Amitié

Un conte géorgien #5

Voici la cinquième « histoire du monde de Voix d’Exils ». A chaque publication de la série: une légende, un mythe ou une fable de la culture d’origine d’un rédacteur ou d’une rédactrice de Voix d’Exils. 

Dans un royaume vivait un homme juste et intrépide. Il avait toujours défendu la vérité et était intègre. Il s’opposait même au roi  pour le bien de la vérité. Pour cette raison, le roi le détestait et cherchait toujours une raison pour le punir, pour se débarrasser de lui d’une manière ou d’une autre. Alors que rien d’autre ne pouvait être fait, il fut finalement accusé de trahison et mis en prison. Le Juste s’échappa de prison en démolissant le mur. Il entra dans la forêt, marcha, marcha et s’installa dans une grotte dans un profond ravin. Fatigué et épuisé, il s’allongea sur son épaule et s’endormit.

Il fut soudainement réveillé par un bruit. L’homme ouvrit les yeux et aperçut un énorme lion rugissant à l’entrée de la grotte. L’homme frémit d’abord, puis son cœur se mit à battre de plus en plus fort : « Peut-être que c’était mon destin ! », se dit-il en se préparant à être mangé parle lion. Mais le lion ne se jeta pas sur lui. Il s’approcha de l’homme en boitant lentement, étendit la patte avant et plissa les yeux. L’homme réalisa que quelque chose n’allait pas avec le lion. Il y mit son poing  sur sa patte pour trouver la cause de la douleur. En effet, une grosse épine était plantée dans la patte du lion. L’homme l’arracha, vida le pus, mis une feuille médicinale sur la blessure et enveloppa la patte de la bête avec la moitié de sa chemise. Le lion regarda l’homme avec gratitude et s’allongea docilement dans le coin de la grotte.

La patte du lion guérit rapidement. Un jour, il sortit de la grotte et partit à la chasse. Il revint tard dans la soirée et ramena un cerf. L’homme alluma un feu, grilla la viande et tous deux se régalèrent. C’est ainsi que le lion et l’homme devinrent de très bons amis et décidèrent de vivre ensemble. Cet hiver-là, l’homme ne sortit pas de la grotte, mais grâce au lion, il ne manqua pas de nourriture. Au printemps, des chasseurs capturèrent le lion vivant et l’apportèrent au roi en cadeau. Sur ordre du roi, ils construisirent une grande cage, y mirent le lion afin de l’exposer aux invité.e.s pour les amuser. Comme le lion ne rentra pas dans la grotte, l’homme, triste de ne pas revoir son compagnon, s’en alla dans un autre royaume. Il rejoignit une famille vertueuse et commença une vie paisible et heureuse. Cinq ans s’écoulèrent. Le roi apprit où se trouvait le Juste et envoya une lettre au roi de cet autre royaume dans laquelle il écrivit ceci : « Cher Roi, cet homme est un grand criminel, il s’est évadé de prison. Il faut me le ramener pour que je puisse le punir sévèrement ». Le roi de l’autre royaume accéda immédiatement à sa demande. Il envoya des hommes le capturer et le renvoya directement dans le royaume voisin. Lorsque le roi reprit possession de l’homme désobéissant, il en fut très heureux et envisagea de le punir d’une manière spéciale. Il invita tout le royaume à assister au châtiment qu’il lui réservait. Personne n’osa décliner son invitation.

Un grand nombre de personnes étaient venues. Toute la cour du palais était présente et elle était remplie de spectateurs et spectatrices pour assister à la punition du Juste. Le souverain lui lança :

– « Hein, tu es finalement tombé entre mes mains ? » le pointant d’un geste moqueur.

– « Ne savais-tu pas que le pouvoir du roi est illimité et que tu ne peux t’échapper nulle part ? » rajouta t-il.

Il ordonna aux bourreaux :

– « Libérez ses mains et ses pieds de ses chaînes et jetez-le dans la cage du lion ! »

Les bourreaux s’exécutèrent. Le lion rugit d’abord méchamment mais, en regardant l’homme, il se calma immédiatement, s’approcha lentement de lui et posa sa tête sur ses genoux. Tout le monde était étonné, mais personne ne pouvait expliquer le comportement étrange du lion. Le roi sortit l’homme de la cage et lui demanda :

– « Quelle est la raison pour laquelle le lion ne t’a pas dévoré ? »

L’homme raconta l’histoire du lion et comment ce dernier était devenu son ami. Le souverain apprécia la loyauté du lion et les relâcha tous deux en ajoutant :

– « Mais ne trichez pas dans mon pays, sinon vous mourrez ! »

Le Juste lui répondit :

– « J’ai déjà quitté ton pays et maintenant je ne m’arrêterai plus ».

Il serra la patte du lion et ils se mirent tous les deux en route vers un autre royaume.

 

Quelle est la morale de l’histoire ?

La morale de ce conte est que l’on oublie jamais la gentillesse et l’honnêteté de quelqu’un et que la vie est un cycle. Nous récoltons ce que nous semons.

 

Kristine Kostava

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils