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Une médaille d’or loin de chez soi

Vladyslav Moshkin (deuxième depuis la gauche). Photo: Igor Moshkin

Un jeune Ukrainien remporte un championnat suisse de lutte greco-romaine

Le troisième Championnat suisse cadet de lutte gréco-romaine s’est déroulé à Therwil le 20 avril et a réuni plus de 120 lutteurs de toute la Suisse. Vladyslav Moshkin, un jeune lutteur ukrainien réfugié en Suisse, a remporté la médaille d’or.

Les conditions de participation étaient d’être un citoyen suisse ou de résider en Suisse depuis plus de 2 ans et d’avoir deux ans de licence sportive. Ces conditions ont été remplies par Vladyslav Moshkin, un jeune athlète qui est également un refugié ukrainien en Suisse. Il a été le seul ukrainien autorisé à participer à ce championnat et aussi le premier ukrainien à remporter la médaille d’or !  Il y avait 12 participants dans la catégorie de poids 60 kg à laquelle appartient Vladislav. Le jeune lutteur a disputé 4 combats. dans trois d’entre eux il a gagné facilement la lutte. Et dans l’un d’entre eux, il a gagné le un combat après un lourd effort.

 

Une victoire collective

Arrivé en Suisse en mars 2022, Vladislav s’est entraîné dans 3 clubs de lutte : à Genève lutte (canton de Genève) ; Lutte Team Valais (canton du Valais) et UWW (canton de Vaud). On peut dire avec certitude que la victoire de Vladislav est le fruit d’un effort commun de sa part, de ses entraîneurs d’Ukraine : Oleg Chekulaev et Alexander Kondratsky ; de ses entraîneurs Suisse : Daniel Chardonnens et Valery Kudinov, et également grâce aux autres jeunes lutteurs avec lesquels il s’est entraîné.

Cette année, Vladislav termine le collège de Verney à Puidoux et poursuivra ses études dans un gymnase de Lausanne.

Aujourd’hui, il a deux rêves : devenir chirurgien et champion olympique !

Liana Grybanova

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 




« Voix d’Exils valorise et redonne de la confiance en soi aux personnes migrantes »

Silvia Rapelli. Photo: Voix d’Exils.

La vie après Voix d’Exils #6 – Rencontre avec Silvia Rapelli, ancienne coordinatrice de programmes à l’EVAM et membre de la rédaction vaudoise

Silvia Rapelli est arrivée à la Fareas en 2007 (qui deviendra l’EVAM en 2010) et a été active dans l’établissement jusqu’en 2021 avant de prendre sa retraite. Elle a occupé plusieurs postes avant de devenir coordinatrice de programmes. Silvia a notamment coordonné les programmes traduction et auxiliaire pédagogique. Elle a également été très active au sein de la rédaction de Voix d’Exils en accompagnant les rédacteurs et surtout les rédactrices dans l’écriture de leurs articles.

Informations complémentaires

Articles et projets mentionnés lors de l’interview:

Série: le journal de #Madame étrangère

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




FLASH INFOS #194

Sous la loupe : RwandAir refuse d’expulser des personnes en situation irrégulière depuis le Royaume-Uni / Brésil: 20 personnes  retrouvées mortes sur un bateau à la dérive en provenance de Haïti/ Les députés du Parlement européen approuvent le nouveau pacte sur la migration et l’asile

Nos sources :

Projet de loi Rwanda : la compagnie nationale RwandAir refuse de participer aux expulsions depuis le Royaume-Uni

Infos Migrants, le 12 Avril, 2024


Brésil : 20 migrants haïtiens présumés retrouvés morts sur un bateau

24heures, le 13 avril 2024


Les députés approuvent le nouveau pacte sur la migration et l’asile

Parlement Européen, le 10 Avril, 2024


Ce podcast a été réalisé par : 

Alix Kaneza et Zana Mohammed, membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils et Alexis Akodjenou, civiliste à la rédaction.




Personnes réfugiées d’Ukraine : Bilan et Perspectives

Invitation à la Table Ronde d’Expert.e.s : Personnes Réfugiées d’Ukraine en Suisse // nccr – on the move ; UNHCR

Les enjeux qui entourent les titulaires d’un permis S à la lumière de trois thématiques

En mars 2022, après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, un instrument de protection temporaire – le statut S – a été activé pour la première fois en Suisse. Plus de deux ans après, 66’000 personnes réfugiées venant d’Ukraine bénéficient toujours de ce statut de protection. Aujourd’hui, il est temps de dresser un bilan. Comment s’est passée l’intégration de ces personnes dans le marché du travail ? Comment s’est déroulé leur hébergement en famille d‘accueil ? Et plus généralement, quel bilan peut-on tirer de l’activation du statut S ?

Pour répondre à ces questions, Le Pôle de Recherche National (PRN) consacré aux études sur la migration et la mobilité « nccr – on the move » et le Bureau du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) pour la Suisse et le Liechtenstein, ont organisé le vendredi 15 mars à Berne un dialogue autour du thème des personnes réfugiées en Suisse ayant fui l’Ukraine.

Des expertes et experts issus du Parlement fédéral, de l‘administration fédérale, de gouvernements cantonaux, d‘œuvres d‘entraide, de la communauté ukrainienne, d’associations patronales, d’organisations internationales, ainsi que des chercheurs et des milieux intéressés ont échangé leurs points de vue sur les différents aspects de ce sujet. Nous vous présentons ci-dessous un compte-rendu de cette journée riche en propositions concernant les enjeux actuels et futurs du permis S. Voix d’Exils était présent à la conférence et les propos ont été rapportés par Liana Grybanova rédactrice, titulaire d’un permis S et Malcolm Bohnet, civiliste à la rédaction. 

 

L’intégration dans le marché du travail

Isabelle Moret, Conseillère d’Etat vaudoise, cheffe du Département de l‘économie, de l‘innovation, de l‘emploi et du patrimoine a souligné l’importance de l’intégration professionnelle des Ukrainiens et Ukrainiennes. Toutefois, elle a déploré que l’objectif visant à ce que 40% des personnes détentrices d’un permis S en Suisse soient insérées sur le marché du travail ait été fixé par le Conseil fédéral sans consulter plus d’experts du domaine.

Selon elle, il est nécessaire de continuer à collecter des informations sur les compétences professionnelles de ces personnes. Elle souhaite également être fixée sur le nombre d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes qui sont actuellement occupés à apprendre une langue nationale et qui commenceront donc à travailler plus tard, qui élèvent des enfants en bas âge ou qui ont des problèmes de santé.

Finalement, Madame Moret a noté qu’il fallait faciliter la reconnaissance des diplômes, de médecine notamment. Rien que dans le canton de Vaud, alors qu’il y a d’importants besoins dans le domaine de la santé, ce sont près de 80 médecins qui ne peuvent pas travailler en Suisse malgré leurs compétences. A ses yeux, il est nécessaire de trouver une solution à ce problème. Pour la Conseillère d’Etat vaudoise, il est impératif d’inciter les employeurs à engager ces personnes ukrainiennes.

Andrej Lushnycky, Consul honoraire d‘Ukraine en Suisse, a lui aussi appuyé l’idée de reconnaissance des diplômes et proposé la mise en place d’un système de validation des acquis. Cela permettrait de faciliter le lien entre les employeurs et les personnes en recherche de travail. Monsieur Lushnycky rappelle l’importance que les détenteurs et détentrices d’un permis S s’intègrent et a souligné qu’il est dommageable si après deux ans, certains ne fassent pas d’efforts pour s’intégrer.

Il a également souligné l’idée d’avoir une sorte d’incubateur avec un système de formation clair. Les compétences alors acquises seront de toute manières utiles même si les Ukrainiens et les Ukrainiennes finissent par rentrer au pays. D’après Monsieur Lushnycky, il faut également voir tous les aspects positifs et bénéfiques à ce que des liens entre la Suisse, les Suisses et les Ukrainiens se créent.

Selon Daniella Lützelschwab, Responsable du secteur Marché du travail au sein de l’Union Patronale Suisse, il  existe un manque d’informations dans la manière dont les employeurs peuvent trouver les personnes dont ils ont besoin. Madame Lützelschwab propose donc le développement d’un système de « matching ».

Philipp Berger, Responsable de la division d’admission au marché de travail auprès du Secrétariat d‘État aux Migrations (SEM) a également évoqué l’importance du « matching ». La communication est centrale dans le but que les Ukrainiens soient joignables. Monsieur Berger a aussi partagé l’idée que se développent aussi des médias ukrainiens pour faciliter la communication.

 

L’hébergement privé

Bianca Schenk, Responsable du domaine de direction « Familles d‘Accueil » auprès de l’Organisation Suisse d’Aide aux Réfugiés (OSAR), a noté que l’hébergement est une relation qui permet d’établir un lien.  L’Etat et les institutions peuvent vraiment jouer un rôle clé dans ce processus.

Selon Madame Schenk, l’hébergement privé doit être vu comme un outil d’intégration et non seulement comme une offre de logement. Malheureusement, cette vision n’est pas partagée par plusieurs établissements ainsi que beaucoup de cantons et de communes. Il faudrait donc changer notre perception des choses.

A Genève, Caritas propose un programme d’accompagnement des personnes et familles hébergeant des réfugiés à domicile. Selon Sophie Buchs, Directrice de Caritas Genève, le « matching » entre personnes ukrainiennes et familles d’accueil se faisait au départ à travers la plateforme de l’OSAR, qui prenait en compte les chambres disponibles, le temps disponible et la situation géographique des personnes. Puis le système a été affiné avec des informations plus précises comme les langues parlées, les domaines d’intérêts, l’âge et plus encore. Désormais, le matching est directement effectué par l’équipe de Caritas en collaboration avec l’Hospice général, une fois les réfugiés arrivés à Genève. Cette méthode fonctionne mieux et débouche sur un hébergement plus durable.

De surcroit, Madame Buchs a exprimé le besoin que redémarre « l’élan de générosité » présent au début de la guerre lors de l’accueil en hébergement privé des Ukrainiens et Ukrainiennes. Malheureusement, au fil du temps, le nombre de volontaires a beaucoup diminué. Caritas Genève propose une période d’hébergement minimale de trois mois, qui peut déboucher sur l’accueil d’une personne à plus long terme.

Dominik Hangartner, Co-directeur de l’Immigration Policy Lab à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zürich a relevé que dans l’élaboration de leur projet de « matching », le but est de trouver un algorithme efficace qui aligne les besoins d’employeurs et les compétences de personnes réfugiées.

Oleksandra Tarkhanova, chercheuse à l’Institut de sociologie à l’Université de Neuchâtel a pointé que l’accueil de personnes Ukrainiennes peut présenter certaines complexités, particulièrement les premières semaines. Pour remédier à cela, elle propose l’établissement d’une forme de médiation. Madame Tarkhanova a rappelé que l’hébergement est un acte de solidarité, qu’il est un geste important qui permet de créer des relations et des liens précieux dans la société.

 

Liana Grybanova. Photo prise par Malcolm Bohnet lors de la conférence. / Voix d’Exils.

 

L’activation du statut S

Le permis S qui a été créé en 1998 dans le contexte de la guerre des Balkans n’a en réalité jamais été utilisé avant mars 2022 qui marque le début de l’invasion Russe en Ukraine.

Selon Claudio Martelli, Directeur suppléant du Secrétariat d’Etat aux migrations, au moment où les chiffres des flux migratoires ont commencé à se profiler il n’y avait, selon lui, pas vraiment le choix. La situation dépassait toute proportion imaginable et le permis S permettait de ne pas surcharger le domaine de l’asile.

Anja Klug, Cheffe du Bureau du Haut-Commissariat pour les réfugiés pour la Suisse et le Liechtenstein a aussi rappelé le moment de tensions que représentait le début de la guerre pour son organisation. En effet, dans plusieurs pays qui comptaient que peu de bureaux du HCR, comme la Pologne par exemple, les effectifs ont dû être rapidement augmentés pour répondre à la situation. En Suisse également, les effectifs du bureau du HCR ont été augmentés.

Cesla Amarelle, Professeure à la Faculté de droit à l’Université de Neuchâtel a rappelé que le permis S est un statut hybride qui a des zones d’ombre au niveau juridique et qui pose la question de la discrimination par rapport à d’autres statuts. Par ailleurs, elle a également souligné le fait que les outils de crise comme le statut S ne doivent pas péjorer les instruments de protection durables. Au contraire, il faut que des ponts se créent entre ces outils de crise et de protection durable et que ces derniers soient même consolidés.

Madame Amarelle a encore avancé l’idée qu’il faut voir une cohérence entre l’intégration dans la société d’accueil et l’idée de retour dans le pays d’origine. Ces dimensions sont complémentaires et, selon elle, freinent les processus d’intégration sous prétexte qu’un éventuel retour peut être vraiment négatif pour la Suisse à long terme. Surtout qu’il y a aujourd’hui une part non négligeable de personnes détentrices d’un permis S pensant s’établir en Suisse même si la situation en Ukraine se stabilise. Pour Madame Amarelle, le statut S rentre donc dans une nouvelle phase qui demande à penser l’intégration et éventuellement des alternatives à ce statut dans la perspective d’un établissement en Suisse.

 

Liana Grybanova

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




FLASH INFOS #193

Sous la loupe : 30 jours pour sauver l’UNWRA / Chypre s’inquiète des arrivées de personnes migrantes syriennes depuis le Liban / L’Ouganda : un modèle d’accueil des personnes réfugiées à l’épreuve des crises internationales

Nos sources :

Phillippe Lazzarini, 30 jours pour sauver l’UNRWA

RTS,  le 4 avril 2024


Chypre s’inquiète des arrivées de migrants syriens depuis le Liban

Infomigrants, le 05.04.24


Ouganda : un modèle d’accueil des réfugiés à l’épreuve des crises internationales

RFI, le 2 avril 2024


Ce podcast a été réalisé par : 

Liana Grybanova et Zana Mohammed, membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils et Alexis Akodjenou, civiliste à la rédaction.