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« Connais-tu ton pays ? »

Photo : Najet OUERGHI

Le vendredi 25 mai 2012, le Groupe suisses-étrangers de Moudon, dont le but est « d encourager, promouvoir et soutenir les relations suisses-étrangers dans la région moudonnoise », organisait pour la cinquième fois une excursion afin découvrir ou de redécouvrir la Suisse. Cette année, le thème proposé était « la Suisse et son agriculture ». Deux rédacteurs de Voix d’Exils se sont joints au groupe. Compte-rendu d’une journée mémorable !

A 06:30, sur la place du Bicentenaire à Moudon, nous sommes 44 participants, essentiellement des couples de retraités et quelques jeunes. On nous avait demandé de porter une chemise blanche. « Il fait beau et nous vous souhaitons une bonne excursion ! », lance M. Claude Vauthey, responsable de la commission des étrangers de la commune de Moudon.

En montant dans le bus, une surprise nous attend. Chaque participant trouve sur son siège un sac rouge qui contient de la nourriture pour l’excursion ainsi que des brochures décrivant la politique agricole suisse, l’approvisionnement en blé de la Suisse au 20e siècle, l’alimentation saine, un fascicule « le lactose en cause », un guide de la table familiale, ainsi qu’un foulard rouge sur lequel est écrit « Connais-tu ton pays ? ».

Photo: Najet OUERGHI

Direction la ferme Chalabruz

En chemin, le bus est égayé par des animateurs qui nous parlent des six fermes appartenant à la commune de Moudon et des familles qui les gèrent. Arrivés à la ferme Chalabruz, à 07:00, nous sommes chaleureusement accueillis par la famille Richardet qui gère cette ferme avec l’aide d’un apprenti. Nous apprenons que la commune de Moudon possède cette ferme depuis trois siècles. Son domaine s’étend sur quarante hectares et elle produit essentiellement des denrées alimentaires : céréales, tomates et autres. Nous commençons la visite par une présentation générale de l’activité de la ferme, suivie d’un petit déjeuner préparé la famille Richardet. Ensuite, nous visitons le poulailler qui accueille six mille poules qui pondent en moyenne 5200 œufs par jour, qui sont ensuite vendus dans les magasins « Coop ». Claude Vauthey remet des cadeaux  à la famille pour la remercier de son accueil.

Départ pour la Suisse alémanique

A 8h00, nous reprenons la route direction le canton de Schaffhouse en passant par le canton de Zürich. Un des animateurs prend la parole pour nous donner des informations à propos de ces deux cantons. Nous apprenons alors que le canton  de Zürich est le plus peuplé de Suisse et que le canton de Schaffhouse a acheté sa liberté à l’empire d’Autriche en 1415.

Nous arrivons à 12h25 à la commune de Buchberg, dans le canton de Schaffhouse, où nous sommes reçus par le syndic : M. Hanspeter Kern. Nous traversons le Rhin pour nous rendre à l’Eglise catholique, construite à 350 mètres au-dessus du niveau de la mer. C’est l’endroit idéal pour voir la beauté de la nature. En plus, nous découvrons la ville-frontalière allemande Büsingen.

Photo: Najet OUERGHI

Escale à  Flaache

Le vent souffle et le soleil brille toujours, c’est très agréable ! A 13h00, nous nous arrêtons à une ferme privée, située à Flaache dans le canton du Zürich. Nous sommes accueillis par M. Ernst Bachmann, sa femme, Mme Madeleine Bachmann et un apprenti. La ferme a été construite en 1950. Nous sommes invités à manger le repas qu’ils nous ont préparé. Après le repas, un groupe accompagne Monsieur Bachmann et l’autre groupe part avec l’apprenti visiter l’exploitation. Le domaine agricole s’étend sur trente hectares de cultures. Il y a aussi 35 vaches qui produisent chacune environ 26 litres de lait par jour. Vers 15h15, après avoir pris une collation et remis des cadeaux à la famille de Monsieur Bachmann, nous l’applaudissons et le remercions pour son accueil.

Retour à Moudon en passant par la Gruyère

Sur le chemin du retour, les organisateurs proposent un concours portant sur la géographie suisse qui évaluait les connaissances acquises durant la journée. Les questions étaient difficiles et les heureux gagnants reçoivent des cadeaux et sont applaudis. A 20h00, nous arrivons enfin en Gruyère, où un responsable de la fromagerie du Grand Pré nous montre l’enceinte où sont fabriqués les fromages et la grande halle où on les stocke. A la fin de la visite, M. Claude Vauthey lui remet un cadeau et chaque visiteur reçoit du fromage et du beurre. Ainsi s’achève cette excursion qui nous laissera un souvenir inoubliable !

Hochardan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Photos :

Najet OUERGHI

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Faire le tour du monde sans bouger ?

Affiche de la 19ème édition des journées des 5 continents

Cela vous tente ? Alors venez en Valais, où la 19ème édition des Journées des 5 Continents prendra ses quartiers, à la Place du Manoir de Martigny, les vendredi 29 juin et  samedi 30 juin prochains.

Un programme éclectique vous fera passer du fado portugais aux chants sibériens, du blues malien aux rythmes traditionnels irlandais. Les oreilles ne seront pas les seules à se réjouir, car des stands de cuisines exotiques proposeront aux estomacs affamés ou curieux un tour du monde des saveurs.

Cerise sur le gâteau : si vous avez toujours rêvé de découvrir les visages des rédacteurs du blog Voix d’Exils, le jour J est arrivé : passez nous voir, nous tenons un stand d’information à l’entrée de la fête !

A bientôt à Martigny.

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Cliquer ici pour voir le programme




« L’immigré n’est pas une personne dangereuse, l’immigré est une personne en danger »

Selon une idée reçue largement répandue en Suisse, les immigrés seraient responsables d’un pourcentage élevé de délits. Il en résulte que la criminalisation, la marginalisation et la stigmatisation sont le lot quotidien d’immigrés injustement dénigrés. Témoignages et analyse.

Le sport favori des partis politiques de droite est la stigmatisation des étrangers. L’UDC (Union démocratique du centre) et d’autres partis, aidés en cela par certains médias qui véhiculent et font de cette stigmatisation leurs choux gras, n’hésitent pas à dresser les citoyens suisses contre les étrangers. Pour arriver à leur funeste objectif, ces partis organisent des campagnes racistes, islamophobes et xénophobes pour semer la haine, diviser pour mieux régner ou plutôt pour mieux gouverner.

Le racisme : panache d’ignorance et de bêtise

Une série de stéréotypes concernant les immigrants sont véhiculés par ces politiciens sans scrupules qui présentent les immigrés comme une menace pour la société suisse en leur attribuant tous les maux, entre autres des problèmes d’intégration sociale. D’où de nombreux dérapages.

Flore est une réfugiée d’origine érythréenne. Elle nous dit avoir souffert dans sa chair de la stigmatisation et nous raconte comment, un jour, elle est entrée dans un magasin de vêtements situé au Flon, à Lausanne. Lorsqu’elle a pris un article pour le regarder de plus près, le vendeur lui a dit de « faire gaffe avec ses mains noires ». Aziz nous confie avoir, pour sa part, été prié de « quitter un bar » lausannois où il était allé boire un verre, parce qu’il était, selon lui, « un Arabe ».

« Les thèmes de l’invasion et de la contamination sont courants. Les réfugiés subissent une stigmatisation en Suisse », confirme sous couvert d’anonymat Carla*, une psychologue qui travaille depuis plus de sept ans pour une organisation d’entraide au service des réfugiés dans le canton de Vaud. « Ce qui est reproché aux immigrés c’est de voler les emplois des Suisses et d’envahir leur beau pays ».

Une Suissesse, qui a posté un commentaire dans une pétition en ligne contre l’immigration, affirme qu’elle a quitté l’hôpital un jour, car elle ne supportait pas de partager une chambre avec une « sale » immigrée.

La stigmatisation des immigrés « institutionnalisée » ?

D’après la psychologue Carla, la stigmatisation est principalement provoquée par le fait que « l’individu ne correspond pas à l’attente préconçue de la façon dont les gens devraient être. Les personnes stigmatisées sont considérées comme inférieures, ce qui les place dans une position sociale défavorisée et ce qui conduit à la ségrégation et à une restriction de leurs droits.»

De nombreux immigrés disent qu’ils ont connu la discrimination en matière d’emploi. Qu’ils ont eu du mal à décrocher « de bons emplois » et quand ils ont trouvé un emploi, qu’ils étaient moins bien payés que les nationaux. « Je nuirais à mes parents restés au pays, s’ils apprenaient que je nettoie les maisons des gens en Suisse après avoir étudié pendant de nombreuses années à l’université », confie une femme Camerounaise dont les diplômes ne sont pas reconnus en Suisse. « Nous sommes marginalisés à tous les niveaux. Nos diplômes ne sont pas considérés ici, se plaint Thierry, un immigré d’origine africaine. Les immigrants sont aussi discriminés en matière d’accès au logement. D’autres ne sont pas autorisés à entrer dans les clubs en raison de leur couleur de peau ».

Christophe, immigré Africain vivant en Suisse depuis huit ans, nous raconte avoir été victime d’une discrimination à peine voilée dans un train alors qu’il se rendait à son lieu de travail. « Un jour, alors que je venais de monter dans le train, à peine je m’assois que la contrôleuse se dirige vers moi et me demande mon billet. Surpris par son ton arrogant et méprisant, je lui demande pourquoi elle n’a pas contrôlé les autres passagers avant moi. Elle me rétorque : « parce que vous, les immigrés, vous n’achetez jamais de billets. Sidéré par sa réponse, je présente mon billet valide. Elle vérifie et me le rend sans mot. J’exige des excuses pour son comportement teinté de racisme et de xénophobie et elle me demande carrément de rentrer chez moi si je ne suis pas content ! », conclut Christophe, apparemment très affecté par cette triste expérience. Anita, immigrée d’origine ivoirienne, nous confie que « c’est particulièrement difficile de faire face, car il est impossible de cacher sa couleur de peau. Nul ne choisit de naître blanc, noir, rouge, jaune ou violet. Pour moi un raciste est égal à un terroriste », dit-elle avec amertume.

Selon Marjorie*, assistante sociale suisse travaillant pour une ONG à Lausanne, « les gens ont tendance à regrouper tous les immigrés ensemble selon leur couleur de peau. Il y a des idées stéréotypées et, pourtant, parmi les immigrés, on croise des gens intègres, des gens très cultivés, des intellectuels, des médecins, des journalistes, des hauts fonctionnaires dans leur pays qui, un jour, se sont vus obligés de tout laisser tomber et fuir pour diverses raisons… Le plus souvent pour sauver leur peau. Ce n’est pas juste de les traiter mal juste parce qu’ils viennent d’ailleurs. Penser que les Noirs sont tous des trafiquants de drogue et, par conséquent une menace, est absurde », relève-t-elle.

Comme le dit Jean-Luc Mélenchon, politicien français d’extrême gauche, «  la stigmatisation des migrants est le résultat de l’ignorance et de la haine (en lieu et place de la fraternité) qui guident les débats publics et les discours politiques. Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré ! » insiste-t-il. A quand un Jean-Luc Mélenchon en Suisse ?

Fbradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

* Prénom d’emprunt




Bahrain : Shouting in the Dark et Sri Lanka’s Killing Fields : deux films documentaires à la fois magnifiques et dérangeants

Bahrain : Shouting in the Dark & Sri Lanka’s Killing Fields

Bahrain: Shouting in the Dark et Sri Lanka’s Killing Fields sont deux films documentaires majeurs qui relatent des violations massives des droits humains qui ont été perpétrés au  Bahrain et au Sri Lanka. Ces deux films – parmi d’autres – étaient en compétition en vue de décrocher le prix BAFTA 2012 (British Academy Film Awards) du meilleur film documentaire sur l’actualité.

Bahrain: Shouting in the Dark est un documentaire produit par Al Jazeera qui retrace le soulèvement populaire qui a eu lieu au Bahrain en 2011. Ce film témoigne de la répression brutale de la police lors des manifestations et propose des interviews de militants et des médecins qui relatent des événements. Il a été diffusé pour la première fois sur le site internet YouTube, le 4 août 2011 et, en a peine quatre jours, il a été regardé plus de 200’000 fois. Bahrain: Shouting in the Dark a connu un très grand succès et a remporté quatre prix prestigieux récompensant des travaux journalistiques.

Khalid Al Khalifa, le ministre des Affaires étrangères du Bahrain, a critiqué le Qatar (où se trouve le siège social d’Al Jazeera) sur son compte Twitter après la diffusion du film en mentionnant qu’il « est clair qu’au Qatar, il y a des personnes qui ne veulent pas que du bon pour le Bahrain ». Suite à la diffusion de Bahrain: Shouting in the Dark, une rumeur circulait comme quoi le Bahrain avait même l’intention de couper ses relations avec le Qatar.

Sri Lanka’s Killing Fields est un documentaire d’investigation sur les dernières semaines de la guerre civile au Sri Lanka qui a été diffusé par la télévision britannique Channel 4, le 14 juin 2011. Ce documentaire a été réalisé à partir d’images provenant de téléphones portables ou de vidéos envoyées depuis le Sri Lanka. Certaines prises d’images, qui ont été réalisées par des soldats de l’armée sri-lankaise, montrent des scènes troublantes de personnes ayant les yeux bandés en cours d’exécution ; ou, encore, des cadavres de femmes nues en cours de déplacement sur des camions avec des soldats proférant des remarques obscènes à leur encontre. Ce documentaire a également gagné les deux prestigieux prix récompensant des œuvres journalistiques comme One World Media Awards et  le prix de Royal Television Society.

Tous les documentaires en lice pour le prix BAFTA pouvaient être visionnés sur le web et le public de Radio Times était invité à sélectionner le lauréat du prix. Le succès a été fulgurant car plus de 150’000 personnes ont voté. Bahrain : Shouting in the  Dark a obtenu 64.27% des votes, tandis que Sri Lanka’s Killing Fields a obtenu 35.64% des votes.

A la grande surprise de tous, le 27 mai dernier, le jury n’a finalement pas tenu compte de l’avis du public et a désigné un autre film pour remporter le prix BAFTA. Ce film était présenté par la BBC et est intitulé Undercover Care : The Abuse Exposed (Panaroma), alors même que Bahrain: Shouting in the Dark et Sri Lanka’s Killing Fields avaient déjà été primés à plusieurs reprises. Certains prétendent que ce retournement de veste du jury est dû aux pressions que le Sri Lanka et le Bahrain ont exercé sur Radio Times, afin qu’il écarte les deux documentaires qui étaient plébiscités.

Quoiqu’il en soit, Bahrain: Shouting in the Dark et Sri Lanka’s Killing Fields devraient être encore largement partagés et visionnés, car il  est important de connaître les souffrances des réfugiés, de comprendre les raisons qui les poussent à quitter leur pays pour partir sur le chemin de l’exil et de se rendre compte des types de pressions et de répressions que les gouvernement de leurs pays exercent sur eux.

Vous pouvez visionner ces deux documentaires en version intégrale et originale anglaise en cliquant sur les liens suivants :

Sri Lanka’s Killing Field:

http://www.channel4.com/programmes/sri-lankas-killing-fields/4od

Bahrain : Shouting in the Dark:

http://www.youtube.com/watch?v=xaTKDMYOBOU

 

Sara

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 




Le capitaine Thomas Sankara à l’affiche du festival « Visions du Réel »

Le capitaine Thomas Sankara

A l’occasion du festival international suisse de cinéma « Visions du Réel », Christophe Cupelin, un cinéaste suisse indépendant a dévoilé, le 26 avril dernier, son dernier documentaire : « Capitaine Thomas Sankara ». Son film a pour sujet l’engagement d’une figure très importante en Afrique et pourtant méconnue en Europe : le capitaine Thomas Sankara, qui dirigea la révolution au Burina Faso entre 1983 et 1987.

Christophe Cupelin a rassemblé les plus fameux discours de Thomas Sankara  pour réaliser son film documentaire dont l’extrait le plus connu et qui caractérise le mieux le personnage est issu du discours qu’il a tenu à l’Organisation des Nations Unies à New York le 4 octobre 1984 : « Je veux donc parler au nom de tous les laissés pour compte parce que je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». Le 4 aoûte 1983, un jeune révolutionnaire africain, anti-impérialiste, panafricaniste et tiers-mondiste du nom de capitaine Thomas Sankara accède à la tête de l’Etat Burkinabé suite à un coup d’Etat. Lorsqu’il prend les rênes du pouvoir, il surprend les politiciens du monde entier par sa soif de liberté et de démocratie, ses discours passionnés, sa prise en considération des pauvres et des laissés pour compte, sa détermination à servir et à conduire son peuple vers le progrès en mobilisant toute l’énergie du pays et en minimisant l’aide international. C’est ainsi, par exemple, qu’il réussit à entreprendre 2.5 million de vaccinations en seulement 15 jours. Son gouvernement entreprit des reformes majeures pour mettre fin la corruption, pour améliorer l’éducation, l’agriculture et surtout le statut des femmes qu’il considérait comme « les victimes d’un double colonialisme », car elles sont « colonisées par des hommes, qui sont eux-mêmes les victimes du colonisateur ». L’emblème le plus fort qui marque son mandat présidentiel fut sans doute le changement du nom du pays, en remplaçant le nom colonial français  « la Haute Volta » par un nom qui a un sens pour la culture de son peuple : « le Burkina Faso », ce qui signifie « le pays des hommes intègres ».

En répondant aux questions du public, Christophe Cupelin a affirmé que le montage d’archives des discours que Sankara prononça tout au long de son mandat lui semblait la manière la plus adéquate pour faire son portrait.

25 ans après son assassinat, en 1987, qui n’est toujours pas élucidé, ce film donne a revoir et à réentendre ce chef d’Etat atypique qui fut assurément l’un des plus grands leader africain de l’histoire du 20ème siècle.

Hochardan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils