortie du 25 avril 2013 organisée par l'association Bel horizon. Photo: Voix d'Exils

La sortie du 25 avril 2013 organisée par l’association Bel horizon. Photo: Voix d’Exils.

Placée sous les signes de la rencontre, de la solidarité et du dépassement des clichés, la journée du jeudi 25 avril 2013 a été choisie par l’association chaudefonnière Bel Horizon pour offrir aux requérants d’asile un moment de divertissement et de joie. Sortant de l’ordinaire, une rencontre entre deux mondes que tout a l’air d’opposer a eu lieu; à savoir d’une part, celui de demandeurs d’asile d’environ 25 nationalités résidant au Centre d’accueil de Fontainemelon à Neuchâtel, et d’autre part celui des jeunes élèves du Lycée Blaise-Cendrars de la Chaux-de-Fonds.

C’est par un petit déjeuner que les requérants d’asile ont accueillis les élèves de deux classes de première année du Lycée Blaise-Cendrars, question de créer le déclic de la rencontre. S’en est suivi un moment d’échange qui a permis aux requérants d’asile de parler de leurs expériences et aux lycéens d’en apprendre un peu plus sur la réalité des requérants d’asile en Suisse par un contact direct en escamotant les discours médiatiques et politiques.

Photo: Voix d'Exils

Photo: Voix d’Exils

Après avoir établi cette confiance mutuelle par le dialogue et la découverte de l’autre, tous les participants ont pris la route de Neuchâtel pour rejoindre par bateau Portalban dans le Canton de Fribourg. Durant ce périple, l’ambiance était de mise. Requérants et lycéens discutaient avec grand enthousiasme. Même le fait de parler parfois des langues différentes n’a pas bloqué leur envie de communiquer. A les voir, on aurait dit qu’ils se connaissaient depuis fort longtemps. C’est donc dans la joie et la bonne humeur que les 140 participants de l’excursion ont rejoint Portalban sous un ciel ensoleillé. Ici, les responsables de la Joliette, qui ne manquent pas d’imagination, avaient préparé un pique-nique des grands jours. Ce fut un moment de grand partage, de joie et d’échanges fructueux qui a même donné lieu à une partie de foot.

A la fin de cette grande et inoubliable journée, on lisait un réel bonheur sur tous les visages. Requérants et lycéens étaient contents d’avoir passé ce moment ensemble. A en croire Monsieur Gérard Greice, l’un des organisateurs de l’événement, « l’objectif de la journée est atteint, car il y a eu beaucoup de contacts entre différentes personnes et les jeunes ont compris que tous les requérants ne sont pas des malfaiteurs, ce sont des humains comme vous et moi, qui rencontrent parfois des problèmes. D’ailleurs, la proportion des requérants responsables de méfaits tant décriés ne représente qu’une petite minorité ». Et son message aux Suisses est sans équivoque : « Ne vous laissez pas avoir par ceux qui vous disent que les requérants sont des délinquants, laissez parler votre cœur. »

Photo: Voix d'Exils

Photo: Voix d’Exils.

Après avoir écouté les requérants d’asile, « on regrette de ne pas nous rendre compte de la chance que nous avons d’être Suisses », souligne une jeune lycéenne. « On se rend compte que tous les requérants d’asile ne sont pas de dealers de drogues », enchaîne-t-elle. Quant à Alphonse, un requérant d’asile originaire du Congo Brazzaville, pour ce dernier, « ce moment d’échanges nous a permis de voir de près une autre face des Suisses, celle qui, par le dialogue ne se renferme pas sur elle-même, mais va à la rencontre et à la découverte de l’autre. Cela a  constitué pour moi une grande satisfaction et un sentiment de gratitude envers les organisateurs de cette journée. »

On l’aura compris, cette initiative a été saluée tant par les requérants d’asile que par les jeunes lycéens. Son objectif est noble, car elle nous rappelle que sans la connaissance mutuelle, les préjugés, la méfiance et l’incompréhension s’installent. Quoi donc de plus normal que de passer par la jeunesse pour répandre un message de paix, de partage avec des catégories de personnes que le destin a séparé de leurs patries. A chacun d’y jouer son rôle.

Angèle BAWUMUE NKONGOLO

Journaliste, rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils




L’assistance en nourriture aux requérants d’asile du centre neuchâtelois de Couvet

La distribution de nourriture du mardi au centre d’accueil de Couvet.

Le centre d’accueil de Couvet à Neuchâtel reçoit, tous les mardis, un groupe de personnes qui viennent distribuer de la nourriture aux requérants d’asile. Une ambiance particulière règne au centre à ces moments-là : la salle à manger est apprêtée dès 14h00, des véhicules y déposent des vivres, des personnes se mettent à classer la nourriture sur des longues tables et des requérants d’asile, cornets en mains, sont guidés par les responsables du centre vers les tables de distribution.

Des paniers bien garnis.

Nous avons cherché à en savoir davantage sur cette organisation, son historique, sa nature, ses liens avec les pouvoirs publics responsables de la gestion des requérants d’asile, le type de rapports qu’elle entretient avec les responsables du centre, comment les collaborateurs y participent et ce qu’en pensent les bénéficiaires : les requérants d’asile.

D’après nos différents contacts, il ressort que cette initiative a été entreprise par le Centre Social Protestant, à l’initiative de Messieurs Beuret Christian de la Joliette, (un secteur d’insertion sociale et professionnelle du Centre Social Protestant du canton de Neuchâtel), Kaspi Nimrod de Partage (Centrale alimentaire Genevois), Fallois Emmanuel d’Emmaüs ainsi que Brosy Claude d’ECOVAL, (un programme d’insertion professionnel et social du Val de Travers). C’est ainsi que la première distribution a eu lieu le 13 septembre 2011.

Madame Kurzen

D’après Mme Nicole Kurzen, responsable de la distribution au centre de Couvet, c’est par Table Suisse qu’arrive la nourriture. En effet, Table Suisse est un projet de la fondation Espoir pour les personnes en détresse qui se charge de la récupération et de la distribution des marchandises invendues, mais encore consommables, auprès des grands supermarchés de Suisse.

Un travail de bénévoles

Tous ceux qui aident à la distribution sont des bénévoles à qui ce travail procure, à en croire Mme Kurzen, «  tant de bonheur, de joie partagée, de la bonne humeur et une sensation d’être utile à des personnes qui sont dans le besoin, qui sont désemparées, parce que vivant des situations difficiles, qui ont perdu leurs racines, leurs repères » pour leur « apporter un peu plus d’humanité » poursuit-elle. Pour cette responsable, en arrivant au centre, « on est attendus, appréciés, alors que, peut-être, dans nos vies, chacun est de son côté, on est en Suisse ; on a peut-être pas cette reconnaissance auprès des autres gens de notre pays ». C’est pourquoi, il s’agit, à travers ce travail, « de reconnaître la dignité humaine en chaque personne, quelle que soit sa situation ou son origine. » La seule difficulté qu’elle déplore, cependant, est que de temps en temps, la quantité de nourriture est insuffisante. Ce qui n’altère pourtant pas la détermination à aider. Ainsi, au-delà de cette distribution, il s’agit de vrais rencontres de personnes, de véritables relations humaines.

La position du directeur

Monsieur Eric Aymonier, directeur du centre de Couvet

Même son de cloche de la part du responsable du centre de requérants de Couvet, monsieur Eric Aymonier. Pour lui, cette distribution qui a été préparée pendant une année est un apport non négligeable pour les habitants de son centre. Ce dernier fournit la logistique pour que tout se passe au mieux. Cette distribution n’a pas manqué de susciter d’autres bonnes idées. Selon le directeur M. Aymonier, « pour tisser davantage les liens, le centre prévoit, ensemble avec les bénévoles, des pique-niques et d’autres activités afin de maintenir et d’enrichir ce climat de contact, cette dynamique de convivialité qui se transforme en un réseau de relations. » M. Aymonier croit en cette dignité humaine et ne supporte pas le terme de « requérants », souhaitant plutôt parler de « résidents » pour souligner cette relation humaine harmonieuse qui doit exister entre ceux qui habitent le centre et ceux qui y travaillent.

Paroles de requérants

Monsieur Jean-Michel dit « Rasta man »

Quant aux bénéficiaires eux-mêmes, cette distribution est un véritable moment de partage. Pour le requérant d’asile M. Jean-Michel, dit « Rasta man », « cette organisation nous apporte un plus et nous permet de tenir jusqu’à la fin du mois. Elle  donne une image contraire à celle de toutes les stigmatisations dont nous sommes parfois victimes et nous dit qu’une autre Suisse est possible, celle qui vient au secours de ceux qui sont désemparés. La Suisse de la Table Suisse est une Suisse solidaire. » Pour sa part, la requérante d’asile Mme Bijoux Fall estime que « la distribution du mardi soulage un tant soit peu notre portefeuille. Elle nous met aussi en relation directe avec la nourriture suisse et nous permet, de ce fait, d’avoir une idée sur les habitudes alimentaires des Suisses. »

Telle se présente la réalité de cette opération de distribution de nourriture. Chacun y trouve son compte autant qu’il y apporte sa contribution selon sa capacité.

Angèle BAWUMUE NKONGOLO

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils