Sous les flots de la souffrance
Poème
Ce poème dessine par des rimes libres le désarroi d’une Afrique qui perd encore ses fils et ses filles en mer.
Par un azur au regard masqué sous la mélancolie
Les perdrix déclament leurs mélopées habituelles
Narguant le chasseur esseulé dans sa forêt de pensées
Aveuglé par la mélodie lugubre des tristes ouïe-dire
Les mortiers renversés à l’autel des glabres sorciers
Ne révèlent plus les confidences de l’outre monde
Univers des ancêtres aux traditions défraîchies
Bégayant encore pour dire les secrets de pleine lune
Dans les chaudes chaumières aux espoirs évanouis
Les patenôtres matinales se sont très tôt estompées
Pour céder place à la réalité béante des disparitions
Des fils exilés pour ramener les jours meilleurs
Cette fois-ci, les pilons de l’aube ont épousé la terre
Imbibée par les larmes des jérémiades maternelles
Qui pleurent devant l’infortune d’un destin tragique
Endeuillant les braves vestales aux pagnes décolorés
La vie n’étant plus que jeu d’illusions trompeuses
Efface obstinément l’ombre des espérances consolidées
Fruits des parturitions d’hier endurées dans l’amour
Pour l’équilibre de cette humaine nature indomptable
Sous les baobabs ancestraux des conclaves nocturnes
Les sages ne mâchent plus le cola amer des conciliabules
Devant les échos tristes venus des simouns du Sahara
La smalah n’est pas consolée par le silence de l’océan
Tel un mirage au-dessus des eaux devenues hystériques
L’ange aux ailes diaphanes recueillant les pauvres âmes
Verse ses larmes de compassion dans les flots insoumis
Pour enfin percer les nuées divines vers le périple ultime
Dans les profondeurs abyssales de la Méditerranée
Sous un soleil sourd et impassible à l’extrême
La grande bleue, tel un ogre avale encore l’existence
Pour offrir un néant cauchemardesque tant redouté
Issa
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils