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Revue de presse #14

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Réseaux criminels démantelés en Éthiopie / Massacre de migrants bengali en Libye / Réfugiés expulsés de leur appartement en Grèce

Trafiquants de migrants arrêtés en Éthiopie

Rfi.fr, 20.03.2020

L’Éthiopie mène une opération de grande envergure contre les réseaux criminels qui organisent la traite de migrants vers la Libye. Début mars, la police nationale capturait un célèbre chef de réseaux de passeurs d’origine érythréenne: Kidane Zekarias Habtemariam. Peu après, c’était au tour de « Walid » Tewelde Goitom, autre trafiquant érythréen, d’être arrêté avec son frère et quatre autres complices dans un café éthiopien. Cette arrestation a pu se faire grâce à la dénonciation d’une de ses victimes qui avait alerté la police après l’avoir reconnu dans la rue.

Comme le précise la journaliste érythréenne Meron Estefanos, Walid est un caïd à la sinistre réputation parmi les migrants de la Corne de l’Afrique. Devenu millionnaire grâce au trafic d’êtres humains, il se plaisait à parader avec des armes de guerre et se vantait de violer toutes les femmes qui passaient par ses réseaux. « Son arrestation est enfin un réconfort pour toutes les victimes et leur famille. Un réconfort pour ceux qu’il a kidnappés et torturés et un message envoyé à tous les autres trafiquants qui exploitent des réfugiés innocents d’une manière inhumaine », relève la journaliste.

Les autorités éthiopiennes étudient actuellement la meilleure option pour juger ces criminels qui disposent de plusieurs passeports : les extrader vers un pays européen où ils sont poursuivis ou les juger sur place.

Migrants originaires du Bangladesh massacrés en Libye

Rfi.fr, 30.05.2020

Le massacre fin mai de vingt-six Bengalis, près de Tripoli, a attiré l’attention sur les filières de migrants originaires du Bangladesh qui gagnent la Libye dans le but d’y trouver du travail ou d’atteindre les côtes européennes.

Le ministère des Affaires étrangères du Bangladesh a dénoncé le fait que les migrants massacrés avaient été enlevés, détenus et torturés en Libye par des passeurs, en vue de leur soutirer des rançons.

Peuplé par plus de 162 millions d’habitants, le Bangladesh est l’un des principaux pays d’origine des migrants qui cherchent à gagner l’Europe via la Méditerranée selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Des difficultés économiques, dues notamment à la sécheresse, expliqueraient le déplacement annuel de 700’000 personnes à l’intérieur du pays ainsi qu’une forte émigration. A choisir, beaucoup de Bengalis préfèreraient l’exil aux bidonvilles de Dacca, la capitale.

Profitant de cette détresse, des réseaux de passeurs ont monté à Tripoli des sociétés fictives pour l’emploi de main d’œuvre étrangère. Ces réseaux proposent des contrats de travail fictifs en Libye et promettent aux candidats de leur faciliter le voyage.

Attirés par la perspective d’une vie meilleurs, les migrants soit prennent l’avion sur la ligne Dacca-Dubaï-Istanbul-Tripoli, soit passent par l’Égypte d’où ils traversent ensuite les frontières terrestres vers la Libye.

Une fois sur place, le scénario est le même qu’avec les migrants africains, à savoir qu’ils sont enlevés par les mêmes personnes qui ont organisé et facilité leur voyage. Une rançon est alors réclamée à leurs familles. Si ces dernières ne la paient pas, ils seront torturés et devront effectuer pendant des mois toutes sortes de travaux forcés. Chaque migrant paie à ces réseaux bien rodés entre 7’000 et 15’000 euros, soit vingt ans de salaire moyen au Bangladesh.

Les activités criminelles de ces sociétés de trafiquants d’êtres humains ont également été dénoncées par l’Égypte qui a arrêté des médiateurs de bureaux d’emplois fictifs en activité au Caire.

Réfugiés expulsés de leur appartement en Grèce

Tribune de Genève, 01.06.2020

La nouvelle législation grecque a réduit de six mois à un mois la période pendant laquelle les réfugiés ayant obtenu l’asile peuvent rester dans les appartements sociaux. Plus de 11’000 réfugiés vont donc devoir quitter le logement qui leur avait été attribué pour laisser la place aux demandeurs d’asile en provenance des camps insalubres des îles de la mer Égée.

Le gouvernement grec juge cette politique d’expulsion nécessaire pour que les hébergements bénéficient aux plus de 32’500 demandeurs d’asile qui vivent dans des conditions sordides dans les camps surpeuplés. Selon le secrétaire du service d’asile grec « Il est normal que ceux qui sont en Grèce depuis plus longtemps puissent laisser leur place. Il faut mettre une limite et que les réfugiés s’intègrent et trouvent un travail ».

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés se dit préoccupée par cette décision : « En théorie, les réfugiés ont droit à des aides, mais en réalité pour ceux qui ne parlent pas la langue, naviguer dans la bureaucratie grecque peut être extrêmement difficile ».

Le gouvernement grec, quant à lui, soutient que les réfugiés peuvent s’inscrire au programme HELIOS, mis en place par l’Organisation internationale pour les migrations, qui leur permet de suivre des cours de grec et de bénéficier d’une allocation pour leur logement.

Mais l’action d’HELIOS est jugée peu efficace par l’ONG Solidarity Now : « Les réfugiés sont censés trouver eux-mêmes un logement, or ils font face à des attitudes xénophobes des propriétaires, à des démarches administratives peu compréhensibles et au manque d’offre d’appartements bon marché. »

Oumalkaire / Voix d’Exils




Revue de presse #9

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Covid-19, les Africaines en première ligne / Asile, une Suisse peu généreuse / Surpeuplé, un camp grec part en fumée / La Grèce ouvre des hôtels aux migrants

Covid-19, sensibiliser les Africaines

Jeune Afrique, 27 avril 2020

En Afrique, les systèmes de santé fonctionnent en grande partie grâce au travail invisible et gratuit des femmes. Il en va de même pour l’économie, dont l’essentiel repose sur leurs solides épaules puisqu’elles assurent 60% de l’agriculture vivrière. Une agriculture essentiellement tournée vers l’autoconsommation et l’économie de subsistance. Sur les marchés locaux, ces mêmes femmes constituent la majorité des marchands et des clients.

Or, de par leur rôle central, les Africaines sont tout particulièrement menacées par le Covid-19. D’autant que, malgré l’instauration de l’état d’urgence sanitaire dans beaucoup de pays du continent, le respect des mesures de prévention pose problème.

Faute d’actions de sensibilisation qui leur seraient spécifiquement destinées, les femmes pourraient bien devenir, malgré elles, les vecteurs par excellence du Covid-19. La communication sur ce fléau doit absolument progresser car, dûment informées, les Africaines ont le pouvoir de contenir la propagation du virus.

22 MNA accueillis en Suisse ? Ce n’est pas assez !

asile.ch, 28 avril 2020

La Suisse entend renforcer son soutien à la Grèce dans le domaine de l’asile. Elle va financer des projets humanitaires, fournir des tentes et des lits pour les camps de réfugiés, envoyer des garde-frontières en renfort et accueillir vingt-deux requérants d’asile mineurs non accompagnés (MNA) pour autant qu’ils aient de la famille en Suisse.

Alors que la communication officielle et certains médias saluent l’élan de solidarité suisse, Aldo Brina, chargé d’information sur l’asile du CSP Genève, se montre plus critique. Selon lui, le nombre de migrants auxquels la Suisse a décidé d’ouvrir ses portes est insignifiant face à la multitude de migrants bloqués en Grèce – parmi lesquels 5000 MNA – dans des conditions catastrophiques sur les plans sanitaire et humain.

Accueillir des requérants d’asile mineurs là où ils ont des proches qui peuvent s’occuper d’eux n’est pas un acte de générosité, rappelle Aldo Brina, mais la simple application du cadre légal en vigueur prévu par le Règlement Dublin.

Moralité ? Au vu des besoins, la Suisse peut et doit faire plus.

Camp de réfugiés grec en flammes

RTBF, 14 avril

Le camp de migrants surpeuplé de Vathy, situé sur l’île grecque de Samos, fermera avant la fin de l’année, a promis le ministre grec de l’immigration, Notis Mitarakis, après une inspection des lieux. Les migrants devraient être transférés dans un autre camp, situé à sept kilomètres de là.

Cette annonce survient après que des luttes entre migrants africains et afghans ont donné lieu à des incendies qui ont ravagé Vathy pendant deux jours, détruisant des tentes, des huttes et des maisons en préfabriqué. C’est du moins la version donnée par des organisations humanitaires.

La police, qui a interpellé 22 migrants, a une autre explication. Selon elle, des migrants ont bouté le feu au camp dans l’intention de forcer le gouvernement à les ramener sur le continent.

Quoi qu’il en soit, la situation est assurément explosive dans un camp qui abrite 6800 migrants, soit dix fois plus que sa capacité maximale.

Des migrants hébergés dans des hôtels en Grèce

RTBF, 14 avril 

Des politiciens et des ONG demandaient avec insistance mais en vain que les camps de migrants grecs soient complètement vidés étant donné leur surpopulation et les conditions d’hygiène déplorables. Covid-19 oblige, des mesures ont enfin été prises. Quelque 1000 réfugiés vulnérables en provenance des camps de Lesbos et d’autres îles grecques ont été transférés provisoirement dans des hôtels désertés par les touristes.

Cette opération a été rendue possible grâce aux efforts concertés du HCR (Agence des Nations Unies pour les réfugiés), de l’Organisation internationale pour les migrations, du gouvernement grec et de la Commission européenne.

Selon la Grèce, près de 10’000 migrants auraient déjà fait le voyage du camp à l’hôtel lors des trois premiers mois de l’année.

En vertu de l’accord entre l’Union européenne et la Turquie, les migrants peuvent être renvoyés en Turquie uniquement depuis les îles.

Oumalkaire / Voix d’Exils




80 millions de cicatrices

Unsplash.com. Auteur: Daniel Fazio.

sur la conscience de l’humanité

L’exploitation des réfugiés et leur utilisation comme menace pour faire chanter l’Europe est mise en pratique depuis plusieurs jours par le président turque Recep Tayyip Erdoğan, alors que des milliers de réfugiés affluent vers la frontière greco-turque. La question des déplacés est actuelle et importante. Voici une réflexion approfondie sur ce sujet global.

Les guerres sont provoquées, les pays sont divisés, les réfugiés inondent le monde, tandis que des terribles images sont affichées chaque jour sur des écrans de télévisions et d’ordinateurs de migrants se noyant dans la mer agitée, mourant d’épuisement ou de famine, tués par des mercenaires, exploités par des trafiquants d’êtres humains et transformés en marchandise et monnaie d’échange. Ils sont victimes de l’opportunité des machinations politiques et du « changement de régime », en d’autres termes, des malheurs d’origine humaine ! Les enfants sont les plus vulnérables parmi les réfugiés. Ils sont infectés par des maladies très répandues et affectés par la malnutrition, le viol, le travail forcé et la négligence.

Selon les estimations de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), à la fin de 2019, 70,8 millions d’individus – un chiffre sans précédent – ont été déplacés de force dans le monde entier et ont été livrés aux mers orageuses, au soleil brûlant du désert et aux caprices des bureaux d’immigration qui les attendent dans les pays d’accueil.

En effet, à mesure que l’humanité progresse en terme de technologie, elle est renvoyée à l’âge de pierre quand il s’agit de sa conscience!

Guerres par procuration

L’autre jour, je faisais défiler ma page Facebook lorsque je suis tombé sur cette nouvelle: « Fatima Ibrahim Hadi, 12 ans, est décédée de malnutrition le 4 février de cette année après que ses photos aient envahi les médias internationaux comme preuve vivante de la laideur de l’impact de la guerre sur le Yémen et des crimes des forces en présence dont la seule préoccupation est le pouvoir, au milieu de souffrances humaines aggravées par le silence et l’oubli ». Au Yémen, on estime que 3,2 millions d’enfants et de femmes souffrent de malnutrition aiguë. Puis, en continuant à faire défiler ma page, j’ai trouvé cette nécrologie: « La famille al-Ghai est dévastée par la perte de quatre membres de sa famille qui ont péri en traversant la mer Égée de la Turquie vers la Grèce. Quatre autres membres de la même famille ont été sauvés. Beaucoup d’autres se sont noyés. La plupart sont originaires de Hassaké, gouvernorat de Syrie ».

Récemment, début octobre 2019, de nombreuses villes du gouvernorat de Hassaké, (Ras al-Ain, Tal Tamer, Tal Abiad), situées au nord-est de la Syrie, ont été envahies par les forces turques et ses alliés djihadistes syriens. Cette offensive, qui était le résultat d’un échange entre les présidents Trump et Erdogan, a déclenché le déplacement de 200’000 à 300’000 personnes du jour au lendemain! 

Les réfugiés meurent deux fois

Le président turc Erdogan, dont le pays est profondément impliqué dans la guerre en Syrie, et qui a ouvert les frontières de son pays aux réfugiés syriens au début du conflit, les utilise désormais comme monnaie d’échange et de chantage, menaçant carrément d’inonder l’Europe de 3,6 millions de réfugiés syriens si ses demandes ne sont pas satisfaites!

Quelqu’un a dit que ces pauvres réfugiés meurent deux fois: une fois lorsque leur habitat naturel est détruit et qu’ils sont bombardés hors de leur pays. Et une deuxième fois, lorsqu’ils sont en route pour atteindre les pays d’accueil!

Au cours de sa mission officielle auprès de l’ONU, Jean Ziegler, sociologue genevois, a effectué un voyage d’étude en mai 2019 à Lesbos, l’île qui abrite l’un des cinq centres d’accueil pour réfugiés de la mer Égée en Grèce. Et dans son livre récemment publié « Lesbos, la honte de l’Europe », il décrit comment 20’000 réfugiés y sont entassées dans des conditions totalement inhumaine, en violation flagrante des principes les plus fondamentaux des droits humains! Ces conditions selon lui sont « créées par l’Union européenne dans un seul but: créer la terreur et la dissuasion pour empêcher l’arrivée d’autres réfugiés ».

Médias sous contrôle

Etant bien conscient de la nature de la politique, il n’y aura pas de fin à ces tragédies d’origine humaine à l’avenir. L’ONU, les organisations non gouvernementales (ONG) et les personnes de bonne volonté ne disposent pas des moyens de pression appropriés pour mettre fin à cette situation.

Pendant ce temps, les pays puissants qui ont été impliqués dans ces catastrophes d’origine humaine ne sont intéressés qu’à la façon de « diviser le gâteau » de pays comme la Syrie, la Libye, l’Irak, le Yémen, l’Afghanistan et de nombreux autres qui sont devenus des États défaillants incapables de protéger leurs citoyens; tandis que les médias grand public contrôlés n’osent pas exposer les vraies causes de ces tragédies. Et le reste du monde dort tranquillement la nuit après avoir changé de chaîne de télévision ou avoir communiqué d’autres histoires plus agréables sur leurs écrans d’ordinateurs ou de smartphones.

Si l’humanité avait vécu selon certains principes et valeurs humaines, la plupart de ces personnes déplacées seraient restées chez elles, jouissant d’une vie digne et sûre, même s’ils devaient tolérer la pauvreté.

H. Dono
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 

 




Le Refugee Food Festival offre la chance à des chefs cuisiniers migrants de révéler leurs talents

La Buvette des Bains sert les assiettes nigérianes. Photo: rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Cuisine, découverte, partage et intégration : les leitmotivs d’un festival original et novateur

L’Association Food Sweet Food en collaboration avec le l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (le HCR) a organisé la première édition Suisse du « Refugee Food Festival » qui s’est tenue du 11 au 15 Octobre 2017 à Genève. Ce festival a mobilisé cinq restaurants qui ont confié leurs cuisines à des chefs réfugiés migrants pour faire découvrir au public des plats traditionnels de leur pays.

Le Refugee Food Festival a débuté en France il y a maintenant trois ans et 2017 marque la première édition Européenne. Le festival s’est tenu cette année dans des grandes villes comme : Paris, Athènes, Madrid, Amsterdam, Rome, Milan. Une édition spéciale pour Noël se tiendra du 18 au 24 décembre à Strasbourg. Cet événement culinaire célèbre les saveurs des cuisines du monde. Cette initiative novatrice et originale rencontre un franc succès. Des chefs cuisiniers réfugiés sont accueillis par des restaurants locaux pour concocter et servir des repas traditionnels l’espace d’un service. Du 11 au 15 octobre, ce sont cinq adresses genevoises qui ont confié leurs cuisines à des chefs et des cheffes d’origines syrienne, érythréenne, sri lankaise, tibétaine et nigériane.

 

L’assiette nigériane proposée aux bains des Pâquis

Le jeudi 12 octobre, la rédaction vaudoise de Voix d’Exils s’est rendue à la buvette des Bains des Pâquis pour déguster les plats concoctés par le chef Nigérian Timothy Desmond Eze. Sur le coup de midi, la buvette s’est très vite remplie. « L’assiette nigériane » était ajoutée au menu et mise sur un pied d’égalité avec les autres plats. Le cuisinier invité dans le cadre du festival a proposé deux plats typiquement nigérians: l’un à base de poulet et l’autre végétarien. Les deux plats ont régalé les visiteurs, car plus de 600 assiettes ont été servies pour le plus grand plaisir du public.

La Buvette des Bains. Photo: rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Promouvoir la cuisine comme moyen d’intégration professionnelle

Un des buts que poursuit le festival est de favoriser par la cuisine l’accès à l’insertion professionnelle de personnes réfugiées. Il mobilise donc des cuisiniers confirmés ou en voie de confirmation, qui ont fait le pari de la cuisine pour s’insérer dans leur pays d’accueil. Il a vocation à fédérer une communauté de volontaires et de restaurateurs qui s’engagent dans différents pays à promouvoir l’insertion professionnelle de personnes réfugiées dans le milieu de la restauration. Chaque Refugee Food Festival est ainsi un tremplin vers l’emploi pour les chefs qui ont l’opportunité de démontrer leurs talents.

Julia Dao interviewée par Lamine. Photo: rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Changer le regard sur les réfugiés

Un autre objectif du festival est de contribuer à faire évoluer les regards sur le statut de réfugié, en améliorant la compréhension de leur statut, en valorisant les chefs qui y participent ainsi que le patrimoine culturel qu’ils ont à partager. Le festival vise à montrer que derrière la « crise des réfugiés », il y a des femmes et des hommes qui ont des talents, des métiers, des savoir-faire qui ne demandent qu’à être révélés pour contribuer à enrichir leur pays d’accueil. Cette initiative citoyenne défend un état d’esprit positif, valorisant, vertueux, allant à l’encontre de discours parfois misérabiliste ou de perceptions anxiogènes de l’arrivée de réfugiés.

Timothy Desmond Eze en cuisine. Photo: rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Rencontres culturelles, culinaires et humaines

Le Refugee Food Festival est également un moment convivial et fédérateur, car la cuisine est une formidable porte d’entrée sur le monde et sur l’autre. Elle permet de rassembler des citoyens de tous horizons autour d’un bon repas avec des menus savoureux, originaux, qui sont concoctés avec de bons produits. Ce moment convivial et fédérateur se retrouve aussi dans les cuisines, lorsque les cuisiniers réfugiés rencontrent le personnel des restaurants qui les accueillent et qu’ils mettent en commun leurs savoir-faire culinaires.

Mylène et Lamine

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

« Triomphe de l’ananas » ou « Être ou ne pas être » – commentaire

Les habitués des Bains des Pâquis ont eu l’opportunité de découvrir la cuisine nigériane. « L’assiette nigériane » était présentée sous deux

formes : pour les omnivores et pour les végétariens. Le plat végétarien a eu le plus de succès. L’ananas, exposé solennellement sur l’assiette, excitait l’imagination et incitait à aller voir le cuisinier.

Timothy Desmond Eze. Photo: rédaction vaudoise de Voix d’Exils

A première vue, c’est un homme avec un charisme digne du pirate Long John Silver, le personnage de fiction du roman de Robert Louis Stevenson « L’Île au trésor », devant lequel (pour être bien accueillis) on devait chanter :

“Fifteen men on the dead man’s chest

…Yo-ho-ho, and a bottle of rum!”

Mais, en réalité, on a découvert que Timothy Desmond Eze est un jeune homme modeste, souriant et ouvert, très loin de Long John Silver. Et si décrire la vie actuelle de Timothy revenait à poser la question « Être ou ne pas être ? » Être un cuisinier en Suisse ou ne pas l’être ? Pour ce Nigérian, c’est une question essentielle, parce qu’il ne perd pas l’espoir de pouvoir vivre de son métier en Suisse.

Mylène

Interviews des organisateurs de l’édition genevoise du Refugee Food Festival sur Radio Django

Julia Dao et Brice Ngaramba interviewés par Lamine à Radio Django. Photo: rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Le 17 octobre 2017, Voix d’Exils a invité les deux organisateurs du Refugee Food Festival de Genève : Brice Ngaramba, porteur du projet, et Julia Dao, responsable communication du bureau Suisse du HCR, pour un interview sur les ondes de la Radio Django.

Vous pouvez écouter l’interview en cliquant ici

Lamine