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Regard d’une petite fille du camp de Yarmouk sur la fête de Noël

Auteure: Duha Sharshara.

Auteure: Duha Sharshara.

Voici un dessin de la fille de notre rédacteur neuchâtelois Osama Sharshara. Elle s’appelle Duha Sharshara.

Voici le texte qu’elle a rédigé pour accompagner son dessin:

« S’il vous plait, dites au Père Noël de ne pas venir car ma patrie est blessée et toujours ensanglantée »




Séjour en montagne exceptionnel pour un groupe de requérants mineurs

Balade de MNA en montagne

La découverte de la montagne par les jeunes MNA du valais. Photo: François Perraudin.

 

Une vingtaine de jeunes mineurs non accompagnés (MNA) récemment arrivés en Suisse ont passé trois jours à l’Hospice du Simplon en Valais. Au programme : la découverte de la montagne, bien sûr, mais aussi la vie en groupe, des jeux, de la musique, de la peinture. Pas le temps de s’ennuyer !

Balade en montagne valaisanne

Balade de jeunes MNA en montagne valaisanne

Ils s’appellent Fithawit, Piroz, Yaser, William et Abdi. Ils sont originaires d’Erythrée, de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan. Filles et garçons, ils viennent d’arriver en Valais, au centre d’accueil le RADOS. Ils ne parlent pas encore le français, ne maîtrisent pas leur nouvel environnement, ni les codes de la vie en Suisse… Ce sont eux que les membres de la Congrégation du Grand-Saint-Bernard ont reçus pour un séjour de trois jours à l’Hospice du Simplon, perpétuant ainsi leur mission d’hospitalité.

« Je ne sais pas ce qui m’attend mais j’essaie, avec mes mains vides, d’entrer en contact avec eux. L’essentiel, pour moi, c’est que pendant ces trois jours ici au Simplon, ils sentent qu’ils ont reçu de l’amour », souligne Anne-Laure Gausseron, oblate de la congrégation.

Le pari semble gagné. Fithawit, jeune fille de 16 ans originaire d’Erythrée raconte, enthousiaste : « Je suis tellement surprise, la terre est si belle, la vue, les montagnes, la neige, tout est magnifique ! Je suis si heureuse, je vois les endroits que je ne voyais qu’à la télévision… Ici, il n’y a plus d’écran, je vis cela en personne. Je sens que je suis bénie et que je renais.»

Pour Piroz, jeune Afghan, la randonnée dans la montagne a avant tout ramené des souvenirs de son pays natal, à l’époque où il était berger. Aujourd’hui, sa vie a changé et son principal objectif est de faire des études.

En montagne

Photo de la rédaction valaisanne – La découverte de la montagne. Photo: François Perraudin

Quant à William, jeune Erythréen, il a mieux trouvé sa place dans le groupe durant ce séjour : «Ces vacances sur un lieu si particulier de la Suisse nous ont permis de nous sentir plus détendus, tellement on s’est amusés. Cette expérience nous a aussi unis comme une vraie famille… Nous souhaiterions vraiment refaire quelque chose comme ça dès que possible ! »

Pour Eddy Marley, membre de l’équipe des éducateurs du RADOS, l’échappée au Simplon est également très positive : « En cette période, nous recevons un grand nombre de mineurs non accompagnés, ce qui occasionne une surcharge de travail. Ici, nous avons plus de disponibilité et, à vivre ainsi 24 heures sur 24 ensemble, nous avons développé un meilleur contact avec eux, et les jeunes entre eux également. C’est important pour eux, en regard de ce qu’ils ont vécu pour la plupart, de bâtir des souvenirs joyeux dans cet environnement exceptionnel. »

La montagne est finalement une belle métaphore de ce qui attend ces jeunes une fois redescendus en plaine dans leur vie de tous les jours : des pentes et des défis, des efforts et de la fatigue, des risques de chute parfois… mais aussi de la beauté et du partage.

On leur souhaite à tous une belle marche vers les sommets de leur vie !

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

La découverte de la montagne

La découverte de la montagne. Photo: François Perraudin.




«Je voulais montrer qu’un réfugié a le potentiel pour apprendre une langue étrangère, travailler et s’intégrer »

Neuchâtelroule

Photo: Rédaction neuchâteloise du Voix d’Exils – Neuchâtelroule! Soutenez cette action!

Originaire de Syrie, Yamen a travaillé pendant 6 mois dans le Programme d’insertion Neuchâtelroule, qui propose un service de location et de réparation de vélos à destination de la population locale et des touristes de passage. Cette expérience de type professionnel a permis à Yamen de faire des rencontres, de progresser dans son apprentissage de la langue française et de démontrer sa détermination à s’intégrer. Témoignage.

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Photo: Rédaction neuchâteloise

« Tout d’abord, j’ai été confronté à la difficulté d’apprendre les noms des différentes parties constituant une bicyclette, qui ont des noms différents dans mon pays d’origine, la Syrie, où l’arabe est dominant. Cependant, j’ai appris ces nouveaux mots pas à pas.

La communication avec les gens de différentes nationalités faisait partie intégrante de mon travail. C’était un grand défi pour quelqu’un qui parle seulement l’arabe et un peu de français. Ayant un vocabulaire français insuffisant, j’ai recouru au langage du corps pour expliquer certaines choses, mais ce n’était pas suffisant pour communiquer avec ceux qui ne parlaient pas le français ou quand il y avait besoin de quelqu’un qui parle l’allemand. Ces défis ont renforcé ma détermination à apprendre le français et à exploiter les opportunités de communiquer avec les ressortissants de différents pays.

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Photo: Rédaction neuchâteloise

J’ai trouvé que les Suisses ont une attitude très positive envers les demandeurs d’asile qui travaillent, et cela m’a motivé pour progresser encore. En essayant de prouver mes compétences professionnelles, à raison des dix jours de travail mensuels prévus par le Programme, j’envoyais des messages au Service neuchâtelois des Migrations pour leur faire comprendre qu’un demandeur d’asile a le potentiel pour apprendre une langue étrangère, travailler et s’intégrer. Mais il a besoin de soutien lorsqu’il arrive dans un pays étranger.

En revanche, sa vie et son équilibre psychologique peuvent se détériorer s’il n’a pas la possibilité d’apprendre la langue du pays d’accueil ou s’il reste isolé et sans travail.

En résumé, je dirai que c’était une expérience positive, vécue par un réfugié en Suisse, importante pour apprendre la langue et rencontrer des gens. »

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Photo: Rédaction neuchâteloise

Yamen Shanan, membre de la rédaction Neuchâteloise de Voix d’Exils.




اللاجىء قادر على تعلم لغة اجنبية و على العمل و الاندماج… هذه شهادتي

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لوزان رول ـ ادعموا هذه المبادرة

عمل السيد يمان و هو شاب من أصل سوري، مدة ستة أشهر ضمن برنامج يسمى « نوشاتيل رول » نسبة الى مدينة نوشاتيل السويسرية. و يهدف هذا البرنامج الى ادماج العاملين فيه لسوق الشغل و يعرض لزبائنه من السكان المحليين و السياح خدمتي كراء و تصليح الدراجات الهوائية. تجربة غنية في ميدان عمله يرويها لنا السيد يمان في شهادته التالية موضحا في الآن نفسه كيف مكنته هذه التجربة من نسج علاقات عديدة، و ساعدته على التقدم حثيثا في تعلم اللغة الفرنسية و شحذت همته بقصد الاندماج

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نوشاتيل رول ـ صوت المهجر

يقول السيد يمان في شهادته لصوت المهجر: « واجهتني في البداية صعوبات تتمثل أولاها في التعرف على أجزاء الدراجة العادية كونها تحمل مسميات مختلفة عن بلك التي عهدتها في بلادي و الناطقة عموماً بالعربية ولكنني تعلمت هذه المفردات الفرنسية الجديدة شيئاً فشيئاً

تطلب عملي التواصل مع الزبائن الذين يتكلمون لغات مختلفة وكان هذا تحدياً كبيراً بالنسبة لشخص لا يتكلم سوى العربية والقليل من الفرنسية. و كثيرا ما كنت ألجاً إلى لغة الإشارة حتى أتمكن من الشرح للزبون و ذلك عند نفاد مخزون المفردات الفرنسية في ذاكرتي. ولكن الطامة الكبرى كانت مع الزبائن الذين لا يتكلمون الفرنسية أو حين تبرز فيها الحاجة إلى تكلم الألمانية. ولقد شكل هذا في الحقيقة حافزاً إضافياً لي لتعلم اللغة الفرنسية ودفعني لاستثمار فرصة الاحتكاك مع أناس من جنسيات مختلفة رغم محدوديتة الأيام المسموح لي فيها بالعمل في هذا البرنامج و التي لا تتجاوز عشرة أيام في الشهر

لمست من خلال تجرتي هذه في العمل نظرة السويسريين الإيجابية  تجاه اللاجىء العامل ودفعني هذا إلى المزيد من التقدم لإثبات كفاءتي للقيام بالعمل المطلوب حيث كنت كثيرا ما أراسل مؤسسة اللجوء مبينا لهم أن اللاجئ قادر على تعلم اللغة وعلى احتراف مهنة و بالتالي على الإندماج ولكنه يضل بحاجة إلى الدعم خصوصا في بدايات وجوده في مجتمع غريب عنه

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نوشاتيل رول ـ صوت المهجر

يستطيع، في رايي، اللاجئ أن يكون عنصراً فاعلاً في المجتمع إذا وجد من يقف إلى جانبه ويمد له يد العون بغية التغلب على مصاعب الحياة ومتطلباتها المختلفة. و العكس صحيح حيث يمكن أن تشهد حياة اللاجئ احتضاراً على المستوى الاجتماعي والنفسي خصوصا إذا استمر بالعيش معتمداً على الإعانة الإجتماعية خصوصا إن تعلم لغة الكانتون الذي يعيش فيه

أستطيع القول باختصار أن هذه التجربة كانت ايجابية جدا و رائعة بالنسبة لي كلاجئ في سويسرا »

يمان شنان، عضو اسرة تحرير صوت المهجر بنوشاتيل

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نوشاتيل رول ـ صوت المهجر




« Ma mère, mon père et mon grand frère sont morts sous les tirs de roquettes »

Bombardement nocturne

Bombardement nocturne (CC BY-NC-ND 2.0) – Créateur(s) : DND

La seconde guerre civile du Libéria, en 2003, a bouleversé la vie de tout un peuple. Elle a aussi complètement anéanti la vie de Mahibra qui a perdu une grande partie de sa famille lors d’un massacre perpétré par un groupe de rebelles. Témoignage.

« Dans la nuit du 18 juillet 2003, un groupe de rebelles libériens attaque avec des machettes et des armes à feu le bâtiment où nous nous trouvions avec ma famille. Ils veulent nous voler. Ils rentrent de force, ils pillent tous nos biens et exigent de l’argent à mes parents, en plaçant sous le cou de ma jeune sœur une machette tranchante totalement rouillée. Finalement, mes parents leur donnent tout ce qu’ils détiennent comme argent et bijoux pour pouvoir nous sauver.

Durant cette même nuit, avec toute cette peur, nous quittons le bâtiment avec d’autres voisins pour nous réfugier dans la vaste enceinte de l’ambassade des Etats-Unis. Nous nous sommes rendus là-bas car, lors des guerres précédentes, beaucoup de monde y allait pour se mettre à l’abri jusqu’à ce que la situation se stabilise. D’habitude, quand les gens arrivaient dans l’enceinte de l’ambassade, ils étaient protégés des balles perdues et des bombes. Malheureusement, lors de la guerre de 2003, l’ambassade des Etats-Unis n’a pas été à la hauteur de sa réputation. Dès le début de l’attaque, elle a verrouillé son périmètre et la foule a dû forcer l’accès de l’enceinte pour s’y réfugier. Du coup, les autorités américaines ont désactivé le système antimissiles des parties occupées par la foule afin de décourager les désespérés d’y rester.

L’illusion de la sécurité
Le 21 juillet 2003, aux alentours de 10 heures du matin, les rebelles envahissent la capitale Monrovia et visent les locaux de l’ambassade américaine avec des tirs de roquettes qui tombent un peu partout dans l’enceinte du bâtiment. C’est à ce moment que la foule se rend compte que la zone où nous sommes n’est pas protégée. Tout d’un coup, un mouvement de panique gagne la foule à cause des roquettes qui s’abattent, et l’une d’entre elles tombe sur la foule blessant et tuant un grand nombre de personnes. Dans ma famille, il y a des victimes. Mon père et ma mère meurent sur place et mon grand frère est transporté à l’hôpital où il rend l’âme, le corps criblé de débris tranchants et empoisonnés.

Nous n’étions plus que deux dans ma famille : ma jeune sœur et moi. Nous sommes alors recueillis par le meilleur ami de mon père, qui nous envoie en Guinée-Conakry et nous soutiendra durant les années qui suivent.

Jusqu’à récemment, YouTube montrait des images de ce massacre. On y voyait, couché, le cadavre de ma mère ainsi que mon grand frère qu’on transportait à l’hôpital. Mais curieusement cela a été retiré d’Internet.

Depuis le jour du massacre qui a fait basculer ma vie, je me dis qu’il y a certains lieux où l’être humain se croit en sécurité alors qu’en réalité il ne l’est point. »

Mahibra, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils