1

FLASH INFOS #101

Photo: ADEPT / Twitter

Sous la loupe : Racisme à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne / Crise dans le monde du travail polonais suite à l’exil des femmes ukrainiennes / Suisse : les refus des demandes d’asile engendrent des interruptions d’apprentissage

Racisme à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne

20 Minutes, le 09.03.2022

Alors qu’ils se rendaient à la frontière ukraino-polonaise pour apporter de l’aide aux réfugié·e·s, deux personnes originaires du continent africain, parties de Suisse romande, ont été témoins et victimes d’actes violents de racisme. Arrivés sur les lieux, ils ont été menacés et contraints de fuir vers Cracovie, où le matériel d’aide a pu être redistribué « grâce à l’Église catholique », affirme l’un des deux afro-descendant touché par les actes de violence perpétrés par des groupes néonazis en Ukraine et Pologne.

Ils affirment également avoir vu deux camps de réfugiés, l’un « réservé aux Blancs » et l’autre « aux Africains ».

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Crise dans le monde du travail polonais suite à l’exil des femmes ukrainiennes

infomigrants.net, le 08.03.2022

Plus d’un million de réfugié.e.s Ukrainien.nes, principalement des femmes et des enfants, sont arrivé.e.s en Pologne depuis l’invasion russe. Le pays pourrait être confronté à des problèmes importants dans le secteur du travail, car la main d’œuvre des secteurs de la construction et de l’agriculture était auparavant principalement constituée d’hommes Ukrainiens qui doivent maintenant rentrer chez eux pour combattre.

Par ailleurs, l’arrivée de mères célibataires constitue un défi majeur pour l’organisation du pays en raison du manque d’infrastructures pour la garde d’enfants en Pologne, ce qui engendre des difficultés à trouver un emploi compatible avec la maternité.

Enfin, l’ONG La Strada qui travaille sur les questions de traite des êtres humains et de travail forcé, met en garde contre des risques d’abus liés à la crise. En effet, l’ONG a déjà reçu des témoignages de femmes qui disent avoir reçu des offres en échange de rapports sexuels.

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Suisse : les refus des demandes d’asile engendrent des interruptions d’apprentissage

RTS, le 03.03.2022

En Suisse, il est fréquent que des jeunes apprentis d’origine étrangère doivent interrompre leur apprentissage professionnel en raison d’un refus de leur demande d’asile. C’est le cas de Yosef, un jeune Iranien de 27 ans qui fait partie de la minorité Kurde et qui est arrivé en Suisse en 2018. Déterminé à devenir indépendant financièrement, Yosef a commencé en 2019 un apprentissage de monteur électricien. Mais il a reçu une réponse négative concernant sa demande d’asile, ce qui l’a forcé à mettre fin immédiatement à son apprentissage et à devenir dépendant de l’aide d’urgence.

Face à la situation, son employeur a écrit une lettre à l’Etat en précisant que Yosef travaille avec lui depuis deux ans et qu’il est un excellent apprenti, ceci afin de tenter de changer sa situation.

Il est à noter que chaque canton a des règles différentes pour les personnes étrangères en matière de prolongation de permis de séjour.

Karthik

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




FLASH INFOS #92

Photo: Wikilmages / Pixabay.com

Sous la loupe : Joe Biden contre le programme « Rester au Mexique » / Suisse : vers une augmentation des demandes d’asile ? / Le problème des centres pour migrant.e.s en Lituanie

Joe Biden contre le programme « Rester au Mexique »

Tribune de Genève, le 30.12.2021

L’actuel président des États-Unis Joe Biden s’est récemment positionné en faveur d’une interruption du programme d’immigration « Rester au Mexique », officiellement nommé « Protocoles de protection de l’immigration » (PPM).

Cette politique d’immigration controversée, mise en œuvre en 2019 par l’administration de l’ancien président Donald Trump, permet de renvoyer les demandeurs et demandeuses d’asile au Mexique pendant que leur dossier est en cours de traitement.

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Suisse : vers une augmentation des demandes d’asile ?

Tribune de Genève, le 30.12.2021

Dans une interview parue jeudi 30 décembre dans le journal alémanique « le Blick », le chef du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) Mario Gattiker a annoncé s’attendre à une hausse des demandes d’asile en Suisse pour l’année à venir. Il l’estime à environ 15’000 pour 2022, contre 14’500 en 2021.

L’augmentation de ces demandes serait liée à l’instabilité politique dans plusieurs pays d’Afrique, où la pandémie a aggravé la détresse économique.

L. B.

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Le problème des centres pour migrants en Lituanie

infomigrants.net, le 24.12.2021

En raison de la multiplication des flux migratoires passant par la Biélorussie, le nombre de personnes en situation d’exil tentant de rejoindre la Lituanie de manière irrégulière a connu une hausse sans précédent. Pour y faire face, ce pays voisin de la Biélorussie a mis en place en urgence des centres pour exilé·e·s où les conditions de vie s’avèrent problématiques.

C’est le cas du centre de Medininkai qui est divisé en cinq parties, séparées par des clôtures bâchées dont deux sont réservées aux hommes et trois autres aux femmes, aux familles et aux personnes homosexuelles. Au total, le centre compte environ 800 personnes. Les exilé·e·s dorment dans des containers installés à la hâte et manquent de tout, principalement de savon. Il arrive également que l’eau dans les douches reste froide une journée complète, ce même lorsqu’il fait moins -10 °C. Les personnes dans le centre s’irritent facilement car les garde-frontières lituaniens ont tendance à leur manquer de respect sans raison, en les traitant de « criminels » ou de « voyous ».

De nombreuses personnes dans cette situation ont fait appel après avoir vu leur demande d’asile rejetée. Le Parlement lituanien a d’ailleurs approuvé des amendements sur le statut juridique des personnes étrangères, autorisant à les garder en détention jusqu’à 12 mois lorsque le pays est en situation d’urgence, comme c’est le cas actuellement. Leur détention peut dorénavant être prolongée de six mois si leur demande est refusée.

L. B. et Z. A.

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Les noirs sont vulnérables et mis à l’index par le système politique »

Derou Georges Blezon, Président de MouReDiN. Photo: Voix d'Exils

Derou Georges Blezon, Président de MouReDiN. Photo: Voix d’Exils.

Le Mouvement pour le Respect et la Dignité du Noir (MouReDiN), est une association à but non lucratif basée à Lausanne depuis 2006. Elle défend une cohabitation dans le respect de la différence, des libertés et des droits de l’Homme entre étrangers et autochtones vivant en Suisse. Elle a aussi pour but de réorienter et d’aider les jeunes grâce à des projets créés et soutenus par des partenaires associatifs comme ACOR SOS-Racisme ou la Ligue Internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA). Ces projets visent essentiellement à éveiller les consciences et à encourager les jeunes noirs et étrangers à s’intégrer et à organiser leur avenir professionnel. Derou Georges Blézon, Président et responsable de MouReDiN, répond aux questions de Voix d’Exils.

Voix d’Exils : Quand et pourquoi avez-vous créé MouReDin?

Derou Georges Blézon : MouReDin a été créé le 1er août 2006, à la suite d’une intervention de la police chez moi, à Lausanne, où j’habitais à l’époque. Je recevais la visite de jeunes qui sollicitaient mes conseils, il y avait des sans papiers comme moi, des jeunes ayant des permis C ou B et des jeunes requérants d’asile. La police a fait l’amalgame entre les jeunes et moi, parmi lesquels il y avait des vendeurs de drogue. L’un d’entre eux a été interpellé d’une façon que j’ai jugé indigne et très violente. Cette indignation a suscité de la colère et de la frustration. Nous avons alors décidé, avec ACOR SOS-Racisme et Point d’Appui, de créer un mouvement politique : le Mouvement pour le Respect et la Dignité du Noir (MouReDiN). Pourquoi un mouvement politique? Parce que le comportement de certaines personnes vis-à-vis des noirs n’est autre qu’un comportement purement politique.

Quelle est la mission principale de votre association ?

Sa mission principale est de véhiculer un message du bien vivre ensemble, quelle que soit la couleur de la peau et d’éviter les amalgames. Si on y regarde de près, on s’aperçoit que l’Etat est davantage raciste que la population. C’est pourquoi, face à une telle situation, il fallait une association crédible et digne de ce nom.

Quelles sont concrètement les actions et activités de votre association ?

On a un conseil juridique, un conseil social et une orientation au niveau de la formation, ainsi qu’un conseil d’ordre administratif pour les déboutés. Dans ce cas, MouReDiN intervient compte tenu de l’ancienneté et des bonnes relations qu’il dispose auprès des associations alliées.

A qui s’adressent vos services ?

Nos services s’adressent aux noirs en priorité, parce qu’ils sont très vulnérables et mis à l’index par le système d’accueil et politique. Pour la simple raison qu’ils sont la minorité la plus visible et la moins défendue. En effet, les noirs ont presque toujours des emplois subalternes, comme: nettoyeurs, aides en cuisine, peintres en bâtiment, et mécaniciens… La précarité de leur situation économique, sociale et administrative a de nombreuses retombées directes sur la vie des parents et sur celle de leurs enfants. Les enfants qui veulent poursuivre des études – ce qui n’est pas envisageable dans la majeure partie des cas parce qu’ils sont trop tôt livrés à la rue par manque de contrôle parental -, sont confrontés à un périple sans issue.

Quels sont les secteurs ou régions où vous êtes le plus actifs ?

Le mouvement est basé actuellement à Lausanne, mais il a une ambition internationale. Au regard de toutes les associations ou ligues de défense des droits de l’Homme en Europe, dont MouReDiN lui-même est partenaire, MouReDiN veut se faire connaître en élargissant le champ de ses actions dans les années à venir. Ainsi, nous avons davantage travaillé du côté de la Suisse romande qu’au niveau de la Suisse alémanique.

Comment fonctionne votre association ?

Nous disposons de 15 membres actifs et sommes en collaboration avec des partenaires associatifs comme ACOR SOS-Racisme, la Ligue Internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA), le Forum des Etrangères et Etrangers de Lausanne (FEEL), Point d’Appui, le Centre Social Protestant FRAT- CSP et certains partis politiques comme les Verts, et le Syndicat Unia dont je suis membre.

En 2008, vous avez lancé le projet « Jeunes MouRedin 2008 », et en 2009 « Quelle valeur a mon permis / ma nationalité ? ». Depuis, plus rien, le silence… Pour quelle raison?

En réalité ce n’est pas un silence absolu, ces deux projets ont été confrontés à plusieurs problèmes d’ordre administratif d’où le silence. Le projet « Jeunes MouReDiN 2008 » était soutenu par le canton de Vaud et la Confédération Suisse. Notre objectif était d’aider les jeunes en rupture scolaire, de les appeler à faire preuve de retenue, à les ramener à la raison pour qu’ils retrouvent la voie de la scolarisation. Tout d’abord, on a assisté au silence de nos jeunes à qui le projet était destiné, ensuite nous avons découvert que le service d’orientation en Suisse, auquel les jeunes sont assignés, n’était pas tout à fait ce l’on pensait, en ce sens que ce dernier est un espace de blocage et de stockage pour les jeunes noirs et étrangers.

Aujourd’hui, quel bilan tirez-vous de votre action et quel avenir pour MouReDin?

De 2006 à 2013 le bilan n’a été ni négatif ni positif. Nous sommes actuellement dans un moment de turbulence. Pour assurer une permanence qui réponde aux préoccupations des jeunes en rupture scolaire et aux parents en difficultés, face à la complexité du problème, il nous faut environ 30’000 francs de fonds. Mais nous sommes sereins quant à l’avenir de MouReDiN. Si, depuis un certain temps, nous avons disparu de la scène politique et administrative, il s’agit d’un recul préparatoire, car actuellement les membres du mouvement ainsi que moi-même sommes en formation. La plupart des membres du mouvement sont des jeunes qui ont grandi en Suisse, qui ont le permis C ou le passeport suisse. Ils sont actuellement en préparation d’examens. A la création du mouvement, nous avions comme objectif d’aller sur le terrain. En 2006 a eu lieu pour la toute première fois en Suisse « la Marche des Noirs » qui a compté 250 manifestants, avec également le soutien de nombreux partenaires comme le parti communiste et ACOR SOS-Racisme. Dans cette marche des noirs, on a compté non seulement des dealers, des personnes déboutées, mais aussi des noirs et étrangers qui sont employés en Suisse depuis plusieurs années.

Quel est votre message à l’endroit des populations étrangères ?

En faisant référence à mon ex-président Laurent Gbagbo qui disait : « Le bon ambassadeur, c’est chaque individu qui représente son pays dans un autre pays ». Autrement dit, c’est par ton comportement que tu incites au respect de ton pays d’origine. Nous, les étrangers, disposons de différents canaux pour arriver en Suisse et en Europe, comme la voie de la clandestinité que j’ai moi-même empruntée, la voie de l’asile et d’autres formes. Et je pense que la manière dont nous nous comportons individuellement montre qui nous sommes et d’où nous venons. Nous venons avec nos cultures et nos mentalités, mais une fois ici, nous sommes appelés à nous intégrer, à cohabiter. Je ne dis pas « devenir blancs », mais il faut être responsable de notre vie en sachant faire la part des choses. Ne fais pas dans le pays d’accueil ce que tu ne ferais pas dans ton pays.

Propos recueillis par El sam

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 Infos:

Mouvement pour le Respect et la Dignité du Noir (MouReDiN)

c/o Dérou Georges Blézon

Route de la Clochatte 9

1018 Lausanne

Email: mouredin@dignitenoire.ch

Email: blezonderougeorges@dignitenoire.ch

Site web: http://www.dignitenoire.ch

Tél: 079 385 92 59




Tout est possible!

Une étudiante en soins infirmiers. Auteur: Lower Columbia College (CC BY-NC-ND 2.0)

Pita, jeune Guinéen de 23 ans et requérant d’asile dans le canton du Valais depuis 14 mois a accepté de répondre à nos questions.

Quand Pita (nom d’emprunt) est arrivé en Suisse, il n’avait comme bagage que ses trois années passées à la faculté de médecine de son pays. Très vite, il a intégré l’équipe valaisanne de Voix d’Exils, ainsi que l’atelier de formation serrurerie du centre de formation et d’occupation « Le Botza » à Vétroz. Aujourd’hui, il se confie à nous :

« Dès mon arrivée en Suisse, mon premier objectif était d’éviter l’inactivité qui est la source de tous les maux des requérants d’asile (vol, vente de drogue, etc.), je savais que le chemin serait long et semé d’embûches. Mon souhait était de continuer mes études dans un domaine médical, même si j’avais de la peine à croire que ce soit possible. Après un laps de temps nécessaire pour m’adapter à mon nouveau pays d’accueil et grâce à l’écoute des encadrants qui s’occupaient de moi, j’ai émis le désir de m’inscrire à la HES-SO (Haute Ecole Spécialisée de Suisse occidentale) de Sion, dans le domaine d’étude de la santé. Cette école,  avec ses sept filières de spécialisation, prépare des professionnels à participer à la promotion de la santé et au développement d’une politique de santé communautaire. Les formations sont conçues en alternance entre études et terrain dans des lieux de pratiques professionnelles.

Après une première demande écrite qui a été refusée par le SPM (Service cantonal de la population et des migrations), j’ai reçu une réponse positive, un mois plus tard, suite à une deuxième demande.

A l’époque j’habitais à Martigny avec plusieurs colocataires qui n’avaient pas le droit de travailler ; ainsi ils veillaient la nuit et dormaient la journée, donc c’était compliqué pour moi d’étudier et de trouver l’argent pour me payer les transports jusqu’à la HES-SO. Mais tout s’est enchaîné pour mon plus grand bonheur, le Service de l’asile m’a trouvé, à Sion, une petite chambre qui n’a pas de cuisine mais qui me permet de me concentrer sur mes études, sans être dérangé. En contrepartie, j’officie en tant qu’appui aux devoirs scolaires pour les requérants d’asile mineurs accueillis au RADOS (structure d’accueil pour requérants d’asile mineurs non accompagnés à Sion) et je peux y prendre mes repas.

A l’école, la couleur de ma peau me fait de la pub. Jamais je n’aurais cru être si bien accueilli, tout le monde me connaît et discute avec moi. Pour eux, je ne suis pas un requérant d’asile, je suis un collègue. Une étudiante venant de Brigue m’a avoué n’avoir jamais discuté avec un Noir avant de m’avoir rencontré. Elle m’a proposé de me donner des cours de ski cet hiver. Je dois vous avouer que j’ai été très surpris de remarquer que ce que racontent certains politiques et médias afin de discréditer les requérants d’asile est totalement différent de ce que pensent les étudiants de cette école. Ce qu’il y a de bien, à part les cours, c’est l’ouverture d’esprit des étudiants et…le nombre de jolies filles !

Dans le cadre de ma formation, j’ai eu l’opportunité d’effectuer mon stage au sein du service de gériatrie d’un établissement hospitalier. Les objectifs de ce stage étaient de découvrir les différentes professions du domaine de la santé; de réaliser des actions de soins et d’accompagnement; d’évaluer mes aptitudes à travailler dans une équipe de soins et d’affirmer ma motivation de poursuivre mes études dans le domaine de la santé en général et, plus particulièrement, en soins infirmiers. Ce stage a été très enrichissant pour moi, tant au point de vue professionnel (j’ai pu valider mon stage avec 92 points sur 100) que relationnel et, sur ce deuxième point, je vais vous conter quelques anecdotes.

Souvent les patients me demandaient d’où je venais et je leur répondais que j’étais Haut-Valaisan. Devant leur mine ahurie et quand ils me demandaient : mais de quelle commune ? Je précisais enfin que je suis Africain.

Un jour, une patiente m’a demandé : Est-ce que vous faites de la magie pour changer aussi souvent de taille: le matin vous êtes petit et le soir vous êtes grand ? Je suis resté sans voix et, en réfléchissant, j’ai compris ce qu’elle voulait dire. Dans le même service que le mien se trouvait un collègue Sud-Américain très grand et de peau foncée. En fait, cette dame, très âgée, nous confondait (je suis plutôt petit). Une autre patiente m’appelait son rayon de soleil, cela me réchauffait le cœur.

Au terme de ce stage, j’ai eu la satisfaction d’avoir atteint mes objectifs. Mais plus que cette satisfaction, ce stage a été très enrichissant pour moi. J’espère donc continuer mes  études de Bachelor en soins infirmiers, en Suisse ou ailleurs, car je n’ai toujours aucune garantie de pouvoir rester ici. »

Ce que Pita nous a transmis par son témoignage, c’est que la clé de réussite est d’essayer car tout est  possible avec de la bonne volonté.

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils




« L’immigré n’est pas une personne dangereuse, l’immigré est une personne en danger »

Selon une idée reçue largement répandue en Suisse, les immigrés seraient responsables d’un pourcentage élevé de délits. Il en résulte que la criminalisation, la marginalisation et la stigmatisation sont le lot quotidien d’immigrés injustement dénigrés. Témoignages et analyse.

Le sport favori des partis politiques de droite est la stigmatisation des étrangers. L’UDC (Union démocratique du centre) et d’autres partis, aidés en cela par certains médias qui véhiculent et font de cette stigmatisation leurs choux gras, n’hésitent pas à dresser les citoyens suisses contre les étrangers. Pour arriver à leur funeste objectif, ces partis organisent des campagnes racistes, islamophobes et xénophobes pour semer la haine, diviser pour mieux régner ou plutôt pour mieux gouverner.

Le racisme : panache d’ignorance et de bêtise

Une série de stéréotypes concernant les immigrants sont véhiculés par ces politiciens sans scrupules qui présentent les immigrés comme une menace pour la société suisse en leur attribuant tous les maux, entre autres des problèmes d’intégration sociale. D’où de nombreux dérapages.

Flore est une réfugiée d’origine érythréenne. Elle nous dit avoir souffert dans sa chair de la stigmatisation et nous raconte comment, un jour, elle est entrée dans un magasin de vêtements situé au Flon, à Lausanne. Lorsqu’elle a pris un article pour le regarder de plus près, le vendeur lui a dit de « faire gaffe avec ses mains noires ». Aziz nous confie avoir, pour sa part, été prié de « quitter un bar » lausannois où il était allé boire un verre, parce qu’il était, selon lui, « un Arabe ».

« Les thèmes de l’invasion et de la contamination sont courants. Les réfugiés subissent une stigmatisation en Suisse », confirme sous couvert d’anonymat Carla*, une psychologue qui travaille depuis plus de sept ans pour une organisation d’entraide au service des réfugiés dans le canton de Vaud. « Ce qui est reproché aux immigrés c’est de voler les emplois des Suisses et d’envahir leur beau pays ».

Une Suissesse, qui a posté un commentaire dans une pétition en ligne contre l’immigration, affirme qu’elle a quitté l’hôpital un jour, car elle ne supportait pas de partager une chambre avec une « sale » immigrée.

La stigmatisation des immigrés « institutionnalisée » ?

D’après la psychologue Carla, la stigmatisation est principalement provoquée par le fait que « l’individu ne correspond pas à l’attente préconçue de la façon dont les gens devraient être. Les personnes stigmatisées sont considérées comme inférieures, ce qui les place dans une position sociale défavorisée et ce qui conduit à la ségrégation et à une restriction de leurs droits.»

De nombreux immigrés disent qu’ils ont connu la discrimination en matière d’emploi. Qu’ils ont eu du mal à décrocher « de bons emplois » et quand ils ont trouvé un emploi, qu’ils étaient moins bien payés que les nationaux. « Je nuirais à mes parents restés au pays, s’ils apprenaient que je nettoie les maisons des gens en Suisse après avoir étudié pendant de nombreuses années à l’université », confie une femme Camerounaise dont les diplômes ne sont pas reconnus en Suisse. « Nous sommes marginalisés à tous les niveaux. Nos diplômes ne sont pas considérés ici, se plaint Thierry, un immigré d’origine africaine. Les immigrants sont aussi discriminés en matière d’accès au logement. D’autres ne sont pas autorisés à entrer dans les clubs en raison de leur couleur de peau ».

Christophe, immigré Africain vivant en Suisse depuis huit ans, nous raconte avoir été victime d’une discrimination à peine voilée dans un train alors qu’il se rendait à son lieu de travail. « Un jour, alors que je venais de monter dans le train, à peine je m’assois que la contrôleuse se dirige vers moi et me demande mon billet. Surpris par son ton arrogant et méprisant, je lui demande pourquoi elle n’a pas contrôlé les autres passagers avant moi. Elle me rétorque : « parce que vous, les immigrés, vous n’achetez jamais de billets. Sidéré par sa réponse, je présente mon billet valide. Elle vérifie et me le rend sans mot. J’exige des excuses pour son comportement teinté de racisme et de xénophobie et elle me demande carrément de rentrer chez moi si je ne suis pas content ! », conclut Christophe, apparemment très affecté par cette triste expérience. Anita, immigrée d’origine ivoirienne, nous confie que « c’est particulièrement difficile de faire face, car il est impossible de cacher sa couleur de peau. Nul ne choisit de naître blanc, noir, rouge, jaune ou violet. Pour moi un raciste est égal à un terroriste », dit-elle avec amertume.

Selon Marjorie*, assistante sociale suisse travaillant pour une ONG à Lausanne, « les gens ont tendance à regrouper tous les immigrés ensemble selon leur couleur de peau. Il y a des idées stéréotypées et, pourtant, parmi les immigrés, on croise des gens intègres, des gens très cultivés, des intellectuels, des médecins, des journalistes, des hauts fonctionnaires dans leur pays qui, un jour, se sont vus obligés de tout laisser tomber et fuir pour diverses raisons… Le plus souvent pour sauver leur peau. Ce n’est pas juste de les traiter mal juste parce qu’ils viennent d’ailleurs. Penser que les Noirs sont tous des trafiquants de drogue et, par conséquent une menace, est absurde », relève-t-elle.

Comme le dit Jean-Luc Mélenchon, politicien français d’extrême gauche, «  la stigmatisation des migrants est le résultat de l’ignorance et de la haine (en lieu et place de la fraternité) qui guident les débats publics et les discours politiques. Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré ! » insiste-t-il. A quand un Jean-Luc Mélenchon en Suisse ?

Fbradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

* Prénom d’emprunt