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Flash Infos #156

Sous la loupe : Le parlement enterre définitivement l’hébergement des requérants d’asile dans des conteneurs / 4 agents du centre fédéral de Boudry condamnés pour mise en danger la vie d’autrui / Allemagne : le nouveau maire d’Ostelsheim est un réfugié syrien

Nos sources:

Le parlement enterre définitivement l’hébergement des requérants dans des conteneurs

Le temps, le 15 juin 2023

 

Au centre d’asile de Boudry, Quatre agents condamnés pour mise en danger la vie d’autrui

Le Temps, le 15 Juin 2023

 

Allemagne : le nouveau maire d’Ostelsheim est un réfugié syrien

Libération , 18 Juin 2023




Frontex au menu de la votation populaire du 15 mai

Le peuple suisse votera le 15 mai sur l’augmentation de la participation financière de la Suisse à Frontex. Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils.

Témoignages d’exilé.e.s ayant croisé Frontex sur leur chemin

Le 15 mai prochain, le peuple suisse votera sur « la reprise du règlement de l’Union Européenne (UE) relatif au corps européen de garde-frontières et de garde-côtes (développement de l’acquis de Schengen) », c’est-à-dire l’augmentation de la participation de la Suisse à Frontex:  l’Agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes

Créée en 2004, Frontex surveille les frontières extérieures de l’espace Schengen. Ses missions sont de lutter contre la criminalité transfrontalière, le trafic d’êtres humaines, le terrorisme et la migration clandestine. L’agence est financée par l’Union européenne (UE) et les pays signataires de l’accord de Schengen non membres de l’UE (comme la Suisse).

Les principaux enjeux de la votation sur Frontex

En raison de l’accord de Schengen, la Suisse doit augmenter sa contribution financière au garde-frontière Frontex. Certains partis politiques de gauche et des organisations de soutien à la population migrante ont lancé un référendum pour dénoncer les mauvais traitements infligés aux migrants et le non respect de leurs droits fondamentaux. Les promoteurs du référendum remettent en cause la politique migratoire de Frontex et demandent plus d’ouverture de la part de l’Europe. Ils considèrent également que l’agence a « une politique migratoire européenne basée sur la violence » . Ils et elles dénoncent une « militarisation des frontières » et une « criminalisation des migrations ». Ils soulignent aussi que plusieurs enquêtes sont en cours contre Frontex, pour mise en danger des personnes migrantes et pour sa participation à des opérations refoulements de personnes migrantes. Pratiques qui violent la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, car les personnes expulsées de l’espace Schengen ne peuvent pas déposer de demandes l’asile.

A cause de la crise migratoire de 2015, l’UE a décidé de renforcer le contrôle de ses frontières en investissant davantage de ressources financières et humaines. En tant que membre de l’espace Schengen, la Suisse est invitée à augmenter sa contribution financière à Frontex. Cette contribution s’est élevée à 24 millions de francs en 2021. Mais d’ici à 2027, ce chiffre pourrait augmenter jusqu’à 61 millions de francs par an si le peuple dit oui à la réforme de Frontex le 15 mai. Le Conseil fédéral et le Parlement soutiennent cette augmentation de la contribution de la Suisse avec les Etats signataires de Schengen et Dublin. Selon le gouvernement et le Parlement suisse, un « non » mettrait en péril la coopération de la Suisse avec les pays voisins membres de l’espace Schengen et aurait également des conséquences négatives sur la sécurité, l’asile, le trafic transfrontalier, le tourisme et l’économie en général du pays.

Logo de Frontex. Source: Wikipedia

Collaboration avec le Bla-Bla Vote

En tant que rédacteurs et rédactrices de Voix d’Exils, site d’information destiné à l’expression libre des personnes migrantes, nous avons choisi de donner la parole aux personnes qui ont rencontré Frontex sur leur chemin d’exilé.e.s. Nous avons interviewé 5 apprenants d’une classe de français de l’EVAM sur Frontex parce qu’ils se trouvent en Suisse en tant que personnes demandeuses d’asile. Ils ont traversé les frontières de l’Europe pour atteindre la Suisse et ils ont rencontré les garde-frontières et les garde-côtes de Frontex sur leur chemin. Nous avons réalisé ces interviews dans le cadre d’une collaboration avec le projet Bla-Bla Vote: un débat citoyen et une émission radio qui a lieu un peu avant les votations populaires fédérales à la Maison de Quartier de Chailly à Lausanne. Son but est de rendre plus compréhensible un des objets politiques sur lequel la population doit voter pour permettre aux participant.e.s de se faire leur propre opinion. Après le débat, le Bla-Bla Vote est diffusé en podcast sur la webradio d’Eben-Hézer Lausanne. Le sujet du dernier Bla-Bla Vote était Frontex et le débat a eu lieu le 8 mai. Les invités étaient Laurent Wehrli conseiller national, membre du Parti libéral-radical (PLR) et Aline Favrat, membre du comité référendaire No Frontex.

Dans le cadre de cette collaboration, la classe de français de l’EVAM a participé à un atelier qui leur a présenté le sujet de la votation sur Frontex en français facile à lire et à comprendre. A la fin de l’atelier, la rédaction de Voix d’Exils a enregistré les questions des apprenants et certaines d’entre elles ont été posées aux invités pendant le Bla-Bla Vote du 8 mai. Après l’atelier, nous avons aussi mené des interviews avec les membres de la classe (voir ci-dessous); et à partir de ces interviews, nous avons réalisé un sujet de 4 minutes qui a été diffusé durant l’émission radio du Bla-Bla Vote. Cliquez ici pour écouter toute l’émission du Bla-Bla Vote du 8 mai sur Frontex.

Voix aux personnes ayant croisé Frontex sur leur chemin

Interview #1
Interview #2
Interview #3
Interview #4
Interview #5

Renata Cabrales

en collaboration avec la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Revue de presse #53

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous loupe: Le Centre d’asile de Boudry accusé de maltraiter des personnes migrantes / La guerre en Syrie : une catastrophe qui n’est pas encore terminée / Migration et asile: l’UDC recalée à deux reprises

Le Centre d’asile de Boudry accusé de maltraiter des personnes migrantes

RTS.ch, le 13 mars 2021

L’association Droit de rester Neuchâtel a envoyé une lettre ouverte au Secrétariat d’État aux migrations (le SEM) pour dénoncer un accroissement préoccupant, depuis plusieurs mois, de mauvais traitements envers les personnes migrantes du Centre fédéral d’asile (CFA) de Boudry à Neuchâtel. L’association pointe du doigt les abus de pouvoir de certains agents de sécurité de l’entreprise Protectas qui auraient fait preuve de mépris et de comportements racistes et auraient créé un climat de peur.

Denise Graf, juriste, militante et signataire de la lettre adressée au SEM, appelle à mettre immédiatement fin à cette situation. Invitée à l’émission Forum de la RTS samedi dernier, elle souligne que le système actuel n’est pas adapté à la situation de certaines personnes migrantes qui arrivent en Suisse avec des traumatismes graves. Elle demande d’arrêter toute sous-traitance avec des sociétés de sécurité privées très mal formées et d’engager des professionnels qui ont des compétences pour s’occuper de ce public comme cela était présenté par le SEM dans le « Centre test » où l’encadrement a été assuré par des institutions de droit public et où la sécurité a été peu visible.

La guerre en Syrie : une catastrophe qui n’est pas encore terminée

Caritas.ch, le 10 mars 2021

La guerre en Syrie est l’une des plus grandes catastrophes humanitaires depuis la deuxième guerre mondiale. Après dix ans de guerre, l’aide humanitaire en Syrie et dans les pays voisins est toujours essentielle. Après dix ans de guerre, environ 80 % des habitantes et habitants du pays vivent dans la pauvreté. Caritas Suisse a mis en œuvre des projets humanitaires d’un montant de plus de 76 millions de francs en Syrie, au Liban et en Jordanie. Depuis 2012, les mesures d’aide de Caritas ont bénéficié à environ 670’000 personnes selon l’organisation.

La guerre a engendré énormément de déplacés. Sur une population de 21 millions de personnes, plus de 6,5 millions de Syriennes et Syriens ont fui leur pays pour se réfugier principalement dans les pays voisins. Environ un million de réfugiés Syriens sont arrivés en Europe et un peu plus de 6 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays. Environ 20’000 Syriennes et Syriens vivent actuellement en Suisse. Près de la moitié d’entre eux — 8’500 personnes environ — n’ont pas le statut de réfugié, mais seulement celui de personnes admises à titre provisoire et Caritas demande au Conseil fédéral de leur octroyer le plus rapidement possible le statut de réfugiés.

Migration et asile: l’UDC recalée à deux reprises

www.msn.com, le 16 mars 2021

Dans ces temps de Covid-19, l’Union démocratique du centre (UDC) a réussi à obtenir une session extraordinaire du parlement suisse sur le thème « Migration et asile ». Michaël Buffat UDC/VD est le conseiller national qui a défendu deux motions pour durcir les conditions d’entrée en Suisse des personnes qui font l’objet de programmes de réinstallation avec l’aide du l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

L’UDC demande que la Suisse n’octroie plus l’asile à des groupes de réfugiés « comprenant des personnes qui ne disposent pas d’une identité attestée » ou « s’il est avéré ou soupçonné qu’elles sont originaires d’une région à forte concentration de courants radicaux ». Elle demande aussi que cette catégorie de personnes en Suisse soit mise dans des centres fermés ou surveillés en permanence. Du côté alémanique, Andreas Glarner UDC/AG accuse le Conseil fédéral de jouer le rôle de « passeur ».

En guise de réponse, Ada Marra PS/VD a rappelé des chiffres: « En 8 ans, 4’752 personnes ont bénéficié de ces programmes de réinstallation, dont 4’000 environ de Syrie. On peut y ajouter 90 mineurs non accompagnés. Elle a accusée l’UDC de chercher des poux à des mesures « lilliputiennes ». Marco Romano, pour le groupe du Centre tessinois, a déploré de son côté deux motions « qui stigmatisent et créent de la peur », alors le programme de réinstallation concerne des enfants et des familles en détresse. Un point que Damien Cottier (PLR/NE) a repris parlant de « la Suisse de la Croix-Rouge » qui vient en aide et protège « des femmes, des enfants et des personnes qui n’ont plus rien ».

Résultat: lors du vote du parlement, l’UDC a essuyé deux revers consécutifs au refus de ces deux motions.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils