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« Créer un business était la seule solution pour nous »

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M. Mathiyarasan, propriétaire du S.M.T. New Asia Shop. Photo: Sara

Fuyant la guerre civile au Sri Lanka qui opposait le gouvernement Sri lankais aux Tigres tamouls, les premiers Tamouls ont trouvé refuge en Suisse dans les années quatre-vingt. A cette époque, la majorité des Tamouls travaillait dans des restaurants comme aides-cuisiniers et plongeurs. Avec le temps et grâce à leur travail acharné, certains ont réussi à devenir chef de cuisine ou propriétaire de restaurants et à servir leurs propres clientèles. D’autres ont ouvert des épiceries. Les entreprises dirigées par des Tamouls se multiplient à partir des années 90 et occupent une bonne place dans les commerces tenus par des étrangers en Suisse. Voix d’Exils est allé à la rencontre de Mathiayarasan, le patron du plus ancien magasin sri-lankais de Lausanne sis à la rue du Simplon 12 : le S.M.T New Asia Shop.

Nous sommes le jeudi 24 mai 2012, il est 14 heures et c’est le moment creux de la journée. Renseignant les clients présents dans le magasin tout en déballant des palettes de marchandises qui viennent d’être réceptionnées, Mathiayarasan est néanmoins disponible pour répondre à quelques questions.

Photo: Sara

Voix d’Exils : Pouvez-vous retracer l’histoire du S.M.T. New Asia Shop?

Mathiyarasan : J’étais soldat et j’ai été blessé durant la guerre civile. J’ai donc dû quitter mon pays en 2003. Lorsque ma femme et moi sommes arrivés en tant que demandeurs d’asile en Suisse, j’étais vraiment triste pour elle car elle cherchait du travail et n’en trouvait pas. Elle ne voulait pas rester à l’aide sociale. Mais je ne voulais pas qu’elle fasse un travail de nettoyeuse dans un restaurant ou un bureau. A ce moment-là, je travaillais dans un autre magasin. Cela me révoltait, qu’en général, les employeurs chargent les employés Tamouls pour réaliser les travaux les plus durs. Moi, j’étais souvent submergé de travail. Ma femme et moi, nous avons alors songé à créer notre propre business. C’était la seule solution pour nous. Après des efforts acharnés pendant huit ans, j’ai enfin ouvert mon propre magasin en reprenant le S.M.T New Asia Shop. Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas fait de grands bénéfices, mais ma femme jouit de son indépendance et elle semble très contente.

Photo: Sara

Est-ce un bon travail ?

Notre revenu ne suffit pas. Si on avait des enfants, il faudrait que l’un de nous trouve un autre travail. Pour le moment, on dégage des bénéfices pour payer un salaire. C’est tout. A cause des préparatifs nécessaires pour le lendemain, ma femme et moi travaillons de 06h00 jusqu’à 20h00 tous les jours, week-ends compris. Nous n’avons pas de temps pour nous, même pour cuisiner. Il est parfois arrivé qu’on doive jeter une grande partie des produits à la poubelle à cause du retard d’une livraison de légumes du Sri Lanka par exemple. En outre, ma femme se retrouve souvent face un problème grave l’après-midi. Il arrive que lorsqu’elle est seule dans le magasin, des jeunes gens ivres entrent et la perturbent. Quelques fois, ils ont essayé de voler des produits du magasin et on a dû déposer plainte auprès de la police.

Photo: Sara

Quels genres de produits vendez-vous le plus ?

Le riz, les épices, les fruits en conserve, les légumes frais, les exhausteurs de goût, le dal, les haricots, les lentilles et les poissons Indiens. Nous vendons aussi du Siddhalepa, qui est une baume à base de plantes très populaire an Sri Lanka.

Qui sont vos clients ?

Des Européens, des Suisses, des Sri Lankais, des Africains, des touristes…On reçoit plus de 150 personnes chaque jour.

Où avez-vous trouvé les fonds pour ouvrir votre magasin ?

J’ai vendu le terrain résidentiel que j’avais chez moi et j’ai investi l’argent dans ce magasin. Cela m’a coûté plus de CHF 8000.- pour réaliser les travaux de rénovation qui étaient nécessaires pour la reprise du magasin.

Quels sont vos plans d’avenir ?

J’aimerais retourner chez moi, je l’espère dans moins de 10 ans. Je conseille aux jeunes de ne pas ouvrir leur propre négoce avant d’avoir acquis les connaissances nécessaires. Je leur conseille aussi d’étudier dur et de choisir un métier qui leur permette de ne pas travailler plus de huit heures par jour et de profiter de la vie.

Propos recueillis par :

Sara

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils 



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