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Votations fédérales du 25 septembre 2016

plus forte dite "AVSPlus" par 59,4%.

Le peuple suisse a rejeté le 25.09.2016 l’initiative pour une Assurance vieillesse et survivant (AVS) plus forte dite « AVSplus » par 59,4%. Auteur: Gorgi, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Le peuple suisse balaye l’intiative AVSplus visant à renforcer l’Assurance vieillesse et survivants




Réflexion sur l’ascension et la chute d’une ville

La guerre dans les villes Syriennes. Photos: Voix d'Exils

La guerre dans les villes Syriennes. Photos: Voix d’Exils.

Quand la vie bascule du jour au lendemain 

Une partie importante de mon travail en tant que traducteur juridique dans ma ville Qamishli, située dans le nord-est de la Syrie, à la frontière avec la Turquie, était de travailler avec les demandeurs d’asile et les migrants ; particulièrement les Irakiens qui avaient fui leur pays après l’invasion américaine en 2003. A cette époque, je ne pouvais en aucun cas imaginé que je me retrouverais dans leur situation.

Je préparais leurs dossiers, traduisais des documents, prenais rendez-vous avec les ambassades et remplissais les formulaires etc. Des centaines de familles sont passées par mon bureau. Chacune avait une histoire extrêmement douloureuse de persécutions subies ou de déplacements forcés. Il était très pénible d’entendre les récits de ces malheureux qui, jadis, menaient des vies assez confortables avant qu’elles ne soient subitement chamboulées par la guerre qui les a contraints à fuir pour se retrouver au final sans abri dans des pays étrangers.

Étant moi-même un descendant d’une famille de réfugiés, leurs histoires n’étaient pas totalement inconnues pour moi. Mon grand-père était le seul survivant d’une famille élargie massacrée pendant le génocide arménien, mené par le gouvernement ottoman contre les Arméniens et les autres chrétiens de la Turquie, pendant et après la Première Guerre mondiale. En 1920, à l’instar de nombreux compatriotes, il survécu miraculeusement en traversant à pied l’immense territoire qui sépare son village natal dans la province de Diyarbakır, au sud-est de la Turquie, et la ville frontalière syrienne de Ras al Ayn. C’est ainsi que les récits de déplacements et de massacres avaient déjà largement abreuvé ma mémoire depuis mon plus jeune âge.

La guerre dans les villes Syriennes. Photos: Voix d'Exils

La guerre dans les villes Syriennes. Photos: Voix d’Exils

Néanmoins, en me mettant à la place de ces réfugiés irakiens, je ne pouvais pas m’empêcher de penser ce qui aurait pu m’arriver à moi et à ma famille si nous avions vécu la guerre dévastatrice en Syrie. Le seul fait de songer à cette idée était terrifiant, cauchemardesque.

Alors que je considérais ce fait à l’époque comme quelque chose d’impensable est brutalement devenu une réalité en 2011. La guerre civile a éclaté en Syrie et la boîte de Pandore, avec tous les maux du monde, a été grande ouvert. Cette fois-ci, ce sont les visages troublés de mes compatriotes qui ont commencé à affluer dans mon bureau, portant aux côtés de leurs précieux documents des histoires horribles d’enlèvements, de pillages et de meurtres. La sécurité intérieure et les services vitaux du pays étaient déjà complètement disloqués et de larges territoires qui entouraient ma ville étaient tombés entre les mains de l’Etat Islamique.

Ironiquement, les petits-enfants des réfugiés qui avaient, il y a cent ans, fondé cette ville frontière comme un refuge pour parer à la persécution se retrouvent aujourd’hui à fuir frénétiquement la dévastation apocalyptique imminente et la mort en cherchant à leur tour un refuge en Suède, en Allemagne et dans d’autres pays européens.

Les lumières de la ville animée, multiethnique et prospère de Qamishli se sont soudainement éteintes; les activités bourdonnantes se sont tues et les rues se sont vidées pour longtemps.

Une triste histoire de l’ascension et de la chute d’une ville dans un guerre sans fin.

Hayrenik DONO

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Le restaurant La Fourchette

Le restaurant la Fourchette. Photo: la rédaction valaisanne de Voix d'Exils.

Le restaurant la Fourchette. Photo: la rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Plus de quarante nationalités derrière les assiettes 

Le restaurant « La Fourchette » accueille pour le repas de midi les requérants d’asile en formation au Centre du Botza, à Vétroz. A chaque service, cela représente environ 100 convives d’une quarantaine de nationalités ! Pas simple, dans ces conditions, de faire plaisir à tout le monde, tant les goûts peuvent être différents selon l’origine.

Voix d’Exils Valais a rencontré Gérard Trombert et Fabien Cleusix, les deux cuisiniers qui relèvent ce défi tous les matins, avec Jean Philippe Josso, chef d’équipe du service de salle.

VDE : Comment le personnel du restaurant arrive-t-il à satisfaire tout le monde ?

Gérard Trombert : « Nous devons composer avec plusieurs cultures et traditions différentes, avec plusieurs religions qui peuvent avoir leurs interdits. Si la garniture, c’est-à-dire le riz, le pain et la pomme de terre, met tout le monde d’accord, par contre avec les viandes, les poissons et les sauces on entre dans un registre très complexe. Les musulman ne mangent pas du porc et exigent que les autres animaux soient égorgés selon leurs rituels religieux. Les Africains du Sud saharien ne supportent pas la sauce blanche et le fromage pendant le repas ; ils veulent leur poisson grillé avec une huile végétale, sans retirer la peau, alors que cela convient moins aux Européens.

Est-il juste de dire que vous essayez d’apporter une « touche suisse » pour proposer un terrain plus neutre et également pour faciliter l’adaptation des personnes à leur pays d’accueil ?

C’est exactement ça. Nous sommes en présence de deux modèles: d’un côté, la cuisine aromatisée avec les épices fines, très parfumée de la cuisine exotique, la nourriture étant servie en une fois dans l’assiette ; de l’autre, la cuisine européenne qui porte beaucoup d’attention à la présentation et la « scénographie » du repas : entrée, repas, dessert, café et où beaucoup de choses se jouent sur l’esthétique.

Mais, dans l’une ou l’autre cuisine, l’objectif principal est le même : apporter au corps ce qui est nécessaire à son épanouissement. C’est la mission primordiale du personnel du restaurant. Un autre objectif important est d’éviter le gaspillage.

La Fourchette apporte aussi bien plus à chaque requérant : un moment convivial autour de tables soigneusement dressées qui invitent à bien se tenir pour partager un moment d’échange avec des personnes de tous les horizons.

Pour notre part, nous souhaitons à tous : bon appétit!

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 




La fête nationale à travers les yeux d’un réfugié

Le 1er août: la fête nationale suisse.

Le 1er août: la fête nationale suisse.

Le premier août 2016 l’Association des Amis du Mont-Racine a organisé un 1er août multiculturel au sommet du Mont-Racine à Neuchâtel. Avec l’association Bel-Horizon, association qui soutient les migrants, ils ont mis sur pied une fête qui était sous les signes du partage et d’échange. J’ai reçu une invitation pour témoigner comme médecin réfugié irakien, membre de la rédaction de Voix d’Exils et bénévole de l’Alarme Croix-Rouge de Neuchâtel et de l’association Partage.

A l’occasion de la journée nationale de la Suisse qui commémore la réunion de tous les cantons sous le drapeau de la Suisse, 40 à 50 personnes sont montées sur le sommet du Mont-Racine pour partager le même repas, de la musique, des chansons, des joies ensemble. Tout le monde, les réfugiés et les suisses, se sont sentis comme si c’était leur fête. Chacun était désireux de célébrer et de s’amuser. C’était amusant de regarder les réfugiés partager tout avec les suisses et se comporter comme des citoyens de ce pays.

Après le repas, au moment des discours, j’ai témoigné devant les personnes présentes. J’ai raconté mon histoire, à partir de mon départ d’Irak jusqu’à ce jour-là. Les difficultés que j’ai affrontées et comment je les ai surmontées. La guerre en Irak, l’habituation à la mort chaque jour et mon arrivée en Suisse. Comment j’ai reçu une réponse négative à cause de mes empreintes dans l’Ambassade de France en Irak. Mon séjour de 8 mois au centre d’accueil de Couvet dans le canton de Neuchâtel. Et finalement une réponse positive à la fin du processus Dublin, puis mon permis B. J’ai aussi parlé de mon travail comme bénévole dans trois associations suisses et donné des conseils pour les requérants d’asile et les réfugiés, les personnes déçues, pour surmonter les obstacles et ne jamais perdre espoir. J’ai insisté sur la solution pour tous : lire, lire lire !

A 22 heures, quelle surprise ! Des feux ont été allumés sur chaque sommet des montagnes, en même temps le feu d’artifice a illuminé le lac de Neuchâtel…la nuit est devenue plus belle que le jour et ça a continué pendant une heure et demi ! J’avais déjà vu ça à la télévision, mais je ne l’avais jamais vécu en vrai. Quand j’ai vu la Suisse de haut pour la première fois, j’ai cru voir le paradis… c’est magnifique…la nature, la verdure et le lac. De notre côté, les réfugiés ont été étonnés parce que la fête et l’organisation étaient formidables.

Jour après jour je suis plus convaincu que ce pays, la Suisse, désire le respect de tout le monde parce que tous les citoyens partagent les mêmes moments de délice sans demander à l’autre en quelle religion croyez-vous, ou de quel pays venez-vous, ou quelles couleurs portez-vous…. A mon avis c’est le sentiment de patriotisme, de liberté et de démocratie. J’ai appris beaucoup de leçons ce jour-là, j’ai vu comment les citoyens mettent la priorité sur l’intérêt commun avant l’intérêt personnel et l’importance de protéger son pays avant de se protéger soi-même.

Merci la Suisse… Vraiment vous me donnez une nouvelle belle vie !

Haider Alsaadi

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 

 

 

 

 

 




Vieillesse et exil : le dangereux cumul des déracinements

Photo: Hayrenik DONO, membre de la rédaction vaudoise de Voix d'Exils.

Photo: Hayrenik DONO, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

L’Entraide Protestante Suisse (l’EPER) organise une visite au zoo Servion avec un groupe de réfugiés Syriens de plus de 55 ans.

La vieillesse est souvent associée à, entre autres, à des maladies chroniques, la dépression, la solitude, l’isolement, etc. Mais ces maux deviennent encore plus aigus dans le cas où les réfugiés âgés ont été contraints à fuir la guerre qui faisant rage dans leurs pays respectifs après avoir passé toute une vie là-bas.

Beaucoup d’entre eux, spécialement les Syriens, ont vécu une vie relativement confortable avant que la guerre n’éclate. En plus, Ils ignoraient totalement le fait que leur séjour en Suisse serait indéfini et qu’ils ne pourraient jamais retourner dans leur pays.

L’Entraide Protestante Suisse (l’EPER) est une organisation qui propose de nombreux programmes pour les réfugiés, dont un en collaboration avec l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (l’EVAM) qui s’adresse plus spécifiquement à ceux de plus de 55 ans. Ces activités visent à améliorer les conditions de vie sociale et la santé de ces personnes migrantes senior.

La dernière activité en date organisée par EPER pour ce public était une visite du zoo de Servion le 30 Juillet 2016. Environ 25 réfugiés Syriens se sont retrouvés pour s’y rendre. Ils sont issus de différentes parties de la Syrie, mais sont tous devenus amis en Suisse, grâce à l’EPER qui leur a permis de se rencontrer.

Abou Ahmad, un homme dans les soixante-dix ans venant de Damas, embarrasse chaleureusement son ami Abou Mazen, du même âge que lui, provenant de al-Sweida et lui dit affectueusement avec les yeux brillant comme des petits miroirs : « Je suis venu pour vous voir mon vieil ami, aller au zoo sans vous n’aurait pas de sens ». Il est très émouvant de voir comment les membres du groupe se saluent cordialement, à l’image de membres d’une même famille séparée depuis longtemps.

Au zoo, l’ambiance est festive et joyeuse. Malgré le fait que seul quelques animaux leur fassent l’honneur de se pavaner, cela n’a que guère d’importance, car ils sont occupés à échanger autour de souvenirs « du bon vieux temps », des nouvelles de leurs enfants et petits-enfants, des cours de langue française, de la peur de l’avenir et, bien sûr, des maux de tête qu’occasionne le permis F.

Il est très intéressant d’entendre Abou Jewan, soixante ans, venant de al-Malkie, qui parle fièrement de son jardin à Yverdon-les-Bains et de l’abondance du persil, de la menthe, des oignons, des pommes de terre, des tomates et des citrouilles qu’il a planté cette année. Sa famille se nourrit désormais toute l’année de légumes bio. Quelle chance ils ont !

Photo: Hayrenik DONO, membre de la rédaction vaudoise de Voix d'Exils

Photo: Hayrenik DONO, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Mais l’excitation atteint son comble lorsque deux énormes tigres font soudainement leur apparition. Les visiteurs dégainent alors leurs appareils photos pour capturer des images des deux grands félins qui passent majestueusement leur chemin.

Dans l’après-midi, tous se rassemblent autour d’un pique-nique canadien et continuent leur conversation sans fin jusqu’à ce que les premières gouttes de pluie les prennent par surprise. Marc Caverzasio, le dynamique et gentil collaborateur du projet lance alors en arabe – langue qu’il maîtrise bien – que la visite est finie.

Mais avant de partir, Madame Inaam, provenant de Qamishli, une ville dans le Nord-Est de la Syrie, lui fait part de son sentiment du moment qui traduisait tout à fait l’impression générale du groupe : « cette activité nous a encore une fois chargé d’énergie positive. Merci l’EPER et merci la Suisse! »

Hayrenik DONO

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils