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Du « printemps arabe » à l’automne des « indignés » : les pauvres mènent la cadence

Depuis déjà plusieurs mois, on a vu pointer dans plusieurs pays d’Europe le mouvement dit des « Indignés ». Ce mouvement  mondial  a bousculé  la semaine du 11 au 15 octobre 2011 les habitudes avec des manifestations appelant à davantage de considération pour la gent humaine de la part de la minorité de financiers et de multinationales enclins à s’approprier toutes les richesses du monde au détriment de la majorité.

Cinq mois après l’apparition du mouvement « los Indignados », le 15 mai à Madrid, les Indignés ont ciblé tout particulièrement des hauts lieux  de la finance mondiale. Ainsi, le samedi 15 octobre dernier restera gravé à jamais dans la mémoire des grands banquiers géniteurs du système capitaliste qui, depuis des  lustres, a déjà appauvri plus d’un milliard d’individus, à travers le monde selon l’organisation Oxfam, et serait, selon certains analystes, à la base de la crise financière de 2008 avec ses effets  néfastes persistants.

Depuis plusieurs semaines déjà, des événements annonçant les occupations se sont multipliés sur Facebook,  Twitter, pour faire de ce 15 octobre, la journée mondiale des Indignés. Comme pour le printemps arabe, le mouvement des Indignés s’est servi des réseaux sociaux pour soulever les foules et exiger plus de justice sociale pour le plus grand nombre.

Ainsi, diverses communautés se sont organisées à travers le monde et ont appelé les populations à exprimer leur ras-le-bol contre un système décadent imposé par une minorité et dévastateur pour la majorité. Elles ont impulsé un mouvement  global, planétaire, qui a largement débordé des frontières de l’Espagne où il a pris naissance.

Plus que le printemps arabe qui a fait tomber les têtes de quelques dictateurs – dont le charismatique, fantasque mais aussi cruel Kadhafi en Libye – le mouvement des « indignés » a pris une dimension et une détermination plus ou moins unanime et mondiale. C’est ainsi  que des groupes se sont retrouvés le samedi 15 octobre, à Rome, Bruxelles, New York, Taipei, raconte la BBC. A Kuala Lumpur, Buenos Aires, Santiago du Chili, Los Angeles, Sao Paolo, ajoute le journal Espagnol El Pais , mais aussi dans plusieurs ville des Etats-Unis, d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Angleterre et de Suisse (à Zurich et à Genève). Bref, ils ont manifesté dans 951 villes éparpillées dans 81 pays.

Les Indignés s’attaquent aux gouvernements, accusés de jouer le jeu des banquiers, mais aussi et surtout au système financier mondial. Les organisateurs dénoncent haut et fort que depuis plusieurs années  déjà, les gouvernements européens, toutes tendances confondues – de la gauche social-démocrate à la droite la plus réactionnaire – utilisent l’argument  de la crise économique pour endormir toute velléité de contestation.

Au final, les indignés dénoncent le capitalisme financier. Les puissances  dirigeantes, qui travaillent pour les bénéfices de quelques-uns, ignorent la volonté du plus grand nombre et le coût humain et environnemental que nous aurons à payer, écrivent en substance les organisateurs sur de nombreux sites. « Les politiciens qui nous gouvernent, qui sont censés nous protéger, servent plutôt les intérêts des banques, les intérêts du système financier au détriment des citoyens », balance par exemple un Indigné sur le site 15octobre.net.

Ainsi, ceux qui se surnomment « Les 99% » qui ne tolèrent plus la cupidité des 1% les plus favorisés, ont marqué une victoire dont bénéficiera le reste du monde. Certes, selon des experts, l’événement du samedi 15 octobre 2011 ne pourra guère aboutir à des résultats  immédiats et substantiels, ce d’autant plus que beaucoup de manifestants ont des demandes différentes malgré leur colère commune. Néanmoins, le mouvement qui ne s’est pas arrêté le samedi 15 octobre mais se poursuit encore, a le mérite d’éveiller les consciences des uns et des autres. C’est un signal fort en direction des tenants du système qui appelle une reconsidération globale pour un partage plus équitable avant que le pire n’arrive.

Fbradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils