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Des jeunes requérants découvrent le monde agricole

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Le petit Ebenezer en compagnie de « sa vache »

Un groupe de treize enfants requérants d’asile du foyer de Martigny est allé à la découverte des réalités de la campagne en avril dernier. Au programme : visite aux vaches, aux poules et, pour finir, jeux en plein air… Retour sur une rencontre instructive à plus d’un titre.

« Connaissez-vous le rôle de l’agriculture ? », lance tout gaillard le propriétaire fermier, Jean Moulin, à un groupe de jeunes requérants d’asile. « Ben… L’agriculture sert à produire de quoi manger », répond spontanément un enfant. « C’est vrai ! Mais à part ça, elle permet de protéger la nature », ajoute l’agriculteur.

C’est par ce dialogue instructif que commence le 27 avril à Etiez, dans le canton du Valais, la visite effectuée par un groupe de treize enfants, hébergés au foyer de Martigny. Initiée par quatre étudiantes de l’école de commerce de Martigny, à savoir Emily, Sarah, Monica et Aline, la sortie fait partie d’un projet d’études : « Il nous a été demandé, dans le cadre de notre formation, de monter un projet. Nous avons choisi de le faire avec des enfants requérants d’asile », explique Emily. Toute souriante, sa camarade Sarah livre ensuite les autres objectifs de la rencontre: « On s’est dit que ces enfants vivent tous en ville et qu’il fallait leur faire découvrir les merveilles de la campagne valaisanne. On s’attend donc à ce qu’ils s’amusent bien. »

Parlant de s’amuser, le pari est visiblement gagné. Car les enfants, très dégourdis, ont beaucoup apprécié les découvertes faites à la campagne. Ils n’ont pas caché leur joie lors de la visite de la ferme dans la matinée ou lors des jeux concours dans l’après-midi.

« Je t’aime bien ! »

« Oh, je t’aime bien toi !» Ces paroles du petit Ebenezer ne s’adressent pas à une personne mais à une vache. Pour la première fois de sa vie, tout comme beaucoup de ses camarades, il se trouve nez à mufle avec une vache. Les autres enfants aussi multiplient caresses, paroles douces et manifestations de tendresse à l’endroit des animaux. Outre l’étable et les vaches, ils visiteront également les poules dans le poulailler. Là encore, ils ne font pas mystère de leur joie. Une intimité se crée même entre eux et le monde animal. Pour preuve, une petite fille est au bord des larmes lorsqu’elle réalise qu’elle devra se séparer d’une poule qu’elle a, pour la première fois de sa vie, tenue dans ses bras une bonne partie de la visite.

La rencontre sera l’occasion, pour les enfants, de poser toutes sortes de questions visant à mieux connaître l’univers agricole. Combien pèse une vache à la naissance ? Donne-t-on des produits spéciaux aux vaches qui livrent des combats ? Combien d’œufs une poule peut-elle pondre par jour ? A quelle heure se lèvent les paysans?

« Ces enfants sont comme tous les enfants : débordants de curiosité. Cela m’amène à dire combien il est important d’éviter toute discrimination ou tout préjugé entre enfants requérants d’asile, enfants Suisses ou d’ailleurs. Pour moi, un enfant est un enfant et je souhaite qu’il en soit ainsi pour tout le monde », déclare Jean Moulin. De son côté, sa femme Fabienne, confesse : «  En voyant comment ces enfants ont tenu avec tendresse la poule entre leurs mains, je n’ai pas eu le courage de leur dire la vérité quand une petite fille m’a demandé : Est-ce que ce sont ces poules si charmantes que vous tuez pour la vente dans les supermarchés ? » Et de poursuivre : «  Je me suis contentée de déformer la vérité en disant : Non ! Les poules que vous achetez sont produites différemment. »

Après la visite de la ferme, la journée se poursuit avec des jeux et des concours tels la course au sac, les mots mêlés, le jeu du touché, du goût… toutes activités qui enthousiasment les enfants.

Rendez-vous l’hiver prochain

Il est presque 15 heures, le moment de quitter la campagne pour la gare d’Etiez afin de ne pas rater le train à destination de Martigny. Sur le chemin du retour, les enfants font le bilan de leur sortie : « C’était super », déclare l’un. « Moi j’ai particulièrement aimé le jeu du touché »,’ renchérit un autre. « Je voyais les poules dans mon cahier de dessin, mais jamais je n’aurais imaginé que je les verrais de mes propres yeux », conclut une autre.

Tous ou presque manifestent le désir de retourner à Etiez une autre fois ou tout au moins de renouer avec l’ambiance de la campagne. D’ailleurs, lorsque Monsieur Moulin leur pose la question, « Est-ce que quelqu’un voudrait venir travailler ici l’hiver prochain ? », une dizaine de candidats se portent spontanément volontaires. Un enfant poussé par le bons sens et la malice prend néanmoins le soin de s’informer : « Monsieur, combien nous paierez-vous ? » Et Monsieur Moulin de répondre : « Passez-moi un coup de fil le moment venu et on en discutera. »

Attendons donc l’hiver prochain pour voir ceux qui renoueront avec la campagne en répondant présents au rendez-vous hivernal.

Constant et CDM

Membres de la rédaction de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils



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