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Pour moi, la vie continue…

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Mama Africa dans son jardin.

Mama Africa dans son jardin.

Visages de l’asile

C’est dans « son » jardin potager situé derrière le centre du Botza à Vétroz que nous avons rencontré Paulina, affectueusement appelée ici Mama Africa. Noire de peau, elle est de taille moyenne et vive dans ses gestes. En ce matin de début d’automne, vêtue d’une robe pagne de couleur vive, elle accueille la rédaction valaisanne de Voix d’Exils. 

Née en Angola voici septante-quatre ans, Paulina est mariée selon la tradition de sa tribu à un homme choisi par ses parents. Les deux arrivent en Suisse en 2007, fuyant les violences politiques liées à la guerre civile qui sévit dans leur pays. Ensemble, ils suivent le parcours du demandeur d’asile et ils sont transférés à Martigny où Paulina réside toujours.

La mélancolie que l’on peut de temps à autre percevoir sur son visage est le fruit des événements douloureux qu’elle a traversés. Deuxième née dans une fratrie de sept enfants, elle-même sept fois mère, elle ne peut pas dire aujourd’hui exactement combien de ses enfants sont encore en vie. Une chose est certaine, elle a perdu son fils aîné, militaire mort au combat. Dans la tourmente qui a suivi, les autres ont fui le pays. C’est à son arrivée en Europe qu’elle retrouve la trace de trois d’entre eux en France, en Belgique et en Suisse. Mais des autres qu’en est-il ? « Je n’ai aucune nouvelle » lâche-t-elle d’une voix à peine audible. Le sort s’acharnera encore sur elle car la mort frappe coup sur coup son époux malade et sa meilleure amie : «C’était dur, …très dur c’est vrai … mais pour moi, la vie continue ».

Nous avons voulu en savoir plus sur cette femme dont la douleur n’a pas eu raison de l’espérance.

Voix d’Exils: Comment vous sentez-vous aujourd’hui, seule dans votre studio ?

Mama Africa : A la mort de mon mari j’ai eu le sentiment d’avoir échoué et je suis restée plusieurs semaines enfermée dans mon studio à culpabiliser. C’est auprès de mon amie Jacqueline que j’ai trouvé une oreille attentive, ce qui m’a permis d’évacuer ma souffrance. Vous comprenez donc pourquoi j’ai ressenti sa mort survenue quelque temps après comme un frein au bonheur.

Comment vous sentez vous aujourd’hui?

(elle sourit) J’ai eu beaucoup de chance de rencontrer ici des personnes qui ont été attentives à mon état. Je pense particulièrement à mon assistante sociale qui a mis fin à ma solitude en m’inscrivant au programme d’occupation du Botza. A l’Espace femme, je me suis sentie tout de suite acceptée et l’ambiance dans le groupe a fait le reste. Dès lors, j’ai réappris à rire et à parler de tout et de rien, bref à sortir la tête de l’eau. Vous voyez, je suis encore active et me consacre au maraîchage dans un bout de terre que le centre a mis à ma disposition et où je produis des légumes bio. Les autres jours, étant doyenne de ma communauté, je suis sollicitée et bien entourée.

Concrètement, qu’attendez-vous des autorités suisses?

Je souhaiterais que les autorités suisses me permettent de circuler librement sur le territoire européen pour aller à la rencontre de mes enfants  établis en France et en Belgique.

Nous avons entendu parler d’un projet d’occupation pour personnes  âgées qui serait mis en place par le délégué à l’intégration de la mairie de Martigny. Accepteriez-vous d’y participer?

Je suis ouverte à toute proposition qui me permette d’être active et de partager mon expérience.

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils



Un commentaire a Pour moi, la vie continue…

  1. […] valaisanne de Voix d’Exils paru sur le site de Voix d’Exils, le 6 octobre 2015. Cliquez ici pour lire l’interview sur le site Voix […]

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