Le pêcheur et le poisson princesse

Un conte africain #4

Voici la quatrième « histoire du monde de Voix d’Exils ». A chaque publication de la série: une légende, un mythe ou une fable de la culture d’origine d’un rédacteur ou d’une rédactrice de Voix d’Exils. 

Il était une fois Abu, un pêcheur qui vivait dans un pays lointain.

Abu était très pauvre et vivait avec sa femme enceinte dans une petite cabane.

Un matin très tôt, Abu se rendit à la rivière du village comme d’habitude. C’était une journée normale, comme toutes les autres, et quelques autres personnes avaient également commencé leur journée.

Il salua les chasseurs nocturnes et ils échangèrent quelques plaisanteries.

Arrivé sur place, il vit d’autres pêcheurs qui étaient également venus vérifier leurs filets. Il se dirigea directement vers son filet, espérant et priant pour une grosse prise. Mais malheureusement, ce ne fut pas le cas. Il fut déçu de voir qu’un tout petit poisson était pris dans les mailles de son filet.

« Ah, c’est un de ces mauvais jours », se dit-il.

Il sortit le poisson du filet et se demanda s’il devait le relâcher dans la rivière ou rentrer chez lui avec. Ce n’était qu’un tout petit poisson magnifique.

« Qu’est-ce que je peux bien faire avec ça ? » 

Mais, une fois de plus, il se dit:

« Laissez-moi apprécier ce petit poisson et Dieu me bénira peut-être avec une plus grosse prise demain. »

Abu garda le poisson dans son panier de pêche et se dirigea vers sa pirogue.

Les autres pêcheurs se plaignaient de n’avoir rien pris du tout.

 « On dirait que tous les poissons sont partis en voyage », dit l’un d’eux d’une voix triste.

Après avoir jeté son filet plusieurs fois sans rien pécher, Abu décida de rentrer chez lui. À quelques pas de la rivière, il entendit une voix douce.

« S’il vous plaît, remettez-moi dans la rivière mon bon Monsieur. Ne me ramenez pas chez vous, épargnez-moi et je vous accorderai autant de souhaits que vous en aurez. »

Il regarda autour de lui et ne vit personne. Il essaya de bouger à nouveau et entendit la voix, plus forte cette fois-ci en chantant.

« Pêcheur, pêcheur, remettez-moi à la rivière, ne me ramenez pas chez vous, épargnez-moi et je vous accorderai tous vos souhaits. »

Il regarda alors dans son panier : c’était le petit poisson. Et le poisson continua.

« Je suis le poisson princesse. Nous sommes venus dans cette partie de la rivière pour une réunion royale, et c’est pourquoi les autres poissons ont dû se déplacer vers d’autres parties de la rivière. S’il vous plaît, mon bon Monsieur, laissez-moi partir et j’exaucerai tous vos souhaits. »

Abu réfléchit un moment et dit :

 « Je n’ai pas de souhaits, je vis avec ma femme enceinte et nous sommes très bien comme ça, mais je vais te laisser partir parce que tu me l’as demandé. »

La princesse poisson était très heureuse.

 « Je n’oublierai jamais cette faveur et si vous avez besoin de quoique ce soit, revenez ici à la même heure, n’importe quel jour, et appelez-moi. Je serai là pour exaucer tous vos souhaits ». Puis le poisson disparut dans la rivière. Quand Abu rentra chez lui et raconta ce qui lui était arrivé à sa femme, elle devint furieuse!

« Tu penses que je suis à l’aise dans cette cabane ? » lui demanda-t-elle. Retourne à la rivière, va voir le poisson princesse et dis-lui que nous avons besoin d’une grande maison ou je ne vivrai plus dans ta maison et ne reviendrai jamais. »

Il se rendit le lendemain auprès de le poisson princesse et son vœu fut exaucé.

Le lendemain, la femme dit :

« Mon adorable mari, une maison aussi grande que la nôtre devrait contenir des choses très grandes et très chères. Les choses que nous avons dans cette maison ne la complètent pas. S’il te plaît, retourne voir le poisson princesse et dis-lui que nous voulons des choses luxueuses et très chères dans notre maison. »

Le lendemain, Abu se rendit à la rivière au moment où le poisson princesse lui avait demandé de venir faire un vœu.

« Ma femme veut des choses luxueuses dans notre nouvelle maison ».

 Le poisson princesse dit:

« Oh pêcheur rentre chez toi, car ton vœu a été exaucé ».

Il est rentré chez lui et son vœu fut exaucé.

Plus tard, elle se plaignait de ses garde-robes, de ne pas avoir des ménagères, et elle continua à demander de plus en plus de choses et tout lui fut accordé.

Un jour, elle dit à son mari :

« Maintenant que nous avons tout et que nous sommes plus riches que le roi, va voir le poisson princesse et dis-lui que tu mérites d’être le roi et moi la reine. »

Abu n’était pas content car le roi est un homme bon, pensa-t-il. Mais, si cela peut rendre sa femme encore plus heureuse, il se dit qu’il allait demander à ce que son vœu soit exaucé.

Le lendemain, Abu se rendit chez la princesse poisson et lui fit part de son souhait. Le poisson princesse piqua une colère noire et partit d’une voix de tonnerre.

« Assez ! Ta cupidité n’a pas de limites ! Je t’ai donné tout ce que tu demandes, mais je vois que tu n’es jamais satisfait ».

Abu se dépêcha de rentrer chez lui, vit sa femme dans leur ancienne maison et regretta tout. Ils redevinrent aussi pauvres qu’ils l’étaient avant cette rencontre avec le poisson princesse .

Leçon de morale : à force de vouloir toujours plus on finit par perdre ce qu’on a. Ne soyez pas jaloux de ceux qui ont plus que vous. Soyez toujours reconnaissant de ce que vous avez déjà. Aidez les personnes qui vous demandent de l’aide et le ciel vous aidera.

Kebei Raimatou Sih

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils