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« J’ai commencé à m’adapter lorsque je me suis fait des amis suisses »

 

L’amour du sport: fil rouge de ma vie

Je suis née à Asmara, en Erythrée, et je vis en Suisse depuis six ans. Au début, c’était vraiment difficile de m’installer dans ce nouveau pays. Heureusement, après quelque temps, j’ai commencé à m’adapter, surtout à partir du moment où je me suis fait des amis suisses.

J’ai toujours adoré le sport. En Erythrée, j’étais acrobate, j’ai aussi fait de la grimpe. Toute petite, je faisais peur à ma grand-mère, qui m’élevait, en grimpant au sommet des arbres. Ma petite fille de six ans me ressemble beaucoup et bouge tout le temps !

Mes amis suisses m’ont invitée à faire du sport avec eux : j’ai fait de la grimpe dans les Alpes valaisannes (mon sport préféré !) et du basket. Ils m’ont aussi fait découvrir les sports d’hiver, totalement inconnus chez nous. Je me sens comblée de les avoir rencontrés !

J’ai fait du ski pour la première fois de ma vie. Ça m’a apporté le bonheur de glisser sur la neige en regardant la nature de tous les côtés. Ça m’a beaucoup aidée à oublier les choses difficiles de mon passé. Ce sport, même s’il est un peu dangereux, m’a montré le côté positif de la neige alors qu’avant je n’en voyais que le côté négatif : dès que la neige commençait à tomber, je préférais rester enfermée à la maison, à cause du froid, comme une prisonnière. 

Glisser sur la neige ça me met la tête ailleurs. 

En quittant mon pays, j’ai changé de climat, de langue. J’ai aussi construit de nouvelles relations et la vie, au passage, m’a appris plein de choses que je n’aurais jamais pu imaginer. 

Tigisti GEBREZGHI

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 




FLASH INFOS #103

Photo: Voix d’Exils

Sous la loupe: En Suisse, les réfugié·e·s ukrainien·ne·s peuvent utiliser les transports publics gratuitement / Des solutions pour enseigner le français aux mineur·e·s ukrainien·ne·s / Vingt exilé·e·s indonésien·ne·s secourues en mer après un naufrage

En Suisse, les réfugié·e·s ukrainien·ne·s peuvent utiliser les transports publics gratuitement 

Le Matin, le 22.03.2022

En Suisse, depuis le lundi 21 mars, les réfugié·e·s ukrainien·ne·s  ont la possibilité de voyager avec tous les transports publics gratuitement en 2ème classe et ce en présentant leur permis S en guise de titre de transport.

L’abonnement est valide jusqu’au 31 mai au moins selon l’Alliance SwissPass. Cette décision a été prise pour faciliter les déplacements des réfugié·e·s ukrainien·ne·s ainsi que pour simplifier la distribution des titres de transports qui, jusqu’à présent, étaient remis individuellement à chaque réfugié·e.

Karthik

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Des solutions pour enseigner le français aux mineur·e·s ukrainien·ne·s

Tribune de Genève, le 18.03.2022

En raison du conflit russo-ukrainien qui sévit depuis maintenant plusieurs semaines, les associations Le Petit Escabeau et Les Enfants du Parc, qui proposent une aide scolaire aux jeunes migrant·e·s depuis plusieurs années, recherchent des bénévoles pour soutenir les enfants réfugiés ukrainien·ne·s.

Les cours sont dispensés dans différents lieux. Tandis que Les Enfants du Parc disposent de locaux à Plainpalais et à La Jonction, Le Petit Escabeau propose une aide scolaire au domicile de l’enfant. Cette dernière souhaite par ailleurs prolonger ses actions en intervenant au sein de l’école même où le bénévole peut aider l’enfant directement en classe.

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Vingt exilé·e·s indonésien·ne·s secouru·e·s en mer après un naufrage

20 Minutes, le 21.03.2022

Un bateau de pêche en bois transportant environ nonante Indonésien·nes a chaviré, samedi 19 mars dernier, au large de Tanjung Api, une côte de l’île de Sumatra. L’embarcation se dirigeait en direction de la Malaisie en empruntant une route peu surveillée.

Vingt-six des nonante passager·ères ont été porté·e·s disparu·e·s après le naufrage avant d’être retrouvé·e·s lundi dernier après deux jours passés en mer. Deux personnes exilées qui se trouvaient à bord du bateau n’ont pas survécu.

En tant que pays riche, la Malaisie est une destination choisie par de nombreux et nombreuses exilé·e·s issu·e·s de régions plus démunies d’Asie. C’est notamment le cas de l’Indonésie où le manque de travail pousse la population à s’engager régulièrement dans des traversées en mer.

L. B.

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Derrière la porte

 

Source: unsplash.com

Quand une relation toxique pousse à l’exil

Ce témoignage est une histoire vraie confiée par la victime d’un homme violent à notre rédactrice.

Des loups déguisés en moutons se promènent dans la rue, affichant leur plus beau sourire.

« Ils seront toujours des maris parfaits devant les autres,

auront la conversation la plus intéressante,

vos proches vous diront que c’est le meilleur qui puisse vous arriver,

ils sont très attentionnés avec les amis et surtout avec les amis en commun ».

La rencontre

C’était durant une session d’exercices de gym, soudain j’ai levé les yeux et il était là. Je l’ai observé, il m’a semblé être un homme charmant, il avait un corps spectaculaire sculpté par les exercices. Il m’a souri et j’ai ressenti une grande émotion… C’est ainsi que notre histoire commença.

Les jours suivants furent merveilleux, pleins de petites attentions, les lettres d’amour ne manquaient pas. Nous avons mangé le monde à chaque fois que nous étions ensemble.

Je suis tombée très rapidement enceinte de ma première fille et nous avons décidé de nous marier. Nous nous aimions vraiment beaucoup, ma grossesse se passait bien, tout se passait bien. Les problèmes ont commencé un mois après la naissance de notre fille.

L’enfer commence

Quand notre bébé avait un mois, nous sommes allés un soir assister à un concours de beauté qui avait lieu dans la ville ; toute la famille s’était déplacée. Il s’est éloigné un moment pour aller retrouver des amis et son ex-petite amie, puis est revenu vers moi et m’a dit : « Rentre à la maison avec ma mère, je ne peux pas te ramener ». Sa mère, en l’entendant, s’est fâchée et a exigé que ce soit lui qui me ramène à la maison avec le bébé car il était tard. C’est cette nuit-là que j’ai appris qui j’avais vraiment épousé…  

Sur le chemin du retour, j’ai reçu des insultes, des coups, des coups de pied. J’ai essayé de protéger notre fille qui était toute petite et fragile. Le lendemain, il m’a demandé pardon en me disant qu’il ne savait pas ce qu’il avait bu, qu’il avait perdu le contrôle; bref, il a donné mille excuses qui sont devenues ensuite récurrentes après de nouveaux abus. Après, tout revenait toujours à la normale. Nous avons eu un autre fils mais cela n’a rien changé : le monstre s’était réveillé et ne voulait plus se rendormir.

J’ai vécu cet enfer pendant plus de quinze ans, avec des infidélités, des abus psychologiques et physiques. Quand nous étions avec des amis ou de la famille, il était l’homme merveilleux avec ce sourire charmant que je connaissais. Mais quand la porte se refermait derrière nous, mes enfants et moi vivions un film d’horreur que personne n’aimerait voir. Et chaque fois que je demandais de l’aide à ma famille, on me répondait toujours que pour garder un foyer, je devais apprendre à être tolérante.

Echapper au monstre

Il m’a fallu beaucoup de temps pour avoir le courage de m’enfuir avec mes enfants et de nous protéger. Ce matin-là, alors qu’il était parti travailler, j’ai fait le plein de courage, j’ai emballé des vêtements, j’ai amassé de l’argent, sans rien dire à personne, j’ai ouvert le portail et je suis partie. J’ai pris un taxi vers une destination inconnue, j’ai approché une organisation de protection des femmes qui m’a offert tout le soutien dont j’avais besoin pour continuer ma vie avec mes enfants en toute tranquillité.

Après quelque temps, j’ai contacté ma famille proche pour prendre des nouvelles et aussi faire savoir que nous allions bien. Mais, oh surprise ! Ils m’ont reproché d’avoir abandonné l’homme le plus merveilleux, la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie, et ils ont fini par me dire que j’étais une mauvaise femme.

C’est la dernière fois que j’ai eu des nouvelles de ma famille. Aujourd’hui, je vis en paix, sous un autre nom, dans une autre ville. Mes enfants sont heureux et c’est tout ce qui devrait m’importer, que nous ne soyons plus derrière la porte, sans défense.

Martha Campo

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




« Je devais construire ma renaissance »

Wael Afana. Photo: Voix d’Exils.

Les fruits suaves et les fruits amers de l’exil



Un jour, je me suis dit : « Je veux aller en Suisse, vers un pays qui puisse reconnaître mes qualifications ». Aussitôt, une autre partie de moi-même a réagi : « Quelle folie de vouloir t’en aller ! Dans ton pays bon et tolérant, un âne peut rester caché et espérer déjeuner. Mais là-bas, tu seras découvert en moins d’un quart d’heure ! Ecoute mon conseil et reste ici ! »

Mon expérience de l’immigration n’est pas aussi dramatique que tant d’histoires lues sur Internet ou entendues dans le centre pour réfugiés où j’ai séjourné. Je suis arrivé légalement en Suisse, par avion, et n’ai pas connu les conditions très dures que d’autres ont traversées, risquant la mort par noyade ou l’épuisement dans les forêts à suivre leurs passeurs.

Mon exil a commencé au moment où j’ai quitté ma famille et ma maison pour un endroit inconnu. Des obsessions ont commencé à surgir. Serai-je capable de réorganiser ma vie ? J’éprouvais les symptômes de l’exil, qui se manifestaient par la peur, la tension et l’agitation.

Je savais que ma capacité d’adaptation dépendait de ma facilité à absorber et à surmonter la crise de la séparation ; je devais construire ma renaissance.

Si tout se passait normalement, ma vie devait changer et évoluer : j’allais rencontrer de nouveaux amis et me familiariser avec les sites, les lieux, les langues, les coutumes, le climat et peut-être une nouvelle profession et un nouveau statut socio-économique. Tout ce que je craignais, à la suite de ma décision, c’était de renforcer des sentiments de culpabilité et de dépression.

La vie dans un centre pour requérants d’asile

J’ai été transféré dans un centre pour requérants d’asile dans une ville éloignée avec un grand nombre d’immigrants de différents pays, langues et cultures. J’ai essayé de m’adapter et j’ai même aimé rencontrer des personnes de tant d’horizons différents. La langue n’était pas un obstacle pour moi en raison de ma maîtrise de l’anglais. J’ai appris bien des choses durant ce séjour et j’ai effectué des travaux bénévoles au service de mes collègues immigrants.

Mon arrivée au camp a coïncidé avec l’avènement du mois sacré du Ramadan, avec ses rites religieux, le rassemblement de la famille et la préparation des plats les plus délicieux. J’ai souffert émotionnellement et psychologiquement d’être éloigné de ma famille pendant ce mois sacré. La séparation est comme la mort, surtout dans les circonstances liées à l’émigration. Elle est le plus souvent définitive.

Que pensent les Suisses ?

Parfois, je me demande comment les Suissesses et les Suisses nous voient. Eux aussi doivent être touchés par notre arrivée. La présence d’étrangers contribuera-t-elle à changer la structure et le tissu de la société ? Je pense que la société d’accueil ressent, à différents niveaux, une sorte de menace envers sa civilisation et son identité culturelle, la pureté de sa langue, sa foi religieuse, et son identité collective en général. En témoigne la réaction de certaines droites européennes envers les immigrés.

D’un autre côté, il existe une autre tendance qui a une vision différente de l’immigration et qui est plus ouverte. Elle voit dans les immigrés une richesse culturelle et une diversité sociale qui valorisent le pluralisme, l’ouverture et le brassage des cultures.

Trop âgé pour s’intégrer ?

Généralement, les personnes plus âgées ne souhaitent pas émigrer ou faire des changements abrupts dans leur vie ; cela leur coûte trop de quitter leurs proches et les choses auxquelles elles tiennent, qui sont pour elles une source de sécurité et de réconfort. Si elles émigrent malgré tout, c’est pour des raisons impérieuses.

L’immigré perd sa langue maternelle et s’éloigne ainsi de toutes ses expériences passées ; son enfance et ses souvenirs se perdent. Il doit se mettre à apprendre le plus rapidement possible la langue du pays d’accueil.

Franchir cette étape à mon âge (55 ans) fut particulièrement difficile. Malgré mes tentatives, je n’ai pas eu l’opportunité de bénéficier de cours intensifs de langue dans une école.

Je sais que je dois découvrir mes outils et m’explorer comme un enfant. Je suis obligé de répéter les expériences et lutter pour me protéger ; je dois aussi conserver les choses précieuses qui me restent de ma patrie.

Pour conclure, ma migration peut être vue comme un état de remise en question et d’expérimentation de mes qualifications pour savoir jusqu’où je peux aller dans cette aventure, car elle contribue à élargir les choix mentaux et les expériences psychologiques.

Wael Afana

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




FLASH INFOS #102

Centre fédéral pour réquréants d’asile de Zürich / SEM / Twitter

Sous la loupe : En Suisse, les centres fédéraux d’asile sont débordés / Allemagne : les femmes et les enfants ukrainiens exposés au risque de trafic humain / « Le mur de la honte » : une stratégie superficielle face à la migration algérienne



En Suisse, les centres fédéraux d’asile sont déjà débordés

RTS, le 16.03.2022

Le 15 mars dernier, la Suisse comptait plus de 5’000 réfugié·e·s ukrainien·ne·s arrivé·e·s dans le pays. Face à cette situation, les Centres fédéraux d’asile se sont retrouvés débordés, entrainant notamment de longues files d’attente au Centre fédéral de Zurich où les réfugié·e·s se sont rendu·e·s pour obtenir un permis S.

Le Secrétariat d’Etat aux Migrations (SEM) a par ailleurs assuré que « Personne n’est laissé à la rue ». Dans cette optique, la Municipalité de Zurich a décidé d’ouvrir une grande salle sportive pour les personnes en attente d’un permis S. La Confédération a, quant à elle, annoncé vouloir favoriser les enregistrements numériques pour soulager les Centres fédéraux.

Karthik

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Allemagne : Les femmes et les enfants ukrainiens exposés au risque de trafic humain

infomigrants.net, le 11.03.2022

Depuis le début de la crise migratoire liée à la guerre en Ukraine, la gare centrale de Berlin est devenue un point de passage important pour des milliers d’ukrainien·ne·s, en majorité des femmes et des enfants. La vulnérabilité de cette population augmente leur risque d’être la cible de réseaux de trafic humain et de prostitution.

En effet, d’après la police allemande, des femmes et des mineurs non accompagnés voyageant seuls ont été approchés à la gare centrale par des personnes leur proposant de l’argent pour les loger dans leur demeure.

L. B.

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

« Le mur de la honte » : une stratégie superficielle face à la migration algérienne

infomigrants.net, le 10.03.2022

Depuis la fin du mois de février, des murs d’environ quatre mètres de haut cloisonnent plusieurs plages d’Aïn el Turk, une ville côtière située à l’ouest d’Oran.

Des sources proches de l’administration de la ville ont déclaré à Algérie Part Plus que « ces murs en béton font partie d’une stratégie globale décidée par les autorités locales » pour « bloquer définitivement l’accès aux plages d’Oran aux réseaux de migrants » qui tentent de traverser la Méditerranée. Certains parlent d’un « mur de la honte » et affirment qu’il sera difficile d’arrêter les citoyen·ne·s algérien·ne·s qui bravent chaque jour la haute mer dans leurs petits bateaux pour fuir le désespoir de leur situation actuelle.

Le phénomène migratoire n’est pas nouveau en Algérie et s’est particulièrement amplifié depuis l’année dernière dans cette région qui est le point de départ de la totalité des exilé·e·s de l’ouest algérien.

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils