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Du lac d’Ourmia au lac Léman

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Le lac d’Ourmia. Auteur: Aliasghar Fotovat / unspash.com.

Le grand voyage d’une goutte d’eau


Ça fait quelque temps que plusieurs questions tournent dans ma tête ! Et tous les jours j’y pense. Où est ma patrie ? Que signifie avoir des racines ? Avec qui doit-on être solidaire ?

Avant, quand j’étais dans ma patrie… Non, non ! Maintenant, je ne suis plus sûre que c’était ma patrie… Mais oui, je suis sûre que c’était ma patrie natale ! À ce moment-là, je ne réfléchissais pas comme ça. Parce que ça me semblait évident. Mais maintenant, j’ai beaucoup de doutes. Permettez-moi de vous raconter mon histoire…

Elle commence le jour où j’ai été obligée de quitter ma famille, mes amis et tous mes proches. Avant ça, tout était calme. On vivait ensemble dans le lac d’Ourmia, en Iran. Et les oiseaux migrateurs venaient chaque année. Comme les flamants roses étaient beaux !

Le savez-vous ? Ce lac est en train de s’assécher. La salinité de l’eau augmente de jour en jour et il n’y a plus d’oiseaux migrateurs.

Ce jour-là, il faisait vraiment chaud. La chaleur était extrêmement gênante. A un point presque intolérable. Et finalement, nous sommes montées vers le ciel. Je n’étais pas seule. Il y avait beaucoup d’autres gouttes avec moi. Après un trajet de quelques jours, nous nous sommes trouvées prises dans un nuage gris. J’ai eu très peur. D’en haut, je pouvais voir encore le lac, mais je n’arrivais plus à distinguer mes proches.
Le vent a commencé à souffler, et nous nous sommes éloignées de plus en plus. Il y avait beaucoup de monde, nous étions serrées comme des sardines. J’ai rencontré des gens que je n’avais jamais rencontrés auparavant. Bien que je sois sûre que nous ne venions pas toutes du même endroit, nous étions toutes pareilles.

Le vent nous poussait chaque jour un peu plus loin. Après trois mois de voyage, un jour un peu spécial est arrivé. Le vent ne soufflait plus. Nous nous sentions toutes fatiguées et lourdes. D’en haut, nous pouvions voir les hautes montagnes enneigées des Alpes. La goutte à côté de moi était très calme. Nous voyagions ensemble depuis plusieurs jours, mais je ne la connaissais pas bien. Je me disais que ses proches devaient aussi lui manquer. Il était temps d’atterrir. La goutte voisine et moi, nous avons atterri ensemble. Mais, quand nous sommes arrivées sur terre, elle est tombée sur l’autre versant de la montagne. Elle a glissé vers une autre rivière et nous avons a été séparées. Ça fait longtemps que je n’ai aucune nouvelle sur ce qu’elle est devenue et je pense souvent à elle.

J’ai continué mon chemin, j’ai glissé sur plusieurs roches et je suis passée à côté de plusieurs arbres dans la forêt. Tout le monde était gentil avec moi.

Aujourd’hui, je suis au calme dans un petit lac qui n’est pas loin du lac Léman, en Suisse. Mais je sais que ce ne sera pas la fin de mon voyage. Je me demande toujours : qu’est-ce que ça signifie avoir des racines ? Quelle sera ma destination ? Où se trouve ma patrie ? Est-ce que ce sont les lacs, les rivières, les mers ? Ou peut-être nous retrouverons-nous toutes un jour dans l’océan, et que j’y reverrai la goutte calme et triste ?

Ahmadirad Salahaddin
Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 



Un commentaire a Du lac d’Ourmia au lac Léman

  1. Arslan Bouchemal dit :

    Patrie ou terre natale!

    Il est tout à fait juste de dire: A quoi bon d’appartenir à une patrie ou d’en faire ces éloge, si cette dernière n’a que faire de ses disciples ou venir même par vous ôtez vos droits, vous interdit d’avoir une vie décente et paisible ou voire même, vous emprisonne juste par le faite que vous vous accrocher à ce bout de terre, en croyant tout bonnement en faire partie? miraculeusement, l’homme ne pourra venir au monde ailleurs que sur une terre!

    La terre natale, n’est en principe, qu’un lieu de naissance indispensable à chacun pour venir à ce monde, il est donc une terre passagère au vu du parcours d’un homme et durant sa vie sur terre.
    Autrement dit: Est-il raisonnable de se porter citoyen d’une patrie qui n’en veut pas de vous ou de se vanter appartenir à un groupe de personne qui à tord ou à raison en fait de vous un citoyen de deuxième classe?
    A juste titre: Quel différence peut-on en faire, entre un citoyen chérit par sa patrie et l’autre citoyen dépourvue de reconnaissance par sa patrie?
    Tas de question peuvent encore être poser lorsqu’il s’agit de mettre en évidence l’incompréhension entre « patrie et citoyenneté ». Comme seule preuve, la courbe du nombres de réfugiés et d’apatride qui ne cesse de s’envoler d’années en années et les statistiques en apporte toutes les preuves qu’on veut établir.

    Pour ma part et pour abréger le dit texte, je crois beaucoup plus et en tant qu’homme libre: être appartenir à la catégorie d’un « citoyen du monde »
    Expressément connu de tous et sans distinction, par principe du faite que toute l’humanité n’est que passagère sur cette terre, autrement qui parmi les hommes dispose t-il des clés de la patrie pour en distribuer les cartes?

    Dans un tel climat, et partant à la recherche d’une patrie et d’une citoyenneté,la déduction est alors plus frappante que réjouissante si une conversion ne verra pas le jour pour faire avancer et faire évoluer le climat social des uns et des autres.
    La vraie patrie des hommes ne pourra être indéfiniment cette terre natale qui nous a vu naître, par ailleurs et bien au delà de cette théorie qui freine l’homme pour le maintenir au stade primitif et de le rétrograder au second rang puis au second lieu, cette façon de le concevoir et de l’altérer pour juste une question de patrie, est appelé dorénavant et tôt au tard à disparaître et à laisser place à la seule théorie de la promulgation d’idées dites fraîches, afin pense t-on concevoir un nouvelle état d’esprit et ou l’homme en question jouera un rôle clé dans ce monde en perpétuel mutation.

    C’est dans la conception que font ces mêmes hommes dans leur relations mutuelles au quotidien, particulièrement envers et avec l’autre, le nouveau venu, que l’espoir d’une véritable émancipation culturelle plurielle verra le jour et ou la diversité est reconnue en tant que richesse, et ou le respect réciproque adviendra une devise d’échange entre tous les hommes et toutes les femmes qu’ont eux mêmes trouvés refuges dans cette unique patrie appelé : Terre.

    Cette méthodologie et cette vision des choses ouvrira sans aucun doute, les portes du dialogue entre communautés, facilitera l’union de tous, et enfin, fertilisera un terrain dans le seul espoir est la construction d’un monde nouveau, civilisé, qui prêche l’entente, l’amour et la paix.

    Ceci dit,la véritable patrie des hommes ne pourra être que cette terre bénie et d’accueil qui vous tendra la main, qui vous offrira un toit et une subsistance, qui vous garantira vos droits et vos libertés, qui vous offrira sérénité et béatitude, et plus que tout, qui préserve ce qui vous reste de plus sacré à savoir: votre Dignité humaine!

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