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Déclaration d’amour à ma ville d’accueil

Photo: Omar Odermatt / Voix d’Exils.

Lausanne: son lac, son élan de jeunesse et ses trésors culturels

Lausanne

Tu t’allonges autour d’une montagne depuis plus de 8000 ans

Au bord du lac de Léman, tu es une vraie dame

Avec tes quartiers verts

Et le CHUV pour soigner les malades

Avec tes Hautes Écoles et tes bibliothèques

Tu as rempli le lit plein de jeunesse

Avec des vues étonnantes, des plantations

Avec l’ivresse du vin et de l’alcool

Avec des clubs et des restaurants pleins

Avec tes constructions modernes

Sous le chant des oiseaux et les sirènes des navires

Sous les rythmes de la musique de rue

Sous les chuchotements des amoureux

Et sous la houle des vagues du lac aux heures tardives de la nuit

Tu as enfreint les lois du temps

Les siècles passent, tu es toujours jeune

De tous côtés, tu es en plein essor, belle ville olympique

A bras ouverts tu les as étreints

Le savant, l’ouvrier, l’agriculteur, le scientifique, le visionnaire

Les fugitifs, les malades, les malheureux, les démunis

Pour eux la nuit, tu brilles comme la lune

Certains t’appellent grand-mère et d’autres mère

Combien de passagers as-tu changé ?

Chaque jour je marche dans tes rues Lausanne,

Quand la curiosité me taquine

Tes musées me donnent des réponses

Dans chaque quartier comme symbole de vie

Je me retrouve près d’une fontaine.

Masar Hoti

Ancien membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




Série estivale – Les contes d’Arménie (2/5)

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Il était une fois, un pot mystérieux au contenu étonnant…

Le conte que vous allez lire est l’œuvre de Hovhannes Tumanyan (1869-1923). Poète, romancier, conteur et père de dix enfants, il est considéré comme un des plus grands écrivains arméniens. Et aussi l’un des plus populaires. C’est de sa mère, réputée pour ses talents de conteuse, qu’il tenait son goût pour ce style littéraire dans lequel il excellait.

Le pot aux pièces d’or

Il était une fois un paysan qui possédait un petit lopin de terre et deux bœufs. Mais, un hiver, ses bœufs meurent. Lorsqu’arrive le printemps, le pauvre homme ne peut pas compter sur la force de ses animaux pour creuser des sillons dans la terre avant de semer des graines. Alors, il décide de louer son terrain à son voisin. Quand ce dernier commence à labourer la terre, il trouve un pot empli de pièces d’or. Aussitôt, il court chez le propriétaire de la terre.

« Félicitations, j’ai trouvé un pot empli de pièces d’or dans ton terrain. Ce pot t’appartient », lui dit-il.

« Mais non ! Il est à toi, puisque c’est toi l’as trouvé et que tu as payé pour me louer la terre ! », lui répond le propriétaire.

« Non, non, pas question ! C’est le tien », s’obstine le voisin.

La dispute s’envenime tant et si bien que les deux paysans sont à deux doigts d’en venir aux mains. Reprenant leurs esprits, ils décident d’aller voir le roi pour lui demander conseil.

Quand le roi apprend qu’un pot rempli de pièces d’or a été découvert, il déclare fermement : « Ce pot n’appartient à aucun de vous. Il a été découvert dans mes terres, il est donc à moi ! »

Et aussitôt, il part avec ses hommes chercher le précieux pot. A sa grande surprise, quand il prend le pot, il découvre qu’il est infesté de serpents. Il revient au château très en colère et ordonne que l’on exécute les paysans qui lui ont menti.

Les paysans le supplient de les épargner et assurent qu’il n’y a pas de serpents dans le pot, seulement des pièces en or.

Le roi envoie des serviteurs vérifier si ce que les paysans affirment est vrai. Quand les serviteurs reviennent, ils assurent avoir vu des pièces en or dans le pot.

Le roi décide alors d’en avoir le cœur net, il selle son cheval et galope jusqu’au champ du pauvre paysan. Une fois encore, il constate qu’il grouille de serpents. Quel miracle est-ce là ? Que signifie ce phénomène ? Le roi n’y comprend rien.

Il rassemble alors tous les sages du pays et leur ordonne de lui expliquer ce mystère. Les sages expliquent que l’or est un cadeau accordé par Dieu aux pauvres paysans pour les récompenser de leur travail pénible et précieux.

Pendant que le roi discute avec les sages, les paysans recommencent leur dispute… Pour les calmer, les sages leur demandent : « Avez-vous des enfants ? » Oui, l’un a un garçon et l’autre une fille. Les sages conseillent alors aux paysans de les marier et de leur donner l’or trouvé dans le champ.

Jugeant cette proposition sage, les deux paysans arrêtent leur dispute et acceptent d’unir leurs enfants.

Ils préparent un magnifique mariage auquel tout le village est invité. Pendant sept jours et sept nuits les tables seront garnies des meilleurs mets et des plus grands vins. Les orchestres se succèdent pour égayer les mariés et leurs convives.

Après cette fête mémorable, les mariés vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

Conte de son pays, librement traduit par:

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




La chirurgie esthétique fait des ravages chez les jeunes Iraniennes

Photo: Sarah Rogers / The Daily Beast.

Faut-il tant souffrir pour être « belle » ?

Si le recours à la chirurgie esthétique est un phénomène quasi planétaire, il a pris dans la communauté kurde d’Iran des proportions renversantes. Chaque famille compte une ou plusieurs femmes – plus rarement un homme – qui a eu recours au bistouri. Le prix à payer est lourd, puisqu’à l’endettement s’ajoutent trop souvent des résultats calamiteux: conséquence directe de l’inexpérience de médecins qui, appâtés par le profit, s’autoproclament « plasticiens ». Notre rédactrice Zahra, elle-même Kurde iranienne, s’insurge contre cette obsession féminine d’être belle et s’interroge sur ses origines.

« Dans mon entourage, j’ai plusieurs amies qui ont eu recours à la chirurgie. Personnellement, je trouve bizarre cette volonté de modifier son visage, quitte à s’infliger beaucoup de souffrances et de déceptions… Je pense que les femmes de mon pays sont mal informées sur les problèmes qui peuvent survenir quand l’intervention a été faite par des chirurgiens davantage hommes d’affaires que praticiens expérimentés.

C’est une question d’éducation, les femmes manquent trop souvent de confiance en elles et croient qu’en changeant d’apparence, elles vont plus facilement plaire et trouver un mari.

Je pense aussi que ce surinvestissement du visage est une réaction à l’obligation qui leur est faite de porter le hijab. Puisqu’elles doivent cacher leurs cheveux, elles investissent davantage dans leur visage et veulent qu’il soit « parfait ». Il est dans la nature humaine d’attirer l’attention et de séduire par son corps, sa peau ou ses cheveux. D’ailleurs, il n’y a pas que les femmes qui se font opérer, certains hommes se laissent aussi tenter. C’est vrai qu’ils sont largement moins nombreux !

Tue-moi, mais fais-moi belle ! (Expression iranienne)

Pour beaucoup de Kurdes iraniennes, Il faut idéalement avoir un petit nez retroussé comme une poupée, des lèvres pulpeuses, des pommettes saillantes, des yeux étirés et des fossettes dans les joues. Et qu’importe la douleur, si le résultat est à la hauteur de leurs espérances !

Pour autant, les célibataires qui ont subi des interventions de chirurgie plastique ne sont pas forcément respectées et courtisées par les hommes. Tous ne sont pas sensibles aux charmes des « femmes poupées » et au maquillage sophistiqué qu’arborent beaucoup d’entre elles. Elles sont même la cible de critiques virulentes ou – pire encore – sont considérées comme des prostituées.

Pour illustrer les dégâts occasionnés par les interventions faites par de mauvais chirurgiens, je vais vous raconter les mésaventures de deux amies restées au pays. Et je vais aussi vous raconter l’expérience vécue par une troisième amie exilée en Suisse qui a rencontré un homme à la musculature bizarrement développée.

Farzaneh, 29 ans, divorcée, un master en comptabilité

Farzaneh est ma meilleure amie. C’est une femme instruite qui a été mariée pendant 7 ans avant de divorcer. Comme elle a obtenu son master en comptabilité juste avant de se marier, elle n’a jamais travaillé. Comme beaucoup de femmes kurdes, elle est brune aux yeux noirs. Elle a un joli visage, c’est une femme équilibrée mais qui manque de confiance en elle. Un jour, son petit ami qui ne l’avait jamais vue démaquillée et non coiffée, l’a visitée à l’improviste. Il était très étonné de voir qu’elle avait des cheveux frisés et que, sans maquillage, elle n’était pas aussi jolie qu’il le croyait…

Dernièrement, Farzaneh m’a envoyé un message pour me dire qu’elle était très inquiète. Suite à une intervention chirurgicale destinée à accentuer ses pommettes, elle a eu le visage complètement déformé. Elle m’a envoyé une photo horrible, sur laquelle elle est carrément méconnaissable. La moitié de son visage est tellement gonflé que l’on ne voit plus son œil…

Depuis son divorce, mon amie vit à nouveau chez ses parents et elle est très inquiète à l’idée que son père – qui n’est au courant de rien – découvre le désastre. Elle essaie de cacher son visage tant bien que mal et évite de le croiser. « Si mon père apprend que j’ai fait de la chirurgie, il me tuera ! », m’a-t-elle confié.

Au vu du résultat catastrophique, Farzaneh est retournée chez son chirurgien esthétique pour qu’il lui enlève le gel qu’il avait injecté dans ses pommettes. Maintenant, il faudra patienter quelque temps avant de savoir si cette deuxième intervention lui permettra de retrouver un visage normal. Une chose est sûre, elle regrette d’avoir voulu s’embellir artificiellement, alors qu’en réalité l’intervention lui a ravagé le visage.

Haniyeh, 30 ans, célibataire, professeure d’anglais

Mon amie Haniyeh vit encore chez ses parents et travaille comme professeure d’anglais dans une école privée. Elle, c’est son nez, pourtant parfaitement normal, qu’elle a fait modifier. Pour le moment, sur les photos qu’elle m’a envoyées, on ne voit qu’une zone couverte de pansements, avec autour des chairs gonflées et violacées… Elle doit attendre pour découvrir si le résultat de l’intervention est à la hauteur de ses attentes et de la petite fortune qu’elle a dépensé.

A trente ans, Haniyeh est encore célibataire, ce qui est assez courant chez les femmes qui ont un haut niveau d’instruction. Bien qu’elle gagne correctement sa vie et ne paie pas de loyer, elle a dû vendre la voiture qu’elle avait achetée à crédit et qu’elle n’avait pas encore finit de rembourser pour payer l’intervention chirurgicale. Quelle folie ! J’espère pour elle que ce gros investissement financier la rende heureuse et peut-être lui permette de trouver un mari.

Leila, 30 ans, célibataire, comptable

Leila est une amie Kurde iranienne émigrée en Suisse qui surfe sur les réseaux sociaux pour se trouver un amoureux. Elle m’a raconté sa dernière encontre avec un homme plutôt bizarre… Après quelques jours de conversation en ligne, ils décident de se rencontrer. Il va la chercher en voiture à la gare de Neuchâtel et ils font une balade romantique au bord du lac. Il l’invite à manger une pizza sur une terrasse et en le regardant de plus près mon amie trouve que ses bras, ses épaules, sa poitrine sont bizarres. Elle lui demande pourquoi le haut de son corps est tellement développé alors que le reste du corps est normal… Il lui explique qu’il s’est fait des piqûres de testostérone pour paraître plus viril. En fait, Leila n’était pas convaincue et a même trouvé le résultat assez moche. Elle lui a fait savoir qu’elle ne voulait pas avoir une relation amoureuse avec lui. Comme il voulait connaître la raison de son désintérêt, elle a été honnête et lui a confié qu’elle n’était pas attirée par lui, et qu’elle trouvait sa musculature bizarre et qu’elle ne voulait pas d’un homme qui pense attirer les filles par son physique. De toute façon, mon amie n’aime pas les hommes objets.

Vive le naturel !

J’aimerais – sans trop y croire – que les femmes de mon pays apprennent à accepter leur corps et leur visage tels qu’ils sont au naturel. En Suisse, il me semble que les femmes sont moins intéressées par les interventions esthétiques et beaucoup plus naturelles dans leur façon de se maquiller. Personnellement, je pense que les femmes peuvent charmer et séduire autrement qu’en misant tout sur leur physique. Et si elles cultivaient par exemple, leur esprit d’indépendance, leur intelligence, leur humour… ?

Zahra

Membre de la rédaction vaudoise de voix d’Exils




Flash Infos #71

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils.

Sous la loupe : deux fois plus de morts en Méditerranée / Appel à une réforme de Schengen-Dublin / L’enfer des centres de détention en Libye

Augmentation du nombre de migrant·e·s mort·e·s en mer

Le Monde, le 14 juillet 2021

Le nombre de noyades de personnes migrantes se dirigeant vers l’Europe a doublé cette année, notamment via la Méditerranée considérée comme la route la plus dangereuse. Le nombre de leurs bateaux interceptés a également augmenté, leurs occupant·e·s sont souvent renvoyé·e·s en Libye et soumis·e·s à des arrestations, extorsions et tortures après leur débarquement. L’Organisation internationale pour les migrations (l’OIM) a appelé les pays à prendre des mesures urgentes et à laisser travailler les organisations de recherche et de sauvetage, dont les navires sont bloqués dans les ports européens en raison de confiscations administratives et de poursuites pénales visant les membres d’équipage.

 

Système Schengen-Dublin : Karin Keller-Sutter veut réformer

RTS, le 15 juillet 2021

Karin Keller-Sutter a appelé à une réforme du système Schengen-Dublin lors d’une rencontre avec les ministres européens de la justice et des affaires intérieures. Pour elle, la situation de l’immigration est à nouveau tendue. La ministre suisse de la justice a rappelé que le nombre de demandeurs et demandeuses d’asile augmente. De plus, après la crise sanitaire, il faut selon elle s’attendre à des mouvements migratoires importants.

Pour Karin Keller-Suter, il y a urgence à trouver un accord sur le fond de la réforme. Depuis 2015, aucune amélioration importante n’aurait été apportée. « L’heure est au compromis et aux solutions concrètes. », a-t-elle déclaré. Selon elle, il faut éviter de relancer une situation comme en 2015. Le but commun devrait être d’établir « un système d’asile solide et crédible ». Cependant, la conseillère fédérale voit deux blocs qui s’opposent : les États méditerranéens souhaitant une solution globale, tandis que d’autres pays s’emparent de la question de manière « pragmatique » en étudiant chaque mesure spécifique. Elle-même s’aligne sur la seconde option.

 

Une pétition met en lumière l’enfer libyen

Le Matin, le 16 juillet 2021

Amnesty International suisse a lancé une pétition appelant à la libération de trois adolescents de 15, 16 et 19 ans arrêtés pour détournement d’un navire par les autorités maltaises. Suite au naufrage de leur bateau en Méditerranée, les trois adolescents ont été secourus par un pétrolier. Lorsqu’ils ont appris qu’ils retournaient en Libye,  ils ont négocié et obtenu du capitaine du navire qu’il les dépose à Malte. Aujourd’hui. ils font face à des accusations de plusieurs crimes, dont celui de terrorisme, et attendent leur procès depuis deux ans et demi. Ils ont été autorisés à quitter Malte sous caution.

La pétition met en lumière la situation inhumaine en Libye avec des violations des droits humains dans des centres de détention arbitraire. Amnesty reproche également aux pays européens de s’entendre avec les garde-côtes libyens qui interceptent ces personnes pour les renvoyer dans cet enfer.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Série estivale – Les contes d’Arménie (1/5)

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Il était une fois, un renard cruel mais pas assez méfiant…

Le conte que vous allez lire est l’œuvre de Hovhannes Tumanyan (1869-1923). Poète, romancier, conteur et père de dix enfants, il est considéré comme un des plus grands écrivains arméniens. Et aussi l’un des plus populaires. C’est de sa mère, réputée pour ses talents de conteuse, qu’il tenait son goût pour ce style littéraire dans lequel il excellait.

La fin du méchant renard

Il était une fois sur une montagne un grand arbre dans lequel une pie a fait son nid. Elle explique à ses trois petits comment déployer leurs ailes, lorsque survient un renard.

« Cette montagne m’appartient, cet arbre m’appartient et toi tu es venue t’installer secrètement dans mon arbre ! », lance-t-il, furieux, à la pie. « Combien d’enfants as-tu ? »

« Trois, seigneur renard », lui répond-elle, affolée.

« Comment ? Tu t’es installée sans mon autorisation, tu as eu trois petits et tu n’as pas pensé à me faire de cadeau ? Allez, dépêche-toi et donne-moi l’un d’entre eux, sinon je vais chercher une hache et je reviens couper l’arbre… », menace le renard.

« Ne coupez pas l’arbre seigneur renard s’il vous plaît, prenez un de mes bébés et laissez-nous tranquilles ! », pleure la maman pie.

Le renard se saisit de l’oisillon et s’en va. Mais, peu de temps après, il revient et tient le même discours :

« Cette montagne est à moi, cet arbre est à moi ! Tu es encore là stupide oiseau ? Combien de petits te reste-t-il ? »

« Deux, seigneur renard », murmure en larmes la maman pie.

« Deux petits, dis-tu ? Mais si d’autres suivent ton exemple, bientôt il y aura plein d’oiseaux ici. Je sais que tu veux conquérir toute la forêt ! Allez, dépêche-toi et donne-moi un autre de tes enfants, sinon je vais chercher une hache et couper l’arbre ! », grogne le renard.

« Non s’il-vous-plait, ne le coupez pas, prenez mon deuxième enfant et laissez-moi tranquille avec le dernier qu’il me reste », supplie la pie.

Le renard attrape prestement le petit et s’en va.

« Pourquoi suis-je venue sur cette montagne, à quoi bon avoir des bébés si le renard les mange… ? », se lamente la pie.

Un corbeau qui passait par là, entend sa plainte et lui demande :

« Pourquoi pleures-tu, qu’est-il arrivé ? »

« Comment ne pas pleurer, le renard a pris deux de mes petits ! », lui répond-elle.

« Mais quel oiseau stupide ! » s’exclame le corbeau. « Depuis quand la montagne appartient-elle au renard ? Tu ne sais pas que la montagne appartient à tous ses habitants ? S’il revient, n’aie pas peur de lui, dis-lui de s’en aller », lui conseille-t-il avant de partir.

Lorsque le renard se présente pour la troisième fois, la pie ne se laisse pas impressionner et lui balance : « Non seulement tu es un animal cruel, mais maintenant je sais que tu es un menteur ! J’ai eu la bêtise de te croire, mais c’est fini, va-t’en et ne reviens jamais ! »

« Qui t’a dit que j’étais un menteur ? », s’étonne le renard.

« C’est le corbeau ! », lui répond la pie.

Le renard ne fait pas de commentaire et disparaît. Peu après, arrivé dans un champ, il s’étend et fait le mort.

Le corbeau qui volait dans le ciel, aperçoit le renard. Croyant qu’il est mort, il se pose sur sa dépouille pour lui manger les yeux.

A ce moment, le renard l’attrape. Piégé, le corbeau le supplie de ne pas le manger. Il prétend qu’il possède un trésor, qu’ils peuvent aller le chercher ensemble puis le partager.

Attiré par la perspective de s’enrichir, le renard donne son accord. Ils font le chemin ensemble, l’un dans les airs, l’autre sur terre.

Depuis le ciel, le corbeau aperçoit un gros chien couché sous des arbustes. Il crie au renard – qui ne se doute de rien – « C’est là que j’ai caché mon trésor ! » Le renard fonce sur les arbustes et… tombe sur le chien qui le saisit à la gorge tandis que le corbeau, lui, s’envole joyeusement.

Conte de son pays, librement traduit par:

Anahit

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils