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« Sons de Babel » ou le mariage heureux de musiques et de langues venues d’ailleurs

Pieter Bruegel the Elder, 1563

The Tower of Babylon (1563), paint par: Peter Bruegel the Elder via Free Christ Images – A-N-C No Derivs 2.0 Generic (CC BY-NC-ND 2.0)

L’orchestre lausannois du Grand Eustache s’inspire de la diversité linguistique des migrants vivant en Suisse pour créer l’œuvre « multiphonique » « Sons de Babel ». Invité par Issa, rédacteur à Voix d’Exils, le compositeur et pianiste de l’orchestre, Julien Galland, raconte à Radio Django ce projet ambitieux auquel participe également l’Ensemble vocal de Lausanne.

Comme tous les mois, l’émission « La Rose des vents » de Radio Django donne le micro à un rédacteur de Voix d’Exils pour des interviews sur divers sujets relatifs à l’intégration des migrants et aux questions de société. Le mardi 20 octobre, c’est Julien Galland de l’orchestre lausannois du Grand Eustache  qui était l’invité.

Julien Galland

Julien Galland

« Son de Babel », fait référence à l’épisode biblique de la Tour de Babel. L’interprétation privilégiée est celle de la diversification des langues qui « marque la floraison, dans le domaine des mots et de leur sonorités, de l’inventivité et de la diversité qui nous permettent de devenir nous-mêmes. »
Les musiciens du Grand Eustache utilisent cette Tour biblique comme une métaphore du multilinguisme induit par les migrations. « La proximité quotidienne avec un nombre grandissant de langues inconnues suscite une curiosité gourmande. Des mondes acoustiques nouveaux nous environnent. » Les artistes tiennent à faire partager leur certitude : « La multiplication des langues est une chance pour l’humanité, car la diversité est plus riche que l’uniformité. »

Suivez l’aventure de la Tour de Babel à travers l’interview de Julien Galland.

Issa, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Création au Théâtre de l’Octogone, Pully, les 19 et 20 novembre 2016.

 




Un atelier de couture pour se sentir utile et favoriser les échanges

Chasuble de sport

A gauche, l’un des assistants sociaux portant le chasuble de sport confectionné par les couturières du Centre. A droite, l’une des couturières.

Depuis son ouverture en juin dernier, l’atelier de couture du centre de Couvet/ Neuchâtel ne désemplit pas. Voix d’Exils est allé à la rencontre des requérantes qui confectionnent dans la créativité et la bonne humeur des vêtements et du linge de maison destinés aux requérants. Interview de Liliane et Pirémila.

Liliane BERNADETTA MAMBO vient d’Angola, et Pirémila UTHAYAKUMAR du Sri Lanka. Toutes deux ne tarissent pas d’éloge sur leur atelier de couture qui leur apporte un peu d’argent et beaucoup de satisfactions. Après une vingtaine de minutes, Steefan, 18 ans, le fils de Pirémila, ainsi que Narcisse, jeune apprentie couturière de Syrie, âgée de 9 ans, se sont joints à nous.

Voix d’Exils: Depuis combien de temps êtes-vous au centre de Couvet?
Liliane : depuis décembre 2014.
Pirémila : depuis plus d’une année.

Comment occupez-vous vos journées au centre ?
Liliane : la journée, je m’occupe avec les activités de couture, après je passe à la cuisine, ensuite place au repos. C’est la routine.

Combien de temps passez-vous dans l’atelier de couture par semaine ?
Pirémila : nous travaillons tous les mardis et vendredis de 13h 30 à 17h30.

Quels sont vos sentiments en exerçant cette activité ?
Liliane : je me sens très bien, je me sens utile.

Pirémila : moi, j’ai beaucoup de plaisir dans l’exercice de cette activité, surtout avec Narcisse, cette fillette de 9 ans passionnée par le métier, à qui nous apprenons la couture.

Que faites-vous en particulier ?
Liliane : nous avons confectionnés une soixantaine de rideaux pour les fenêtres du centre.

Pirémila : nous avons aussi confectionné des chasubles pour le sport, soit des gilets de couleurs diverses pour différencier deux équipes. Actuellement nous sommes sur la production d’une centaine de grandes pièces en tissu, avec des poches, à suspendre au mur, pour le rangement. Elles sont faites avec des carrés de tissus récupérés d’habits donnés dans le centre. C’est la technique du patchwork.
Je précise que nous allons aussi travailler pour le centre de Fontainemelon, et aussi pour les Abris PC.

Quelle est votre rémunération ?
Liliane : 90 fr. par mois. Notre activité s’inscrit dans le cadre des TUP, des Travaux d’Utilité publique.

Êtes-vous satisfaites de cette rémunération ?
Liliane : oui, nous sommes très reconnaissantes, ça nous aide beaucoup.

Quel lien votre activité crée-t-elle avec les autres requérants du centre ?
Liliane : une ambiance gaie, chaleureuse et harmonieuse.

Pirémila : ils sont nombreux à s’intéresser à notre métier, d’aucuns pour apprendre et d’autres nous sollicitent pour les éventuelles retouches de leurs vêtements.

Y-a-t-il des difficultés auxquelles vous êtes confrontées dans l’exercice de cette activité ?
Liliane : non, pas tellement. Il y a des petits problèmes techniques au niveau des machines, mais qui sont vite résolus. Les machines tournent à fond, parfois elles tombent en panne et il faut les réparer.

Quels sont vos rapports avec les responsables du centre ?
Liliane : excellents ! Ils sont très ouverts, sympas, disponibles, à l’écoute et aussi porteurs d’un regard clairvoyant.

Quel est l’origine de cette idée d’atelier de couture au centre ?
Liliane : l’idée vient de notre enseignante Marie-France qui est soutenue par la direction.

Avez-vous des doléances ?
Liliane : oui, on aimerait que les responsables du centre nous soutiennent encore plus afin d’agrandir cet atelier, car je suis persuadée qu’il y a plusieurs besoins.

Avez-vous le droit de prendre des commandes externes ?
Pirémila : non, l’idée n’est pas de faire du business mais de donner aux requérants d’asile intéressés une occupation.

vide-poche

Vide-poche confectionné par les couturières du Centre

Avez-vous des projets personnels ?
Liliane : je n’ai pas de projet pour l’instant. Je vous remercie vivement pour l’intérêt porté à notre activité. Je profite aussi, pour remercier et exprimer toute ma reconnaissance à tous les responsables du centre de Couvet, en particulier le directeur, qui ont permis la création de cet atelier. Il nous permet de nous occuper, de combler une partie du vide et de créer beaucoup de contacts.

Pirémila : moi, cela fait plus d’un an que je suis au centre, et tout ce que je veux c’est le transfert dans un appartement. Je suis fatiguée de la vie au centre, même si j’ai du plaisir à exercer cette activité. Je saisis aussi l’occasion pour exprimer ma reconnaissance et ma gratitude à l’endroit des responsables du centre de requérants de Couvet, qui ont eu cette magnifique idée de créer cet atelier de couture, qui pour moi donne désormais une autre dimension à ma vie, une lueur d’espoir…

AKC, Membre de la rédaction Neuchâteloise de Voix d’Exils

P.S. Depuis notre passage, Liliane a été transférée dans un appartement et Pirémila continue à coudre avec passion.