Migrations | Sociétés

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Journée d’étude 2025

Journée d’étude 2025

Réflexions et pratiques pour renforcer le vivre-ensemble à l’école

Le 24 septembre 2025, à la Haute école pédagogique BEJUNE à Delémont, a eu lieu la Journée d’étude 2025. Organisé par éducation21, cet événement s’est concentré sur le rôle des écoles dans la vie courante et leur contribution au « vivre-ensemble », avec divers ateliers et activités destinés aux différents acteurs du secteur scolaire. Cette journée a également permis de valoriser l’école comme un espace d’acquisition de compétences générales pour la vie en communauté : empathie, coopération, capacité à résoudre les conflits, entre autres. Retour sur un événement marquant et entretien avec son organisatrice.

Après quelques mots de bienvenue, la matinée a débuté avec une conférence d’Etienne Krebs, directeur adjoint du cycle 3 du Cercle scolaire de Val-de-Ruz, qui s’est concentré sur une approche institutionnelle globale comme stratégie d’éducation en vue d’un développement durable (EDD). Une discussion ouverte au public a suivi, avant de laisser place au Théâtre Forum. Durant cette activité, les participants ont assisté à une scène, jouée par des acteurs, lors de laquelle un professeur et ses élèves discutaient de différentes façons d’améliorer l’ambiance en classe. Les participants ont ensuite pu partager des idées afin de modifier la scène et de résoudre au mieux la situation. Cet exercice a permis de soulever de multiples questions importantes et de mettre en pratique la méthode DESC.

L’après-midi, nous avons également participé à l’atelier « Accueil des élèves issus de la migration ; de quelques notions théoriques à un outil pratique ». Proposé par Josianne Veillette, professeure à la HEP-BEJUNE, cet atelier a permis de discuter des outils favorisant un accueil adapté des élèves issus de la migration. Parmi ces outils, on trouve le KIT, qui vise à faciliter le suivi des élèves allophones tout en impliquant les différents acteurs scolaires. Cette division des responsabilités à travers plusieurs niveaux éducatifs est un enjeu que la professeure souligne comme crucial, impliquant les directions, les corps pédagogiques, les élèves et les parents.

« L’école sans racisme » était le thème d’un autre atelier auquel nous avons participé, animé par Bettina Frei, anthropologue sociale au sein d’éducation21. Après avoir distingué discrimination et racisme, elle a présenté ce dernier comme pouvant être manifeste, mais aussi très subtil : par exemple, réduire un élève à ses origines ou attribuer à un enseignant issu de la migration un rôle d’expert en diversité sans son accord. Elle a souligné que le racisme existe aussi au niveau structurel : dans l’évaluation, les pratiques scolaires ou le matériel pédagogique, où la diversité reste marginalisée plutôt que valorisée comme une dimension normale de la vie sociale. Les participants ont ensuite été confrontés à des exemples réels dans le but d’apprendre à reconnaître les préjugés implicites et leurs effets sur le climat scolaire. Finalement, l’atelier a mis en avant l’importance du dialogue, de la réflexion critique et de l’engagement collectif pour construire une école inclusive et respectueuse, où chacun puisse se sentir bien.

Les activités du programme se sont terminées avec le WorldCafé, durant lequel tous les participants de l’événement se sont réunis en petits groupes pour essayer de répondre à quelques questions : « Comment bien vivre ensemble à l’école, avec toutes ses parties prenantes » ou « Comment bien vivre en dehors de l’école ? ». Cet échange d’opinions a permis de créer une ambiance de confiance et a encouragé la recherche de nouveaux modes de dialogue autour de l’école.

Entretien avec Ariane Huguenin

Organisatrice de l’événement, Ariane Huguenin est chercheuse en sciences sociales, spécialisée dans le développement durable et les questions éducatives. Titulaire d’un diplôme d’enseignement ainsi que d’un doctorat de l’Université de Neuchâtel, elle s’est intéressée au cours de ses recherches aux politiques d’innovation et à la transition énergétique, et a contribué à plusieurs projets portant sur le développement régional durable. Elle travaille aujourd’hui au sein d’éducation21, où elle s’engage à promouvoir l’éducation en vue d’un développement durable dans les écoles suisses.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour organiser ce projet et qui a été impliqué dans ce processus ?

Il y a plusieurs étapes dans un projet comme celui-là. D’abord, on doit réfléchir à la thématique de l’événement, qui change chaque année et qui est toujours liée à l’éducation en vue d’un développement durable. Ce travail de fond commence presque une année à l’avance : définir la thématique, voir les liens avec l’éducation en vue d’un développement durable (EDD), mettre à jour les dossiers thématiques. Cette fois, la préparation a pris environ huit mois. Toute l’équipe d’éducation21 était impliquée, car nous organisons trois événements parallèles (Romandie, Suisse alémanique, Tessin). La coordination est nécessaire car chaque région a ses propres acteurs. Donc, quasiment toute l’institution a contribué d’une manière ou d’une autre à la préparation.

Pourquoi le thème de « vivre-ensemble » et quel était votre objectif avec cet événement ?

Le thème du vivre-ensemble est toujours présent à l’école, notamment à travers le climat de classe et le climat de l’établissement. Mais aujourd’hui, avec la polarisation croissante de la société, ce sujet devient encore plus important. Notre objectif était de traiter cette problématique actuelle à travers la journée, tout en renforçant le rôle de la participation. L’EDD vise à développer l’esprit critique, l’autonomie, la capacité à se positionner et à s’engager dans la vie citoyenne et environnementale. L’événement devait donc favoriser la réflexion, le débat et l’engagement des jeunes dans une perspective de société durable.

Quels ont été les principaux défis lors de la planification de l’événement et comment les avez-vous surmontés ?

L’un des principaux défis est lié à la gestion des partenaires externes : il faut s’assurer qu’ils soient disponibles pour animer des ateliers. L’événement doit proposer une offre diversifiée qui touche les enseignants de différents degrés (primaire, secondaire I et II). La solution est d’anticiper très tôt : contacter les intervenants suffisamment à l’avance pour garantir leur disponibilité et la diversité de l’offre.

Quels ont été les résultats ou impacts les plus significatifs de cette journée (sur les participants, la communauté scolaire, la vie citoyenne) ?

Je suis encore en train d’analyser les évaluations des participants, mais un premier retour indique que le fil rouge du vivre-ensemble et de la participation a été bien ressenti. Nous avons introduit une nouveauté avec le Théâtre Forum, ce qui a permis au public d’être plus actif que lors d’un format classique. Cela a favorisé les échanges entre participants, qui ont pu discuter avec des collègues, partager leurs expériences et dialoguer davantage. L’atmosphère de la journée a encouragé la participation active et les interactions.

Prévoyez-vous d’organiser à l’avenir d’autres événements de ce type ? Si oui, quels changements aimeriez-vous apporter ?

Oui, ces événements ont lieu chaque année et vont continuer, mais les thématiques et parfois les formats changent. Par exemple, cette année nous avons introduit le Théâtre Forum, mais ce n’est pas un dispositif que nous allons forcément répéter chaque fois. L’idée est de renouveler légèrement la formule d’une année à l’autre, sans bouleverser le modèle. Les ateliers resteront centraux, car ils permettent un apprentissage concret et des échanges approfondis. Les ajustements concernent surtout la structure de la journée et le choix du lieu, qui change régulièrement.

Timothée Velychko et Oleksandra Yefimenko

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Photos: Oleksandra Yefimenko

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