Quelques temps forts du Festival cinémas d’Afrique 2024
La 18ème édition du Festival cinéma d’Afrique de Lausanne met en lumière la migration à travers le regard des cinéastes africains
La 18e édition du Festival de cinémas d’Afrique s’est tenue du 15 à 18 août 2024 à Lausanne. Cette édition a captivé l’attention de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils avec une sélection de films poignants traitant notamment de la migration internationale à travers des œuvres provenant d’Afrique. Notre rédactrice Kebei Raimatou Sih était sur place et a eu l’occasion de visionner plusieurs films qui l’ont marquée.
A travers les yeux de cinéastes africains, le festival nous a offert 39 projections de films provenant de 22 pays avec l’opportunité d’explorer les réalités de la migration. Ce festival nous a aussi donné un aperçu de la créativité et de la pluralité des cinémas d’Afrique. Les films que j’ai eu l’occasion de voir sont bien plus que de simples histoires que nous écoutons au quotidien. Ce sont des témoignages vibrants de courage, résilience, détermination et de parcours complexes qui reflètent les défis et les aspirations de millions de personnes à travers le continent.
Parmi les projections remarquables, plusieurs films et court-métrages ont mis en lumière la quête de dignité et de sécurité des personnes migrantes. Le festival, qui vise à sensibiliser le public sur ces enjeux cruciaux ainsi qu’à lui faire découvrir la diversité de la cinématographie africaine, a également permis des échanges féconds entre les organisateurs, cinéastes, spectatrices et spectateurs. Valérie, une spectatrice suisse m’a confié: « Je suis là pour soutenir le cinéma africain parce que c’est important, extrêmement important, de voir l’histoire de l’Afrique racontée par les africains à travers leur cinéma et non pas la vision de l’Afrique qu’ont les européens » et de conclure : « Je pense qu’il y a un grand potentiel ! ». Lisa N’Pango Zanetti, historienne à l’Université de Lausanne, estime, quant à elle, que « le Festival cinémas d’Afrique participe activement à la décolonisation des regards de son public ».
Unique en son genre en Suisse, ce festival propose chaque année des créations qui nous font découvrir la diversité des cinémas africains, tout en offrant des histoires plurielles du continent, de sa diaspora en Europe et au-delà.
Les films qui abordent le thème de la migration
Les films présentés lors du festival se sont notamment concentrés sur les multiples facettes du thème de la migration. Ils ont donc abordé des sujets sensibles tels que l’émigration et la migration forcée en raison de circonstances économiques, sociales et politiques. Chaque œuvre apporte un éclairage unique sur les motivations, les défis et les conséquences de ces déplacements. Ci-dessous, vous retrouverez une sélection de quelques-unes des œuvres qui m’ont touchée.
« Concerto pour un exil »
« Concerto pour un exil », un court métrage réalisé par Désiré Ecaré en 1968, est une fiction qui dépeint la vie d’étudiants africains à Paris. Le film met en scène Hervé, un leader syndical étudiant, ainsi que sa femme qui accueillent des personnes migrantes qui trouvent refuge chez eux.
« I promise you paradise »
« I promise you paradise » est un court-métrage réalisé par Morad Mostafa en 2023 qui présente Eissa, un jeune migrant venu d’Afrique subsaharienne, qui se bat contre la montre pour sauver ses proches et ce, quel qu’en soit le prix à payer.
« Bobi Wine : le président du peuple »
« Bobi Wine : le président du peuple », de Moses Bwayo et Christopher Sharp, est un film documentaire réalisé en 2022, également disponible sur la plateforme de streaming Disney+, qui met en avant le parcours de Bobi Wine et de sa femme Barbie. Bobi Wine est une superstar de musique provenant de Kampala, la capitale de l’Ouganda, qui devient opposant au régime de Yoweri Museveni, président du pays. Menacé par son activité d’opposant, il est forcé de s’exiler mais ne dira pas pour autant son dernier mot. Le documentaire met donc en avant l’utilisation abusive et inquiétante des systèmes judiciaires, policiers et parlementaires afin de faire taire les opposants et les opposantes au régime de Yoweri Museveni.
Ce documentaire ne retrace pas seulement une partie de l’histoire de l’Ouganda. Pour moi, c’est une histoire qui évoque celle de plusieurs pays du continent africain et plus largement de toutes celles et ceux qui luttent contre des régimes dictatoriaux pour la liberté. Olivier, un spectateur interrogé juste après la projection du film sur ce qui l’avait marqué, a mentionné le moment lors duquel « Bobi Wine s’adresse aux gouvernements occidentaux qui soutiennent la dictature Ougandaise sans se préoccuper de son respect des droits de l’homme ». Bien que le documentaire n’aborde pas directement le thème de la migration, tel qu’il est décrit dans les courts-métrages précédents, il met l’exil forcé de Bobi Wine au cœur de sa trame.
Un impact durable sur les cinémas africains
Les cinéastes africaines et africains abordent à travers leurs œuvres des questions sociales et politiques concernant l’Afrique telles que la colonisation, la dictature, la lutte pour l’indépendance, l’égalité, les droits de l’Homme et les causes de la migration forcée et volontaire. Cette 18e édition du Festival cinémas d’Afrique a donc non seulement un impact local sur la culture lausannoise, mais aussi un vrai impact sur la culture africaine dans son ensemble. En effet, il renforce l’identité culturelle du continent tout en dénonçant les dictatures de plusieurs régimes et montre la réalité crue de l’Afrique à travers le grand écran. En conclusion, cette 18ème édition du FCAL est un rappel que l’Afrique est un continent riche en cultures, traditions, histoires, mais aussi en talents cinématographiques qui pourrait devenir un beau jour un secteur clé de l’économie du continent.
Kabei Raimatou Sih
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils
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