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Série estivale – Les contes d’Arménie (5/5)

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Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Il était une fois, une mère à l’imagination fertile…

Le conte que vous allez lire est l’œuvre de Hovhannes Tumanyan (1869-1923). Poète, romancier, conteur et père de dix enfants, il est considéré comme un des plus grands écrivains arméniens. Et aussi l’un des plus populaires. C’est de sa mère, réputée pour ses talents de conteuse, qu’il tenait son goût pour ce style littéraire dans lequel il excellait.

 

La jeune femme paresseuse

Il était une fois une très jolie jeune femme qui n’aime pas travailler. C’est pourquoi, ses voisins l’ont surnommée «Huri la paresseuse ». Malgré toutes les critiques, sa mère s’obstine à faire l’éloge de sa fille, si travailleuse, si bonne cuisinière et excellente couturière…

Un jour, un jeune et riche commerçant entend le discours de la mère de Huri et se dit qu’il doit absolument rencontrer cette perle. Il arrange un rendez-vous avec elle et en tombe follement amoureux. Il demande à la mère de Huri son accord pour qu’ils puissent se marier. La mère accepte avec plaisir de le prendre pour gendre car c’est un très beau parti.

Peu après leur magnifique mariage, le commerçant achète quelques sacs de coton et dit à sa femme : « Je vais partir à l’étranger pour mes affaires. En mon absence, peux-tu filer le coton ? Je le vendrai ensuite et cela nous fera une belle rentrée d’argent. »

Huri n’a pas la moindre intention de se fatiguer à la tâche. Un jour, alors qu’elle longe la rivière, elle entend le coassement des grenouilles.

« Pepper, Qeqer, Pepper, Qeqer… »

« Hey les filles Pepper, Qeqer ! J’ai beaucoup de coton à filer, est-ce que vous pouvez m’aider? », leur demande-t-elle ?

« Qura, qura, qura… », lui répondent les grenouilles.

Huri est contente, elle croit avoir entendu les grenouilles lui dire : « Apporte-le, apporte-le ! ». Elle retourne donc à sa maison chercher les sacs de coton laissés par son mari, puis jette le coton dans la rivière.

« Prenez-en soin petites grenouilles. Je reviendrai le chercher dans quelques jours et mon mari pourra le vendre à bon prix. Merci d’avance ! »

Quelques jours plus tard, lorsqu’elle passe prendre le coton filé, les grenouilles coassent toujours.

« Bonjour, pouvez-vous m’apporter le coton que vous avez filé ? », leur lance-t-elle.

Les grenouilles continuent de coasser. Huri la paresseuse regarde dans l’eau et voit une mousse verte qui enveloppe les pierres du fond de la rivière.

« Vous avez filé le coton, vous l’avez coloré et vous avez tissé un tapis ? », demande-t-elle surprise. « Si vous avez utilisé le coton pour vous, alors vous devez m’en payer le prix! »

En disant cela, elle entre dans l’eau et fait quelques pas, quand soudain son pied heurte quelque chose de dur. C’est une grande pièce d’or ! Elle la prend, remercie les grenouilles et retourne à la maison.

Quand son mari rentre de voyage, il découvre la pièce d’or posée sur une armoire. Il est très surpris et demande à sa femme d’où elle vient.

« J’ai vendu le coton aux Pepper et Qeqer », lui explique-t-elle.

Le mari est très heureux et organise une petite fête. Il invite sa belle-mère et lui offre des cadeaux pour la remercier d’avoir si bien élevé Huri.

La belle-mère est une femme rusée, elle comprend tout de suite ce qui s’est passé. Elle doit absolument trouver un moyen pour la protéger afin d’éviter que son beau-fils ne confie un autre travail à sa fille, et que cette fois-ci sa vraie nature de paresseuse soit révélée.

Pendant la fête, une abeille entre dans la maison. En la voyant, la mère court vers elle et s’incline pour lui parler : « Bonjour ma tante ! Comment vas-tu ? Ça fait combien de temps qu’on ne s’est pas vues ? Je constate que tu as vraiment travaillé dur… Tu es donc une abeille maintenant ! »

Son beau-fils, très étonné, lui demande : « A quelle tante parlez-vous ? »

« Comme tu es mon beau-fils, je te dois la vérité : cette abeille est ma tante !, lui confie-t-elle. Elle a travaillé tant et si bien qu’elle est devenue toujours plus petite et, à la fin, elle s’est transformée en abeille. Dans notre famille, nous aimons travailler dur, mais à force de travailler, nous rétrécissons et nous nous transformons en abeilles. »

Ce qu’il entend là fait très peur au marchand. Il ne veut pas perdre sa femme et, pour la protéger, il lui interdit dorénavant de travailler.

Conte de son pays, librement traduit par:

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils



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