1

Toujours à l’œuvre à 83 ans !

Michel Campiche interviewé sur les ondes de Radio Django par Issa. Photo: Voix d’Exils.

Michel Campiche interviewé sur les ondes de Radio Django par Issa. Photo: Voix d’Exils.

Rencontre avec un octogénaire hors du commun qui s’engage auprès des requérants d’asile

De plus en plus de personnes âgées s’engagent dans le bénévolat en Suisse. Cet art de faire don de soi est en plein essor, surtout en cette période de grande affluence de réfugiés en Europe. Voix d’Exils a rencontré M. Michel Campiche, médecin à la retraite, qui s’engage corps et âme malgré son grand âge auprès des requérants d’asile qui arrivent sur le sol vaudois. 

Malgré son âge avancé, il s’active toujours à assister les exilés venus dans le Canton de Vaud. D’un contact facile, l’octogénaire suisse a choisi le volontariat pour poursuivre son aventure humaine, déjà riche en évènements et en expériences. Lui, c’est Michel Campiche. Issu d’une vielle famille vaudoise, ce médecin à la retraite a enseigné la pathologie à la Faculté de Médecine de l’Université de Lausanne entre 1950 et 1963. Ayant toujours de l’ouverture sur l’étranger, il séjourne en Californie avec toute sa famille de 1963 à 1966.  Enfin, la Chine l’accueille en 1985 et à nouveau en 1992 dans une Faculté de Médecine pour former des étudiants en pathologie.

Ce disciple d’Hippocrate a su cultiver le sens du contact avec les autres à travers son métier, et surtout par cette ardeur exceptionnelle de toujours vouloir apporter un plus à autrui. Une sociabilité certes, un altruisme à l’endroit de ceux qui sont venus d’ailleurs rechercher la sécurité et un mieux-être.

Issa interviewant Michel Campiche sur les ondes de Radio Django. Photo: Voix d’Exils

Issa interviewant Michel Campiche sur les ondes de Radio Django. Photo: Voix d’Exils

A la découverte de l’autre par le bénévolat

Déjà, en 1999, l’idée de se lancer dans le bénévolat commençait à prendre forme dans sa tête, nous dit-il : « C’était précisément à l’époque de la guerre du Kosovo où il y avait en Suisse énormément de réfugiés ». À ce moment-là,  il était déjà retraité, et il y avait beaucoup de réfugiés tout près de chez lui. Il fit alors la connaissance d’un Kosovar qui travaillait dans une station-service et allait tous les matins lui donner une liste de mots en français, puis revenait le soir trouver la traduction en albanais. Petit à petit, avec un ami du nom de Selim, un tout petit dictionnaire français-albanais, albanais-français, constitué de mots et de quelques phrases, est confectionné. Depuis ce moment, il s’est beaucoup investi nous raconte-t-il.

Pour concrétiser cet engouement pour le bénévolat, il intègre l’Association auprès des Requérants d’Asile à Vallorbe, Œcuménique et Humanitaire (ARAVOH), encouragé par sa fille Hélène Küng qui a servi au sein de ladite association pendant cinq ans.

« Docteur », comme il est affectueusement appelé par les demandeurs d’asile, aime, avec ses camarades bénévoles partager les peines et les moments de joie dans les abris de protection civile. D’ailleurs, ils s’y rendent tous les jeudis soir pour s’enquérir de l’état d’esprit des pensionnaires, et ceci, même en période de forte canicule. Pendant les fêtes de Noël et de nouvel-an, ils offrent des petits déjeuners bien garnis, sans compter les conseils et communications d’adresses utiles pour une meilleure intégration dans la société d’accueil.

L’accueil à la gare

Lorsque sa femme était encore de ce monde en très mauvaise santé il se consacrait entièrement à prendre soin d’elle. Quelques années après son décès, qui survient en 2008, il s’est engagé dans l’accueil  des requérants d’asile à la gare de Lausanne en provenance de Vallorbe. Ceci, depuis 2011 nous révèle-t-il. « C’est un travail important, et ce sont des gens qui n’ont souvent que très peu de notions au niveau des transports publics et de la géographie suisses. Nous essayons de les aider en leur indiquant quel train prendre pour aller où, comment faire dans la ville où ils se rendront pour trouver l’endroit où ils doivent aller » raconte-t-il. Michel Campiche est d’un dynamisme impressionnant. Pour mieux mettre en confiance ces voyageurs spéciaux, il a appris à dire bonjour dans plusieurs langues (tigrigna, anglais, tamil, somali, arabe etc.) histoire de faciliter les premiers contacts.

Michel Campiche interviewé sur les onde de Radio Django par Issa. Photo: Voix d’Exils

Michel Campiche interviewé sur les onde de Radio Django par Issa. Photo: Voix d’Exils

Eloge à un humaniste

Quand la sagesse et la noblesse des gestes guident l’homme dans les sentiers du partage, son action peut éclairer le visage de ceux qui avaient perdu l’espoir de revivre librement. Sa volonté de servir l’humain a pris le dessus sur le poids de l’âge. Pour moi Michel Campiche est un humaniste.

Depuis les réfugiés Kosovars jusqu’aux migrants Syriens, Erythréens, Soudanais et autres, il continue à montrer un autre visage de la Suisse empreint de chaleur et de solidarité humanitaire. Un homme exceptionnel qui doit faire école, surtout en cette période de forte affluence de réfugiés. Un exemple d’hospitalité au moment où cette tradition – si chère à la Suisse – tend à se perdre.

Issa

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Michel Campiche témoigne de son parcours sur Radio Django

Le thème sur le bénévolat des séniors s’est invité sur les ondes de Radio Django le 15 septembre dernier. Interviewé par Issa, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, Michel Campiche explique les motivations qui l’ont poussé à s’engager dans le volontariat auprès des demandeurs d’asile. Pour écouter l’interview, cliquer ici.