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« L’initiative de l’UDC pour le renvoi effectif des criminels étrangers nous ramène au système du bannissement »

Magalie Gafner, sociologue et juriste au Centre Social Protestant (CSP) Lausanne.

Magalie Gafner, sociologue et juriste au Centre Social Protestant (CSP) Lausanne.

Voix d’Exils a  rencontré Magalie Gafner, sociologue et juriste au Centre Social Protestant (CSP) de Lausanne pour s’interroger sur les enjeux de l’initiative du 28 février prochain dites de renvoi effectif des étrangers criminels.

Quelle est la différence entre la dernière initiative concernant le renvoi des criminels étrangers et celle-là ? Est-ce uniquement une « mise en œuvre » de la précédente ?

L’application faite par le Parlement de l’initiative sur le renvoi des étrangers délinquants laisse une marge d’interprétation aux juges, leur permettant de traiter différemment un migrant fraîchement arrivé et qui commettrait un délit et une personne née en Suisse qui commettrait le même acte.

 Dans cette initiative « Pour le renvoi des étrangers criminels », quelles catégories d’étrangers sont visées ?

A priori toutes les  catégories d’étrangers sont visées : du touriste à l’étranger de la deuxième ou troisième génération. Il est toutefois clair qu’un renvoi automatique, tel que prévu dans l’initiative de mise en œuvre, contrevient à l’interprétation faite par la Cour de justice de l’Union Européenne qui exige un danger actuel pour l’ordre public et réfute toute automaticité. Sans remise en cause de l’Accord sur la libre circulation des personnes, le texte constitutionnel ne pourrait s’appliquer aux ressortissant-e-s européens. De plus, ce texte, mènera à des violations très systématiques de l’article 8 de la Convention Européenne des Droit de l’Homme qui protège la vie familiale mais aussi la vie privée, soit notamment l’enracinement ancien d’une personne dans une société quand bien même elle  n’en n’aurait pas la nationalité. Là aussi, soit on renonce à appliquer cette convention, soit on renonce à appliquer le nouvel article constitutionnel aux migrants installés de très longue date ou qui auraient leur famille en Suisse et dont le ou les crimes ne revêtent qu’une gravité relative.

Est-ce que cette initiative pose des problèmes (ou pas ?) du point de vue du droit ?

 

En plus des difficultés soulevées à la question précédente, l’initiative entrave clairement le travail du juge qui doit appliquer le cadre légal à une situation particulière et respecter le principe de proportionnalité.

Pensez-vous que cette initiative va renforcer la sécurité de la population suisse ?

Si cette campagne participe à créer un sentiment d’insécurité, la modification de la Constitution ne changera rien à la sécurité objective en Suisse, puisque aujourd’hui les bases légales et la pratique des tribunaux permettent déjà de renvoyer les étrangers qui mettent en danger l’ordre public. Les seules personnes qui ne peuvent être actuellement renvoyées et qui présentent un danger ne le pourront pas non plus avec cette initiative, puisqu’il s’agit de personnes dont l’identité est impossible à établir et/ou qui ne sont pas réadmises par leur Etat national.

Cette initiative ne risque-t-elle pas de créer un régime de « double peine » ?

Il est clair qu’une sanction de renvoi qui s’ajoute à une peine pénale purgée est une double peine.

Dans quelle « direction » les différentes initiatives de l’UDC nous mènent ?

Ces initiatives nous éloignent d’une certaine conception du droit et nous ramènent  à travers des réponses apparemment simples au système ancien du bannissement qui, indépendamment des questions éthiques que cela soulève, n’est, dans une société mondialisée, qu’une illusion.

Propos recueillis par:

Rama Kouria

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Info :

Article paru dans le 20 minutes qui détaille des cas de figure concrets de renvois

 

 

 

 




Pour plus de sécurité

Un dessin signé H. Sami, ancien rédacteur de Voix d'Exils.

Un dessin signé H. Sami, ancien rédacteur de Voix d’Exils.




Voix d’Exils évolue

Affiche pour le lancement du nouveau site d'information de Voix d'Exils. Auteurs: Senad et Moaz, Voix d'Exils

Affiche pour le lancement du nouveau site d’information de Voix d’Exils. Auteurs: Senad et Moaz, Voix d’Exils.

Voix d’Exils fait peau neuve et se transforme en site d’information.

Vous étiez abonné à la lettre de nouvelles de notre ancien blog. Nous venons de vous réabonner à la liste de diffusion de notre nouveau site d’information. Retour sur cette métamorphose qui s’est opérée à la fin de l’année passée.

Après cinq années d’existence numérique et plus de 400 articles publiés, Voix d’Exils se dote d’une nouvelle plateforme web media réalisée sur base WordPress par Senad Toska, ancien rédacteur vaudois, sous la supervision de Christian Vago, Coordinateur de programme. Avec ce portail, le blog se mue en site d’information. Voix d’Exils ambitionne ainsi d’augmenter sa visibilité sur Internet, de mettre en valeur l’ensemble des articles publiés à ce jour, de développer ses publications multimédias et multilingues ainsi que d’élargir son public.

Afin de célébrer dignement la mise en activité de sa nouvelle plateforme média, Voix d’Exils a organisé une conférence de presse à Neuchâtel le 22.10.2015 et un vernissage à Lausanne le 03.11.2015. Ces deux événements ont été organisés grâce au soutien du Service des migrations de Neuchâtel et de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants.

Nous vous remercions pour votre fidélité et nous nous réjouissons de vous retrouver sur notre nouveau site d’information.

Votre dévoué,

www.voixdexils.ch

Nouveau logo de Voix d'Exils. Réalisation: Senad Toska et Omar Odermatt.

Nouveau logo de Voix d’Exils. Réalisation: Senad Toska & Omar Odermatt.

 

Retour sur la conférence de presse de Neuchâtel

Le 22 octobre 2015, la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils a organisé dans ses locaux, sis dans le quartier de Vauseyon en ville de Neuchâtel, une conférence de presse pour l’inauguration du nouveau site Internet de Voix d’Exils. Les journalistes de la télévision régionale Canal Alpha ainsi que le principal média du Canton – l’Express – ont répondu positivement à notre invitation.

Les principaux objectifs de Voix d’Exils ainsi que les résultats des travaux réalisés sur le site Internet ont été présentés par Omar Odermatt, coordinateur du projet au niveau romand et Keerthigan Sivakumar, ancien rédacteur vaudois et auteur du film « Voix d’Exils, un autre regard sur l’asile en Suisse » qui a été projeté à cette occasion.

La conférence de presse a aussi été l’occasion pour les rédacteurs et rédactrices requérant-e-s d’asile de s’exprimer sur leur vécu et sur l’importance de ce programme pour le développement de leurs compétences transversales que l’on peut définir comme des compétences comportementales informelles (des attitudes, des savoir-être) transférables dans différents domaine d’activité professionnels nécessaires à une intégration réussie.

Un extrait de film sur les persécutions subies par une rédactrice neuchâteloise d’origine congolaise, à cause de son métier de journaliste, a conclu de manière poignante les témoignages et présentations.

La rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 

Nouveau logo diminutif de Voix d'Exils. Auteurs: Senad Toska & Omar Odermatt.

Nouveau logo diminutif de Voix d’Exils. Auteurs: Senad Toska & Omar Odermatt.

 

Compte rendu multimédia du vernissage de Lausanne

Le vernissage du nouveau site, qui s’est déroulé le 3 novembre à Lausanne, comprenait également la présentation des programmes vélo et cuisine de l’EVAM, ce qui a donné lieu à une collaboration inédite entre ces trois programmes d’activité. L’événement s’est tenu dans l’atelier mécanique du programme vélo, sis à la Maison du vélo, qui a été transformée, pour l’occasion, en espace d’exposition éphémère.

Plusieurs intervenants et intervenantes se sont succédés. Une première partie introductive a été animée par M. Erich Dürst, Directeur de l’EVAM, qui a introduit la problématique de l’intégration des requérants d’asile; puis Mme Evi Kassimidis, Chargée de communication, a exposé les programmes d’activités de l’EVAM. Une seconde partie, consacrée plus spécifiquement au programme intercantonal a été animée par Omar Odermatt, responsable de la rédaction, qui a principalement évoqué les nouveautés du site Internet; tandis que Keethigan Sivakumar, Rama Kouria et Avin Anes, membres des rédactions vaudoises et neuchâteloises, ont partagé leurs visions et expériences de Voix d’Exils. S’en est suivi un buffet gargantuesque concocté par le Programme d’activité cuisine qui a régalé toute la galerie.

Quelques jours après le vernissage Issa, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, a réalisé un sujet radiophonique sur les ondes de notre partenaire Radio Django qui met en exergue les temps forts de l’événement.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Images du vernissage à Lausanne

Réalisation: Mariana Nanzer

Omar Odermatt présente le nouveau site d'information.

Omar Odermatt présente le nouveau site d’information. Auteure: Mariana Nanzer.

Omar Odermatt, responsable de la rédaction. Auteure: mariana Nanzer

Omar Odermatt. Auteure: mariana Nanzer

Keerthigan Sivakumar & Omar Odermatt. Auteure: Mariana Nanzer.

Keerthigan Sivakumar explique son expérience à Voix d’Exils. Auteure: Mariana Nanzer.

Rama Kouria évoque les projets qu'elle a mené à Voix d'Exils. Auteure: Mariana Nanzer.

Rama Kouria évoque les projets qu’elle a mené à Voix d’Exils. Auteure: Mariana Nanzer.

Le public est attentif. Auteure: Mariana Nanzer.

Le public est attentif. Auteure: Mariana Nanzer.

Deux participants du PA cuisine. Auteure: Mariana Nanzer.

Deux participants du Programme d’activité cuisine. Auteure: Mariana Nanzer.

Deux participants du Programme d'activité cuisine. Auteure: Mariana Nanzer.

Deux participants du Programme d’activité cuisine. Auteure: Mariana Nanzer.

Portrait d'un participant du Programme Cuisine de l'EVAM.

Portrait d’un participant du Programme d’activité Cuisine de l’EVAM. Auteure: Mariana Nanzer.

Portrait d'un participant du Programme Cuisine de l'EVAM.

Portrait d’une participante du Programme Cuisine de l’EVAM. Auteure: Mariana Nanzer.

Un membre du Programme d'activité Cuisine de l'EVAM. Auteure: Mariana Nanzer

Un membre du Programme d’activité Cuisine de l’EVAM. Auteure: Mariana Nanzer.

Portrait d'un participant du Programme Cuisine de l'EVAM.

Portrait d’un participant du Programme d’activité Cuisine de l’EVAM. Auteure: Mariana Nanzer.

Photo des organisateurs et organisatrices du vernissage et de la conférence de presse. Auteure: Mariana Nanzer.

Une partie des organisateurs et organisatrices du vernissage et de la conférence de presse. Auteure: Mariana Nanzer.

 

Infos

Couverture médiatique de la conférence de presse et du vernissage de Voix d’Exils :

Sujet réalisé par Canal Alpha

Article paru dans l’Express le 23.10.2015

Article paru dans l’Evénement syndical le 11.11.2015

Émission de Radio Django réalisée le 20.11.2015




Déconne pas Marcel le 28 février !

Un dessin signé Tafamous, membre de la rédaction vaudoise de Voix d'Exils

Un dessin signé Tafamous, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.




Le trafic des migrants, une activité scandaleusement lucrative

"Coucher de soleil" CC0 Public Domain  Libre pour usage commercial  Pas d'attribution requise  Auteurs : Rudy and Peter Skitterians

« Coucher de soleil »
CC0 Public Domain
Libre pour usage commercial
Pas d’attribution requise
Auteurs : Rudy and Peter Skitterians.

Quel est le point commun entre Bouba le Guinéen, Ibrahim l’Afghan, et N’Diaye le Sénégalais ? Ces trois jeunes hommes ont eu recours à une série de passeurs et d’intermédiaires pour réaliser leur rêve : émigrer en Europe. Ils racontent à Voix d’Exils les péripéties de leur périlleux et coûteux voyage. 

Basés dans les « zones de transit » telles que la Lybie, le Maroc et la Turquie, les trafiquants de migrants s’enrichissent aux dépens des candidats à l’exil. Impossible de joindre les côtes européennes sans avoir recours à leurs services.

« Le passeur était un compatriote, il m’a fait un prix »

Ibrahim, 21 ans, Afghan, vivant en Iran avant d’émigrer.

Voix d’Exils : Pouvez-vous nous raconter l’itinéraire que vous avez emprunté pour venir en Europe ?

Ibrahim: J’ai pris contact avec des hommes qui connaissaient parfaitement la topographie de la région et qui m’ont expliqué comment passer la frontière iranienne. Ensuite, j’ai franchi seul à pied la montagne pendant la nuit pour rejoindre la Turquie où je suis resté trois mois. Durant ce séjour, j’ai travaillé et j’ai pu collecter 1200 dollars qui m’ont permis de payer le bateau pour aller en Grèce, première porte sur l’Europe.

Comment s’est passée la transaction pour faire la traversée ?

J’ai rencontré un passeur dans un port turc. C’était un Afghan basé en Turquie depuis longtemps. Comme j’étais un compatriote, il m’a fait un prix spécial et ne m’a demandé que 300 dollars. J’ai versé l’argent dans un magasin dont le gérant était un intermédiaire qui a pris une commission au passage. Une fois arrivé en Grèce, je l’ai appelé pour qu’il remette l’argent au passeur. Si je n’avais pas appelé dans les 24 heures, le passeur aurait pu réclamer son argent.

Où étiez-vous avant le départ ?

Je suis resté caché dans la forêt pendant la nuit avec 35 autres personnes. Il faisait froid et sombre. Vers 4 heures du matin, nous avons embarqué dans un bateau de quatre mètres de long. Un des migrants a été choisi et brièvement formé pour jouer le rôle de capitaine…Sur le bateau, il y avait des hommes, des femmes, des enfants dont certains encore nourrissons, en majorité des Afghans et des Syriens. Nous sommes restés entassés durant les quatre heures qu’a duré la traversée en mer.

« J’ai voyagé dans le tableau de bord de la voiture, je ne pouvais plus respirer »

N’Diaye, 27 ans, Sénégalais, en Suisse depuis 2013

"Radonnée pédestre" CC0 Public Domain  Libre pour usage commercial  Pas d'attribution requise. Auteur : Unsplash

« Radonnée pédestre »
CC0 Public Domain
Libre pour usage commercial
Pas d’attribution requise.
Auteur : Unsplash

 

Voix d’Exils : Comment avez-vous négocié votre voyage et combien de temps cela vous a-t-il pris?

N’Diaye : J’ai obtenu un contact par le biais d’un ami, dont le jeune frère était parti en Europe. L’homme en question était en relation avec des passeurs basés au Maroc. Je l’ai donc rencontré afin d’obtenir des informations. Il m’a expliqué comment allait se passer le voyage et m’a demandé 3500 euros. Je devais d’abord lui faire parvenir un acompte de 1000 euros, pendant que les 2500 euros restants étaient confiés à un intermédiaire et ne lui seraient versés qu’à mon arrivée à destination.

Quel moyen de transport avez-vous utilisé pour arriver au Maroc ?

J’ai quitté le Sénégal et je suis arrivé au Maroc par la voie aérienne à mes propres frais. Ensuite, une personne de contact est venue me chercher à l’aéroport et m’a conduit à la frontière à Nador, dans une maison où il y avait une dizaine de personnes en attente de leur départ comme moi. Certaines attendaient depuis plus de 6 mois.

Concrètement, dans quelles conditions voyagent les candidats à l’émigration ?

Tous ne voyagent pas confortablement installés sur les sièges des voitures, on les place également sous le tableau de bord, sous les sièges à l’arrière, dans le coffre… C’est pourquoi les personnes corpulentes ou de grande taille sont plutôt transportées par voie maritime, pas par manque de moyens pour payer le voyage, mais faute de place !

Combien de temps avez-vous mis pour arriver en Europe, et combien d’intermédiaires avez-vous rencontrés ?

Comme je suis plutôt fin et de taille moyenne, je n’ai pas mis beaucoup de temps, j’ai juste attendu trois semaines à Nador avant de partir pour Melilla, l’enclave espagnole en territoire marocain. En ce qui concerne les intermédiaires, j’ai rencontré énormément de petits négociateurs qui pour gagner un peu d’argent font le lien avec ceux qui organisent les voyages clandestins.

Combien de temps a duré le trajet entre Nador et Melilla et où étiez-vous caché?

On m’a placé sous le tableau de bord. Pendant les 30 à 40 minutes de route, je ne pouvais pas bouger, j’avais beaucoup de mal à respirer et il faisait extrêmement chaud. C’est l’expérience la plus difficile que j’ai faite de ma vie !

Combien de passeurs et d’intermédiaires avez-vous rencontré depuis votre départ jusqu’à destination ?

En plus de la personne qui m’a donné le contact au Sénégal, j’ai rencontré le chef de file, le représentant de ce chef, les deux contacts des chefs de file du représentant du Maroc, cinq petits intermédiaires et une dizaine de chauffeurs.

« Les migrants corpulents ne trouvent pas de place dans les voitures, ils doivent prendre la mer ! »

Bouba, 18 ans, Guinéen

"Randonnée Pédestre" CC0 Public Domain  Libre pour usage commercial  Pas d'attribution requise  Auteur : Unsplash

« Randonnée Pédestre »
CC0 Public Domain
Libre pour usage commercial
Pas d’attribution requise
Auteur : Unsplash

 

Voix d’Exils : Comment avez-vous organisé votre départ ?

Bouba : Nous étions une vingtaine de personnes regroupées dans la forêt marocaine de Casiago. Nous n’avions pas assez de moyens pour payer un passage clandestin par voie terrestre pour joindre Ceuta, l’enclave espagnole en territoire marocain. Pour prendre la mer, il nous fallait l’aide de passeurs ou d’intermédiaires pour trouver un zodiaque et un capitaine. Nous avons payé chacun 100 euros afin d’acheter le zodiaque.

Où avez-vous trouvé le vendeur du zodiaque ?

On trouve à Casiago des migrants qui ont voyagé jusque-là mais n’ont pas eu assez de moyens pour payer le voyage vers l’Europe. Ils sont donc restés au Maroc et y développent beaucoup de relations et de connaissances pour l’organisation de voyages en mer.

Quel moyen avez-vous utilisé pour vous repérer en pleine mer ?

Le plus souvent les capitaines des bateaux sont des Sénégalais qui maîtrisent très bien les pirogues et les zodiaques. Ce sont généralement des professionnels qui ont exercé des activités de pêche artisanale chez eux et qui savent parfaitement utiliser la boussole pour s’orienter en mer.

Combien de temps faut-il attendre avant de partir?

L’attente dépend du nombre de personnes intéressées par la traversée, de la collecte de l’argent et surtout de la possession d’un zodiaque. Ça varie généralement entre un et six mois.

Parlez-nous de votre traversée…

Le voyage a été rapide Nous sommes partis de Casiago vers minuit et avons navigué pendant 8 heures avant d’arriver sur la côte espagnole de Ceuta. S’il n’y a pas de capitaine qui sache utiliser la boussole, la traversée peut durer jusqu’à deux jours.

Combien coûte un voyage clandestin par la mer ?

Cela varie entre 500 et 1000 euros toutes charges comprises. A titre de comparaison, les voyages par la voie terrestre peuvent grimper jusqu’à 4500 euros. Certains migrants corpulents sont obligés de passer par la voie maritime car ils ne trouvent pas de place dans une voiture. Pour se cacher sous le tableau de bord ou d’autres parties du véhicule, les clandestins doivent faire au maximum 60 kilos et 1,60 mètre.

Avez-vous vu le chef des passeurs ?

Non, il y a plusieurs chefs car il y a plusieurs clans de passeurs et tous ont de très nombreux intermédiaires.

Selon vous, serait-il possible de démanteler ces réseaux de passeurs?

Ce serait très difficile ! Pour y arriver il faudrait démanteler toute une chaîne de contacts. Commencer par les « négociateurs » basés dans les pays d’origine des migrants clandestins, puis s’attaquer à leurs représentants basés au Maroc, ainsi qu’aux collaborateurs des représentants, aux collaborateurs des chefs passeurs, à leurs adjoints, leurs chauffeurs qui prennent en charge les clandestins et enfin aux chefs passeurs, ceux qui ont la main sur les négociations et les planifications.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Info:

pour creuser, lire un autre article de Voix d’Exils: Les passeurs : des tours opérateurs (presque) comme les autres