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Le pianiste des ruines

Aeham Ahmad, pianiste et chanteur. Source: Parrainages d’enfants de Palestine.

Un réfugié palestinien-syrien donne un concert à Genève

L’association « Parrainages d’enfants de Palestine » a invité Aeham Ahmad, réfugié palestinien-syrien en Allemagne, à Genève, où il a donné un concert de piano et de chansons au théâtre du Galpon le 21 novembre dernier. A travers sa musique et ses chansons, il raconte la tragédie des réfugiés palestiniens pendant la guerre en Syrie.

L’association Parrainages d’enfants de Palestine, créée à Genève en 2005 aide les familles palestiniennes qui vivent dans des conditions précaires. En collaboration avec d’autres associations, elle contribue aussi à sensibiliser le public suisse à la cause palestinienne. Notamment, le 21 novembre dernier, l’association a invité Aeham Ahmad, pianiste et chanteur, réfugié palestinien-syrien en Allemagne, et organisé son concert à Genève. Pour couvrir une partie des frais, elle avait initié un projet de financement participatif (appel à un grand nombre de personnes afin de financer un projet). Le concert était organisé dans le cadre des manifestations de commémoration des 70 ans de la Nakba (« catastrophe » en arabe) : l’exode palestinien pendant la guerre israélo-arabe de 1948, exode qui est responsable de quelque 5 millions de réfugiés palestiniens dans la région du Proche-Orient aujourd’hui.

Résistance à Yarmouk

Aeham Ahmad est né en 1988 à Yarmouk en Syrie, une ville de réfugiés palestiniens de la banlieue de Damas. Il a étudié à l’Institut arabe de musique de Damas pendant dix ans. Après ses études, il est devenu professeur de piano et s’est marié à 23 ans. C’est alors que la guerre civile en Syrie, qui a débuté en 2011, a interrompu la vie tranquille de la jeune famille. Yarmouk a été complètement dévasté par le régime syrien et les djihadistes, et Aeham a été blessé à la main. Par désespoir, il a décidé d’utiliser sa musique comme une forme de résistance.

Il a commencé à jouer son piano et chanter au milieu des ruines. En expriment la douleur vécue et les sentiments d’abandon, cette action musicale était contre la violence. Elle a été filmée et postée sur YouTube à l’attention du monde entier comme un témoignage de la résistance qui subsistait dans la ville assiégée. Ses concerts étaient souvent accompagnés par une chorale dont une petite fille a été tuée par des assaillants. Aeham a alors continué ses concerts seul. Son piano a été brûlé par Daech et lui, menacé de toutes parts. Il a finalement décidé de quitter le pays en 2015. Arrivé en Allemagne, il a obtenu l’asile politique, et sa famille l’a rejoint en 2016.

Plus tard, il a écrit un livre en allemand qui raconte l’histoire bouleversante des habitants de Yarmouk, y compris ceux qui l’ont aidé, encouragé et protégé, et du parcours effrayant des réfugiés syriens. Le livre a été traduit en français sous le titre « Le pianiste de Yarmouk ». A présent, Aeham enseigne gratuitement la musique aux enfants de réfugiés et donne des concerts partout dans le monde.

Aeham Ahmad, pianiste et chanteur. Source: Parrainages d’enfants de Palestine.

Emouvante soirée au théâtre du Galpon

Il y a deux semaines, au théâtre du Galpon à Genève, Aeham Ahmad a donné un concert de piano et de chansons qui racontent l’horreur de la violence extrême, la douleur des habitants de Yarmouk et le destin tragique de tous les réfugiés. Les comédiens du théâtre Christian Robert-Charrue et Claude Vuillemin ont lu des extraits de son livre. Le public chantait avec lui. La musique et les chansons contenaient tant de douleur et de souffrance. Après le concert, j’ai eu la chance de parler avec Aeham.

Il m’a dit qu’il avait des impressions extraordinaires du concert et du public. Il a raconté ce qui s’est passé à travers, non seulement les mots, mais encore la musique du piano, un instrument très provocant selon lui. Il se sent responsable de transmettre ce message compliqué à son public. Il essaye de l’aider à mieux comprendre la situation des palestiniens et syriens en lui communiquant la vérité sur la situation autant qu’il est capable d’en recevoir. Il trouve que le public suisse, comme partout en Europe, comprend cette communication et l’accepte avec responsabilité.

MHER

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Autres sujets de Voix d’Exils parus à propos du camp de Yarmouk

« A Yarmouk nous n’avons pas faim, nous sommes affamés »

Regard d’une petite fille du camp de Yarmouk sur la fête de Noël




Regard d’une petite fille du camp de Yarmouk sur la fête de Noël

Auteure: Duha Sharshara.

Auteure: Duha Sharshara.

Voici un dessin de la fille de notre rédacteur neuchâtelois Osama Sharshara. Elle s’appelle Duha Sharshara.

Voici le texte qu’elle a rédigé pour accompagner son dessin:

« S’il vous plait, dites au Père Noël de ne pas venir car ma patrie est blessée et toujours ensanglantée »




“We need everthing to survive”

Photo du camp de Yarmouk. Dr Moawia.

Photo du camp de Yarmouk. Dr Moawia.

Speaking with you as Dr. Mohawia, I’m a specialist in Urology and genitourinary disorders since April 2012. I live in Yarmouk camp, once the largest community market in Syria. It’s in the capital Damascus and was built in 1951 as a camp for Palestinian refugees. 5 years ago, about half a million people lived in it. Now, there are only a few thousand, as most of its inhabitants moved to neighboring areas or left the country. Yarmouk camp has been under total siege from the 15 of July 2013 till this date. These conditions oblige me to work as a general practitioner, treating people with diseases other than urological ones. What I’m trying to do with this presentation is to brief you with an overview of the situation here, concentrating on medical aspects.

I’m often asked, what exactly do you need? I once wrote, trying to answer the question as briefly as possible, we need everything to be anything! No one in Yarmouk, including me of course, has the least basic right as a human being. Am I talking about the right to liberty? Freedom of speech? Freedom of belief? Maybe, but I am talking basically about food, about survival. What is called hunger, we live as starvation. One hundred and seventy seven people died of starvation during the last two months of 2013 and the first two months of 2014. Most of them were elderlies with chronic disorders like diabetes mellitus and hypertension, or infants, especially new borns who may have a birth weight of no more than 4 pounds (1.8 kg) and whose mothers suffer from malnutrition, preventing them from getting enough quantities of natural milk. Especially since there was, and is still, a severe deficiency in powdered milk. There are those who died of hunger. But all the habitants in here are affected by starvation in all aspects of their health. For weeks their meals may not be more than spiced water and blends that cause many cases of acute renal failure.

To make things worse, water supplies have been cut off for 9 months now. People are forced to drink from wells, which are polluted by sewage. This is causing daily cases of intestinal infections, with protozoaires like entamoeba, histolytica and giardia lamblia. Severe diarrhea worsens existing malnutrition. In addition, oxalate, which this water is rich with, is causing urinary stones. These diseases and others are a real challenge due to severe deficiency in medication.

Photo de l’unique hôpital qui fonctionne encore à Yarmouk. Photo: Dr Moawia

Photo de l’unique hôpital qui fonctionne encore à Yarmouk. Photo: Dr Moawia.

On the subject of diseases, people are suffering from many chronic and infectious diseases. On the top of the list of chronic ones, we found diabetes mellitus and hypertension. Patients, with almost no treatment for long periods, develop well-known complications of these disorders such as acido cetose, diabetic feet, angaina angor, cardiovascular disease and cerebrovascular accidents. Starvation also causes episodes of severe hypoglycemia that leads to many deaths. I still remember a man in his fifties who we lost because of hypoglycemia. If we had had dextrose syrup, we would have saved him. But, this proved to be a third conditional “if” as we had to watch him dying before our eyes. The unavailability of many basic laboratory and radiology investigations hinders us from diagnosing many diseases and so we stand disabled in front of them. Patients with cancers can’t get their chemo and radiotherapies. Abu Raid was one of them. A seventy year old man who had a prostate carcinoma with pulmonary and vertebral metastasis; he suffered severed pains with dyspnea, deep vein thrombosis and cachexie. After months of symptomatic treatments, and psychological support, we were able to send him to Jordan. Just to die there, in a hospital in Aman, 5 days after admission. While chronic diseases are limited to some people, everyone here is prone to infections.

I’m going to mention some numbers but it’s to be clear that theses are only the cases which have been diagnosed by me since May 2014, as I’ve examined about thirty seven hundred patients since then. I’ve diagnosed seventy-eight communicable cases of typhoid fever. The first of them was on the 12 of July 2014. 20 cases of pertussis tuberculosis, poliomyelitis and three hundred cases of infectious hepatitis A. Many of the victims were children. As it might be expected from unique and extreme conditions like this, the mind is not safe from disorders that invade the body. The most prevalent diseases in Yarmouk camp are psychological ones. Neuroses are the star of the movie. The most common cases of are major depressive disorder, generalized anxiety disorder, obsessive compulsive disorder, phobias and panic attacks. But it (I mean neuroses) may be signs of psychosis.

Amal is a 23 year old young woman, her name means Hope, Esperanza, Nadejna, and it’s Elpius, or the Spirit of hope that we found in the bottom of Pandora’s Jar according to the Greek myth. She came with her mother to my office the first time on the 4 of June 2014. She spent most of the 20 minutes of the meeting speaking with the sphygmomanometer that was on my desk. Nothing in her medical history, she’s a lover of painting and English language, suggested that she would one day develop visual and auditory hallucinations, a distorted perception of reality and acute mood fluctuations. I had to treat her with Risperidone, a schizophrenic drug, for six months, so that she could get herself back. She’s much better now, albeit not completely normal.

Photo de l’unique hôpital qui fonctionne encore à Yarmouk. Photo: Dr Moawia

Photo de l’unique hôpital qui fonctionne encore à Yarmouk. Photo: Dr Moawia

I’m sorry I’m taking a long time, but I ask your permission to allow me to sum up what we need medically. First of all, we need qualified staff as I’m almost the only physician here and most workers are volunteers. In Yarmouk camp they are used to doctors who practice fields they didn’t originally study. We need surgeons and physicians from all specialisms. Second, medication of all sorts: antibiotics, painkillers, cardiopulmonary drugs, steroidal and non-steroidal anti-inflammatory drugs, nutritional complements, and in brief, all drugs. Third, vaccines, as the camp still sees new births and there are hundred of children in here. Although some organizations provide vaccination campaigns from time to time, this is hardly enough. Fourth, power supplies. Electricity has been cut off for 2 years now. We depend on generators, run with poor and expensive fuel, derived from plastic. We can’t supply the place I work in with electricity more than 3 hours per day. We have to run devices and accomplish all our duties during these hours. Everything to be anything, as I said earlier. I hope that the image is as clear as possible. I thank you very much for the time you have given me, on behalf of me and all the people here. Thank you again.

Dr. Mohawia

The only Doctor of Yarmouk camp, Syria

Amar: a child from Yarmouk wounded three times

Amar: l'enfant de Yarmouk blessé à trois reprises

Amar: l’enfant de Yarmouk blessé à trois reprises.

Children are particularly the victims of abuses that occur in the Yarmouk camp. This is the story of Ammar Alaa Akla, a 4 year old child. He was wounded three times in the Yarmouk camp. The first time, it was at the bones of the left hand by shrapnel from a shell, three operations have failed. The second time, a sniper shot him in the knee. And the third time, a piece of shrapnel hit his left foot. In addition to operations, Ammar needs today expensive medicines, but his family is short of funds.

Amar: l'enfant de Yarmouk blessé à trois reprises

Amar: l’enfant de Yarmouk blessé à trois reprises

 

Amar: l'enfant de Yarmouk blessé à trois reprises

Amar: l’enfant de Yarmouk blessé à trois reprises

 




« A Yarmouk nous n’avons pas faim, nous sommes affamés »

Photo du camp de Yarmouk. Dr Moawia.

Photo du camp de Yarmouk. Dr Moawia.

Témoignage exclusif du seul médecin du camp de Yarmouk en Syrie à propos de la situation humanitaire catastrophique qui sévit là-bas. 

Voix d’Exils s’est procuré le témoignage exclusif du Dr Moawia qui est le seul médecin encore présent dans le camp palestinien de Yarmouk en Syrie. Il nous est parvenu en mai 2015 sous la forme d’un enregistrement audio.

Le camp de Yarmouk, construit en 1957 et situé à proximité de Damas, est en état de siège depuis juillet 2013. Le gouvernement syrien bloque donc le ravitaillement du camp en nourriture, eau, médicaments et électricité depuis bientôt deux ans.

A cela s’ajoute que Yarmouk est aujourd’hui le théâtre d’affrontements violents qui opposent les forces du régime de Bachar el-Assad à l’État Islamique, qui s’est introduit dans le camp le 1er avril de cette année. Depuis, plus de 80 barils, bourrés de ferraille et d’explosifs, ont été largués de manière aveugle par les hélicoptères du régime sur la population du camp tuant de nombreux civils.

A travers son témoignage, le Dr Moawia offre une évaluation objective et actuelle de la situation humanitaire du camp de Yarmouk et énumère les besoins élémentaires et urgents de son unique hôpital.

Pour écouter le témoignage du Dr Moawia cliquez ici

Voix d’Exils a également retranscrit son témoignage en français, anglais et en arabe pour améliorer sa diffusion. N’hésitez pas à partager aussi largement que possible cet article.

Cette contribution est le fruit d’une collaboration entre les rédactions vaudoise et valaisanne de Voix d’Exils. Un grand merci, en particulier, à Moaz, Amra, Alyssa et Rachel pour leur travail.

Omar Odermatt

Responsable de la rédaction de Voix d’Exils

« Nous avons besoin de tout pour survivre ici »

 

Photo de l’unique hôpital qui fonctionne encore à Yarmouk. Photo: Dr Moawia

Photo de l’unique hôpital qui fonctionne encore à Yarmouk. Photo: Dr Moawia.

« Je suis le Docteur Mohawia. Je suis un spécialiste en urologie et troubles génitaux depuis avril 2012. Je vis dans le camp de Yarmouk qui était, autrefois, la plus grande communauté marchande de Syrie. Il se situe à Damas, la capitale, et a été construit en 1951 pour servir de camp aux réfugiés palestiniens. Il y a 5 ans, pas moins d’un demi-million de personnes y vivaient. Aujourd’hui, il n’en reste que quelques milliers, car la plupart de ses habitant sont partis vivre dans des zones avoisinantes, ou ont quitté le pays. Le camp de Yarmouk est en état de siège depuis le 15 juillet 2013. Les conditions ici m’obligent à travailler en qualité de médecin généraliste : je traite des personnes avec différentes maladies, et pas seulement des personnes souffrant de problèmes urologiques. A travers cette présentation, je vais tenter de résumer la situation générale ici, en me concentrant particulièrement sur les aspects médicaux.

On me demande souvent ce dont j’aurais besoin. Une fois, j’ai essayé de répondre à la question aussi brièvement que possible : peu importe, nous avons besoin de tout ! Personne à Yarmouk, y compris moi-même, bien entendu, a un semblant de droit humain. Suis-je en train de parler du droit à la liberté ? De liberté d’expression ? De liberté de penser ? Peut-être, mais je parle surtout de besoins élémentaires comme se nourrir, de survie. Nous n’avons pas faim, nous sommes affamés. 177 personnes sont mortes de faim durant les deux derniers mois de l’année 2013 et les deux premiers mois de 2014. La plupart d’entre elles étaient soit des personnes âgées, souffrant de maladies chroniques telles que le diabète ou l’hypertension, ou des enfants, particulièrement des nouveaux nés qui ne pesaient pas plus de 1,8 kilos à la naissance. Les mères de ces bébés souffraient de malnutrition et ne pouvaient leur donner une quantité suffisante de lait maternel. De plus, il y avait (et il y a toujours) une pénurie de lait en poudre. Il y a les personnes qui meurent de faim, mais la santé de tous les habitants du camp est dangereusement affectée par la malnutrition. Durant des semaines, leur unique repas se composait d’eau épicée engendrant énormément de problèmes rénaux.

Pour empirer le tableau, l’approvisionnement en eau a été coupé depuis 9 mois maintenant. Les personnes sont obligées de boire l’eau des puits qui est polluée par les égouts. Ceci cause des cas quotidiens d’infections intestinales, avec des protozoaires tels que entamoeba histolytica et giardia lamblia. Des diarrhées sévères sont également les conséquences de la malnutrition. A tous ces maux s’ajoutent des cailloux urinaux, en raison de l’oxalate contenu dans l’eau. Soigner ce genre de maladies, et toutes les autres d’ailleurs, représente un défi d’envergure en raison du manque criant de médicaments.

Pour rester sur le sujet des maladies, les personnes souffrent de nombreuses maladies chroniques et infectieuses. Au sommet de la liste des maladies chroniques on trouve le diabète mellitus et l’hypertension. Les patients, n’ayant reçu quasiment aucun traitement durant une longue période, développent des complications bien connues de ces maladies, telles que l’acido cetose, les pieds diabétiques, l’angor, les maladies cardiovasculaires et les accidents cérébraux-vasculaires. La faim cause également des épisodes d’hypoglycémie sévère, engendrant de nombreuses morts. Je me souviens toujours de cet homme, la cinquantaine, décédé d’hypoglycémie. Si nous avions eu du sirop de dextrose, nous l’aurions sauvé. Mais ce n’est qu’un simple « si », ne changeant pas le fait que nous l’avons regardé mourir devant nos yeux. La non-disponibilité de recherches basiques de laboratoires ou de radiologie nous empêche de diagnostiquer de nombreuses maladies ; nous sommes donc impuissants face à elles. Les patients cancéreux ne peuvent recevoir leurs chimiothérapies et leurs radiothérapies. Abu Raid était l’un d’entre eux. Un homme de 70 ans souffrant d’un cancer de la prostate avec des métastases pulmonaires et vertébrales : il souffrait énormément, notamment de dyspnée, de profondes thromboses veineuses et de cachexie. Après des mois de traitements symptomatiques et de soutient psychologique, nous avons été en mesure de l’envoyer en Jordanie. Il est décédé là-bas 5 jours après son admission dans un hôpital d’Aman. Même si les maladies chroniques sont limitées à certaines personnes, tout le monde est sujet à des infections ici.

Je vais maintenant vous faire part de quelques chiffres, mais il est important de comprendre que ce ne sont que les cas que j’ai diagnostiqués depuis mai 2014, sachant que j’ai examiné plus de 370 individus. J’ai diagnostiqué 78 cas de fièvre typhoïde, le premier d’entre eux était le 12 juillet 2014. J’ai également diagnostiqué 20 cas de coqueluche, tuberculose et poliomyélites et 300 cas d’hépatites infectieuses A. La plupart des victimes étaient des enfants. Comme il fallait s’y attendre dans de telles circonstances extrêmes, l’esprit n’est pas à l’abri de l’impact psychologique de ces maladies. En effet, les maladies les plus répandues à Yarmouk sont de type psychologiques. La névrose remporte la première place ! La plupart des gens souffrent de troubles majeurs dépressifs, généralisés en tant que troubles anxieux, obsessionnels compulsifs, phobies et attaques de panique. Toutes ces névroses pourraient être un signe de psychose.

Photo de l’unique hôpital qui fonctionne encore à Yarmouk. Photo: Dr Moawia

Photo de l’unique hôpital qui fonctionne encore à Yarmouk. Photo: Dr Moawia

Amal est une jeune femme de 23 ans. Son prénom signifie « espoir. » Elle s’est rendue pour la première fois à mon bureau, accompagnée de sa mère, le 4 juin 2014. Elle a passé les 20 premières minutes de l’entretien à parler à l’appareil à prendre la tension qui se trouvait sur mon bureau. Elle adorait la peinture et la littérature anglaise. Rien dans son passé médical n’indiquait qu’elle développerait un jour des hallucinations auditives et visuelles, qu’elle souffrirait d’une perception déformée de la réalité et de troubles de l’humeur. J’ai dû la soigner durant 6 mois avec du Risperidone, un médicament normalement destiné aux schizophrènes, et ce afin qu’elle redevienne elle-même. Aujourd’hui, elle va beaucoup mieux, mais n’est toujours pas revenue à son état normal.

Je suis désolé de parler aussi longtemps, mais je vous demande la permission de vous résumer ce que dont nous avons besoin sur le plan médical. Premièrement, j’aurais besoin d’une équipe médicale qualifiée, car je suis le seul médecin professionnel. Ici, la plupart des membres de l’équipe sont des volontaires. Dans le camp de Yarmouk, les gens sont habitués aux médecins qui soignent des cas qu’ils n’ont pas étudié. Nous avons besoins de chirurgiens et de spécialistes dans tous les domaines. Deuxièmement, nous avons besoin de médicaments de toute sorte : antibiotiques, analgésiques, médicaments cardio-pulmonaires, anti-inflammatoires, compléments alimentaires ; en gros, nous avons besoin de tout. Troisièmement, nous avons besoin de vaccins, car il y a encore des naissances dans le camp et il y a une centaine d’enfants. Même si certaines organisations effectuent des vaccinations de temps en temps, cela n’est de loin pas suffisant. Quatrièmement, il nous faut une source de courant. L’électricité a été coupée depuis deux ans maintenant. On dépend des générateurs, qui fonctionnent avec un carburant cher et de mauvaise qualité dérivé du plastique. L’endroit où je travaille ne peut être alimenté en électricité plus de 3 heures par jour. Durant ces heures, nous devons accomplir toutes nos tâches. Nous avons besoin de tout comme je l’ai dit avant ! J’espère que le tableau que j’ai dépeint est aussi clair que possible. Je vous remercie énormément pour le temps que vous m’avez consacré, et vous remercie de la part de toutes les personnes ici. Merci encore. »

Docteur Mohawia

Unique médecin du camp de Yarmouk en Syrie

Amar: l’enfant de Yarmouk blessé à trois reprises

Amar: l'enfant de Yarmouk blessé à trois reprises

Amar: l’enfant de Yarmouk blessé à trois reprises.

Les enfants sont particulièrement victimes des exactions qui se produisent dans le camp de Yarmouk. Voici l’histoire d’Ammar Alaa Akla, un enfant de 4 ans. Il a été blessé à trois reprises dans le camp de Yarmouk. La première fois, c’était au niveau de l’os de la main gauche par des éclats d’un obus, trois opérations ont échoué. La deuxième fois, un sniper lui a tiré dans le genou. Et la troisième fois, un éclat d’obus a atteint son pied gauche. En plus des opérations, Ammar a aujourd’hui besoin de médicaments onéreux, mais sa famille est à court de moyens financiers.

Amar: l'enfant de Yarmouk blessé à trois reprises

Amar: l’enfant de Yarmouk blessé à trois reprises

Amar: l'enfant de Yarmouk blessé à trois reprises

Amar: l’enfant de Yarmouk blessé à trois reprises

 

 

 

 

 




The lost childhood

Photographer: Niraz Saied Graphic: Moaz Sabbagh

Photographer: Niraz Saied
Graphic artist: Moaz Sabbagh

While you are reading these words, a blockade by the Syrian regime on the Palestinian refugee camp of Yarmouk in the south of Damascus, still goes on.

For more than 500 days, the Syrian regime has been blocking food, electricity and medicines for the Yarmouk camp. For more than 100 days, water is no more distributed. This situation is increasing the continuous suffering of more than 20,000 civilians with no hope of it ending.

More than 170 people have already died, including children according to Yarmouk News. Children of this siege are living in the worst nightmare imaginable. They no longer have the luxury of playing in the streets. Now their days are consumed with the fear of being targeted with bombs.

We should not forget that millions of Syrian children live in the besieged area as well as in refugee camps in Lebanon, Turkey and Jordan. Their childhood is being wasted. They have no hope for the future, nor a chance to relive their childhood the way it should have been.

These posters are letters from children who live in the Yarmouk refugee camp.

The pictures below were taken by the photographer Niraz Saied, who won the 2014 Youth Wins UNRWA / EU Photography Competition and Moaz Sabbagh is the author of the posters.

Moaz Sabbagh

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Photographe Niraz Saied, lauréat du Youth Wins 2014 UNRWA /EU Photography Competition. Graphiste Moaz Sabbagh auteur des affiches.

Photographer: Niraz Saied.
Graphic artist: Moaz Sabbagh

Photographe Niraz Saied, lauréat du Youth Wins 2014 UNRWA /EU Photography Competition. Graphiste Moaz Sabbagh auteur des affiches.

Photographer: Niraz Saied
Graphic artist: Moaz Sabbagh

Photographe Niraz Saied, lauréat du Youth Wins 2014 UNRWA /EU Photography Competition. Graphiste Moaz Sabbagh auteur des affiches.

Photographer: Niraz Saied.
Graphic artist: Moaz Sabbagh