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Travailleur en Suisse ou pas ?

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Accès au marché suisse du travail facilité pour les titulaires des permis F et N

Trois modifications récentes de la loi fédérale sur les étrangers et l’intégration prévoient de faciliter l’intégration sur le marché du travail des personnes admises provisoirement et, dans une moindre mesure, des requérants d’asile. L’analyse comparative des statistiques montre une amélioration de l’accès au marché du travail pour ces personnes.

Trois modifications récentes de la loi fédérale sur les étrangers et l’intégration (LEtr) et d’autres actes législatifs connexes prévoient de faciliter l’intégration au marché du travail des personnes admises à titre provisoire[i] (permis F) et, dans une moindre mesure, des requérants d’asile (permis N). Avant de préciser ce que ces modifications sont et ce qu’elles apportent, il est utile de résumer le contexte dans lequel elles ont été introduites.

Situation avant les modifications

Tout d’abord, il faut noter qu’il y avait la taxe spéciale de 10% imposée sur l’activité lucrative des titulaires des permis F et N jusqu’à fin 2017. De plus, Anne-Laurence Graf et Pascal Mahon[ii], de la faculté de droit de l’Université de Neuchâtel, décrivent le reste des conditions pour les personnes relevant du domaine de l’asile dans un article sur l’accès au marché du travail (section 1.2.3.). Les titulaires des permis F et N n’avaient pas droit à une autorisation de travail, autrement dit, ils n’étaient pas considérés comme « travailleurs en Suisse » au sens de la LEtr. Néanmoins, à titre dérogatoire, ils pouvaient avoir temporairement accès au marché du travail si : une demande avait été déposée par un employeur ; la situation économique et de l’emploi le permettait ; les conditions de rémunération et de travail étaient remplies ; et aucun « travailleur en Suisse » n’avait pu être trouvé (ordre de priorité).

Il faut noter que, selon Anne-Laurence Graf et Pascal Mahon, même si les conditions susmentionnées étaient remplies, les autorités cantonales n’étaient pas obligées d’accorder une autorisation d’exercer une activité lucrative. Pour avoir une idée de la situation, prenons l’exemple du canton de Vaud durant la période 2013-2017. Les statistiques que nous a fourni le Service de l’emploi du canton montrent que :

  • Pour les titulaires du permis F, avec ou sans la qualité de réfugié, le nombre moyen annuel des demandes d’autorisation était de 337. Le nombre moyen annuel des autorisations accordées était de 313.
  • Pour les titulaires du permis N, le nombre moyen annuel des demandes d’autorisation était de 92, et le nombre moyen annuel des autorisations accordées était de 80.

Situation après les modifications

Plus loin dans leur article (section 3.2.), Anne-Laurence Graf et Pascal Mahon décrivent les modifications de la LEtr et d’autres actes législatifs connexes s’agissant de personnes relevant du domaine de l’asile :

1.Depuis le 1er janvier 2018, la taxe spéciale sur le revenu de l’activité lucrative est supprimée pour les titulaires des permis F et N (article 88 de la LEtr). Pour une évaluation approximative[iii] de l’impact sur l’accès au marché vaudois du travail en 2018, les statistiques que nous avons reçues du Service de l’emploi du canton de Vaud montrent que :

  • Pour les titulaires du permis F, sans ou avec la qualité de réfugié, le nombre des demandes d’autorisation d’exercer une activité lucrative était de 723. Le nombre des autorisations accordées était de 678.
  • Pour les titulaires du permis N, le nombre des demandes d’autorisation était de 209, et le nombre des autorisations accordées était de 190.

Donc, le nombre de demandes et d’autorisations a plus que doublé par rapport au nombre moyen annuel durant la période 2013-2017.

2. Depuis le 1er juillet 2018, les autorités cantonales d’aide sociale annoncent aux services de l’emploi cantonaux les titulaires du permis F qui sont « sans emploi » (article 53 de la LEtr). Les titulaires du permis F bénéficient également du principe du recrutement prioritaire par rapport aux autres ressortissants d’Etats tiers : ils sont donc considérés comme « travailleurs en Suisse » (article 21 de la LEtr).

3. Depuis le 1er janvier 2019, les employeurs ne doivent plus demander une autorisation pour les titulaires du permis F pour que ces derniers puissent exercer une activité lucrative. Il suffit d’annoncer cette activité à l’autorité cantonale si les conditions de rémunération et de travail sont respectées (article 85a de la LEtr). Cette simple procédure d’annonce crée effectivement un droit d’exercer une activité lucrative. Pour une évaluation approximative de l’impact sur l’accès au marché vaudois du travail pendant les premiers deux mois de 2019, les statistiques que nous avons reçues du Service de l’emploi du canton de Vaud montrent que :

  • Pour les titulaires du permis F, avec ou sans la qualité de réfugié, le nombre total des annonces et des autorisations (les demandes déjà déposées en 2018) d’exercer une activité lucrative était de 221.

Donc, cela représente presque un tiers du nombre des autorisations accordées à cette catégorie de personnes pendant toute l’année 2018.

En résumé, les modifications de la base légale de l’intégration sur le marché suisse du travail ont placé les personnes admises provisoirement (permis F) sur un pied d’égalité avec les autres « travailleurs en Suisse ». Par contre, les requérants d’asile (permis N) restent toujours sans droit à une autorisation de travail, bien qu’ils puissent avoir temporairement accès au marché du travail et qu’ils bénéficient quand-même de la suppression globale de la taxe spéciale sur l’activité lucrative. Pour chaque catégorie de personnes relevant du domaine de l’asile, les statistiques montrent des effets importants des nouvelles mesures pour l’accès au marché du travail dans le canton de Vaud. Notamment, la suppression de la taxe spéciale a plus que doublé le nombre des demandes et des autorisations d’exercer une activité lucrative, et la procédure d’annonce a créé une dynamique positive supplémentaire.

MHER

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Remerciements et notes :

Je tiens à remercier Monsieur Laurent Beck, Adjoint, Chef de la section juridique et administrative du Service de l’emploi du canton de Vaud.

[i] Concernant les personnes admises provisoirement, l’article examine les titulaires des permis F sans la qualité de réfugié, s’il n’est pas mentionné autrement.

[ii] Anne-Laurence Graf est post-doctorante et Pascal Mahon est professeur ordinaire à la faculté de droit de l’Université de Neuchâtel. L’article a été publié par Jusletter, une revue juridique, et republié par le Centre suisse de compétence pour les droits humains en août 2018.

[iii] Ici et ailleurs dans le texte nous ignorons les autres facteurs qui pourraient influencer le nombre des demandes d’autorisation ou des annonces, tels que : le nombre des attributions des requérants d’asile au canton de Vaud ou le nombre des permis F accordés.




Monter une entreprise pour gagner son autonomie

 

Hélène Bayeux, directrice exécutive de la IFPD (à droite) avec une participante du projet Alter-Start. Photo : MHER/Voix d’Exils

Alter-Start : un incubateur pour entrepreneurs migrants dans le Canton de Vaud

La Fondation Internationale pour la Population et le Développement, mène un projet – Alter-Start – qui accompagne les migrants motivés par l’entrepreneuriat. Alter-Start organise à Lausanne des modules de formation pour les participants et les soutient dans toutes les étapes de la création de microentreprises.

La Fondation Internationale pour la Population et le Développement (IFPD), créée en 1999 et basée à Genève, soutient les communautés vulnérables dans les pays en développement et en Suisse. Ses projets ont pour objectif de créer des sources de revenus pour les bénéficiaires de la Fondation qui ne sont pas autonomes financièrement. L’IFPD est une organisation à but non lucratif et dépend de dons pour le financement de ses projets.

Depuis octobre 2017, la fondation mène le projet Alter-Start qui s’attaque au faible niveau d’activité économique des migrants dans le Canton de Vaud, en les aidant à créer leur propre emploi pour gagner leur autonomie financière. En tant qu’incubateur pour les entrepreneurs migrants, le projet les accompagne pendant deux ans au maximum dans toutes les étapes de la création de leur microentreprise. Plus précisément, Alter-Start organise des modules de formation où les participants acquièrent toutes les compétences nécessaires : de la formulation des objectifs à leur réalisation. Le projet soutient également les participants au niveau pratique et de manière personnalisée. Hélène Bayeux, la directrice exécutive de l’IFPD, m’a expliqué les détails des activités d’Alter-Start.

Les deux phases d’accompagnement

Durant la première phase, les participants bénéficient d’un suivi très rapproché, d’une durée de huit mois maximum. Ils reçoivent un accompagnement personnalisé pendant deux heures tous les vendredis. Pendant ces rencontres, les différentes étapes de la création de microentreprise sont abordées avec des outils très conséquents : l’idée est réfléchie s’il n’y en a pas encore, les produits ou les services proposés sont affinés, et le business plan est fait. Spécifiquement, la cible des clients est envisagée, l’étude de marché et de l’état de la concurrence est menée, les stratégies de communication et de marketing sont développées et la gestion budgétaire est planifiée. Les produits ou les services sont positionnés au mieux sur le marché, considérant leur valeur ajoutée, comme la dimension sociale de l’idée (amélioration de la situation du migrant) et, si possible, sa sensibilité aux questions écologiques.

Alter-Start propose aussi aux participants des cours intensifs de français et des formations métiers, y compris : professionnelles et reconnues ou offertes par le secteur associatif dans lequel le projet a des partenariats. Au-delà des formations et en collaboration avec ses partenaires, Alter-Start propose aussi une réintégration professionnelle au cas où la démarche d’entrepreneuriat est interrompue.

Dans la deuxième phase d’accompagnement, le projet pilote est lancé pour une durée de six mois. Les produits ou les services sont testés sur le marché. L’entrepreneur comprend la réalité et les difficultés de son marché. En parallèle, les besoins de financement sont identifiés. Alter-Start essaye de mettre le participant face aux trois sources possibles de financement : (1) le donateur (argent offert à l’entreprise en donation), (2) l’investisseur (argent investi dans l’entreprise dans un but de profit) ou (3) le prêt d’honneur. Le dernier est un crédit sans garanties, et l’argent accordé n’est pas réclamé en cas d’échec. En outre, Alter-Start est en contact avec deux institutions financières susceptibles de proposer des microcrédits. Au terme de la phase pilote, l’accompagnement est beaucoup moins rapproché et continue en fonction des besoins.

Les participants

Les participants d’Alter-Start sont les migrants titulaires du permis F et B qui ont le niveau de français B2 (minimum) et une compétence clé au centre de leur idée. Depuis le début du projet, il y a eu 15 participants dont : 10 sont régulièrement présents et trois sont dans la phase pilote. Parmi les projets qui ont abouti, deux syriennes ont créé ensemble une entreprise œnologique et traiteur (dégustation de vin et cuisine syrienne). J’ai rencontré Jessy, l’une de ces Syriennes, ainsi que d’autres participants qui m’ont raconté leur histoire.

Alter-Start. Bérangère et Jessy (à droite). Photo : MHER/Voix d’Exils.

Jessy participe au projet depuis 9 mois. Elle a eu l’idée de créer un service traiteur de cuisine syrienne. A Alter-Start elle a appris les règles appliquées dans son domaine, a étudié l’expérience d’autres entreprises, et a reçu l’accompagnement de son instructrice, Bérangère, pour la préparation d’une étude de marché et de concurrence, du design, du business plan, des brochures publicitaires, l’analyse des coûts et des prix ainsi que la recherche de financements.

Alter-Start. Jamal (à gauche) Rocio (au centre) et Laura (à droite) . Photo : MHER/Voix d’Exils

Jamal vient de l’Erythrée et participe au projet depuis 10 mois. Il a suivi des cours de couture, puis a développé son idée d’entreprise autour de son métier. A Alter-Start il a reçu l’accompagnement de ses instructrices : Laura et Rocio, pour la recherche des locaux et la préparation d’un business plan, des brochures publicitaires et la recherche de financements.

Alter-Start. Bouchaib (à gauche) et Magali. Photo: MHER/Voix d’Exils

Bouchaib vient du Maroc et participe au projet depuis une année. Il a l’idée de créer un service traiteur de cuisine méditerranéenne avec livraison à domicile écologique (sans plastique) pour les personnes âgées à Sainte-Croix dans le canton de Vaud. A Alter-Start il a amélioré ses compétences en communication, a déjà créé un petit réseau et a reçu l’accompagnement de son instructrice, Magali, pour la préparation d’un business plan, des brochures publicitaires et la recherche de financement. Il sera prêt à démarrer son entreprise après avoir trouvé un financement.

MHER

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Informations

Vous pouvez prendre contact avec l’IFPD ici




S’alimenter sainement et freiner l’exode rural au Togo

Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 Le dossier de la rédaction : les migrants entrepreneurs

Simone Ameko-Schneiter, une migrante togolaise du canton de Vaud, a créé sa société anonyme – Pure Natural Foods (PNF) – pour commercialiser en Suisse des produits d’alimentation biologique à base du souchet : un tubercule racine. Ses produits visent à répondre aux besoins de personnes qui apprécient une alimentation saine, de celles souffrant de différentes maladies ou encore des sportifs.

De nos jours, nous sommes de plus en plus conscients de l’influence que la nourriture peut avoir sur notre santé. Ceux qui préfèrent le mode de vie sain choisissent la nourriture saine. D’un autre côté, ceux qui ont des problèmes de santé ont déjà un choix limité de nourriture. La nourriture saine implique non seulement des aliments riches en nutriments, mais aussi la production biologique. Grâce à un étiquetage spécial, on peut trouver ce type de nourriture auprès des grands distributeurs. Ils sont également vendus dans les petits magasins spécialisés, dont l’un est situé dans un quartier calme de Renens, village situé dans l’ouest de Lausanne. Sa propriétaire – Simone Djatougbé Ameko-Schneiter – m’a raconté l’histoire du développement de son entreprise.

Simone Ameko-Schneiter

Madame Ameko-Schneiter, originaire du Togo, est en Suisse depuis 2004. Après une formation de cheffe de projets en relations internationales, elle a travaillé dans différentes organisations et entreprises, dont Nestlé. Passionnée par l’entrepreneuriat, Madame Ameko-Schneiter a aussi toujours été impliquée dans le développement des différents projets. Déjà en 2009, elle a lancé sa première entreprise au Togo en acquérant un domaine agricole pour y cultiver la cacahuète. Parallèlement, Madame Ameko-Schneiter a toujours songé à créer un projet agricole qui aurait autant d’importance en Suisse qu’en Afrique. Elle voulait répondre au besoin d’une alimentation saine en Suisse et, en même temps, participer à freiner l’exode rural au Togo.

L’idée s’est cristallisée en 2016, et l’entrepreneuse a créé sa deuxième entreprise en Suisse : Pure Natural Foods (PNF) avec sa marque de produits « Back to Roots ». Elle a financé son entreprise par ses propres ressources et par un emprunt bancaire pour acquérir l’équipement sans recevoir d’assistance de l’Etat ou d’autres organisations en Suisse. Madame Ameko-Schneiter se réfère à son intégration comme un facteur qui lui a permis de s’aventurer dans l’entrepreneuriat en Suisse. Son réseau relationnel lui a fourni les informations nécessaires au bon moment, ce qui a rendu les démarches au départ difficiles plus abordables.

 

Pure Natural Food et les produits « Back to Roots »

 

Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 

PNF est une société anonyme (SA), ce qui convient aux entreprises qui ont des besoins en capitaux élevés et où la responsabilité financière des actionnaires est limitée à leurs investissements. PNF loue ses installations et possède des machines de production, d’étiquetage et de réfrigération. Madame Ameko-Schneiter a une employée et envisage d’en engager d’autres dans les prochaines étapes du développement de l’entreprise. Sa famille proche et ses amis l’aident beaucoup dans le fonctionnement de PNF.

L’entreprise commercialise des produits à base du souchet. Mme Ameko-Schneiter est l’importateur et le distributeur exclusif de la gamme biologique des produits « Back to Roots » en Suisse. Sans conservateurs, sans gluten et sans lactose, ces produits se composent de souchet nature, la farine, les flocons, les snacks, l’huile, ainsi que la boisson « Horchata » produite par pression du souchet à froid dans les locaux de PNF. Cette boisson est un substitut au lait et aux boissons végétales.

Madame Ameko-Schneiter fait la promotion de ses produits en participant à des festivals et des foires, ainsi qu’en distribuant ses brochures. Les clients de PNF se composent de personnes cœliaques, intolérantes au lactose ou au gluten, de diabétiques, de sportifs, et de tous ceux qui préfèrent l’alimentation saine, en Suisse. Les entreprises et indépendants agro-alimentaires, la restauration spécialisée, et la restauration des milieux hospitaliers sont également intéressés par les produits de PNF pour les incorporer dans leurs propres produits.

 

Défis et projets

 

Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 

Madame Ameko-Schneiter fait face à un manque de financement couplé à un manquede main d’oeuvre, surtout dans le domaine de la recherche et du développement. Forte de persévérance et de volonté, elle fait presque tout le travail elle-même : du développement de la stratégie à la commercialisation. Afin d’y parvenir, elle a participé à des programmes de formation. De plus, l’entrepreneuse collabore avec Emotion Food Company à Lausanne et la Haute école spécialisée en Valais pour le développement de ses produits.

Madame Ameko-Schneiter prévoit le développement d’autres produits dérivés du souchet et la présence de toute la gamme dans les magasins, ainsi que l’éventuel élargissement de l’entreprise. Elle prévoit aussi la création d’un village écologique autosuffisant dans sa ferme au Togo : un ensemble de projets, y compris de formations.

MHER

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Tout miser sur son entreprise

Chiheb Benrich. Photo: rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Le dossier de la rédaction : les migrants entrepreneurs

D’origine tunisienne, Chiheb Benrich est établi dans le canton de Vaud depuis 1998 où il a créé Pamir Prestations : une société de courtage de services financiers spécialisée dans les assurances. En tant qu’intermédiaire, la société offre les services des plusieurs compagnies financières et sert jusqu’à 10’000 clients en Suisse romande.

Le secteur des services financiers est très complexe et dynamique en Suisse. Particulièrement, dans le domaine des assurances, il existe une grande diversité en termes de prix et de couverture offerts par de nombreuses compagnies dans toutes les branches. Le choix du client dans une telle diversité est souvent facilité grâce aux courtiers qui vendent de nombreuses options d’assurances. Ces intermédiaires offrent à leurs clients la possibilité de comparer et de choisir ce qui convient le mieux à leurs besoins. J’ai eu la chance de rencontrer le Directeur de Pamir Prestations : Chiheb Benrich, à son bureau, où il m’a parlé de son parcours et de son métier.

D’employé à entrepreneur

M. Benrich est tunisien, en Suisse depuis 1998. Pour avoir de meilleures opportunités dans le pays d’accueil, il a étudié la sociologie de la communication à l’Université de Fribourg. Quand au travail après ses études, M. Benrich a gardé ses options ouvertes et s’est finalement retrouvé dans une entreprise de courtage d’assurances. Pour développer ses compétences dans le secteur des assurances, il a suivi des cours spécialisés parallèlement à son travail.

A travers des années de travail, M. Benrich a développé son intérêt fort pour le domaine du courtage de services financiers. Son expérience lui a permis de développer ses propres activités entrepreneuriales déjà en 2007. Et en 2010, M. Benrich a finalement lancé son entreprise de courtage d’assurances : Pamir Prestations. Il avait mis de l’argent de côté tout au long de son travail précédent, ce qu’il a utilisé pour financer sa start up. Il n’a jamais reçu d’assistance de l’Etat ou d’autres organisations.

A part son occupation entrepreneuriale, M. Benrich est aussi membre du Parti socialiste. Il est actif dans la vie politique et administrative de Chavannes-près-Renens, la commune dans le district de l’ouest lausannois où il habite avec sa famille. Elu par les citoyens pour la législature 2016-2021, comme tous les conseillers communaux de Chavannes-près-Renens, M. Benrich s’occupe de la gestion de la commune au niveau du budget et des comptes.

Pamir Prestations et ses services

Pamir Prestations (Pamir) est organisé sous la forme juridique d’une société à responsabilité limité (Sàrl) ce qui convient aux petites et moyennes entreprises où la responsabilité financière des personnes impliquées est limitée à leurs investissements (capital). L’entreprise est un intermédiaire d’assurance non lié à une compagnie d’assurance et est enregistrée auprès de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA).

Pamir loue des installations de bureau à Ecublens, une commune située dans le district de l’ouest lausannois. L’entreprise emploie entre 3 et 5 spécialistes en courtage d’assurances, dont un basé à Genève et un autre en Valais. M. Benrich collabore également avec un réseau de professionnels afin de fournir des services dans tous les autres domaines de la gestion financière.

Les clients de Pamir sont des privés et des entreprises de Suisse romande. Les offres générales pour tous les clients sont : les assurances et les conseils en prévoyance, ainsi que la gestion de dettes et les conseils pour le financement de différents projets. En outre, il y a les services liés à la déclaration d’impôt pour les clients privés ; et les services liés à la création, la fiscalité, la comptabilité et la gestion pour les entreprises.

Pour se faire connaître, l’entreprise distribue des flyers et fait sa promotion lors d’événements d’importance régionale. De plus, les bonnes relations de M. Benrich lui permettent de bénéficier d’un solide réseau d’apporteurs d’affaires.

Faire face aux défis et regarder au-delà

Être un joueur de taille modeste sur le terrain très concurrentiel de la finance constitue l’une des principales difficultés que M. Benrich a dû surmonter. Pour améliorer sa compétitivité, l’entreprise fait partie d’un regroupement de trois associés : des entreprises de courtage d’assurances. Les associés se rencontrent régulièrement pour définir leur stratégie commune. Notamment, ils négocient avec les compagnies d’assurances, décident des aspects de leurs offres et de leurs relations avec les clients, etc.

Pamir est au service d’environ 10’000 clients, dont 1’500 sont des fidèles. L’entreprise propose et conclut des contrats en représentant les principales compagnies d’assurances en Suisse. A l’avenir, M. Benrich poursuit l’ambition de développer davantage ses services de conseils financiers et de gestion fiduciaire.

MHER

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Essayer jusqu’au succès

Photo: rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

Le dossier de la rédaction: les migrants entrepreneurs

Les difficultés rencontrées en tant qu’étranger et le drame d’avoir perdu une jambe n’ont pas su venir à bout de l’espoir de Hassan.

Hassan Ibrahim Mohamad, d’origine kurde d’Irak, est né à Dhok dans une famille engagée en politique. Il a un frère et quatre sœurs. Quand il était enfant, il a perdu une jambe à cause d’une mine. Il a fait 6 ans d’école. Ensuite il a appris le métier de coiffeur chez son oncle. Puis il a dû quitter son pays pour des raisons politiques. Il vit à aujourd’hui à Neuchâtel depuis 14 ans où il a développé ses activités. Il parle 5 langues : le kurde, l’arabe, le turc, le français et l’allemand.

Nous l’avons rencontré dans son salon à Neuchâtel pour lui poser quelques questions sur son parcours.

Voix d’Exils : Depuis votre arrivée en Suisse, qu’avez-vous fait ?

Hassan Ibrahim Mohamad : Quand je suis arrivé en Suisse en 2003, je ne connaissais personne et je ne parlais pas le français. Après un séjour dans un premier centre en Suisse, j’ai été envoyé aux Verrières dans le canton Neuchâtel dans un centre de premier accueil. J’y suis resté 6 mois et on ne pouvait pas sortir à cause de la neige et des intempéries. J’ai demandé à mon assistant qu’il me prête une tondeuse en lui disant que j’étais coiffeur. A partir de ce moment, j’ai pu pratiquer mon métier gratuitement dans le centre pour passer le temps. Après j’ai été transféré à Corcelles dans un appartement. Quelques fois j’allais chez des amies pour leur faire une coupe de cheveux à prix réduit.

Comment vous est venue l’idée de devenir un coiffeur indépendant ?

J’ai réfléchi et j’ai constaté que j’avais les capacités et l’expérience pour améliorer ma situation. Au début, j’ai cherché sans succès jusqu’au moment où j’ai trouvé par hasard un fauteuil de coiffeur dans un petit local dans un magasin de vêtements à Neuchâtel et je l’ai loué. J’ai travaillé là et j’ai eu très vite beaucoup de clients. Après, grâce à mon meilleur ami Kamaran, j’ai trouvé un salon à la Chaux-de-Fonds que j’ai loué en 2007. À partir de ce moment je suis devenu indépendant. On a bien travaillé et on a eu beaucoup de clients et c’est ainsi que j’ai appris le français. En 2010, j’ai ouvert un nouveau salon à Neuchâtel mais, en 2011, comme j’étais fatigué par les déplacements, j’ai cédé le salon de la Chaux-de-Fonds à mon ami Jalal. Au début, j’avais trois fauteuils donc trois employés et maintenant j’en ai cinq et cette année j’ai ouvert une entreprise de déménagements et de nettoyages qui s’appelle SRL (NDLR : Grâce à ses succès dans ses activités, Hassan a pu embaucher neuf personnes : cinq coiffeurs et quatre déménageurs.)

Photo: rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontré ?

Mon grand souci c’était de ne pas parler français et c’est pour cela que je ne trouvais pas de travail.

Quel est votre conseil pour les nouvelles personnes migrantes qui arrivent en Suisse ?

Premièrement, il faut savoir parler la langue du pays, c’est la clé qui ouvre toutes les portes du travail et qui montre nos capacités, et grâce à ça on peut s’intégrer dans la société Suisse.

Que pensez-vous de la Suisse ?

J’ai beaucoup voyagé en Europe mais c’est en Suisse que j’ai ressenti le plus de sécurité. La Suisse est un petit pays mais grand à l’intérieur. La Suisse a de très beaux paysages et elle a des habitants fidèles aux valeurs du pays.

Est-ce que vous avez déjà pensé à retourner dans votre pays d’origine ?

Au début j’ai réfléchi, et j’ai pensé repartir quand mon pays serai en paix mais j’ai deux enfants qui sont nés en Suisse. Quand je vais en vacances pour trois semaines dans mon pays d’origine, mes enfants demandent toujours : « Papa, quand est-ce qu’on rentre à la maison ? » La Suisse est leur pays.

Je considère moi aussi la Suisse comme mon pays, car elle m’a donné tous mes droits. Je resterai fidèle à la Suisse, je ne la laisserai jamais.

Revan Noori

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils