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Le tour du monde en jeux

 

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

Vaud – Une magnifique édition 2018 de la Fête des enfants à Moudon. Reportage.

Le Groupe suisses-étrangers de Moudon et région a organisé la traditionnelle Fête des enfants. Cette année, l’événement s’est déroulé le dimanche 15 avril à Moudon et avait pour thème « Les jeux du monde ».

Dimanche 15 avril à Moudon a eu lieu la traditionnelle Fête des enfants organisée par le Groupe suisses-étrangers de Moudon et région et ses partenaires. Jadis une fête traditionnelle turque, elle s’est transformée en une fête annuelle qui réunit les enfants et leurs parents de la commune.

Cette année, le thème choisi était « Les jeux du monde ». Il semble que même le temps avait salué ce thème : le beau temps bien ensoleillé incitait à passer la fête en plein air.

Vers 14 heures, tout était prêt pour l’accueil des participants. Les cadeaux pour les enfants ont été emballés, les tables et les bancs ont été mis en place, le terrain a été arrangé. Que la fête commence !

La place devant l’ancienne douane s’est remplie très rapidement.

Les premiers qui ont envahi le terrain de jeu et se sont mis à jouer c’étaient les adultes, fait qui a prouvé que dans le passé chaque adulte était un enfant. Pourtant, très bientôt, les personne d’âge mûr ont été délogées par les petits et sur le terrain de jeux s’est établi le Royaume des enfants. Pour la plupart des jeux, ni adultes, ni enfants n’avaient besoin d’explications des règles. Nous avons réalisé que dans les pays différents, et même sur différents continents, nous jouons aux mêmes jeux. Mais aussi, il y avait des jeux à découvrir que les enfants se sont accaparés sans la moindre hésitation.

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

 

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

 

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

 

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

 

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

 

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

 

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

 

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

 

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

Une ambiance festive a été soutenue par les invités de la Fête des enfants : le groupe de danse de l’école de comédie musicale et de danse du Théâtre Barnabé à Servion et la groupe de musique « Amigos De Portugal ».

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

 

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

Vers 17 heures, la fête a été couronnée par la distribution des cadeaux à tous les enfants sur place.

 

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

Aloys Mussard, stagiaire à l’Evam qui est l’un des partenaires de l’organisation de la fête, a pris une part très active dans l’organisation de la manifestation. Interview.

La fête des enfants de Moudon 2018. Auteur: Eddietaz / Voix d’Exils

 

Bonjour Aloys. Quelle est la contribution de l’Evam à la fête des enfants à Moudon ?

J’ai coordonné la fête pour l’EVAM, c’est-à-dire que j’ai fait le lien entre les migrants, la commune et le groupe suisses-étrangers. Grâce aux bricolages des enfants et des médiatrices de l’Evam : Aster Kebede, Enas Alghayda, Fahma Jama Gul, nous avons réalisé un panneau de bienvenue à la peinture à doigts et des flèches qui indiquaient où se trouvait la fête. Les médiatrices ont animé deux jeux : le jeux des cinq cailloux et la marelle version afghane. Quant à moi, j’animais la pyramide de conserves.

À votre avis, pourquoi cette fête des enfants à Moudon a eu ce succès ? Pourquoi a-t-elle attiré tant de monde ?

C’est un événement annuel qui est très attendu par les enfants et les parents. Mais cette année, ce qui a particulièrement attiré le public, c’est le fait que la fête se déroulait à l’extérieur et le temps clément y a fortement contribué. La possibilité de pouvoir découvrir plusieurs jeux a également beaucoup plu aux enfants.

C’est la fête qui a réuni tous les enfants de la ville sans distinction de statut. Vous vous êtes occupé d’intégration des personnes migrantes. Comment avez vous trouvé le travail avec les jeunes migrants ? Quelle est la différence entre votre travail avec les enfants et votre travail avec les adultes ?

Oui, en effet, je travaille dans l’optique de favoriser leur intégration. Sincèrement, j’aime beaucoup travailler avec les enfants. Ils ont cette force de vie et cette joie débordante qui m’emporte… C’est un réel plaisir de les rencontrer et de les accompagner. A mon avis, la grande différence de mon travail entre les enfants et les adultes c’est l’activité proposée. Par exemple, avec les enfants, les jeux et les bricolages sont des valeurs sûres pour les impliquer dans un projet comme celui-ci. Avec les adultes, je les ai sollicités pour la préparation de la fête le jour-même et pour le choix des jeux présentés. Au final, le but était que la population se mélange autour d’une fête dans laquelle les enfants sont à l’honneur.

Quand vous étiez petit, à quels jeux jouiez-vous ?

De ceux qui étaient proposés : la pyramide, la marelle, la corde, le tire à la corde. Pour ceux qui n’étaient pas présentés, il y en a beaucoup. Mais il y en a un que je souhaite partager et que j’ai beaucoup apprécié, c’est de jouer dans le bac à sable. J’y ai passé des heures entières.

Quels jeux de quels pays voudriez-vous aussi découvrir ? Pourquoi de ces pays ?

Le Mahla du Portugal, ce jeux me rappele la pétanque, mais au final c’est bien différent. Le Portugal pourquoi ? Parce que j’y suis déjà allé et que je garde de bons souvenirs.

Si vous deviez résumer la fête des enfants en six mots, lesquels choisiriez-vous ?

Rire, émerveillement, ambiance détente, jeux, yeux pétillants, métissage culturel.

Mylène

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




10 ans pour construire un nouveau chemin

Keerthigan Sikakumar à l’ECAL. Auteur: Eddietaz

10 ans de l’Evam – Le parcours de Keerthigan Sivakumar en Suisse

Voici presque 10 ans que Keerthigan Sivakumar est arrivé en Suisse. Passé par les structures de l’Evam, autonome et déterminé, il a su construire son chemin pour réaliser aujourd’hui son rêve : étudier le cinéma. Retour sur un parcours épatant.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils est allée à la rencontre d’un de ses anciens membres : Keerthigan. Très enthousiaste, ouvert et sympa il nous a fièrement accordé cette interview à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL).

« J’ai suivi des études secondaires pendant six mois dans mon pays d’origine, le Sri Lanka. Ensuite j’ai fui mon pays en 2009 et je me suis réfugié en Suisse. Les premières trois années, j’ai commencé par apprendre le français et j’ai participé au programme Voix d’Exils jusqu’en 2013. Entre 2014 et 2016, j’ai suivi ma première formation professionnelle à l’Ecole cantonale d’art et de communication de Lausanne (l’éracom). En 2017, j’ai réussi à commencer une formation en cinéma à l’ECAL.

« Les cours de français m’ont permis de sortir du foyer »

Quand je suis arrivé en Suisse, j’habitais au foyer de Sainte-Croix dans une montagne isolée et c’est là que j’ai appris le français en commençant par l’alphabet pendant six mois. C’était très dur, surtout la prononciation. Les cours n’étaient pas intenses, on avait trois jours de cours par semaine. Après six mois, j’ai dépassé le niveau de français des cours qu’on donnait au foyer et on m’a alors proposé de suivre les cours à Renens. Et c’est là où j’ai eu la chance de sortir du foyer pour la première fois. Avec ça, je me suis dit que les cours de français, ce n’est pas seulement pour apprendre une langue, mais aussi pour sortir du foyer, voir, observer, écouter et intégrer la communauté suisse. Donc les cours de français m’ont donné toutes ces opportunités.

« Les cours de français m’ont permis de réaliser mes études professionnelles »

Au début, je voyais le français comme une langue très bizarre. Des gens me disaient que c’est une langue qui est un peu similaire à l’anglais et que si tu parles l’anglais, tu pourras vite l’apprendre. Comme je parle l’anglais, je pensais que ça serait facile pour moi. Mais tel n’a pas été le cas. Les professeurs de français ne parlaient pas l’anglais pendant les cours de français pour définir les mots et nous aider à comprendre. Tout se disait en français. En plus, à cette époque, on n’utilisait pas les smartphones pour chercher la définition des mots. C’est une méthode très dure et difficile pour apprendre la langue. Mais, j’apprécie beaucoup cette méthode, car aujourd’hui elle m’a permis d’être bon en français et de pouvoir faire mes études professionnelles.

« Quand les vaudois parlent, ils parlent très vite »

J’ai eu la facilité d’apprendre cette langue car j’avais l’opportunité de suivre des cours intensifs de français, une demi-journée tous les jours de la semaine à Ecublens. Ensuite, j’ai eu la chance d’être soutenu par une bourse d’études d’une association qui s’appelle ENVOL pour suivre des cours jusqu’au niveau B2. Toute langue est comme un océan, une mer. L’une des difficultés que je rencontre est de me familiariser avec l’accent vaudois. Quand les vaudois parlent, ils parlent très vite. Je me sens toujours comme un débutant dans cette langue. J’ai toujours des difficultés et des défis à relever. Maintenant à l’école, on écrit beaucoup, on rédige des textes. Alors pour faire ça, il me faut d’abord les rédiger dans ma langue maternelle, pour les traduire en français ensuite. Après, je les donne pour relecture à d’autres personnes.

« Voix d’Exils est un vrai emploi »

Je trouve que Voix d’Exils n’est pas un programme d’activités, c’est un vrai emploi. Car à travers ce programme, nous apprenons les vraies techniques du journalisme en Suisse. Alors, il nous donne beaucoup d’expérience et c’est bénéfique. Il nous permet aussi d’avoir la confiance et une grande motivation pour aller rencontrer des gens, faire des interviews et écrire des articles. Voix d’Exils m’a beaucoup aidé à développer mes compétences pour pouvoir suivre ma première formation réussie à l’Eracom. Ce programme m’a aussi appris à connaître la vie politique, sociale, culturelle et professionnelle en Suisse.

« Ce qui facilite l’intégration, c’est d’être toujours ouvert et d’avoir la persévérance d’apprendre »

L’intégration c’est le vivre ensemble des communautés différentes en respectant ces différences. Je ne me sens pas intégré en Suisse et je ne pense pas réussir à m’intégrer un jour, car l’environnement social et politique change tous les jours. Donc, avec ces changements constants, nous n’arriverons jamais à nous intégrer. Mais ce qui facilite cette intégration, c’est d’être toujours ouvert et avoir la persévérance d’apprendre.

Une saveur, un goût qui te parle ?

La crêpe au chocolat. Au Sri Lanka il y des crêpes : les Dosa, mais on ne les mélange jamais avec du chocolat.

Une expression dans ta langue qui t’es chère, qui te ressemble ?

Nous sommes tous citoyens du monde donc nous écoutons.

En tamil : யாதும் ஊரே! யாவரும் கேளீர்! »

Propos receuillis par:

Lamine

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Bio expresse de Keerthigan Sivakumar

1988 : naissance au Sri Lanka, âge actuel : 29 ans

Langue maternelle : Tamil

2009 : Arrivée en Suisse

2014-2016 : Ecole romande d’art et communication (éracom)

2017 : Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL)

 

 




S’intégrer en pratiquant le kick-boxing

Auteur: Omar Odermatt / Voix d’Exils

Vaud – L’association Alma propose des cours de kick-boxing aux jeunes migrants

L’association lausannoise Alma propose des activités culturelles et sportives aux jeunes migrants pour favoriser leur intégration et valoriser les échanges intercommunautaires. Elle a récemment mis en place des cours de kick-boxing. Pour en parler, Voix d’Exils a reçu à Radio Django le 17 avril dernier Claudia Gallo et Marie-Claude Golaz.

Une émission à écouter ici.

Auteur: Eddietaz

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Un entraînement de kick-boxing d’Alma en images

Auteur: Voix d’Exils

 

Auteur: Voix d’Exils

 

Auteur: Voix d’Exils

 

Auteur: Voix d’Exils

 

Auteur: Voix d’Exils

 

Auteur: Voix d’Exils




La peur et le bonheur

Photo: rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Un premier accouchement en Suisse riche en émotions

Je m’appelle Kokob, je viens d’Erythrée. Je vis en Suisse depuis bientôt trois ans ; j’y ai rejoint mon mari qui dispose d’un droit de séjour. Ma propre situation administrative est encore incertaine. En 2016, j’ai donné le jour à notre premier enfant, une petite fille, à l’hôpital cantonal de Sion.

C’était la première fois que je vivais l’expérience de la grossesse et de l’accouchement et en plus je n’avais pas de papiers ! Cette situation m’a fait vivre des émotions très fortes : j’étais tellement préoccupée avec ma procédure, chaque jour j’attendais avec espoir une réponse qui ne venait pas ! J’étais surtout inquiète que mon stress puisse affecter mon enfant. Quand j’ai dû me rendre à l’hôpital, j’étais remplie de peur. Mais au moment où l’infirmière m’a prise en charge,  le poids des soucis s’est envolé. Après, tout s’est bien passé, je me suis sentie en sécurité et heureuse. Ma fille Maria est venue au monde et nous a remplis de joie.

C’est le soin et l’amour que j’ai reçu à l’hôpital qui me font écrire ce témoignage.

J’aimerais vraiment prendre le temps de remercier du plus profond de mon cœur tous les médecins et les infirmiers de l’hôpital du Valais à Sion qui ont changé ma peur en bonheur ; je le fais aussi au nom des autres femmes enceintes qui ont accouché à l’hôpital valaisan.

Aujourd’hui, ma fille a presque deux ans ; je n’ai toujours pas de régularisation de séjour. Je l’attends tous les jours avec plein de chagrin dans mon cœur, sachant qu’il est question de la sauvegarde de ma famille, construite avec amour en compagnie de mon mari. Mais nous gardons espoir en regardant grandir dans la confiance notre petite fille.

Kokob Mebrahtu

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils     

 

 

 

 




“Scheherazade”

Chronicler of genocide

In memory of the 103 rd anniversary of the Armenian Genocide

I have read Franz Werfel’s epic work (900 pages) The Forty Days of Musa Dagh (1933), almost twenty years ago. A thrilling novel based on the appalling testimonies of Armenian refugees, whom the famous Austrian-Bohemian writer had encountered in Damascus, Syria in 1929, while touring the Middle East with his wife [i].

I was so much impressed by the events and the characters that for months they had become a part of me. I don’t know why, may be because I myself am a descendant of a genocide-survivor and my troubled soul has been haunted by countless stories of mass-killings and deportations.

To tell you the truth, I have sometimes asked myself the hypothetical question: Had Franz Werfel continued his journey in Syria traversing the concentration camps of Deir elZor to north-east Syria: Ras alAin, and my hometown Qamishli, he might have encountered, among countless other Armenian Genocide -survivors, my grandfather Bedros and heard his incredible story of death and resurrection! And why not? He might have produced his second masterpiece entitled Scheherazade, after the famous story-teller of the Arabian Nights!

It all started in a tiny village in south-east Turkey in the Batman province, Besiri district. A region predominantly inhabited by Kurds, some Armenians and other Christian minorities, during and in the aftermath of the Armenian Genocide perpetrated by the Ottoman-Turkey in 1915.

Following the horrible massacre of his extended family, the orphan Bedros, was not put to death for the sole reason of having been endowed with a wonderful voice and an amazing capacity of memorising and orally improvising Kurdish traditional songs of folk origin. Hence, the illiterate Armenian kid, who spoke only Kurdish, aged probably 14-15, would grow up to become the principal traditional-singer of an influential Kurdish feudal Chief in the region.

Each evening, the weary villagers and guests from the neighbouring areas flocked in the grand hall, presided by the Chief, eager to hear the “entertainment” of Bedros. He would recite from his endless “repertoire”, folk-songs and historic narratives he had heard since he was a little child: of ferocious battles, valiant heroes and great cities. He would also sing praises of the Chief, extolling his virtues as well as his ancestor’s merits! But not a word about the burning pain that was tormenting his body and soul: the gruesome images of the mass-killing of his family and the extermination of his entire race.

Like the intelligent heroine of the Arabian Nights who kept king Shahryar tantalized by her tales so that he would spare her life one more day, Grandfather never ever forgot his next day’s narrative, lest that would cost him his life.

But, while Schehrezade’s story finishes happily at the end of the One Thousand Nights, his ordeal takes yet another tragic turn.

One dreary late-night, having finished his “performance”, worn out and desperate, he drags his feet home at the extremity of the village to find a scene that would freeze his blood and leave him dumbfounded to the last day of his life! The house was totally plundered, his wife kidnapped and his little son and nephew both aged 3-4 years tightly tied to the window bars, throats slung from ear to ear…

Grandfather passed away few years following his miraculous escape to Syria after rescuing his wife. I did not see him, but remember well his pale face gazing out on emptiness from a photo hanging on the wall of our room. His wide-open eyes seemed desperately looking for someone to recount the untold narrative of his loved ones and many more other sad and heart-rending stories…

H. Dono

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

[i] – BBC radio documentary on Franz Werfel’s novel Forty Days of Musa Dagh http://www.bbc.co.uk/programmes/b09pkmpc