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Sommet SMILE For Future/5

Débat en plénière au Sommet SMILE For Future, le 08.08.2019, Université de Lausanne. Photo: Omar Odermatt / Voix d’Exils.

Extraits des conférences de presse d’ouverture, de clôture et de la déclaration finale de Lausanne

« Elaborer ensemble des stratégies d’actions afin d’endiguer la crise climatique majeure qui menace la planète », tel est le but des activistes du mouvement Friday For Future. La rédaction de Voix d’Exils était sur place, au Sommet SMILE For Future pour suivre de près cet événement international. Bilan de cinq jours d’un sommet qui s’est tenu du 5 au 10 août 2019 à Lausanne.

Expressions d’attentes, de mots d’ordre ou d’avis autorisés; les extraits suivants donnent un aperçu de la dynamique positive générée par la mobilisation des jeunes pour le climat et leur foi en un possible avenir.

 

Greta Stripp « Réduire les gaz à effet de Serre »

Jeune militante française, engagée dans le lancement d’une pétition qui s’adresse à la Commission européenne. Son objectif : collecter 1 million de signatures.

Sur les mesures à prendre :

« Plusieurs politiciens nous ont reproché de ne faire aucune proposition de mesures à prendre. Nous avons décidé d’y répondre en élaborant un European Citizens’ Initiative (une initiative citoyenne européenne NDLR), composé de 4 points principaux :
• L’Union européenne (EU) doit réduire de 80% l’émission des gaz à effet de serre d’ici 2030 et les avoir réduit à 0% en 2035. Tous les pays sont concernés.
• L’UE doit taxer les importations des pays d’Europe ne respectant pas ces objectifs.
• Aucun accord de libre échange ne doit être signé avec un pays extérieur à l’Europe ne respectant pas ces objectifs.
• L’UE doit fournir un accès gratuit à l’éducation et au matériel didactique sur le climat à tous les citoyens et tous les établissements scolaires européens. »

 

Jacques Dubochet « Produire de l’intelligence collective »

Militant suisse, professeur d’université, biophysicien, chimiste, biochimiste, Prix Nobel de chimie en 2017.

Sur le devoir d’information :

« On pourrait réfléchir à ce que nous faisons aujourd’hui, se demander si on peut faire ceci ou cela, se dire que les décisions seront prises au Conseil communal de Morges… Mais ce n’est pas comme cela que ça se passe. Nous le savons et vous nous le dites, nous savons exactement où nous devons aller: hors du carbone, le plus tôt possible! Il y a une foule de journalistes ici. Vous n’êtes pas neutres et vous avez le devoir d’informer les gens. Il ne m’appartient pas de savoir comment arriver au but fixé. Cela découle de l’intelligence collective et vous, journalistes, vous êtes importants dans la production de cette intelligence collective. Greta Thunberg a mis toutes ses forces dans le mouvement, à vous maintenant de prendre le relais ! »

 

Ernst Von Weizsäcker « Aller vers le renouvelable lucratif »

Militant allemand, biologiste, ancien Directeur du Centre des Nations Unies pour la Science et la Technologie, directeur de l’Institut pour une politique européenne de l’environnement, auteur de plusieurs livres, membre du groupe Scientists For Future .

Sur la question du réchauffement climatique :

« 90% du réchauffement global atteint les océans. Les pays qui longent les côtes devraient être extrêmement inquiets de la hausse potentielle du niveau des eaux. Des villes entières comme Bangkok et Amsterdam pourraient être englouties en moins de deux semaines suite à la fonte des glaciers.
Si notre action se concentre sur l’Europe uniquement, on perdra la guerre ! Car plus de 80% des industries qui utilisent le charbon se trouvent dans les pays en voie de développement. Nous devons donc les persuader de se tourner vers le renouvelable lucratif. »

Sur la décroissance économique :

« La décroissance économique est peut-être nécessaire, mais elle est extrêmement impopulaire, et ne sera donc pas appliquée. Cependant, découpler le bien-être économique de la destruction de la nature est possible. Nous pouvons accroître le bien-être économique, tout en réduisant de manière radicale les émissions de gaz carbonique, l’exploitation des terres et de l’eau, les extractions minérales, la destruction des forêts, etc… Qu’est-ce qui reste à faire? La réponse est : vivre plus modestement. C’est extrêmement impopulaire mais inévitable ! »

Sur la capacité à faire de l’argent tout en étant éco compatibles :

« Je crois que notre force de persuasion doit aussi bien s’exercer sur la communauté des affaires que sur la communauté politique. Il faut créer des alliances avec la communauté des affaires et lui montrer qu’elle peut gagner de l’argent en faisant ce qui est correct. Imputer la faute de la situation actuelle seulement aux politiques, n’est pas correct, comme l’a souligné Greta Thunberg Nous devons être plus créatifs dans la recherche d’alliances gagnantes et non perdantes. » Nous devons établir des règles d’application « légères » qui rendent les gestes, les actions et les mesures écologiques rentables.»

 

Jean-Pascal Van Ypersele « Encourager l’action des jeunes »

Militant belge, docteur en sciences physiques de l’Université catholique de Louvain, climatologue, membre du Centre de recherche sur la Terre et le climat Georges Lemaître.

Sur l’impact de l’action des jeunes sur les décideurs :

« Nous avons passé plusieurs nuits blanches à Genève au cours de la semaine pour finaliser le 25ème rapport de l’IPCC (International Plant Protection Convention). Rendez-vous compte, le premier a été publié en 1990 ! Et depuis, tous les rapports ont à chaque fois été des « réveils » et la plupart des politiques et des acteurs économiques ont préféré appuyer sur la touche « snooze » (touche du réveil permettant de faire un petit somme NDLR). Les rapports sont faciles à ranger dans les tiroirs et à oublier une fois qu’on a remercié les scientifiques pour leur travail… Mais des jeunes qui regardent les décideurs et les politiques dans les yeux, ça c’est plus difficile à mettre dans un tiroir, surtout quand les jeunes descendent dans la rue par milliers et qu’ils demandent : « Qu’avez-vous fait et qu’allez-vous faire pour protéger notre avenir ? » Ce n’est pas le genre de question qu’on range facilement dans un tiroir ! »

 

Extraits de la « Déclaration de Lausanne sur le climat » – La déclaration finale du Sommet SMILE For Future

Sommet SMILE For Future, du 5 au 10 août 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 

Comment combattre la crise climatique et ses conséquences? Un groupe de travail du Sommet, en collaboration avec des scientifiques, dont des membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (le GIEC), a élaboré un ensemble de recommandations destinées aux des décideurs, aux gouvernements et aux entrepreneurs pour qu’ils combattent la crise climatique et ses conséquences.

1. Réduire les émissions de gaz à effet de serre, en commençant en 2020 au plus tard, et en atteignant zéro pour les émissions nettes de CO2 au début des années 2030.
2. Mettre en place une tarification des gaz à effet de serre conforme aux exigences de la justice sociale et aux coûts imposés aux générations futures.
3. Encourager le transport durable au détriment des transports non durables par le biais de l’accessibilité et de la réglementation dans les secteurs privé, public et du fret.
4. Réduire la consommation d’énergie.
5. Investir dans les énergies renouvelables pour garantir une énergie 100% décarbonée à l’horizon 2030.
6. Reconnaître la crise climatique, appliquer des solutions; rendre accessibles à tous et communiquer activement des informations honnêtes et exactes. Trois objectifs à suivre pour les gouvernements.
7. Proclamer l’urgence climatique à l’échelle européenne, comprenant des objectifs, des cibles et des mécanismes tels que des contrôles transparents pour garantir la transparence et la responsabilité.
8. Prendre des mesures pour réduire la gravité des impacts existants sur le changement climatique.
9. Trouver des moyens d’impliquer de manière significative la société civile (y compris les jeunes mineurs), les scientifiques, les travailleurs et les entreprises.
10. Inclure à tout moment les parties prenantes mentionnées ci-dessus dans le processus de décision.
11. Encourager les économies circulaires, telles que la réparation, la réutilisation et le recyclage, plutôt que les économies linéaires, telles que la fabrication, l’utilisation et la mise au rebut. Mettre en place des réglementations pour lutter contre les pratiques non durables et contraires à l’éthique.
12. Encourager l’agriculture et l’agro écologie durables, ainsi que les petits exploitants indépendants, et prendre des mesures systématiques pour améliorer l’accès à la nutrition à base de plantes et aux aliments produits localement.
13. Protéger les écosystèmes et la biodiversité.
14. Prendre en compte dans le secteur agricole les recommandations du dernier rapport du GIEC sur le changement climatique.
15. Mettre en place et assurer une transition juste et l’accès à l’emploi dans le secteur agricole.
16. Utiliser la diplomatie pour prévenir et résoudre les conflits ayant un impact négatif sur l’environnement.
17. Reconnaître et traiter les réfugiés climatiques comme des demandeurs d’asile légitimes dans le respect de la nature et de la dignité humaine.

Propos recueillis et traduit de l’anglais au français par:

Marie-Cécile Inarukundo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils