
L’exil pour échapper au système punitif iranien
En Iran, la peine capitale reste une menace constante, poussant un grand nombre de citoyennes et citoyens à chercher refuge à l’étranger. Ce texte explore comment les violations des droits humains, les sanctions extrêmes et un système judiciaire imprévisible forcent les groupes vulnérables à fuir leur pays pour échapper à l’exécution ou à d’autres formes de répression.
La peine capitale en Iran ne touche pas seulement les auteurs de crimes graves mais également les dissidents politiques, les activistes, les journalistes et les membres de minorités ethniques ou religieuses. Par exemple, les membres de la foi bahá’íe, les Kurdes, les Arabes et les Baloutches subissent des discriminations systémiques. Les individus liés à des groupes d’opposition ou critiques envers le gouvernement iranien risquent des accusations comme « inimitié contre Dieu » محاربه با خدا (Moharebeh ba Khoda) ou « corruption sur terre » فساد فیالارض (Fesad fi al-Arz), des infractions passibles de la peine de mort. Craignant les poursuites, nombre d’entre eux décident de quitter l’Iran pour trouver refuge là où les libertés d’expression et d’association sont protégées.
Impact sur les femmes et les personnes LGBTQ+
Le code pénal iranien prévoit la peine capitale pour des infractions telles que l’adultère, l’homosexualité et certaines « transgressions morales », incluant des actes comme l’« apostasie », la « prostitution » et les « relations extraconjugales ». Ces lois mettent ainsi en danger les femmes, les hommes et les personnes LGBTQ+. Les relations homosexuelles sont criminalisées, avec des sanctions allant de la flagellation à la pendaison, particulièrement pour les hommes homosexuels. Ce climat de peur conduit de nombreuses femmes et personnes LGBTQ+ à chercher refuge dans des pays où elles peuvent vivre sans craindre pour leur vie ou leur liberté en raison de leur identité.
Les jeunes iraniens et la crainte de représailles
La jeunesse iranienne est aussi affectée, notamment celles et ceux qui s’engagent dans des activités politiques ou sociales. Les manifestations contre le gouvernement ou la participation à des mouvements estudiantins exposent les jeunes iraniennes et iraniens à des accusations de « propagande contre l’État » (تبلیغ علیه نظام – Tabligh alayh-e Nezam) ou de « sédition » (افساد فیالارض – Efsad fi al-Arz). Compte tenu des peines sévères et de l’imprévisibilité des condamnations, de nombreux jeunes estiment que leurs perspectives d’avenir en Iran sont inexistantes. Craignant la prison ou pire, ils cherchent souvent des environnements plus sûrs où ils peuvent s’exprimer librement sans risque de persécution.
Les défenseurs des droits humains et les journalistes
Le gouvernement iranien a une longue histoire de persécution des journalistes, avocats et des défenseurs des droits humains. Les restrictions médiatiques sont strictes, et celles et ceux qui dénoncent la corruption gouvernementale ou les violations des droits humains risquent des accusations pouvant mener à l’emprisonnement voire à l’exécution. De nombreux défenseurs des droits humains se trouvent donc dans l’incapacité de travailler librement en Iran et, face aux menaces constantes, cherchent souvent à poursuivre leur travail à l’étranger.
Condamnations pour consommation de drogues et peines disproportionnées
Malgré des réformes récentes, l’Iran continue d’imposer la peine de mort pour certaines infractions liées à la consommation de drogues. Les réformes de 2017 ont relevé le seuil pour les exécutions liées aux drogues, mais la menace de la peine capitale pour des crimes non violents demeure importante. La proximité de l’Iran avec les routes du trafic de drogue en provenance d’Afghanistan expose de nombreuses personnes aux poursuites pour infractions liées aux drogues. Face au risque de sanctions sévères, certains accusés ou suspects de trafic de drogues demandent l’asile dans des pays où le système judiciaire est moins punitif.
Augmentation des demandes d’asile en Europe et dans les pays limitrophes
En raison de ces facteurs, de nombreux Iraniens demandent de plus en plus l’asile en Europe, en Amérique du Nord, et dans les pays voisins comme la Turquie. L’Europe, en particulier, connaît une hausse des demandes d’asile iraniennes, les requérants invoquant des persécutions basées sur des opinions politiques, la religion, le genre et l’orientation sexuelle. La Turquie, avec ses exigences de visa relativement souples pour les Iraniens, est devenue un pays de transit important pour celles et ceux qui recherchent une protection. Bien que toutes les demandes d’asile ne soient pas acceptées, beaucoup persistent dans ces processus longs et difficiles pour échapper au système punitif iranien.
Conclusion
La peine capitale en Iran, combinée à un système juridique répressif, a des conséquences profondes sur la vie de nombreux citoyens iraniens, les poussant à chercher refuge à l’étranger. Les groupes vulnérables, notamment les dissidents politiques, les journalistes, les défenseurs des droits humains, les minorités ethniques et religieuses, ainsi que les femmes et les personnes LGBTQ+, sont particulièrement affectés par ces lois sévères. En raison des persécutions pour des actes considérés comme des libertés fondamentales dans d’autres pays, ces individus se tournent vers des systèmes de protection internationaux pour garantir leur sécurité et leur dignité. L’augmentation des demandes d’asile en Europe, en Amérique du Nord et dans les pays voisins comme la Turquie, met en lumière le lien direct entre la répression interne en Iran et les flux de réfugiés. Cette situation soulève la question cruciale de la manière dont la communauté internationale peut offrir une protection adéquate tout en s’attaquant aux causes profondes qui forcent des milliers d’Iraniennes et d’Iraniens à quitter leur pays, souvent dans des conditions de grande précarité.
Reza Rezae
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils