Sous la loupe: Monde: 50 millions d’enfants déracinés en raison d’un exode ou d’une migration / France: plus de 4’000 membres des forces de l’ordre mobilisées dans les gares pour traquer « l’immigration illégale » / Suisse: à Neuchâtel, des organisations dénoncent les conditions de vie au CFA de Boudry
Journée mondiale des réfugiés: voici les principales routes d’exode dans le monde
À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, le 20 juin dernier, l’UNICEF tire la sonnette d’alarme : plus de 50 millions d’enfants et de jeunes sont aujourd’hui déracinés à travers le monde. Fuyant la guerre, la pauvreté, les catastrophes naturelles ou les violences, ces enfants empruntent des routes migratoires longues, dangereuses et souvent mortelles. Parmi les principales routes d’exode, on retrouve la route de la Méditerranée centrale, l’une des plus meurtrières au monde, où plus de 3’500 personnes ont péri en 2024. De nombreux enfants voyagent seuls, exposés à la malnutrition, à la violence, à l’exploitation ou encore aux mariages forcés. Dans le Proche-Orient, les conflits en Syrie, Irak ou Afghanistan alimentent les flux migratoires par la route de l’Asie du Sud-Ouest, souvent contrôlée par des réseaux de passeurs qui profitent de la vulnérabilité des migrants. Les enfants sont particulièrement exposés à la traite, au travail forcé et aux abus.
En Afrique, la plupart des déplacements se font à l’intérieur du continent. Mais la route de l’Afrique de l’Est, qui passe par le Yémen vers les pays du Golfe, reste l’une des plus fréquentée et des plus périlleuses. Malgré les conflits et les dangers maritimes, plus de 60’000 personnes ont emprunté ce chemin en 2024.
Du côté de l’Amérique centrale et du Sud, des milliers de familles fuient la pauvreté, la violence ou les catastrophes. La route qui traverse le Guatemala et le Mexique jusqu’aux États-Unis, est empruntée, chaque jour, par des milliers d’enfants souvent au prix de dangers extrêmes.
Selon un article du Monde publié le 18 juin 2025, plus de 4’000 membres des forces de l’ordre sont mobilisés les 18 et 19 juin dans le cadre d’une vaste opération de contrôles dans les gares et les bus, visant l’interpellation d’étrangers en situation irrégulière. Le ministre français de l’intérieur, Bruno Retailleau, a lancé cette opération nationale dans laquelle il a impliqué policiers, gendarmes, douaniers, militaires et forces Sentinelle. Les contrôles ont ciblé les trains reliant les grandes métropoles françaises et les pays voisins. Retailleau revendique une hausse de 28 % des interpellations d’étrangers en situation irrégulière (ESI) ces dernières semaines, et cite plus de 750 arrestations lors d’une opération similaire en mai dernier.
À gauche, élus et syndicats dénoncent « une opération xénophobe » assimilée à « des rafles ». Des associations comme Utopia 56 ou le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) parlent d’une grande compagne de discrimination raciale et d’abus de pouvoir . Le député Thomas Portes dénonce, de son côté, une politique fortement discriminatoire rappelant les heures les plus sombres de la France.
Retailleau, soutenu par le premier ministre François Bayrou, prévoit une nouvelle loi migratoire dans la continuité de la circulaire du 23 janvier dernier, qui a durci les conditions de régularisation ainsi que la mise en place d’un débat sur le droit du sol.
A Neuchâtel, des organisations dénoncent les conditions de vie au centre de Boudry
Le samedi 21 juin 2025, le journal le Temps a relaté que des organisations comme Droit de rester et l’Union syndicale cantonale dénoncent les conditions de vie au centre fédéral pour requérants d’asile (CFA) de Boudry, à Neuchâtel. Elles s’inquiètent de la privatisation de la gestion des centres, notamment par les sociétés ORS, Protectas et Securitas, qu’elles accusent d’imposer aux employés des conditions de travail inacceptables et de maltraiter les requérants. Selon ces organisations, cela résulte de politiques fédérales de plus en plus restrictives en matière d’asile.
À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, des témoignages ont été lus, dont celui d’un demandeur d’asile burundais affirmant avoir subi un contrôle constant et plus de 20 fouilles par jour. La peur d’être expulsés pousserait de nombreux requérants au silence. Face à des plaintes syndicales, la conseillère d’État, Florence Nater, a annoncé un futur contrôle du centre par l’inspection cantonale du travail. Les critiques visent à souligner la responsabilité de l’État dans le contrôle des conditions de travail des employés et d’accueil des requérants d’asile même dans une institution fédérale.
Ce podcast a été réalisé par:
Malika Khiari, Yahya Nkunzimana et Noé Pahud, membres de la rédaction de Voix d’Exils
La rédaction vaudoise de Voix d’Exils