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Flash infos #202

Sous la loupe : Incendie des Tattes : Le verdict en appel / Etats-Unis : une nouvelle réalité pour les personnes migrantes à la frontière mexicaine / La cour de justice européenne reconnaît la violence fondée sur le genre comme une forme de persécution permettant d’obtenir le statut de réfugié

Nous sources :

Incendie des Tattes : le verdict en appel

Ligue Suisse des Droits Humains, le 4 juin 2024

Une nouvelle réalité pour les migrants à la frontière américano-mexicaine alors que l’interdiction d’asile de M. Biden entre en vigueur

Zonebourse, le 5 juin 2024

Jurisprudence | Le groupe social des femmes enfin reconnu en droit d’asile !

asile.ch, le 6 juin 2024

Ce podcast a été réalisé par :

Kristine Kostava, Jean-Claude Nimenya, membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils et Alexis Akodjenou, civiliste à la rédaction. 

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Je préférerais retourner en Afghanistan que rester en Croatie »

Photos: Firat Kil / Voix d’Exils

La Croatie est-elle une destination viable pour les renvois des cas Dublin depuis la Suisse ?

Une conférence de presse a été organisée le 3 mai par le collectif Droit de rester à Pôle Sud à Lausanne afin de dénoncer en général les expulsions des personnes déboutées de l’asile et en particulier les expulsions vers la Croatie. Trois familles et une personne seule se sont exprimées devant la presse ce jour-là.

Lors de cette conférence de presse, il était principalement question des retours forcés vers la Croatie, un pays de l’Union Européenne. Cette conférence était donc l’occasion de donner la parole à quatre femmes originaires d’Afghanistan, dont une journaliste, afin qu’elles s’expriment sur les conditions dans lesquelles elles ont été renvoyées de Suisse entre 2023 et 2024. Les témoignages de ces quatre femmes a été rendus possible grâce à la présence d’un traducteur sur place.

La Croatie : une terre inhospitalière

Lors de cette conférence de presse d’une durée d’une heure, les propos des militants et militantes de Droit de rester et des personnes témoins ont dénoncé les décisions de renvoi, la manière dont ils ont été effectués et surtout la Croatie en tant que terre d’accueil. Nassiba, une mère d’un fils de 18 mois, a relaté les évènements qu’elle a vécu à la suite de son renvoi en mars dernier. Elle a évoqué, en pleurs, qu’à leur arrivée en Croatie, la police les a mis, elle et sa famille « trois à quatre heures durant, dans une pièce fermée et sombre, sans [leur] donner de nouvelles, de nourriture ou à boire ». Elle a également décrit les conditions précaires dans lesquelles sa famille a été accueillie qui l’ont donc poussé à reprendre le chemin du retour vers la Suisse. Fariah, également une mère originaire d’Afghanistan, a corroboré les propos de Nassiba en témoignant du « dédain » des policiers croates à l’aéroport lorsqu’ils l’ont laissé elle et sa famille « dans la nature » à la sortie du terminal. Mais surtout, à leurs yeux, c’est surtout l’absence de coopération et d’aide qui est flagrant. Quant à Fariah, après avoir été déposée « dans un terrain vague » par un chauffeur de taxi ; lorsqu’elle s’est rendue à la police pour le dénoncer elle s’est vu rétorquer : « vous n’avez qu’à aller ailleurs, allez en Allemagne ! ».

Lors de ces témoignages forts, ces quatre femmes ont appelé l’Etat Suisse « de bien vouloir les écouter ». Le but était de démontrer que les conditions d’accueil en Croatie n’étaient pas propices, et que ce pays n’était pas prêt à recevoir tant de renvois de cas Dublin. Au point que Fariah a affirmé que « si les conditions le permettaient, je préfèrerais retourner en Afghanistan que rester en Croatie », alors que son mari est en prison ce qui l’a forcée à fuir. Ce commentaire a fait écho lors de cette conférence de presse car les trois autres témoins ont hoché de la tête, marquant un signe d’accord sur ces propos.

« La violence exercée n’a pas qu’un seul coupable »

Graziella de Coulon, membre du collectif Droit de rester, a qualifié que les lieux dans lesquels les personnes en procédure d’asile sont retenues s’apparentent « à des prisons ouvertes ». Elle a surenchéri en dénonçant « la force institutionnelle et systématique utilisée » affirmant que « la violence exercée n’a pas qu’un seul coupable, ce n’est pas seulement la personne qui l’exerce, mais aussi la personne qui en donne l’ordre. »

Lors de sa procédure de renvoi, Fariah a dénoncé son renvoi vers la Croatie le 4 avril dernier « lorsque cinq policiers ont neutralisé sa fille de 14 ans » alors qu’elle ne cessait de répéter qu’elle « n’avait rien fait ».

La journaliste Afghane renvoyée en Espagne a, quant à elle, dénoncé « la brutalité de la police suisse » qui lui ont passé les menottes ce qui lui a causé « des problèmes de dos » par la suite.

 Timothée Adler, militant du collectif Droit de rester, a aussi souligné que « pendant des années, ces enfants grandiront en Suisse [avec] le souvenir de policiers qui débarquent dans leur chambre à 4 heures du matin ». Il a également souligné « l’inefficacité des décisions de renvoi », qui plus est dans le cas présent où les protagonistes sont retournées vers la Suisse pour finalement obtenir un permis N.

Alexis Akodjenou

Civiliste à la rédaction

Film sur la conférence de presse du 3 mai

Réalisé par Firat Kil, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Flash infos #201

Sous la loupe : Swisscom et Powercoders récompensés / France: le Conseil constitutionnel confirme l’accès à l’aide juridictionnelle aux sans-papiers / Un escape game pour comprendre les enjeux de la migration

Nos sources : 

Swisscom récompensée pour sa politique d’intégration

24 Heures, le 27 mai 2024

Le Conseil constitutionnel confirme l’accès à l’aide juridictionnelle aux sans-papiers

InfoMigrants, le 31 mai 2024

Un escape game pour comprendre les enjeux de la migration

RTS, le 15 mai 2024

Ce podcast a été réalisé par : 

Liana Grybanova, Firat Kil, membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils et Alexis Akodjenou, civiliste à la rédaction.




Juste une rencontre

Un projet d’intégration par le partage et le dialogue

« Juste une rencontre » est un projet porté par dix étudiantes qui achèvent bientôt leur formation en travail social à l’Ecole Supérieure Sociale Intercantonale de Lausanne (l’ESSIL). Elles ont décidé de rencontrer des personnes migrantes en leur offrant une opportunité de partage autour d’un verre de l’amitié au bar « Le Bout du Monde » à Vevey le 24 avril dernier. Voix d’Exils était invité à participer à cet événement charmant.

Dans un monde marqué par les mouvements massifs de populations et les défis de l’intégration qui les accompagnent, l’association « Juste Une Rencontre » se distingue par sa vision inclusive et son engagement en faveur de la diversité culturelle. Réunissant dix étudiantes en travail social de l’ESSIL, cette initiative reflète une réponse créative et proactive à la question pressante de l’intégration des personnes migrantes en Suisse.

Une rencontre pour déconstruire les préjugés

Dès le départ, le projet se positionne comme un lien entre la société et les personnes migrantes en abordant une question essentielle : comment déconstruire les idées reçues et favoriser la reconnaissance de l’identité spécifique des personnes migrantes, tout en promouvant la cohésion sociale et l’interculturalité ? La réponse claire fut très rapidement identifiée : le partage, le dialogue et la célébration de la diversité.

La nourriture et la musique comme langages universels

Convaincues que la nourriture et la musique sont des langages universels, les membres de « Juste Une Rencontre » ont organisé une rencontre conviviale au bar « Le Bout du Monde » à Vevey. Cette soirée a été l’occasion pour les résidents et résidentes des foyers de l’Etablissement Vaudois d’Accueil des Migrants de Vevey et d’autres associations de se retrouver autour d’un repas préparé par des personnes migrantes. Le but était donc de mettre en valeur les saveurs et les traditions culinaires de différentes cultures. 

Au-delà de la convivialité, la rencontre a également eu une dimension militante. Face au climat parfois hostile aux personnes migrants, les membres du collectif « Juste Une Rencontre » ont exprimé un message fort contre toutes formes de racisme et de discriminations. Dans les discours prononcés lors de cet événement, des étudiant.e.s ont pris la parole pour exprimer un message fort contre le racisme et les préjugés. Selon le collectif, l’initiative avait aussi comme objectif de « faire face à un climat trop hostile à l’encontre de celles et ceux qui ont dû tout quitter, notamment à cause de fausses représentations véhiculées par les idées de droite et d’extrême droite à travers les médias ».  En soulignant la richesse des différentes cultures et en encourageant un dialogue ouvert et respectueux, l’association a fait un pas concret vers la cohésion sociale et l’inclusion.

Un monde où les différences sont célébrées

« Juste Une Rencontre » incarne donc l’espoir d’un monde où les différences sont célébrées et où chacun et chacune trouve sa place dans une société multiculturelle et solidaire. Par des initiatives simples mais significatives, ces étudiantes ont montré qu’il est possible de construire des liens entre les personnes indépendamment de leurs origines ou de leurs parcours.

Alix Kaneza

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils