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Il y a cinquante ans, plus de 300 Algériens étaient tués à Paris

Durant le mois d’octobre dernier, de nombreuses associations de défense des migrants, des syndicats et des partis politiques ont manifesté à Paris pour célébrer le 50ème anniversaire de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 qui fut appelée par le Front de Libération Nationale algérien (FLN). Retour sur un épisode sensible de l’histoire française contemporaine.

Le 17 octobre dernier, des manifestants se sont rassemblés sur le lieu du massacre à la Gare Saint-Charles. Ils scandaient « Ni vengeance, ni repentance, mais justice de la vérité et réconciliation des peuples : c’est ainsi que nous construirons une nouvelle fraternité franco-algérienne. ».

Une manifestation réprimée dans le sang

Pour mémoire, il y a cinquante ans, plus de 300 Algériens étaient tués dans la « Bataille de Paris » qui opposait le FLN – lequel visait alors à contrôler toute la population algérienne vivant dans la région parisienne – à la police parisienne menée par le préfet Papon. Le soir du 17 octobre 1961, plus de 30 000 Français musulmans d’Algérie se rassemblèrent. Hommes, femmes, enfants, ils  étaient là pour protester, à l’appel de la Fédération de France du FLN, contre un couvre-feu nocturne qui leur était imposé depuis le 5 octobre.  Les organisateurs avaient vivement conseillé aux manifestants de rester calmes et dignes en cas de provocation de la police.

Le Général de Gaulle, alors le chef de l’État, avait donné carte blanche à Maurice Papon pour interdire la manifestation. Et la répression de  la police fut extrêmement féroce. Personne à ce jour n’a pas pu faire un bilan définitif de cette nuit tragique. Les autorités dénombrèrent 3 morts contre plus de 300 selon certains historiens. A cela s’ajoute que plus de 500 personnes auraient été renvoyées en Algérie.

Campagne de signatures

A l’occasion de cette commémoration, le site français d’information Mediapart a publié 17 textes d’écrivains (lire le texte de Kateb Yacine ci-dessous) remémorant la répression sanglante de la manifestation des Algériens. Un épisode qui a également inspiré de nombreux films dont certains ont été réalisés en partenariat avec l’association au Nom de la Mémoire : « Octobre à Paris », de Jaques Panijel, « Ici on noie les Algériens », de Yasmina Adi, « Le silence du fleuve », de Mehdi Lallaoui et Agnès Denis.

L’association Au Nom de la Mémoire et le site d’information Mediapart ont lancé une campagne de signatures et ont publié une pétition sur internet pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961 à Paris. « La répression policière de cette protestation non violente est une des pages les plus sombres de notre histoire », peut-on lire sur le site. « Longtemps dissimulée à l’opinion et désormais établie par les historiens, elle fut féroce : onze mille arrestations, des dizaines d’assassinats dont de nombreux manifestants noyés dans la Seine, tués par balles, frappés à mort. Le massacre de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 fait partie de notre histoire. En partenariat avec l’association  Au Nom de la Mémoire, Mediapart lance, à l’aube du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, cet appel pour « une nouvelle fraternité franco-algérienne. ».

Oruce Gunes

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos:

Pour signer la pétition: http://blogs.mediapart.fr/edition/17-octobre-1961/article/121011/appel-pour-la-reconnaissance-officielle-de-la-tragedie-d

Pour voir la vidéo: https://streamingmoviesright.com/fr/film/ici-on-noie-les-algeriens-17-octobre-1961/

Pour en savoir plus: http://www.17octobre61.org

« Dans la gueule du loup » de  Kateb Yacine

Peuple français, tu as tout vu
Oui, tout vu de tes propres yeux.
Tu as vu notre sang couler
Tu as vu la police
Assommer les manifestants
Et les jeter dans la Seine
La Seine rougissante
N’a pas cessé les jours suivants
De vomir à la face
Du peuple de la Commune
Ces corps martyrisés
Qui rappelaient aux Parisiens
Leurs propres révolutions
Leur propre résistance
Peuple français, tu as tout vu
Oui, tout vu de tes propres yeux.
Et maintenant vas-tu parler ?
Et maintenant vas-tu te taire ?

Extrait de Kateb Yacine Mémoire d’une communauté, éditions Actualité de l’immigration, Amicale des Algériens en Europe, Montreuil, 1987.




Un arbre s’abat à proximité du foyer EVAM de Crissier

Photo: Anush OSKAN

Le vendredi 6 janvier, à proximité du foyer de Crissier, un gros arbre mesurant 15 mètres est tombé au bord du chemin du Charmeur et a bloqué le  pont qu’empruntent régulièrement les requérants d’asile pour se rendre au centre commercial Crissier.

C’est un événement un peu mystérieux, parce que personne n’a vu comment et pourquoi cet arbre est tombé. « Les arbres sont vieux » explique M. Fernandez, intendant du foyer de Crissier. « Heureusement qu’il n’y a pas eu de victime, parce qu’il y a toujours des gens qui passent par là et des enfants qui jouent dans cet endroit». Inquiétude partagée par les habitants et les habitantes du foyer. « J’ai peur de laisser mes enfants jouer à coté des arbres. A chaque instant, j’imagine un arbre tomber » s’exclame une mère de six enfants.

Le lendemain, le samedi 7 janvier,  le service communal de Crissier – averti par M. Fernandez – s’est chargé de découper et d’évacuer l’arbre en question. Notons que ce n’est pas le dernier « vieil arbre » de cette forêt et personne ne sait quel arbre tombera la prochaine fois.

Anush OSKAN
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




Les femmes kurdes ont marché pour la liberté et la paix au Kurdistan

Photo: Oruc GUNES

Répondant à l’appel du Mouvement des femmes kurdes d’Europe (AKKH), plus de 700 Kurdes – en majorité des femmes – ont manifesté du 7 au 9 décembre 2011, à Genève, pour demander la libération du leader du peuple kurde Abdullah Ocalan, et pour exiger que cesse le « génocide politique » des politiciens kurdes.

Les manifestantes se sont rassemblées sur la Place Neuve avant de marcher jusqu’au Palais des Nations Unies où elles ont tenu un sit-in pendant trois jours. D’une même voix, elles ont demandé la nomination d’un rapporteur spécial de l’Organisation des Nations Unies pour soutenir le leader kurde Abdullah Ocalan qui est tenu à l’isolement depuis le 27 juillet dernier sur une île turque. Elles ont aussi plaidé pour la fin de la guerre entre l’Etat turc et la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Pour finir, elles ont réclamé la création d’un comité international chargé de résoudre la question kurde et de défendre le droit des peuples à l’autodétermination.

Quelques jours avant la manifestation, les femmes kurdes ont fait circuler un tract de l’AKKH dans lequel elles s’insurgent contre la politique du gouvernement turc. Extraits :

« La violence mise en œuvre par le gouvernement turc contre les Kurdes a atteint des proportions sociales et

Photo: Oruc GUNES

politiques inacceptables. Le parti au pouvoir, l’AKP, arrête tous ceux qui osent parler. Le nombre de Kurdes aujourd’hui emprisonnés a atteint les 7700. Dernièrement, la surenchère de cette politique de mise sous silence a fini par atteindre des intellectuels turcs qui se prononçaient pour une résolution pacifique de la question kurde, à l’instar de la professeure Busra Ersanli  et de l’écrivain Ragip Zarakolu . Le cercle des arrestations poursuit son élargissement et a atteint aujourd’hui les avocats.

La guerre menée contre les Kurdes se concrétise par l’isolement d’Abdullah Ocalan. 42 des avocats du leader kurde ont été arrêtés sous prétexte qu’ils donnaient au KCK (l’Union of Communities in Kurdistan)  des informations le concernant. Pourtant, le 29 novembre, lors d’une de ses allocutions, le Président du KCK, Murat Karayilan, a annoncé qu’une délégation de l’Etat turc leur a remis en mains propres plus de 10 courriers rédigés par Abdullah Ocalan lui-même».

Photo: Oruc GUNES

Après la marche, Nursel Aydogan, députée au  Parlement turc et membre du Parti de la Démocratie et de la Paix (BDP), a parlé aux manifestants de la politique de l’AKP. «Le gouvernement de l’AKP ne veut pas voir notre parti siéger dans le gouvernement  parce que nous parlons de liberté, de démocratie, et que l’AKP ne sait pas ce que veut dire l’égalité. Par contre l’AKP sait très bien arrêter des professeurs, des écrivains, des étudiants et des avocats. Regardez la professeure Busra Ersanli, l’écrivain Ragip Zarakoglu et des avocats d’Abdullah Ocalan, ils ont tous été arrêtés. Nous ne voulons que continuer notre combat pour la liberté du peuple kurde.». Nursel Aysogan a affirmé que les militaires turcs utilisent des armes chimiques  pour attaquer les guérillas kurdes mais que le gouvernement turc reste silencieux sur cette question.

Ensuite, le conseiller national socialiste Carlo Sommaruga a pris la parole : «Nous constatons que l’Etat turc ferme toutes les voies de la démocratie pour les politiciens kurdes.  Nous allons faire pression sur l’Etat turc pour qu’il reconnaisse les droits de la démocratie. »

Fabienne Bugnon, ex-présidente des Verts genevois  et conseillère nationale ainsi que Baran Serhat, délégué du MLKP Turquie/ Nord  Kurdistan, ont aussi pris la parole pour mentionner l’importance de la solidarité.

Après les discours, des femmes kurdes sont montées sur scène et ont chanté la liberté.

Oruc GUNES

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Un nouveau cybercafé ouvre ses portes à Crissier

Photo: Abdel-Khader MOUSTAPHA

Le cybercafé du foyer de l’EVAM de Crissier a ouvert ses portes le 1er décembre 2011. Deux équipes composées de deux médiateurs chacune se relaient pour assurer son ouverture chaque mardi et jeudi matin de 8h30 à 12h00, ainsi que l’après-midi du lundi au vendredi de 13h30 à 17h00.

Le cybercafé de Crissier est le huitième relais internet EVAM. L’accès à ce service est gratuit comme à son habitude. L’espace est cependant un peu restreint ce qui fait que les places sont « chères ».

Le cybercafé est équipé de : quatre postes de travail ultrasophistiqués qui comprennent chacun quatre écrans plats TFT 19 pouces. Son également mis à disposition : des webcams haute performance, des logiciels de communication tels que MSN, Yahoo etc. et une imprimante pour couronner le tout.

Suite à l’ouverture du « cyber » nous, requérants de Crissier, disons un grand merci à l’EVAM en général et en particulier à M. Christian VAGO, responsable des cybercafés, pour la mise en place de ce nouvel espace. Celui-ci offre désormais à certains de ses usagers un moyen de se divertir ou pour effectuer des recherches et pour d’autres, la possibilité d’effectuer des retrouvailles virtuelles a moindre coût dans un univers où l’avenir est souvent sombre.

Abdel-Khader MOUSTAPHA

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Quel accès aux soins pour les plus vulnérables ? »

De gauche à droite: le Dr. P.Bodenmann, le Prof. J.B. Wasserfallen, le Dr. C. Madrid, le Prof. J. Besson et le Prof. A. Peccoud. Photo Niangu Nginamau.

La santé des personnes vulnérables est un combat permanent pour le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et la Policlinique médicale universitaire (PMU). Le nombre de personnes précaires ne cesse d’augmenter en Suisse.

La commission CHUV-PMU Populations sociales a été mise en place par le Département de la santé et l’action sociale (DSAS) du canton de Vaud pour répondre de manière efficace aux problèmes de patients ayant des difficultés financières, parmi lesquels on peut compter les requérants d’asile, les personnes sans domicile fixe (SDF) et les sans-papiers.

Le 17 novembre dernier, elle a organisé à l’occasion de ses cinq ans une série de présentations suivies d’une table ronde entre différents partenaires de la santé à l’auditoire César Roux du CHUV autour de la question principale : « quel accès aux soins pour les plus vulnérables ? » 

Des étudiants, des médecins et plusieurs membres d’organismes du milieu social et de la santé ont répondu à l’invitation de la commission CHUV-PMU Populations sociales. Le but de cette rencontre était de discuter avec les partenaires du CHUV et de la PMU, des principes, des instruments et des collaborations qui constituent la nouvelle politique de prise en charge médicale des populations concernées. Thème d’ailleurs inscrit dans le cadre de la formation Santé et Migration organisée en collaboration avec l’Université de Lausanne.

Les orateurs du jour se sont succédés en nombre. Le Professeur Jean-Blaise Wasserfallen, de la Direction médicale du CHUV a ouvert la séance en revenant sur l’engagement du CHUV et de la PMU, en présentant les instances médicales qui forment la commission CHUV-PMU Populations sociales et en rappelant que le but de sa création était de répondre aux besoins d’une population en situation de précarité et de faire face à un afflux massif de nouveaux patients sans-papiers.

Une histoire, une mission, une longue tradition

En vidéo conférence, le Professeur Jacques Cornuz, directeur de la PMU et Président de la Commission, a rappelé l’historique de la Policlinique Médicale Universitaire. En 1887, la PMU s’est ouverte, à Lausanne, à la place Pépinet et s’appelle alors « Dispensaire central pour malades indigents ». Sa mission principale ? Venir en aide et améliorer la santé des populations en situation de précarité. Depuis lors, d’autres missions sont apparues, telles que l’enseignement, la recherche et le maintien d’un lien étroit avec la médecine générale. Mais, plus d’un siècle après sa création, sa mission d’aide humanitaire est toujours d’actualité.

Être sans-papiers n’est pas anodin

Ensuite, Mme Schaad, responsable de la communication du CHUV, a illustré le travail fait en donnant quelques exemples.

Grâce à la demande de subsides faite par l’assistante sociale de l’hôpital auprès de l’Organe Cantonal de Contrôle de l’assurance-maladie et accidents (OCC), les frais médicaux d’une famille de sans-papiers – qui n’avait pas de couverture sociale et donc pas d’assurance maladie – ont été pris en charge dans leur totalité.

Mme Béatrice Schaad a également rapporté l’histoire de ce couple non marié et sans-papiers dont le père s’est vu expulsé le jour de la naissance de son enfant, et la mère – qui ne parlait pas français – a été prise en charge par les assistantes sociales de l’hôpital et les médecins.

Un combat parmi tant d’autres. Comme celui de ce patient de nationalité algérienne, né en 1951, lui aussi sans-papiers et sans domicile fixe, qui vit à Lausanne depuis 10 ans, et dont l’état de santé a nécessité de multiples hospitalisations. Ce monsieur a été pris en charge par l’Unité des populations vulnérables de la PMU et par la commission Hébergement & vulnérabilité.

Cette commission élabore également des préavis à l’attention de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (l’EVAM) pour qu’il adapte, si nécessaire, les conditions d’hébergement des migrants, qui sont à l’assistance ou à l’aide d’urgence, en fonction de leur situation médicale.

Niangu NGINAMAU

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils