Les deux bûcherons
Un conte turc #6
Voici la sixième « histoire du monde de Voix d’Exils ». A chaque publication de la série : une légende, un mythe ou une fable de la culture d’origine d’un rédacteur ou d’une rédactrice de Voix d’Exils.
Il y a fort longtemps, dans une forêt recluse d’Anatolie, deux bucherons passaient leurs journées à couper des arbres pour leur village. Ce dernier étant si isolé qu’il était nécessaire de trouver du bois pour les maisons et pour alimenter les feux pour se réchauffer durant l’hiver.
Le premier homme se levait tôt chaque matin et commençait à couper des arbres. Dès qu’un arbre tombait, il passait immédiatement au suivant. Il ne se reposait jamais ni ne prenait de temps pour déjeuner. Le soir, lorsque la nuit plongeait la forêt dans l’obscurité, il arrêtait toujours de couper quelques heures après son ami.
Le deuxième homme lui, en revanche, prenait le temps de se reposer. Il prenait toujours de longues pauses lors du déjeuner et se permettait même de faire la sieste de temps à autre. Il n’hésitait pas à rentrer chez lui dès que le soleil se couchait et qu’il commençait à faire sombre.
Après une semaine de travail à ce rythme, ils comptèrent le nombre d’arbres qu’ils avaient abattu. Le résultat fut sans appel. Le deuxième homme, à l’apparence bien plus paresseuse, avait coupé beaucoup plus d’arbres que le premier. Le premier homme, furieux, lui lança :
« Comment est-ce possible ? J’ai travaillé bien plus dur que toi. Je commençais à couper plus tôt que toi et finissais bien plus tard que toi. Malgré cela, tu as coupé beaucoup plus d’arbres que moi. Dis-moi, quel est donc ton secret ? »
C’est alors que le deuxième homme répondit de manière réfléchie :
« Il n’y a pas de secret. Pendant que tu travaillais sans relâche, je prenais le temps de me reposer pour reprendre des forces et aiguiser ma hache. »
Le deuxième homme rajouta :
« Se perfectionner, c’est aiguiser sa hache. C’est prendre le temps de revoir sa vie avec un regard objectif. C’est faire des efforts pour développer nos points faibles. C’est une condition indispensable pour renforcer notre esprit, notre âme et notre caractère. »
Depuis ce jour-là, le premier homme suivit le conseil du second. Désormais, ils prirent leurs pauses ensemble et se reposèrent tout en aiguisant leurs haches. Le village n’eut jamais autant de bois pour se chauffer.
C’est évident qu’avec une hache bien aiguisée, on coupe beaucoup plus d’arbres avec moins d’effort. Pour être heureux, épanouis et réussir dans notre vie personnelle et professionnelle, nous devons donc prendre le temps de nous reposer et d’aiguiser notre hache en améliorant constamment nos qualités et nos compétences.
Firat Kil
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils
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