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« Le mur de l’espoir » : la première production audiovisuelle de Voix d’Exils

Affiche du film documentaire « Le mur de l’espoir ». Auteur : Sara

« Le mur de l’espoir » est un film documentaire de 13 minutes tourné en juin 2012 par Sara, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils. Le film suit la réalisation d’une grande fresque collective par des habitants de la ville suisse de Monthey, sous la supervision de quatre artistes du Salvador.

Quatre artistes de l’Ecole d’Art et Atelier Ouvert de Perquin du Salvador sont venus en Suisse du 21 mai au 17 juin 2012 sur invitation du groupe Monthey-Chablais d’Amnesty International, de la Haute École spécialisée de Suisse occidentale du Valais et de la commune de Monthey afin de monter un projet d’art communautaire avec les habitants suisses et étrangers de la région.

Les murs de l’abri de la Protection Civile de Monthey sur lesquels la fresque collective a été réalisée. Photo: Sara

Le mur de l’espoir est une fresque murale collective qui a été réalisée sur les murs d’un abri de la Protection Civile par plus de 90 personnes et a été l’occasion de mener une collaboration entre des voisins suisses et des étrangers établis dans la commune de Monthey. Plus de 20 nationalités étaient représentées. Les thèmes des images de la fresque ont été choisis par les participants et leur réalisation était supervisée par quatre artistes de Perquin. Le but de cette œuvre collective est de donner une voix aux habitants d’origine étrangère vivant dans la région de Monthey – qui représentent 34% de la population – afin qu’ils racontent en images leurs vécus de la migration et les défis qu’ils doivent relever lors de leur intégration en Suisse.

Claudia Bernardi, artiste et fondatrice de l’Ecole d’Art et Atelier Ouvert à Perquin (Salvador) a supervisé la réalisation de la fresque collective. Photo: Sara

Cette œuvre détourne en quelque sorte l’image du mur – qui est associée à celle de la séparation, de la frontière – pour la transformer en une métaphore de la rencontre et du dialogue. C’est ainsi que le mur gris de l’abri PC de Monthey se métamorphose en un mur coloré qui reflète la réalité multiculturelle de la société suisse tout en questionnant le statut de migrant.

Les interviews de Claudia Bernardi (artiste et fondatrice de l’Ecole d’Art et Atelier Ouvert de Perquin) et de Florencia Roulet (membre du groupe de Monthey-Chablais d’Amnesty International) ont été enregistrées à l’occasion d’une conférence de présentation de la fresque qui s’est tenue le 7 juin 2012 à Lausanne.

Affiche du film documentaire « Le mur de l’espoir ». Auteur : Sara

Pour voir le film cliquez ici

Sara

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Omar Odermatt

Responsable de la rédaction de Voix d’Exils




La Journée des réfugiés à été célébrée en grande pompe à Neuchâtel

Photo: Fardudin

Des stands de nourriture et des spécialités culinaires des associations de réfugiés ont donné un parfum d’ailleurs à la fête le 16 juin dernier à Neuchâtel. De la musique et des danses exotiques des quatre coins du globe ont aussi rythmé la journée: de la musique kurde d’Anatolie, des danses orientales, du flamenco, du slam et des danses albanaises… Sans oublier les animations qui étaient proposées aux enfants.

Voix d’Exils s’est joint à la fête et a rencontré à cette occasion M. Luul Sebhatu, le président de l’association Journée des réfugiés à Neuchâtel. Interview.

Voix d’Exils : Depuis combien de temps la fête des réfugiés existe-t-elle?

Luul Sebhatu : Elle existe depuis la signature de la Convention de Genève en 1951, mais personnellement je participe à cette journée depuis 1982. Au début, avec quelques amis Érythréens, nous louions un stand et nous servions de la nourriture de chez nous. Nous diffusions également de l’information sur notre pays et les raisons qui nous ont poussés à nous réfugier en Suisse. A cette époque c’était très difficile d’obtenir l’asile. J’ai eu la chance d’être reconnu comme réfugié après trois ans et demi d’attente.

Photo: Fardudin

Qui organise cette fête?

Dans le passé, c’était les œuvres d’entraide Caritas et le Centre Social Protestant qui organisaient les festivités de la Journée des réfugiés. Ensuite, nous avons créé une association qui a pris la relève lorsque les œuvres d’entraide n’ont plus voulu s’en occuper.

Combien de groupes participent à la fête?

Cette année nous étions onze.

Connaissez-vous Voix d’Exils?

Oui, nous le lisons régulièrement.

Propos recueillis par :

Fardudin

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

« Célébrer la dignité de ceux qui ont été chassés de chez eux »

Historiquement, « La Journée mondiale des réfugiés célèbre la dignité de celles et ceux qui ont été chassés de chez eux. Elle rend aussi hommage aux efforts du HCR, l’Agence des Nations Unies qui apporte assistance et protection aux réfugiés, apatrides, et aux déplacés internes.

Bien que la Journée mondiale des réfugiés ne soit célébrée que depuis 2001,

Photo: Fardudin

la tradition de sensibiliser les gens à la cause des réfugiés à travers des évènements commémoratifs a vu le jour bien avant le 21ème siècle, comme l’atteste une affiche des années 1980 pour la Journée des réfugiés africains, prédécesseur de la Journée mondiale des réfugiés.

C’est en 1914 qu’émerge ce type de commémorations, lorsque le Pape Pie X instaure la Journée mondiale des migrants et des réfugiés. Depuis, la célébration de la cause des réfugiés entre dans l’arène politique aux niveaux national et régional. La plus importante de ces commémorations, la Journée des réfugiés africains, est instaurée en 1975 par la Résolution 398 adoptée par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Dès lors, la Journée des réfugiés africains se tiendra chaque année le 20 juin afin d’honorer la résilience de celles et ceux qui ont été déplacés de force en Afrique. Le HCR a travaillé de concert avec l’OUA afin d’organiser cet évènement annuel. L’affiche présentée constitue un exemple de cette collaboration précoce.

En décembre 2000, en raison du succès croissant de la Journée des réfugiés africains, et de l’approche du 50ème anniversaire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, l’Assemblée Générale des Nations Unies adopte la Résolution 55/76. Celle-ci instaure, à partir de 2001 et en accord avec l’OUA, une Journée internationale des réfugiés qui a lieu en même temps que la Journée du réfugié africain, à savoir le 20 juin.

Désormais, chaque année, le 20 juin est l’occasion de parler du sort des réfugiés. Le passage de la Journée des réfugiés africains à la Journée mondiale des réfugiés reflète une plus grande prise de conscience, au niveau international, de la cause des réfugiés et du fait que personne ne choisit de devenir un réfugié ».

Extrait tiré du site officiel de la République et canton de Genève.

 




Le foyer de Bex fête son trentième anniversaire

Chacune des 35 communautés du foyer de Bex a préparé un plat traditionnel de son pays. Photo: Najet

Le dimanche 24 juin dernier marque une double célébration : celle de la journée des réfugiés et celle du 30 ème anniversaire du foyer pour requérants d’asile de Bex. A cette occasion, une journée extraordinaire a été organisée au foyer de Bex qui était placée sous le signe de la rencontre entre la communauté des requérants d’asile et la population locale. Cette journée de fête a notamment été animée par le groupe de musique Aquavita (eau de vie), Gabidoul le clown, des démonstrations d’arts-martiaux, des danses et un somptueux repas avec des spécialités culinaires de plus de 26 pays offertes par la cuisine.

Les festivités de la journée ont été ouvertes par le mot de bienvenue de la responsable de secteur Est de l’Evam, Madame Christine Blatti, qui a rappelé la place du requérant dans la société suisse, la mission de l’Evam et celles des autorités à leur égard.

Un centre qui a une longue histoire

Le bâtiment, qui accueille aujourd’hui les demandeurs d’asile de Bex, était connu auparavant sous la dénomination de la « Pension du Crochet », qui connut l’âge d’or du tourisme thermal de Bex-les-Bains. Mentionnons aussi que ce bâtiment a joué un rôle prépondérant durant la deuxième guerre mondiale, en abritant des populations persécutées, notamment des membres de la communauté juive contraints à l’exil par les Nazis.« Il y a 30 ans, la Croix Rouge a ouvert cette maison, je dirais même pour héberger les dix premiers Africains qui arrivèrent dans la région » nous a affirmé Madame Christine Blatti. Aujourd’hui, le foyer de Bex accueille 180 requérants d’asile, dont 66 enfants. 35 nationalités sont représentées.

Le clown Gabidoul captive les enfants

Le clown Gabidoul hynotise les enfants

A cette occasion, le clown Gabidoul a fait des numéros qui ont fait rire aux éclats les enfants. Ce fut un moment inoubliable pour eux, comme en témoigne Monsieur Sébastien, qui est un habitant de Bex et qui assisté aux pitreries du clown avec sa femme et ses deux enfants : « on a vu Gabidoul le clown qui partait en vacances, les enfants ont bien rigolé, c’était magnifique pour les petits. En plus de cela, la morale était assez sympa, parce que finalement, il a conclu que l’endroit idéal où on était le mieux c’était à Bex. J’ai eu du plaisir surtout à observer les enfants rire à ce point. C’était vraiment chouette ! A cela s’ajoute qu’en tant qu’adulte, j’ai aussi bien profité de cette journée ».

Suite à cela, un groupe d’enfants a fait une impressionnante démonstration de Ju-jitsu en présence de leur maître Yenene. Ils ont démontré une grande motivation et ont été acclamés par le public pour leur travail remarquable.

Un doux mélange multiculturel

Photo: Najet

L’aspect multiculturel de l’événement était flagrant lors du partage du repas commun composé de mets traditionnels préparés et offerts par l’ensemble des requérants d’asile de Bex. Mais également lors des danses où les gens harmonisaient leurs mouvements sur des musiques du monde entier et dépassaient ainsi leurs différences culturelles. Une ambiance parfaite où les requérants d’asile, les autorités de l’Evam et les habitants de Bex étaient assis à une même table. « Je suis là, parce que je trouve que les requérants d’asile sont mal soignés dans mon pays. Des journées pareilles sont toujours de belles journées, de belles rencontres. Par contre, je regrette de ne pas avoir vu les gens qui sont contre les requérants l’asile. Ils auraient dû venir voir comment ça se passe et comment les gens vivent aussi », s’exclame avec amertume Madame Suzi  Dulex Karsa Tchasseu , qui est une habitante de Bex. De leur côté, les requérants d’asile ont dans leur ensemble beaucoup appréciés ce moment. Certains ont même affirmés qu’ils n’ont jamais connu en Suisse des échanges et des dialogues aussi riches qu’aujourd’hui. L’on pouvait aussi remarquer la présence des gens qui provenaient de régions plus lointaines, mais ayant leurs activités professionnelles à Bex et des membres du clergé de l’Eglise catholique présente dans la commune.

« Il n’y a de différences que dans les statuts qu’on leur donne »

Photo: Najet

Les scientifiques disent que le soleil ne se couche jamais, mais c’est l’homme qui s’éloigne de la lumière. De même, souvent, ce n’est pas la vérité qui est cachée, mais c’est plutôt l’être humain qui ne se donne pas la peine de la connaître. On entend souvent la cheffe de département fédérale de justice et police – Madame Simonetta Sommaruga – dire « qu’il ne faut pas oublier que derrière l’asile, il y a des être humains ». Or, on voit souvent des informations à la télévision qui attisent la haine et le rejet de l’autre : du requérant d’asile, ce qui génère la méfiance, l’inquiétude et des idées stéréotypées au sein de la population à leur égard. Madame Christine Blatti souligne à ce propos « qu’il faut les connaître pour se faire une idée fondée à leur sujet. Il ne suffit pas de se dire que les gens sont comme ceci ou comme cela. Il faut venir à leur rencontre et c’est en rencontrant ces personnes qu’on se rend compte que ce sont des gens comme vous et moi avec des envies, avec une volonté de vivre en paix de pouvoir aspirer à une vie meilleure. C’est légitime de chercher une meilleur vie ».

Nous nous rapprochons ensuite d’un requérant d’asile d’origine guinéenne et ce dernier nous confie que « l’idée que se font certaines personnes des habitants du foyer de Bex est que c’est un centre de dealers, un centre à problèmes où la police doit souvent intervenir. Mais il y a fort heureusement aussi des gens qui défendent les requérants d’asile ainsi que la valeur de l’être humain et qui parfois consacrent du temps pour les soutenir et atténuer leurs souffrances ». C’est le cas de Monsieur Emmanuel Pechin, qui est membre du groupe de musique Aquavita. « Ma représentation à moi est qu’on est tous des êtres humains, que l’on soit refugié ou de culture différente. Je sens aussi beaucoup de souffrance qui rencontre la mienne. Leur souffrance n’est pas différente de la mienne et leur joie non plus d’ailleurs. Au-delà des origines et des cultures, on vit les mêmes émotions. Il n’y a de différence que dans les statuts qu’on leur donne, mais il n’y a pas de différence au niveau du genre humain : nous sommes tous des humains à part entière » conclut-il.

Hochardan et Louvain

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Photos :

Najet

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Des requérants d’asile participent au succès de la 12 ème édition du festival de musique Festi’Neuch

Alpha Blondy en concert à Festi’Neuch

Le 21 mai 2012, c’était le premier jour du montage de la 12ème édition de Festi’Neuch, le festival de musique qui se déroule chaque année au bord du lac de Neuchâtel. Pour la deuxième année consécutive, des requérants d’asile ont participé à la mise sur pied du troisième plus grand festival de musique de Suisse qui s’est tenu du 30 mai au 3 juin 2012.

La préparation du festival a démarré avec des techniciens, des ingénieurs et des requérants d’asile qui travaillent dans le cadre des travaux d’utilité publique. Cette mise en place de toute l’infrastructure du festival qui comprenait la

Le montage du festival

construction des scènes et des chapiteaux prévus pour accueillir 40’000 personnes sur le site d’une superficie de 35000 m2. Profitons de rappeler ici que les requérants d’asile sont rémunérés CHF 30.- par jour pour ces services rendus à la communauté.

Ce jour-là, nous avons visité le lieu du festival et nous avons regardé toutes les étapes de la construction des scènes. Notre présence sur les lieux a aussi été pour nous l’occasion de rencontrer M. Cyrille Vuillemin qui, après y avoir travaillé durant 6 ans en tant que bénévole, a pris la direction du festival depuis le mois d’octobre 2011. Malgré son agenda très chargé, il nous a accueillis dans son bureau afin de répondre à nos questions.

M. Cyrille Vuillemin, directeur du festival Festi’Neuch

Voix d’Exils : Depuis combien de temps Festi’Neuch existe-t-il ?

M. Cyrille Vuillemin : Cela fait 12 ans que le festival existe à cette place.

Combien de festivals y a-t-il en Suisse romande ? 

Il y en a beaucoup en été dans toute la Suisse. Le plus grand d’Europe est à Nyon, c’est le Paléo festival qui a lieu durant le mois de juillet depuis 35 ou 36 ans. Il y a aussi le Montreux Jazz festival qui se déroule sur deux semaines en juillet chaque année. C’est le plus prestigieux en salles fermées. Le troisième, par sa taille, c’est Festi’Neuch.

Qui décide de la programmation et de la décoration du festival?

Notre programmateur est Antonin, qui est un des fondateurs du festival. Il travaille déjà depuis le mois de septembre pour l’année suivante. C’est lui qui choisit la partie musicale. Pour la décoration et l’image du site on le fait ensemble. Nous avons une personne qui est responsable de la communication et on travaille aussi avec une agence que l’on mandate pour confectionner nos affiches.

Comment choisissez-vous les artistes qui se produisent au festival?

Il faut mélanger les grands noms et les groupes moins connus et moins chers, qui sont les futurs talents de demain. Cette année, on a en tête d’affiche Marilyn Manson qui vient des États-Unis. On a aussi les Puppetmastaz qui viennent d’Allemagne ou, encore, Morcheeba with Skye qui viennent d’Angleterre. On essaie  aussi de privilégier les groupes locaux.

Qui finance le festival ?

Principalement la billetterie. Mais aussi ses sponsors comme la Banque Cantonale Neuchâteloise, des partenaires qui

Durant le festival

sponsorisent les stands, des subventions que nous recevons du canton, de la ville de Neuchâtel et de la Loterie Romande, des mécènes et des dons.

A part la musique, que propose le festival ?

Cette année, nous avons construit une nouvelle terrasse sur l’eau. Nous avons privilégié l’encadrement des enfants et les billets pour eux sont bien moins chers. On a aussi fait de la prévention auprès des jeunes contre l’abus d’alcool. On leur dit: « attention, vous êtes ici dans un festival, c’est bien de faire la fête, mais il faut la faire avec des règles et respecter les gens, les choses autour de vous ».

Depuis quand engagez-vous des requérants d’asile et pourquoi ?

Cela fait 3 ans. On a besoin des jeunes pour nous aider sur le site et je pense que c’est très important de donner cette opportunité aux requérants d’asile. On ne se rend pas compte en Suisse de la chance qu’on a. J’ai pu voyager dans monde et j’ai vu des gens souffrir. Nous, ici, on travaille, on mange, on a un lit, on a une famille, on a un accès aux soins, on a jamais vu quelqu’un se faire tuer à côté de nous. Des Suisses pensent que les requérants sont là seulement pour voler et c’est ce qu’on voit sur certaines campagnes publicitaires. Mais moi, je vois que ces requérants savent rendre service, ils savent travailler, ils ont le sourire, ils ont la bonne humeur, ils se bougent, ils sont motivés.  Aussi, c’est bien qu’ils puissent sortir des centres, ils sont contents d’être ici. Le festival profite de ça parce qu’on a des bras et en même temps on donne la possibilité à ces jeunes requérants de rencontrer d’autres personnes, de recevoir un billet pour aller au concert.  Ils se mettent ainsi un peu dans « la vraie vie ». Pour moi, c’est vraiment une bonne chose de rencontrer des jeunes comme vous qui sont vraiment exceptionnels et qui ont une expérience de vie qui n’a rien à voir avec la mienne. Je suis né en Suisse, c’est calme, c’est bien, il n’y a pas la guerre, il n’y a pas de gros problèmes. Donc, pour moi, c’est un honneur de vous avoir ici et je vous remercie d’être là !

Les gens qui habitent autour du festival sont-ils dérangés par les concerts ?

Nous avons eu beaucoup de plaintes. Mais, maintenant, on les informe longtemps à l’avance de la date du festival et on leur dit qu’il y aura du bruit. On a même proposé de leur payer une chambre ailleurs. Donc, maintenant « ils font avec ». On leur propose des billets avec 50 % de rabais et on leur dit: « si vous êtes dérangés par le bruit et que vous n’entendez que le bruit, venez donc au festival et vous entendrez aussi le reste ».

On fait passer le message que : « pendant quatre jours durant l’année on va faire un peu bruit et c’est aussi pour animer la ville ». Je crois que maintenant, c’est vraiment un message qui est compris car il n’y a plus de problèmes.

Connaissez-vous le blog Voix d’Exils ?

Non, je ne le connais pas mais, même si j’en ai déjà entendu parler. Je me rendrai sur le blog avec plaisir !

Propos recueillis par :

Juan ALA et Sami HASSAM

Membres de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

Retour sur une expérience « incroyable » 

L’idée de « Festi’Neuch » a germé au sein d’un groupe de quatre personnes qui souhaitait monter un nouveau un festival. Au départ, la première manifestation s’appelait « FESTIJAZZ », qui a fait faillite. Puis, un autre festival a été monté dans le jura qui s’appelait « MONT SOLEIL » et qui a aussi fait faillite entre temps. Finalement, des gens se sont mis autour d’une table pour mettre en place un nouveau festival musical à Neuchâtel et c’est comme ça qu’est partie l’idée de Festi’Neuch en 2000. Au départ, la manifestation comptait 2000 spectateurs. Aujourd’hui, 40’000 personnes fréquentent le festival chaque année en moyenne.

Le démontage du festival

Jeudi 31 mai 2012, Festi’Neuch a commencé le premier jour par la grosse tête d’affiche : Marilyn Manson. Le vendredi 1er juin, la soirée était dédiée au hip hop français avec Sexion d’Assaut, Youssoupha et les Brigittes. Samedi 2 juin : place à une soirée électro trip hop avec Thomas Fersen, Morcheeba et Yuksek. Enfin, dimanche 3 juin, pour clore les festivités, la world musique était au menu avec le duo Amadou et Mariam et Alpha Blondy. C’est précisément le jour où nous nous sommes rendus au festival. Malgré la mauvaise météo, les festivaliers étaient au rendez-vous. Le mardi 5 juin, après quatre jours de musique et de danse, le démontage a commencé avec le même groupe de requérants qui avait participé au montage. Ils ont démonté et fait les rangements en prévision des festivités de l’année prochaine.

Nous avons profité de ce moment pour prendre l’avis des requérants d’asile qui ont travaillé durant toute la semaine au festival et qui ont assisté aux concerts:

Dao ALI, 31 ans, originaire de Côte d’Ivoire: « je suis en Suisse depuis une année et quatre mois et c’est la deuxième fois que je participe au programme d’occupation de Festi’Neuch. Je suis très intéressé par ce travail, que ce soit la gestion de la circulation, le montage ou le démontage du festival. C’est une bonne occasion de parler avec les travailleurs Suisses ».

Concentin NOUMI, 39 ans, originaire du Cameroun: « je suis en Suisse depuis deux ans et quatre mois et c’est la première fois que je participe à ce programme. Je trouve que c’est très bien de venir donner un coup de main ici et d’assister le festival. J’ai reçu un pass pour deux jours, vraiment c’était incroyable ».

Rendez-vous donc l’année prochaine, du 30 mai au 2 juin 2013, pour la 13ème édition de Festi’Neuch !

J.A. et S.H.




« Créer un business était la seule solution pour nous »

M. Mathiyarasan, propriétaire du S.M.T. New Asia Shop. Photo: Sara

Fuyant la guerre civile au Sri Lanka qui opposait le gouvernement Sri lankais aux Tigres tamouls, les premiers Tamouls ont trouvé refuge en Suisse dans les années quatre-vingt. A cette époque, la majorité des Tamouls travaillait dans des restaurants comme aides-cuisiniers et plongeurs. Avec le temps et grâce à leur travail acharné, certains ont réussi à devenir chef de cuisine ou propriétaire de restaurants et à servir leurs propres clientèles. D’autres ont ouvert des épiceries. Les entreprises dirigées par des Tamouls se multiplient à partir des années 90 et occupent une bonne place dans les commerces tenus par des étrangers en Suisse. Voix d’Exils est allé à la rencontre de Mathiayarasan, le patron du plus ancien magasin sri-lankais de Lausanne sis à la rue du Simplon 12 : le S.M.T New Asia Shop.

Nous sommes le jeudi 24 mai 2012, il est 14 heures et c’est le moment creux de la journée. Renseignant les clients présents dans le magasin tout en déballant des palettes de marchandises qui viennent d’être réceptionnées, Mathiayarasan est néanmoins disponible pour répondre à quelques questions.

Photo: Sara

Voix d’Exils : Pouvez-vous retracer l’histoire du S.M.T. New Asia Shop?

Mathiyarasan : J’étais soldat et j’ai été blessé durant la guerre civile. J’ai donc dû quitter mon pays en 2003. Lorsque ma femme et moi sommes arrivés en tant que demandeurs d’asile en Suisse, j’étais vraiment triste pour elle car elle cherchait du travail et n’en trouvait pas. Elle ne voulait pas rester à l’aide sociale. Mais je ne voulais pas qu’elle fasse un travail de nettoyeuse dans un restaurant ou un bureau. A ce moment-là, je travaillais dans un autre magasin. Cela me révoltait, qu’en général, les employeurs chargent les employés Tamouls pour réaliser les travaux les plus durs. Moi, j’étais souvent submergé de travail. Ma femme et moi, nous avons alors songé à créer notre propre business. C’était la seule solution pour nous. Après des efforts acharnés pendant huit ans, j’ai enfin ouvert mon propre magasin en reprenant le S.M.T New Asia Shop. Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas fait de grands bénéfices, mais ma femme jouit de son indépendance et elle semble très contente.

Photo: Sara

Est-ce un bon travail ?

Notre revenu ne suffit pas. Si on avait des enfants, il faudrait que l’un de nous trouve un autre travail. Pour le moment, on dégage des bénéfices pour payer un salaire. C’est tout. A cause des préparatifs nécessaires pour le lendemain, ma femme et moi travaillons de 06h00 jusqu’à 20h00 tous les jours, week-ends compris. Nous n’avons pas de temps pour nous, même pour cuisiner. Il est parfois arrivé qu’on doive jeter une grande partie des produits à la poubelle à cause du retard d’une livraison de légumes du Sri Lanka par exemple. En outre, ma femme se retrouve souvent face un problème grave l’après-midi. Il arrive que lorsqu’elle est seule dans le magasin, des jeunes gens ivres entrent et la perturbent. Quelques fois, ils ont essayé de voler des produits du magasin et on a dû déposer plainte auprès de la police.

Photo: Sara

Quels genres de produits vendez-vous le plus ?

Le riz, les épices, les fruits en conserve, les légumes frais, les exhausteurs de goût, le dal, les haricots, les lentilles et les poissons Indiens. Nous vendons aussi du Siddhalepa, qui est une baume à base de plantes très populaire an Sri Lanka.

Qui sont vos clients ?

Des Européens, des Suisses, des Sri Lankais, des Africains, des touristes…On reçoit plus de 150 personnes chaque jour.

Où avez-vous trouvé les fonds pour ouvrir votre magasin ?

J’ai vendu le terrain résidentiel que j’avais chez moi et j’ai investi l’argent dans ce magasin. Cela m’a coûté plus de CHF 8000.- pour réaliser les travaux de rénovation qui étaient nécessaires pour la reprise du magasin.

Quels sont vos plans d’avenir ?

J’aimerais retourner chez moi, je l’espère dans moins de 10 ans. Je conseille aux jeunes de ne pas ouvrir leur propre négoce avant d’avoir acquis les connaissances nécessaires. Je leur conseille aussi d’étudier dur et de choisir un métier qui leur permette de ne pas travailler plus de huit heures par jour et de profiter de la vie.

Propos recueillis par :

Sara

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils