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Un pont pour relier les cultures et les générations

"Le pont" en construction. Photo: Etat du Valais.

« Le pont » en construction. Photo: Etat du Valais.

Venez vibrer à Sion à l’occasion des festivités du bicentenaire du Canton du Valais!

Dans notre monde incertain, une chose reste heureusement immuable : les valaisans savent faire la fête. Par chance, il en est une qui se prépare, et de dimension historique ! Les 7 et 8 août prochains, le Canton de Valais célèbrera le bicentenaire de son entrée dans la Confédération (1815-2015). Il y aura des discours, de la musique, de la raclette, de la viande séchée et du fendant… Mais aussi l’invitation des migrants au cœur de la fête. La rédaction valaisanne de Voix d’Exils se penche sur l’un des treize projets retenus pour ces festivités à savoir « Le pont 1815-2015 ». Cette œuvre spectaculaire, tout de bois et de métal, a été bâtie par des requérants d’asile pour rappeler le destin partagé entre les femmes et les hommes d’ici et d’ailleurs, d’hier et aujourd’hui. Marquant de notre présence à ce grand rendez-vous du donner et du recevoir autour de ce pont pour que la canicule cède la place à la chaleur humaine en chantant, dansant et en défilant dans la fraternité.

« Nous ne sommes pas seulement des requérants d’asile, mais également des professionnels »

Abdi Abdilahi Edow, l'un des artisans du pont. Photo: Etat du Valais

Abdi Abdilahi Edow, l’un des artisans du pont. Photo: Etat du Valais

Abdi Abdilahi Edow, de nationalité somalienne, participant à un programme de formation en menuiserie, est l’un des artisans de ce pont. Impressions.

Voix d’Exils : Quelle est votre impression à propos de la réalisation du pont 2015 ?

Abdi Abdilahi Edow: Comme migrant installé en Valais, je suis content de participer à ce projet. Je sors de cette expérience en ayant beaucoup appris sur mon métier, mais aussi sur le plan humain. Je suis fier de laisser mon empreinte sur un projet qui a réuni les migrants et les collaborateurs de l’Office de l’asile du Valais.

A votre avis, quel regard les gens vont-ils poser sur cette réalisation ?

Je pense qu’un projet comme celui-ci met en évidence un savoir-faire ; il permet d’installer la confiance car on va considérer l’individu dans toute sa diversité. Nous ne sommes plus seulement des requérants d’asile, mais également des professionnels doués de compétences.

Votre mot de la fin ?

Je suis fier de l’opportunité que le Canton du Valais m’a donné de participer un projet historique.

Informations

Les festivités du bicentenaire du Canton du Valais se dérouleront les 7 et 8 août 2015 sur le Cour Roger Bonvin à Sion. Voir le programme de la manifestation en cliquant ici

Pour voir le film du lancement du projet cliquez ici

Voix d’Exils est partenaire média du projet « Le pont 1815-2015 »

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Berne et Dublin tétanisent les requérants d’asile

Courrier du Secrétariat d'Etat aux migration annonçant que la Suisse est responsable du traitement de la demande d'asile du recourant. Par conséquent, la procédure d'asile sera poursuivie en Suisse.

Courrier du Secrétariat d’Etat aux migration annonçant que la Suisse est responsable du traitement de la demande d’asile du recourant. Par conséquent, sa procédure d’asile sera poursuivie en Suisse.

Venus de divers horizons, certains demandeurs d’asile du Canton de Vaud sont accueillis dans des abris de protection civile (abris PC). Les pensionnaires de ces « bunkers », généralement adultes, sont encore visiblement marqués par les stigmates de leurs voyages difficiles. Loin d’être sorti de l’auberge, un fait nouveau vient s’ajouter à leurs inquiétudes : la réception quotidienne de courriers administratifs. Parmi ces plis, ceux estampillés « Berne » génèrent une véritable psychose dans les centres d’accueils.

De Vallorbe aux abris PC

Dans le Canton de Vaud, le centre d’enregistrement et de procédures (CEP) de Vallorbe reste, parmi d’autres, un lieu de passage obligatoire. Ce centre est célèbre pour les migrants qui cherchent la protection de la Suisse contre les persécutions politiques dans leurs pays. Certains y passent même trois mois pour les besoins des interviews sur leurs motifs d’asile.

Après les transferts dans les cantons d’attribution, la déception se lit toujours sur les visages une fois arrivés dans les abris souterrains. Une nouvelle vie commence, mieux que celle dans les CEP, mais moins attrayante que dans un lieu d’habitation normal. Le séjour prolongé dans les abris PC est unanimement décrié par les requérants d’asile à cause des mauvaises conditions d’aération et d’hygiène. Surtout en période estivale où on assiste souvent à l’accroissement du nombre de pensionnaires dû aux entrées massives de migrants en Suisse. Une chaleur infernale change l’atmosphère des lieux, d’où la fréquence de rixes et de mouvements d’humeurs.

En sus de toutes ces considérations sur l’accueil, un autre facteur s’invite dans cette angoisse qui ne cesse de saper leur moral : la réception quasi quotidienne de correspondances administratives. Pour cela, deux noms hantent le sommeil des demandeurs d’asile : Berne et Dublin.

La sentence Dublin

Dans les abris PC, l’anxiété rôde tous les soirs, aux heures d’ouvertures (18 heures). Les regards se fixent sur les courriers distribués par les agents de sécurité avant l’accès aux dortoirs et aux autres locaux. La plupart d’entre eux, venant de pays non-francophones, ont souvent du mal à déchiffrer les messages contenus dans ces enveloppes blanches. Très souvent, les quelques rares camarades bilingues (français-anglais) s’improvisent en traducteurs pour annoncer « la sentence Dublin ».

La réalité est que, parmi les migrants, presque tous ont transité légalement ou illégalement par un pays de l’Union européenne pour venir déposer leur demande d’asile en Suisse. Certains ayant même entamés une procédure d’asile dans le pays de transit, choisissent finalement de continuer leur chemin vers un autre pays. Cette situation les plonge au cœur de cette loi européenne appelée le Règlement Dublin. En effet, la procédure Dublin vise à « déterminer rapidement l’État membre responsable [pour une demande d’asile ndlr] », et prévoit le transfert du demandeur d’asile vers cet État membre. Habituellement, l’État membre responsable sera l’État par lequel le demandeur d’asile a premièrement fait son entrée dans l’Union européenne.

La loi sur le retour au pays de transit n’est pas sans effets sur le quotidien du nouveau migrant. Les très mauvaises conditions d’accueil dans certains pays de l’Espace Schengen, ou la nécessité de rejoindre des membres de la famille, les poussent à poursuivre leurs chemins, affirment certains. Cet état de fait, qui n’est pas une alternative sage, est souvent l’objet de non-entrée en matière sur beaucoup demandes d’asile, surtout pour ceux qui ont déjà effectué un premier dépôt.

Invitation de la Poste à retirer au guichet un courrier recommandé de Berne. Photo: Voix d'Exils.

Invitation de la Poste à retirer au guichet un courrier recommandé de Berne. Photo: Voix d’Exils.

Berne : « La missive Janus »

Comme un jour fatidique qui s’annonce, les avis (en bande jaune) de retrait de courriers recommandés envoyés par la Poste sont très redoutés dans les abris PC, car représentant la venue d’une décision administrative plus ou moins bonne. Ils font souvent l’objet d’intenses conciliabules. La seule mention du nom de Berne, Vallorbe, Lausanne permet à chacun de développer son propre commentaire sur le contenu du pli encore au bureau de Poste. Pour plus d’assurance sur le sens véritable de ces lettres juridiquement codifiées, les bureaux des assistants sociaux dans les structures de jour sont toujours pris d’assaut.

Dans la société des hommes, les différentes perceptions des terminologies peuvent révéler des comportements sociologiques insoupçonnés. A cause de certains courriers, on ne mange plus, on est stressé, déprimé et parfois même suicidaire. Pour le migrant, Berne est un nom tabou, un colis porteur de joie ou de tristesse. Une bureaucratie peu clémente à l’endroit de ceux qui viennent chercher protection sous les cieux de l’Helvétie. Il est comme les deux faces de Janus: l’une tournée vers le passé (retour à la case de départ) et l’autre vers le futur (espoir d’une vie nouvelle plus sereine).

Gravées dans les mémoires des demandeurs d’asile, la grande Berne et la lointaine Dublin ne sont plus seulement les métropoles de la Suisse et de l’Irlande. Ces noms sonnent désormais comme un appel à la potence ou l’obtention de sésames annonçant les débuts d’une autre vie. Une vie qui correspond à l’attente de ceux qui sont venus d’ailleurs avec l’espoir de renaître.

Issa

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




« Nous cherchons à développer les liens sociaux avec les seniors pour améliorer la qualité de vie de tous ! »

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« Quartiers Solidaires » un projet novateur résolument intergénérationnel et interculturel

 Comment renforcer les liens entre les habitants et mieux intégrer les personnes âgées ainsi que les migrants dans la vie des quartiers ? Pour répondre à ces questions, Voix d’Exils s’est adressé à M. Alain Plattet, responsable de l’unité Travail social communautaire à Pro Senectute Vaud (PSVD), institution qui a initié le projet des « Quartiers Solidaires »

Voix d’Exils : Pourriez-vous nous définir en quelques mots ce qu’est le projet « Quartiers Solidaires » ?

Alain Plattet : Nous cherchons à travers les « Quartiers Solidaires » à créer, renouer, développer et entretenir les liens sociaux pour améliorer la qualité de vie et l’intégration des aînés dans leurs milieux de vie ainsi qu’à leur redonner du pouvoir d’action. Pro Senectute Vaud affirme que, s’il existe une vie communautaire suffisamment riche dans le lieu de vie des seniors, celle-ci aura nombres d’effets positifs sur la qualité de vie de tous les habitants, comme le développement d’activités interculturelles et intergénérationnelles.

Dans les « Quartiers solidaires », les seniors deviennent donc les nouveaux piliers de la vie sociale de proximité. Une ancienne poste, une salle paroissiale, un kiosque désaffecté, sont autant d’espaces parfois délaissés qui peuvent retrouver une utilité et un sens par l’intermédiaire de groupes d’aînés qui investissent ces lieux. Ces points de rencontres animent les centres urbains ainsi que les places de villages et permettent à tous les publics de se rencontrer.

L’originalité du projet des « Quartiers solidaires » provient de l’envie d’encourager les habitants – en particulier les seniors – à influer sur leur propre environnement en organisant, par eux-mêmes, des projets selon leurs besoins, ressources et envies.

Activités intergénérationnelles. Photo: PSVD.

Activités intergénérationnelles. Photo: PSVD.

Qui a initié ce projet et pourquoi ?

Pro Senectute Vaud et la Fondation Leenaards, deux acteurs importants du bien-vieillir dans le canton de Vaud, exploraient, chacun selon sa mission, des pistes pour mieux répondre aux besoins des personnes âgées et imaginer des solutions d’avenir. Depuis 2003, ces deux institutions sont partenaires dans le développement de la méthodologie « Quartiers Solidaires ».

Le projet a-t-il beaucoup évolué ?

Oui beaucoup ! Initié dans le quartier de Bellevaux, à Lausanne, il a donné à ce jour naissance à 19 « Quartiers Solidaires » situés dans 15 communes du canton. Concrètement, ces projets représentent plus de 200 activités autogérées qui comprennent de nombreuses activités interculturelles et intergénérationnelles, 375 personnes impliquées dans les comités communautaires, 2’850 participants aux activités proposées et plus de 30’000 personnes informées des activités de proximité.

Depuis 2008, la mise en place de tels projets bénéficie d’un soutien financier du Service des assurances sociales et de l’hébergement du Canton de Vaud qui est convaincu de l’intérêt et de l’efficacité de cette démarche pour développer, localement, des politiques gérontologiques adaptées. De plus, la méthodologie a été plusieurs fois reconnue et primée par des organes nationaux tel que l’Office fédéral du développement territorial – ARE, ou même par des concours internationaux comme le concours « Vivre ensemble aujourd’hui et demain » décerné par la société immobilière française qui nous a été remis, en 2011, des mains de Roselyne Bachelot, alors Ministre de la Santé et de la Cohésion sociale.

Une démarche communautaire… c’est quoi ?

Comme son nom l’indique : c’est agir avec une communauté locale (un village, un quartier ou une commune) et viser à son développement. C’est une démarche qui inclut :

  • Un principe de décision collective à propos des thématiques locales avec tous les acteurs concernés (habitants, professionnels, associations, fondations et pouvoirs publics) ;
  • Une posture professionnelle qui permet de « faire avec » et non pas « pour » : les acteurs et auteurs des projets sont les personnes concernées et non les animateurs ;
  • Le défi de prendre le temps avec une vision à long terme, car le lien social ne se décrète pas.

Ce levier d’action communautaire est inhabituel, car les pratiques d’accompagnement socioculturelles sont généralement centrées sur la construction de projets pour créer des effets sur la communauté et non l’inverse.

Activités intergénérationnelles organisées par l’association « Connexion Bellevaux » en 2014. Photo: PSVD.

Activités intergénérationnelles organisées par l’association « Connexion Bellevaux » en 2014. Photo: PSVD.

Quelles sont les étapes de la mise en place d’un Quartier Solidaire ?

PSVD n’a pas inventé les pratiques communautaires. Celles-ci existent depuis longtemps et ont été appliquées dans beaucoup de milieux et cultures différents. L’originalité de Quartiers Solidaires est d’avoir prévu et réalisé l’application de ces méthodologies aux seniors du canton de Vaud, selon une planification spécifique éprouvée depuis plus de 12 ans.

La méthodologie Quartiers Solidaires  comprend six étapes qui s’étendent en général sur cinq ans.

Après une analyse préliminaire de deux mois, un animateur de proximité, son assistant et un stagiaire s’immergent pendant une année dans un quartier (dès la deuxième année de développement, l’assistant quitte le projet). Ils observent les lieux de socialisation et rencontrent les retraités. Un groupe d’habitants se constitue avec les citoyens intéressés par la démarche et les institutions ou associations locales. Lors de forums ouverts à tous, les résultats des entretiens sont présentés et mettent en évidence les préoccupations et ressources principales des aînés. Les participants sont alors invités à débattre sur ces sujets et à proposer des pistes d’améliorations et de développements. Durant l’étape de construction, d’une durée d’un an, des projets concrets sont réalisés avec l’aide de l’animateur sur la base de thèmes prioritaires choisis dans les forums. L’étape suivante, qui s’étend également sur un an, accentue le lien entre les divers groupes locaux. Au cours de l’étape dite d’autonomisation (un an), l’animateur de proximité guide peu à peu le groupe d’habitants vers son indépendance et cesse toute intervention, une fois la pérennité du processus assurée. Il reste néanmoins à la disposition des habitants (constitués sous formes d’associations, amicales ou collectifs) et de la commune pour tout accompagnement ponctuel complémentaire. Depuis 2010, les communes vaudoises ont également la possibilité de n’effectuer que l’étape initiale de Quartiers Solidaires. Suite aux résultats recueillis lors du forum final et ceux consignés dans le rapport annuel ; et au regard du degré d’implication des habitants engagés dans la démarche, la commune peut juger librement de la manière de continuer le projet. Notons ici que de nombreux critères précis permettent d’évaluer la dynamique générée dans les « Quartiers Solidaires ».

Quel est le degré d’implication des pouvoirs publics ?

Les pouvoirs publics occupent une place très importante dans le projet qui prévoit, justement, leur participation au sein des groupes dit « ressources ». « Les groupes ressources » sont des groupes de travail qui incluent des représentants des partenaires locaux impliqués comme des EMS, des associations, des écoles ou des paroisses, afin de faciliter le développement des projets des habitants. En s’impliquant dans le projet, les partenaires locaux constatent par eux-mêmes que leur participation valorise la démarche et impact positivement le processus (1).

Activités de mosaïque communautaire à Prilly centre en 2014. Photo: PSVD.

Activités de mosaïque communautaire à Prilly centre en 2014. Photo: PSVD.

Quel est le public visé par cette démarche?

Les seniors et tous les habitants de la communauté. C’est pourquoi Pro Senectute Vaud engage de multiples partenariats au sein des projets « Quartiers Solidaires », ce qui permet de réunir un large éventail de compétences professionnelles, bénévoles, ou spécifiques. L’intervention de tous ces acteurs dans le processus favorise, in fine, la création de ponts entre les générations et les cultures. Si les professionnels de PSVD sont responsables d’impliquer les seniors dans la démarche, d’autres professionnels ou acteurs (parfois les habitants) s’occupent d’impliquer les autres publics cibles. D’ailleurs, il faut noter que les seniors eux-mêmes engagés dans la démarche développent toujours à un moment donné des activités pour les différents publics de la communauté. En ce sens, les « Quartiers Solidaires » favorisent considérablement la participation et le développement de pratiques communautaires partenariales ainsi que le développement de la force de travail des seniors.

Qu’est-ce que cette démarche apporte aux habitants qui participent au projet ?

Du lien social sous plusieurs formes ; que ce soit au niveau amical ou, plus généralement, au niveau de la participation à la vie locale et communautaire. Le tissage des liens et les échanges favorisent l’intégration des seniors dans une communauté et dans leur quartier. Cela leur apporte des compétences, un rythme d’activités, du pouvoir d’action, de la confiance, de la valorisation et, surtout, de la santé… Autant d’éléments qui préviennent les intéressés de l’isolement, de certaines fragilités et facilitent, finalement, leur maintien à domicile.

Danses culturelles à « Bellevaux en fête » en 2009. Photo: PSVD.

Danses culturelles à « Bellevaux en fête » en 2009. Photo: PSVD.

Est-ce que ce projet concerne aussi les migrants résidants dans les quartiers concernés par votre démarche?

Oui, complètement. Typiquement, dans les communes d’Yverdon-les-Bains et de Prilly, on travaille depuis plus de 10 ans en partenariat avec l’Evam pour assurer à leurs bénéficiaires – les personnes en procédure d’asile – une bonne intégration dans le processus. Ces collaborations se montrent efficaces. Par exemple, l’intégration des habitants de la Faïencerie dans le quartier Pierre-de-Savoie se passe de manière douce et agréable. Ainsi, en 2010, l’opération « Bonjour sourire » ou, en 2011, les échanges spécifiques entre migrants et aînés, lors de la rénovation du bâtiment de la Faïencerie, restent des exemples concrets et positifs pour tous.

A Prilly, les associations issues des projets « Quartiers Solidaires », soit : l’Espace Rencontre et L’Association Quartier Prilly-Nord entretiennent également des liens solides avec les migrants. La première, avec son projet de « pétanque » (édition 2014) a eu un large impact sur l’intégration et le partage. La seconde bénéficie d’un local (devenu son lieu principal d’activité) mis à sa disposition par l’Evam, au sein d’un immeuble réservé à l’accueil des migrants à l’avenue de Chantegrive.

Souvent, les personnes impliquées organisent aussi des activités à thèmes, comme des soirées diapositives sur des voyages ou encore par des participations à des événements comme « la journée sur le racisme » à Nyon, en plus des repas canadiens, qui invitent à la participation plurielle et où tout le monde peut montrer un peu son identité et assister à des moments de partages. Ces espaces servent également de lieux propices aux échanges culturels, au sein desquels on peut offrir des prestations ou créer et renforcer les liens par le biais d’activités qui favorisent, en règle générale, l’intégration des migrants.

Relevons aussi que, de manière générale, pour faciliter l’intégration des personnes non-francophones au sein des différents projets, nous traduisons aujourd’hui certains flyers en différentes langues ou utilisons leurs réseaux d’activités pour les informer.

J’espère ainsi que le projet « Quartiers Solidaires » pourra continuer à s’enrichir de ces échanges et continuer à améliorer la solidarité pour tous et entre tous.

(1) Voir article intitulé « Des pouvoirs publics s’engagent comme courroies de transmission », journal « Quartiers-Solidaires » n° 5, édition mars 2015.

Propos recueillis par :

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




Le Hariseh aux amandes

Le Hariseh de Rama. Photo: Voix d’Exils.

Le Hariseh de Rama. Photo: Voix d’Exils.

Une douceur du Proche-Orient

Le Hariseh ou Namoura est un dessert du Proche-Orient délicieux qui est préparé lors des fêtes et des occasions spéciales. Ce gâteau a plusieurs recettes et noms différents. En Égypte, par exemple, on l’appelle le Basboussa. Nous vous proposons ici une des recettes syriennes.

Préparation

Difficulté :      facile

Préparation : 10 minutes

Cuisson :        30 minutes

 

Liste des ingrédients

La pâte :

  • 4 œufs
  • 1 verre de semoule très fine
  • 1 verre de yaourt
  • 1 verre de sucre
  • 1 verre d’huile
  • 1 verre de noix de coco râpée
  • 1 verre de farine
  • 1 sachet de sucre vanillé
  • 1 sachet de levure chimique
  • du zeste d’un citron
  • Des amandes grossièrement râpées

Le sirop :

  • 1 verre de sucre (200 g)
  • 1 demi-verre d’eau (100 g)
  • 1 bâton de cannelle
  • 2 cuillères à soupe d’eau de fleur d’oranger
  • 1 tranche de citron

 

La Préparation

Préparation du gâteau :

  1. Dans un saladier, battre les œufs avec le zeste de citron et le sachet de sucre vanillé.
  2. Verser l’huile et ajouter le sucre et le yaourt, puis mélanger jusqu’à ce que le sucre soit fondu.
  3. Ajouter ensuite la semoule, la farine, la noix de coco et la levure chimique.
  4. Laisser reposer tous les ingrédients pendant une 1 ou 2 heures.
  5. Verser la préparation dans un moule beurré, puis saupoudrer avec les amandes.
  6. Faire cuire à 180 degrés pendant 30 minutes.

Préparation du sirop :

  1. Verser tous les ingrédients, sauf l’eau de fleur d’oranger dans une casserole. Porter à ébullition et cuire 10 minutes.
  2. Enlever la casserole du feu et verser l’eau de fleur d’oranger.

Comment servir ?

Couper des portions en carrés ou en losanges sans sortir le gâteau du moule. Une fois qu’il a refroidi seulement, verser le sirop bouillant.

Variante : sortir le gâteau et verser immédiatement du sirop froid.

Bon appétit !

Recette proposée par :

Rama Kouria

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Benjamin des exilés

Sleeping man in Ouagadougou. Auteur: Roman Bonnefoy. This file is licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International, 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license.

Sleeping man in Ouagadougou. Auteur: Roman Bonnefoy. This file is licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International, 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license.

Poème

L’aventure humaine est source d’inspiration pour ceux qui savent écouter la nature et flairer les émotions soudaines. Le poème « Benjamin des exilés » retrace une réalité teintée de parfum culturel et social qui interpelle encore ceux qui ont encouragé leurs fils vers les chemins de l’exode. Un départ qui laisse souvent derrière tristesse et regrets. A travers ces vers, un cœur a encore parlé. 

Depuis l’aube de mon esprit innocent

Jusqu’au crépuscule aux saveurs d’encens

S’incrustant dans mes cauchemars de trépas

Qui nargue ma joie évanescente, et pas à pas

Me narre les épisodes funestes de ma destinée

Je me vois échoir sur mes dernières matinées

 

Depuis les confidences des moustiques ailés

Qui bourdonnent à l’orée de mes oreilles fêlées

Succombant sous l’acouphène de ces clameurs

Venus chanter avec les voix rauques des rameurs

Je me vois balayer devant la hutte des viragos

Gardiennes des autels dormant sous les marigots

Depuis l’aube du fameux départ des initiés

Vers les incertains horizons aux espoirs émaciés

Les mères ont tronqué les pagnes des beaux jours

Pour s’humilier devant le Créateur de tous les jours

Escomptant une once de providence sur les exilés

Bénis des dieux et des sorciers du baobab mutilé

 

Depuis lundi, jour de la lune compatissante

Aux douceurs maternelles, aux vertus saintes

Le poids de la séparation, encore asservit les cœurs

En berne, les mélodies gaies du matin et les chœurs

Se sont assoupis, même les chants gais des oiseaux

Pour le mil des premières lueurs loin des ruisseaux

Depuis le sombre réveil du mardi jour de mars

Le lit orphelin de ses habits de feuilles éparses

Qui consolaient les chérubins du soleil des labeurs

Attend le coup de grâce pour comble de son malheur

Hors de la chaumière qui l’a materné souventes fois

Dans les moites nuits et les froides d’autrefois

 

Depuis le départ des aînés, les feuilles sont fanées

Les regards sont absents visitant les primes années

Et dans les nuits de ma pensée rebelle, j’ai rechigné

Refusé de voir l’indigence nous pousser à être résigné

Malgré nos élans de liberté moulus maintes fois encore

Sous le regard des cieux prompts à accueillir nos corps

 

Issa

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils