1

Mon audition au SEM (partie 1/2)

Photo: Ahmad Mohammad / Voix d’Exils.

Le jour où tout bascule

Toutes celles et ceux qui demandent l’asile en Suisse approchent chaque jour leur boîte aux lettres avec le même espoir : « est-ce qu’une lettre du Secrétariat d’État aux migrations (le SEM) m’attend ? ». Voici le témoignage de Samir Sadagatoglu, ancien membre de la rédaction valaisanne, qui est paru sur Voix d’Exils en janvier 2021 et qui a été interprété oralement par Zana Mohammed dans un podcast à découvrir ci-dessous.

Rendez-vous sur Voix d’Exils la semaine du 22 au 28 juillet 2024 pour écouter la deuxième partie de ce podcast.

Zana Mohammed

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Texte originale :

Mon audition au SEM #1/2, un texte de Samir Sagatoglu paru dans Voix d’Exils le 21 janvier 2021




Flash infos #207

Sous la loupe : Rapport d’une commission du Conseil national sur les traumas des enfants renvoyés de Suisse / Les femmes afghanes pourront recourir plus facilement au statu de personne réfugiée / Le Canada poursuivi en justice pour emprisonnement de personnes migrantes

Nos sources : 

Contraintes, séparations… Ces traumas que vivent des enfants renvoyés de Suisse

RTS, le 9 juillet 2024

La justice reconnaît «les Afghanes comme victimes des talibans parce que femmes», un «grand pas en avant»

RFI, le 12 juillet 2024

Le Canada poursuivi en justice pour avoir placé des migrants dans des prisons

Le Figaro, le 9 juillet 2024

Ce podcast a été réalisé par :

Freddy Niyonzima, Liana Grybanova, membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils et Alexis Akodjenou, civiliste à la rédaction.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Des souvenirs à chérir

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Témoignage

Les souvenirs positifs de chez soi sont les seuls qui nous restent loin de la maison. Je suis d’origine burundaise. Arrivée ici en Suisse en 2022, j’ai commencé à écrire dans mon journal personnel pour rester connectée à mes origines.

Les conflits et les guerres nous ont obligé à quitter notre patrie, nos maisons et nos familles ; et les souvenirs qui en découlent restent gravés dans nos cœurs. Cependant, les souvenirs négatifs ont tendance à surpasser les positifs. Les scènes marquantes effraient bien plus que celles qui sont positives. Il est donc impératif d’œuvrer à la construction d’un avenir meilleur en conservant précieusement nos histoires qui nous donnent de l’espoir.

 

Des souvenirs d’enfance heureux

Bien que je n’aie pas connu la paix dans mon pays, je chéris certains souvenirs d’enfance, tandis que d’autres sont moins agréables. L’un de mes souvenirs les plus précieux est celui de mon école primaire qui se trouvait à une minute de chez moi. Cette école était l’école primaire de Ninga, avec ses arbres environnants, ses élèves qui jouent dans la cour – que l’on pouvait voir depuis le salon de ma maison – et ses jeux pour enfants. Le jeu auquel on jouait à l’époque était un jeu collectif populaire qui chez nous s’appelle « Je déclare la guerre ».

Dans ce jeu, un grand cercle est dessiné avec un cercle plus petit au centre. Chaque segment du cercle représente un pays différent, inscrit avec ses initiales. Les joueurs tirent au sort pour déterminer qui sera le premier à déclarer la guerre. L’objectif est que chaque joueur garde un pied à l’intérieur de son pays tout en étant prêt à fuir le plus loin possible lorsque le signal « déclaration de guerre » est donné. Par exemple, si la France est choisie, elle déclare la guerre à un pays de son choix, comme l’Italie, puis s’enfuit. Tous les joueurs, y compris l’Italie, s’enfuient, mais l’Italie doit rapidement revenir dans le petit cercle au centre et crier « STOP ! ». Une fois que tout le monde s’est arrêté, la France évalue la distance qui la sépare des autres joueurs et choisit celui qui est le plus proche du cercle, ce dernier est éliminé. Le jeu se poursuit ainsi, mêlant suspense et excitation pour tous les joueurs.

Je ne sais pas très bien pourquoi on jouait toujours à des jeux qui parlent de guerre. Malgré l’ignorance apparente des enfants, peut-être que cela était dû à l’absence de paix dans notre pays. Malheureusement, aujourd’hui, à cause de la guerre, mon école primaire n’est plus la même et tous ces moments qui m’y rattache encore me manquent. Ce manque est semblable à la perte d’un repère et nous ramène à la vérité de l’exil et que les choses, au fond, ne vont pas mieux. Cependant, j’apprends à m’adapter, à vivre de façon à ce que mes souvenirs positifs ne disparaissent jamais.

 

Période de deuil obligatoire

En arrivant dans un pays d’accueil, toute personne migrante, moi inclue, passe par une phase que j’ai surnommé « le deuil obligatoire ». Les personnes migrantes ont souvent une période de transition essentielle au cours de laquelle elles doivent abandonner tout ce qu’elles connaissent de leur pays. Cela implique l’apprentissage d’une nouvelle langue, l’adaptation à de nouvelles coutumes, de nouvelles techniques, de nouveaux outils inconnus, etc.

Cette adaptation à une nouvelle vie est souvent faite sans la présence de proches, d’amis et d’environnements familiers. On peut la comparer au processus de deuil qui accompagne la perte d’un être cher et à la nécessité de découvrir comment avancer malgré tout. Il s’agit donc de s’adapter à la perte, mais aussi d’aller de l’avant en gardant précieusement près de soi les souvenirs de nos proches tout en se concentrant sur la construction d’une nouvelle route pour l’avenir. Mon objectif est de préserver le plus possible les moments de joie afin de transmettre un héritage d’optimisme et de tranquillité à ma descendance.

 

Un nouvel équilibre

Pendant mon exil, j’ai découvert un sens de l’équilibre qui m’est cher aujourd’hui. Bien que mon éducation et l’absence d’espoir de paix dans mon pays m’ont inculqué une prédisposition au pessimisme, m’amenant à anticiper les crises du lendemain et à être constamment prête à affronter la guerre, mon séjour en Suisse m’a offert une nouvelle perspective. Mon temps en Suisse m’a ouvert les yeux sur une autre façon de voir le monde. Cette perspective ne se limite pas à la sécurité mais englobe également la vie publique dans un sens plus large. En particulier, j’ai noué de nouvelles relations autour d’une série de questions notamment sur le thème de la protection de l’environnement. Il s’agit d’un défi mondial qui ne fait aucune distinction entre races, religions ou groupes ethniques, et ce, quelles que soient leurs origines ou leurs croyances. Cet équilibre nouveau me permet de regarder le futur sans être prisonnière de la nostalgie d’un passé heureux.

 

Alix Kaneza

Membre de la rédaction de Voix d’Exils




Flash infos #206

Autrice : Kristine Kostva

Sous la loupe: Europe: Keir Starmer confirme l’abandon du projet d’expulsion des personnes migrantes du Royaume-Uni vers le Rwanda / Vaud: le Conseil d’Etat veut faciliter le vote des personnes étrangères au niveau communal / International: des routes migratoires à travers l’Afrique toujours plus mortelles

Nos sources : 

Keir Starmer confirme l’abandon du projet d’expulsions de migrants du Royaume-Uni vers le Rwanda

Le Temps, le 6 juillet 2024

Le Conseil d’Etat vaudois veut faciliter le vote des étrangers au niveau communal

RTS infos, le 4 juillet 2024

Les routes migratoires d’Afrique plus mortelles que la Méditerranée   

Le Monde, le 05 juillet 2024

Firat Kil, Zana Mohammed, membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils et Alexis Akodjenou, civiliste à la rédaction.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Flash infos #205

Auteurs : Kebei Raimatou Sih et Firat Kil / Voix d’Exils

Sous la loupe : Suisse: les victimes de la traite d’êtres humains ont besoins de plus de protection / Suisse: le refus d’un permis de séjour viole la séparation des pouvoirs / Le droit à la protection des personnes migrantes est non négociable

Nos sources : 

Les victimes de traite d’êtres humains ne sont pas suffisamment protégées en Suisse

OSAR, le 25 juin 2024

Le refus d’un permis de séjour viole la séparation des pouvoirs

Radiolac, le 26 juin 2024

Les migrants sont des détenteurs des droits et leurs droits devraient être protégés indépendamment des contributions qu’ils apportent a la société, souligne M. Madi

Le Conseil des Droits de l’Homme, le 26 juin 2024

Ce podcast a été réalisé par : 

Freddy Niyonzima, Jean Claude Nimenya, membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils et Alexis Akodjenou, civiliste à la rédaction.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils