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Hausse de la violence dans les centres d’hébergement pour requérants d’asile : quelles solutions ?

M. Peter Schnyder

En lisant les journaux, nous avons constaté une hausse de la violence dans les centres d’hébergement pour requérants d’asile. En discutant avec des requérants d’asile, nous nous sommes aperçus que ces actes de violence sont souvent dictés par des motifs assez futiles : l’emprunt d’un rasoir, le caractère de son colocataire, le bruit de sa radio, etc.) ; leurs conséquences pouvant être parfois graves pour les protagonistes. Ces lectures nous ont donné envie de rencontrer le responsable d’un centre – M. Peter Schnyder – pour recueillir son avis sur cette question de la violence.

M. Peter Schnyder nous a reçu dans son bureau. Collaborateur de l’Office de coordination des prestations sociales du Valais  depuis de longues années, il a dirigé plusieurs centres d’accueil et connaît toute l’histoire de l’asile en Valais.

Voix d’Exils : Pouvez-vous vous présenter ? Depuis combien d’années travaillez-vous dans le domaine de l’asile ?

M. Peter Schnyder : J’ai commencé à travailler il y a plus de 25 ans, très précisément le 1er mai 1985 au foyer d’accueil de Vernamiège.

Que pensez-vous de la violence qui se manifeste dans les centres pour requérants?

Il est vrai que nous avons assisté à une augmentation des violences dans le milieu de l’asile, plus accentuée durant les derniers mois de cette année.

Selon vous, quelles sont les causes de ces violences ?

On assiste surtout à une hausse des vols et de l’agressivité en général, pour ma part, je considère qu’il s’agit avant tout d’un problème d’éducation. La violence se manifeste surtout entre les requérants d’asile. Il faut également souligner l’intolérance qui existe entre les différentes ethnies qui cohabitent dans un centre d’accueil. La religion, à mon avis, n’est pas en cause.

Quelles pistes verriez-vous pour trouver une solution à cette situation ?

Aujourd’hui, l’asile est vidé de sa substance il n’a plus de valeur. Il faut réformer le système. Il faut également essayer de contrer l’inactivité des personnes en leur proposant des activités. Avec l’ouverture du centre de formation et d’occupation tout proche : le Botza, j’ai observé des changements positifs chez certains. Une autre dimension sur laquelle nous pourrions travailler est celle de l’espace : en effet, les manifestations d’agressivité sont très directement liées au sentiment d’être confiné dans un espace insuffisant. Je dirais que l’on peut prendre des mesures pour limiter les violences dans les foyers, mais qu’il est illusoire d’imaginer l’éradiquer, car il s’agit d’un phénomène qui se retrouve partout ailleurs dans la société d’aujourd’hui.

Ma conclusion est que l’une des meilleures façons d’affronter la question de la violence serait probablement de faire appel à des médiateurs communautaires pour discuter des événements passés, dans l’espoir de désamorcer les crises.

Propos recueillis par :

PITA

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils