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Le petit ange de la Ghouta

Source: https://www.alarabiya.net

Fragment de l’horreur de la guerre en Syrie
A quel point le sujet est déprimant, quand le stylo s’abstient d’écrire entre vos doigts. Et les mots vous échappent, quand vous en avez besoin. C’était mon sentiment quand je voulais raconter ce que j’avais vu à la télé. Un journaliste syrien interrogeait un petit garçon qui avait traversé la Ghouta assiégée, près de la ville Damas en Syrie. Ses vêtements étaient déchirés. Il était couvert de poussière : sa maison s’était effondrée suite à l’explosion d’un missile aveugle tiré par un pilote russe qui ne se souciait pas des enfants.Le journaliste lui posait beaucoup de questions, telles que : « Comment es-tu arrivé là ? Ta famille est où ? Peux-tu comprendre mes questions ? » L’enfant regardait vers le bas, ne répondait pas, et le journaliste déjà pensait que le garçon était muet. Ensuite, le garçon a levé ses yeux fatigués et a dit : « j’ai faim ».

Les quelques mots sortis de la bouche de cet ange m’ont fait beaucoup pleurer. Entre les larmes et la douleur, dans ma mémoire, je suis revenu dans le passé. Là, je me souviens lorsque j’étais assis à côté de mon père sur le balcon de notre maison. Puis, mon père décide d’ouvrir la boîte de ses souvenirs devant moi et dit :

« Quand j’étais jeune comme toi, mes amis et moi, nous avions voulu hisser le drapeau syrien au lieu du drapeau français (la France occupait notre pays à cette époque). Alors qu’on avait presque accompli cette aventure, un soldat français nous a vus. Nous avons fui rapidement, et les soldats nous pourchassaient. Ils étaient prêts à nous attraper quand nous sommes entrés un cimetière à proximité. Soudainement, les soldats se sont arrêtés à l’entrée. Ils ont entouré le lieu et sont restés là jusqu’au soir. Leur commandant a demandé à nos parents de nous convaincre de quitter le cimetière avant la tombée de la nuit. Les négociations avec les parents n’ont pas duré longtemps étant donné que nous étions des jeunes garçons et l’armée d’occupation avait de bonnes manières. »

C’est à ce stade que l’histoire de mon père se termine. Je reviens à la réalité. Heureusement pour mon père, il n’a pas entrepris son aventure héroïque à l’époque de Bachar et Poutine. Je pense au petit ange de la Ghouta. Ils ont tué toutes les belles choses que tu aimes, ils t’ont déraciné et ont enregistré ton nom dans le convoi de réfugiés qui ne finit jamais. Quant à moi, je veux écrire avec mes larmes sur la tombe de ta famille : « la neutralité dans la guerre entre les faibles et les forts n’est pas neutre mais est un soutien aux forts ».

Khaldoon HAWALEY 

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils