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Hommage à un inconnu bien réel

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Balla K. Photo: Voix d'Exils.

Balla K., ancien membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Balla K., un ancien membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils, a été transféré le 27 février dernier sur France, en raison de l’application des accords Dublin, alors qu’il était sur le point de subir une opération qui aurait pu lui rendre l’usage d’une jambe. En effet, dans son pays, la Côte d’Ivoire, Balla K. s’est fait tabasser à coups de matraque, ce qui a gravement endommagé sa hanche. Jamel, le dernier arrivé dans la rédaction, lui rend hommage.

 

 

Balla, c’est un frère, un ami, un père et, pour certains, un exemple de courage, un symbole de résistance contre la violence, un rayon d’espoir.

Victime de l’injustice, il a fui son pays à la recherche de la paix, de la sécurité et surtout de la justice.

Je n’ai pas connu Balla et je ne le connaîtrai jamais. Mais je sais qu’il compte beaucoup pour ceux qui l’ont connu et que son absence touche profondément ses amis, témoins de ce qu’il a subi, enduré et de ce qu’il affronte toujours.

Balla a été battu par les autorités de Côte d’Ivoire : un pays d’Afrique où l’injustice règne, où le pauvre n’a aucun droit, où le faible ne reprend jamais ses forces. Il a été massacré jusqu’au point d’avoir impérativement besoin d’une opération pour retrouver l’usage d’une jambe.

Balla a fini par devenir un demandeur d’asile en Suisse, là où il espérait trouver la justice. Mais on se demande comment ce pays l’a vu : comme une victime d’injustice ou un profiteur? D’après son médecin traitant, Balla a besoin d’une opération, mais celle-ci est lourde et demande une longue préparation. Son renvoi étant programmé, le Service de la population et de la migration valaisan n’a pas voulu attendre. J’ai été choqué que dans un pays qui défend les droits de l’homme, on puisse renvoyer quelqu’un sans le soigner d’abord. Est-ce une question de procédure, d’argent, de racisme, ou bien juste une erreur ?

Balla attend des réponses à ces questions, car il a laissé sa famille et toute sa vie derrière lui à la recherche de la justice. Il espérait la trouver en Suisse, mais il a été ignoré, il n’a même pas eu droit à la santé. Son opération n’a pas eu lieu. Il a été renvoyé en France juste avant. Banal cas Dublin. Tout ceci s’est passé en Suisse, pays d’Europe, pays champion de la paix, pays neutre, un pays qui se dit plus humain et plus juste que les pays du tiers monde. Et je demande : sans même parler des droits de l’homme, où est passé l’humanisme ?

Jamel

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils



Aucun commentaire a Hommage à un inconnu bien réel

  1. Kone balla dit :

    Je ne sais quoi dire et j’ai les larmes aux yeux. Merci à Jamel et à la rédaction valaisanne. Je ne vous oublierai jamais. Que Dieu vous accorde longue vie. Merci infiniment?

    • Gilx Favre dit :

      Pourriez-vous juste nous dire en quoi est-ce que votre transfert en France est inhumain et comment vous allez vous y prendre pour rembourser aux contribuables suisses les frais de votre séjour en Suisse ?

      Si votre demande d’asile dépendait de la France, pourquoi être venu en Suisse ????

  2. J’espère que la France réservera un bon accueil à Balla, et qu’il pourra y être opéré…. sinon il faudrait que les mouvements de défense de l’asile se mobilisent pour qu’il puisse être opéré en Suisse… Merci à Jamel qui a porté la voix de son frère absent, et conté son histoire avec talent.

  3. Malka Sophie dit :

    Un banal cas Dublin, comme vous le dites. Je trouve très bien de montrer ce qui se trame derrière les décisions Dublin, qui représentent 40% des demandes d’asile en Suisse, et qui, comme Balla, sont juste stockées et transférées comme des paquets, sans égard aucun pour leur passé, leur présent, leur futur. Ce témoignage mérite d’être diffusé. Nous le mettons sur notre site Internet. Bravo à l’équipe de Voix d’exil.

  4. Kone Balla dit :

    Salut à tous. A travers cet article, je voudrais faire quelques précisions pour que chacun de vous comprenne ce qui s’est passé. En effet, depuis Vallorbe, j’ai été informé que je suis dans le cas Dublin. Mais la priorité est d’abord ma santé en attendant la réponse des autorités françaises. Ensuite j’ai été transféré à Sion dans un foyer (Pinèdes puis Ardon). Au cours de ma visite médicale à l’hôpital de Sion, voici ce que l’orthopédiste, Dr Z. a diagnostiqué et je cite un passage : fracture du col fémoral gauche avec une forte boiterie, douleurs, ankylose de la hanche gauche et raccourcissement du MIG de l’ordre de 2cm. Du point de vue orthopédique, la solution serait d’implanter une PTH gauche. Cela nécessite cependant une ponction de hanche afin d’exclure un processus infectieux et un CT du bassin afin d’évaluer le capital osseux. Si une PTH devrait être envisagée, il faudrait reconstruire le cotyle avec probablement un anneau de soutien voire un cotyle de révision et utiliser de la greffe osseuse auto longue (tête fémorale) et homologue. Dans l’immédiat je vous laisse Docteur B., médecin de famille, le spin d’en rediscuter avec M. Kone et de voir qui prends en charge les coûts. Effectivement, quelques jours après, Dr B. m’informe qu’il a écrit à l’assurance pour une prise en charge de l’intervention chirurgicale. Deux mois plus tard (12/02/2014), tôt le matin, je suis réveiller par la Police frontalière qui m’ordonne de ramasser mes affaires et de les suivre sans me dire pourquoi. Arrivée au poste, c’est en ce moment que les agents me brandissent un document me signifiant que depuis le 12/12/2013, je doit être transférer en France. J’ai répondu pourquoi c’est maintenant qu’on m’informe cette décision. Et l’agent me répond en ces termes : « vous être informé maintenant et c’est tout ». Sur le champ je suis transférer à la maison de détention de Grange. Trois jour après, je suis présenter devant un Juge qui me condamne à trois ans d’interdiction sur le territoire Suisse malgré mes objections et mon souhait d’être assisté par un Avocat. Le lendemain matin, à mon réveille, je ne pouvait plus bouger ma hanche gauche. J’ai donc été évacué d’urgent dans une ambulance aux urgences de l’hôpital de Sion. Hospitalisé, j’ai été informé que l’assurance a accepté de prendre en charge mon intervention et compte tenu de mes douleurs l’opération aura lieu. Aux environs de 10h, à ma grande surprise, les deux Assistants du docteur Z. viennent m’informer que le Docteur refuse de m’opérer car je dois être transféré en France. J’ai repond aux deux Assistants si c’est vraiment un Médecin qui dit ça. Je ne crois pas. Est-ce parce que je suis Africain qu’ils me traitent de la sorte? Cela voudrait-il dire qu’ils pourraient me laisser mourir pour défendre les intérêt de l’Etat? Pour illustrer mes dires, voici quelques passages des son rapport. Avis orthopédique Dr Z.: depuis un mois, augmentation importantes des douleurs, depuis quatre jours celles-ci sont insupportables, marche impossible. Le patient ne sera pas pris en charge chirurgicalement en Suisse, comme il va être renvoyée en France. Intervention acceptée par assurance cette semaine mais patient doit être renvoyée en France prochainement (date encore indéterminée). Bravoooooooo Dr Z.! Alors que ce dernier, durant les deux jours d’hospitalisation, il ne sait pas présenter à moi. J’ai été l’objet d’une mise en scène de la part des docteurs B., Z., le représentant du service de migration et du Juge. Voilà résumé mon calvaire. Mais je remercie tout le personnel du BOTZA pour leur soutien et que je leur porte tous en cœur.

  5. Kiki hunter dit :

    Encore merci Jamel pour cet article, merci d’avoir apporté la lumière sur le cas Balla qui reste hélas un cas parmis tant d’autres.
    Comment pouvons nous comprendre que dans un pays qui se dit PAYS DES DROITS DE L’HOMME, PAYS DES INSTITUTIONS, on puisse garder un malade souffrant dans les cages de la police pendant des jours ? comment comprendre qu’on puisse donner l’ordre d’aller chercher un malade sur son lit d’opération à l’hopital à quelques minutes de son opération pour le rapatrier ?
    J’aimerais qu’on me donne des explications qui permettent d’appliquer des lois à l’aveugle sans le minimum de soin et d’humanité ? pendant que des bandits, dealers et escrocs de grands chemin pululent les rues et circulent librement ? les flics n’ont pas mieux à faire ?
    Même un criminèle blessé aurait reçu les soins avant d’être transféré en prison.

    Balla, porte toi bien

  6. Kone Balla dit :

    Merci cher frère. Mon arrivée en Suisse a été une coïncidence. Et le service d’immigration le sait très bien car je l’ai expliqué lorsque les Agents m’ont auditionné. J’étais en transit pour rejoindre la France et mon mal s’est aggravé. Et depuis Vallorbe, j’étais au courant que j’étais dans le cas Dublin et j’ai posé la question aux responsables pour savoir le comportement à tenir. Ils m’ont répondu que c’est ma situation de santé qui est préoccupante. La procédure viendra après. Sinon mon frère, moi, dans mon pays, je suis marié légalement et père de quatre enfants. J’ai un travail stable avec un salaire chaque fin du mois. Donc les autorités suisses n’étaient pas obligés de me garder sur leur territoire. Je ne suis ni un voyou ni un mendiant. Les gens ont tendance à garder une mauvaise image des africains lorsque ceux-ci arrivent en Europe. Sachiez qu’il y a parmi eux des personnes dignes, respectueux et savent se comporter et s’adapter aux habitudes des suisses. Dès l’instant qu’ils étaient au courant de mon cas, les autorités de l’immigration que je respect, n’étaient pas obligés de me garder et perdre mon temps alors que mon mal s’aggravait de jour en jour. Et je n’avais pas besoin de l’argent des contribuables comme tu le dis pour vivre. J’allais me rendre tranquillement en France depuis ce jour. Pose la question aux autorités du service d’immigration, pourquoi ils m’ont gardé pendant cinq mois sans me soigner alors qu’ils savaient que j’allais être renvoyé en France. Pourquoi donc? C’est ça qui est la vérité. Poses les cette question et tu verras. Si ton frère est de passage dans un pays et qu’il est gravement malade, tu seras d’accord qu’on le laisse mourir parce qu’il n’est pas de ce pays. Pour un médecin qui connaît bien son travail, ne va jamais le faire. Il va le soigner d’abord avant de le ramener chez lui lorsqu’il aura la possibilité. Même en Afrique et partout dans le monde ça se passe comme ça.

    • Gilx Favre dit :

      Je résume : vous vouliez aller en France et la Suisse vous a offert durant votre transit un hébergement, des soins médicaux et un vol pour la France … C’est bien cela en fin de compte ? … que notre pays est cruel :o) En revanche, je comprends votre douleur de patient. Il n’est cependant pas rare qu’un patient doive voyager pour trouver un médecin ou un centre spécialisé…

      Vous n’êtes en outre sans doute pas non plus sans savoir que la Suisse a un délai de 6 mois pour vous transférer en France … si vous vouliez aller en France, le Valais n’avait donc d’autres choix que d’agir rapidement. Dans le cas contraire, il empiétait sur votre souhait d’y aller et ce serait la France qui vous aurait reconduit par la force en Suisse (parce que le délai de 6 mois était passé).

      Et entre nous, entre les problèmes à l’hôpital du Valais et le grand centre hospitalier où vous êtes probablement actuellement soigné en France… vous êtes sûr d’avoir perdu au change ? bien des Valaisans souhaiteraient également obtenir un vol gratuit vers la France pour se faire soigner gratuitement et par de grands professeurs en médecine…. :o)

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