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Revue de presse #60

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Des groupes anonymes dénoncent la politique d’asile suisse  / Les États-Unis admettront 125’000 réfugiés en 2022 / L’Allemagne respecte ses engagements envers la Grèce

Des groupes anonymes dénoncent la politique suisse d’asile

RTS, le 27 avril 2021

Selon le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), les attaques commises par des groupes anonymes envers les centres d’asiles et leur personnel ont atteint un niveau inquiétant et jamais connu auparavant. Ainsi, à Bâle, des actes criminels graves auraient été commis envers une collaboratrice et sa famille. En ce qui concerne les centres d’asile de Chevrilles (Fribourg) et Kapellen (Berne), des actes de vandalisme auraient causés des dégâts se chiffrant à plusieurs millions de francs. Ces actes ont été condamnés par le SEM et dénoncés aux autorités. Sur le mandat du Ministère public de la Confédération, des investigations sont menés par l’Office fédéral de la police et les polices cantonales. Se déclarant ouvert aux critiques constructives, le SEM a souligné que les groupes anonymes dénoncent une politique suisse d’asile jugée « inhumaine » et qualifient les centres d’asile de « camps de réfugiés ».

Les États-Unis admettront 125’000 réfugiés en 2022

RTBF, le 3 mai 2021

Le Président américain Joe Biden a annoncé, le 3 mai, une hausse considérable du seuil d’admission annuel de réfugiés aux États-Unis. Ainsi, rien que pour cette année, le chiffre se monte à 62’500 (contre 15’000 annoncé en début d’année). Pour rappel, durant le mois d’avril, le Président américain avait décidé de conserver temporairement le plafond historiquement bas de 15’000 personnes fixé par son prédécesseur Donald Trump. Cela lui a valu de dures critiques de la part de son propre camp – les démocrates – qui jugent ce seuil insignifiant. Pour 2022, Joe Biden a doublé le seuil et souhaite en tout les cas pouvoir admettre 125’000 réfugiés.

L’Allemagne respecte ses engagements envers la Grèce

Le petit journal, le 26 avril 2021

Le 22 avril, l’Allemagne a reçu sur son sol le dernier contingent de 103 réfugiés provenant des tristement célèbres camps de réfugiés des îles grecques de Lesbos, Chios et Samos. Au total, 2’765 personnes migrantes (enfants, femmes et hommes vulnérables) ont rejoint le pays depuis le mois d’avril 2020. Ainsi, l’Allemagne a respecté ses engagements envers la Grèce, convenus au printemps 2020, et se positionne en tant que pays ayant à ce jour accueilli le plus grand nombre de personnes en provenance des camps grecs. A ce sujet, Steve Alter – le porte-parole du ministère allemand de l’intérieur – rappelle l’importance de la solidarité des pays européens et pose la question : « que fait le reste de l’Europe ? ».

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 




Revue de presse #41

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Écart salarial entre migrants et nationaux en hausse selon l’OIT / Inquiétudes autour de l’initiative contre la burqa / Status quo pour les personnes admises provisoirement en Suisse

Ecart salarial entre migrants et nationaux en hausse selon l’OIT

Organisation internationale du Travail, le 14 décembre 2020.

Au cours des cinq dernières années, les inégalités salariales entre les personnes migrantes et les travailleurs nationaux n’ont cessé de se creuser dans plusieurs pays à revenus élevés selon une nouvelle étude menée par l’Organisation internationale du Travail (OIT). Les écarts entre les salaires sont les plus élevés à Chypre (42%), en Italie (30%) ou encore en Autriche (25%). Dans l’ensemble de l’Union européenne (UE), cet écart approche les 9%. D’un point de vue temporel, en Italie par exemple, les travailleurs immigrés gagnent 30% de moins que les travailleurs nationaux, contre 27 % en 2015. Au Portugal, l’écart salarial est de 29 % contre 25 % en 2015. En Irlande, il est de 21 % contre 19 % en 2015. Le rapport met également en lumière que les travailleuses migrantes font l’objet d’une double peine: en tant que migrantes et en tant que femmes. Plus récemment, c’est le même constat dans tous les pays étudiés: les personnes migrantes sont confrontées à des problèmes de discrimination et d’exclusion qui se sont aggravés avec la pandémie de la COVID-19.

Inquiétudes autour de l’initiative fédérale contre la burqa

Le Temps, le 11 décembre 2020.

L’initiative « anti-burqa », soumise au vote populaire le 7 mars prochain, sera l’un des thèmes politiques phares du début de l’année prochaine en Suisse. Dans le cadre d’une interview accordée au journal Le Temps Etienne Piguet, vice-président de la Commission fédérale des migrations, n’a pas caché son inquiétude avant la votation qui aura lieu le 7 mars prochain et en appelle à une discussion sereine. L’initiative « Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage », plus communément appelée « anti-burqa », a été lancée par le Comité d’Egerkingen, proche de l’UDC, qui était déjà à l’origine de l’initiative contre les minarets qui avait été acceptée à la surprise générale par 57% des votants le 29 novembre 2009 .

Status quo pour les personnes admises provisoirement

swissinfo.ch, le 16 décembre 2020

Les personnes au bénéfice d’une admission provisoire (permis F) en Suisse ne devraient pas voir leur statut changer. En effet, le 16 décembre 2020, le Conseil national a refusé d’entrer en matière sur un projet du gouvernement visant à durcir les règles pour les voyages et à les assouplir pour les déménagements. A cet effet, la Chambre du peuple s’est prononcée par 117 voix contre 72. La gauche et l’UDC se sont opposés au projet du Conseil fédéral pour des raisons différentes. Ce projet se base sur deux motions approuvées par le parlement. La première, déposée par Gerhard Pfister (PDC/ZG), voulait interdire aux détenteurs d’un permis F d’aller dans leur pays d’origine. La seconde, soutenue par la commission du Conseil des Etats, demande au Conseil fédéral de modifier ponctuellement le statut de l’admission provisoire afin notamment de lever les obstacles à l’intégration sur le marché du travail.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 




Refoulée à la porte des Nations Unies

Le Palais des Nations Unies à Genève. Auteur: Wikimédia Commons.

Le jour où j’ai perdu mon identité

Le permis F, attribué par la Suisse aux personnes admises provisoirement sur son territoire, n’est pas reconnu comme une pièce d’identité officielle. Il peut entraver la vie quotidienne de ses détenteurs. Une rédactrice de Voix d’Exils en a fait l’expérience.

C’était le 20 Juin 2019. J’étais à Genève pour participer à une conférence aux Nations Unies, en tant que défenseuse des Droits de l’homme, dans le cadre de la Journée Mondiale des Réfugiés.
Je ne peux oublier la frustration que j’ai ressentie lorsque je me suis vu refuser l’accès en salle parce que j’étais uniquement en possession d’un permis F, délivré pourtant par l’autorité suisse.

Lorsque je vivais encore au Yémen, mon pays d’origine, je venais régulièrement participer aux travaux de l’organisation onusienne. Mon passeport et mon accréditation étaient suffisants pour accéder aux commissions.

Suite à mes ennuis politiques, j’ai fait une demande d’asile en Suisse. Suivant la procédure, j’ai déposé mon passeport auprès du Secrétariat d’Etat aux Migrations (SEM) et, quelques temps après, j’ai reçu un permis N. J’ai continué ainsi à participer à certains travaux dans cet organisme, sans restrictions.

Aujourd’hui, admise à titre provisoire et disposant d’un permis F, l’accès m’est interdit, suite à l’application de nouvelles règles plus strictes. Voici l’essentiel de la discussion éprouvante qui s’est engagée entre l’agent de sécurité qui s’opposait à mon passage et moi:

 

Afkar : Bonjour Monsieur.

L’agent de sécurité : Bonjour Madame.

Je souhaite obtenir un badge, voici le nom de l’organisation que je représente. (lui présentant mon accréditation)

Votre pièce d’identité s’il vous plaît !

La voici (lui remettant mon permis F)

Madame, je suis désolé, ce document ne prouve pas votre identité.

Que voulez-vous dire Monsieur ?

Ceci est un permis de résidence provisoire. Vous ne pouvez pas avoir accès à la salle pour des raisons de sécurité. Vous devez lire les informations inscrites derrière… Un passeport est requis.

Oui, mais il s’agit d’un document officiel établi par l’administration suisse. Il y a quelques mois, j’étais ici même avec un permis N. Qu’est-ce qui a donc changé ?

Je ne sais pas. Et maintenant, Madame, retirez-vous, je dois continuer mon travail, s’il vous plaît !

 

Qui suis-je ? Où est donc mon identité ? Que me reste-t-il comme possibilité d’action au service de mes convictions et de mes idéaux ?

Afkar

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils