Articles en Français | English | Arabic

A la découverte des combats de reines en Valais

Partager l'article sur les réseaux :
image_pdfimage_print

Manathan versus Fleuron lors de la finale

Des journalistes de Voix d’exils – l’un Serbe du Kosovo, l’autre Togolais – ont assisté à la finale nationale des combats de reines, les 7 et 8 mai derniers à Aproz. Tandis que les animaux bataillaient pour gagner des trophées, ils ont mené leur propre bataille, dans la poussière et les clameurs, pour comprendre les règles de ces combats dont ils ignoraient tout.

Un après-midi de mai, en pleine séance de rédaction, une discussion démarre devant l’affiche annonçant la prochaine finale des combats de reines. L’image montre deux vaches, sonnette au cou, s’affrontant avec hargne. Des vaches qui se battent entre elles? Nous avions connaissance des combats de taureaux mais pour les vaches, c’est du jamais vu. Intrigués, nous décidons de nous rendre sur place.

Le public en liesse

Deux jours durant, nous avons donc arpenté l’arène d’Aproz. Sous un soleil de plomb, nous avons pu observer la combativité des vaches d’Hérens et mesurer l’attachement que les Valaisans éprouvent pour cette race et ces combats traditionnels.

 

 

 

Le triomphe de Manathan

Manathan tirée par un rabatteur

Manathan! Retenez ce nom, c’est celui de la vache d’Alain Balet, déclarée victorieuse à l’issue des joutes. Elle y a vraiment fait sensation. Solidement bâtie avec ses 806 kg, elle a tout d’abord joué avec le public et feint une sortie. Rattrapée à toute vitesse par son maître et des rabatteurs, la bête a malgré tout fait demi-tour et s’est positionnée pour le combat. Cette fois-ci, non plus pour faire défection, mais pour donner du fil à retordre à toutes ses adversaires, jusqu’à la victoire finale. L’enjeu était de taille. Manathan le savait probablement, à en juger par la manière dont elle s’est montrée sans pitié vis-à-vis de ses adversaires. Alors que Veielett, tout effrayée, venait de déclarer forfait contre elle, Flora s’est avancée pour l’affronter. Mais pas pour longtemps, le combat n’a duré que le temps d’un éclair. Les commentaires vont bon train dans le public. Un spectateur apprécie le courage des bêtes en compétition et rappelle tout particulièrement, concernant Veielett, qu’elle a fait de son mieux. Cette bête de Williner Anton, dit-il, est à peine à 90% de sa forme. Elle ne s’est pas totalement remise de son hospitalisation, il y a deux ans, à l’hôpital vétérinaire de Berne. Manathan, au top des pronostics s’est plu à regarder le duel entre Natty et Simba de Samuel Dorsaz. Un combat serré que Simba va gagner, mais dont elle sortira épuisée. Après quelques minutes de pause, elle affrontera Manathan qui va triompher, s’octroyant ainsi le ticket de la finale nationale des reines. Mais, jusque-là, rien n’est encore gagné.

Un entrainement d’athlète

Le combat final

Il sonne 18h20. Nous sommes à quelques minutes de la finale. Dans le stade, 12000 spectateurs sont impatients de connaître la reine des reines. Le présentateur annonce le contrôle antidopage des concurrentes. Un trompettiste met de l’ambiance. Les minutes s’égrènent. Un groupe de spectateurs rend hommage aux éleveurs sans lesquels ce spectacle n’aurait pas été possible. Ces derniers entraînent leurs bêtes comme des athlètes, spécialement à l’approche des combats : course d’une demi-heure par jour sur des terrains pentus pour la musculature, alimentation équilibrée, riche en foin, céréales, vitamines… sans compter les petites recettes personnelles. Le moment tant attendu arrive enfin. Pouky, Versailles, Fleuron et Manathan, les quatre vaches qualifiées pour la finale, font leur entrée dans l’arène. Ces bêtes, bien connues pour leur performance, ont toutes été une fois reine. L’heure n’est donc pas à l’amateurisme. La moindre erreur peut s’avérer fatale. Très vite, Manathan et Fleuron éliminent leurs adversaires respectives. Maintenant vient le dernier face à face. Alors que Fleuron, dont Mikael Udry est l’heureux propriètaire, présente des signes de fatigue et n’arrête pas de baver, Manathan, elle, est pleine forme. Le dernier duel sera vraiment court. Manathan enchaîne les coups de cornes et Fleuron abandonne la partie en l’espace de trois minutes, consacrant ainsi la victoire de la redoutable Manathan. Sous les ovations d’un public passionné, constitué de politiciens et de citoyens ordinaires, cette dernière fait ses adieux, fière d’avoir livré avec brio le dernier combat de sa carrière. Le calme revenu, nous réalisons qu’après bien des fatigues, nous avons progressé dans notre connaissance de notre pays d’accueil. Nous avons touché l’âme du Valais, nos cœurs battant à l’unisson au fil des combats. C’est confirmé : l’intégration peut passer par des voies bien étranges en terre valaisanne !

Dusan et CDM

Membres de la rédaction de Voix d’Exils


***

Les règles du combat

Rencontres sportives drainant des foules, les combats se déroulent entre deux vaches qui se dressent l’une en face de l’autre et se poussent avec acharnement front contre front jusqu’à ce que l’une d’entre elles se détourne. Celle qui a gagné va en affronter une autre et, après maintes joutes, la meilleure combattante est déclarée « Reine » par un jury.

Ce sont les vaches de la race d’Hérens qui s’affrontent durant les combats de reines. Ces dernières sont dotées d’un tempérament vif et belliqueux qui se traduit par l’exercice d’un rituel de domination. En effet, lorsqu’elles rencontrent une congénère pour la première fois ou qu’elles ne se sont pas vues pendant un moment, la plupart d’entre elles se battent avec hargne. Cette aptitude est la base des combats de reines qui ont lieu chaque printemps. Les affrontements sont donc naturels et occasionnent rarement des blessures. Les combats auxquels se livrent naturellement les vaches lors de la mise à l’herbe, de la montée à l’alpage (inalpe) ou lors de la réunion de deux troupeaux en témoignent.

En Valais, ils opposent des centaines d’animaux répartis en diverses catégories selon l’âge et le poids. Des combats similaires ont lieu depuis quelques années en France, notamment dans la vallée de Chamonix qui jouxte d’ailleurs la Suisse.



Répondre

Votre message ne sera envoyé que si tous les champs marqués d'un *     sont remplis

Nom: *








WordPress Video Lightbox Plugin